La nécropole de Sainte-Geneviève-des-Bois près de Paris sera restaurée
Viktoria Ivanova- RIA Novosti

Un peu moins de la moitié des tombes du célèbre cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois à proximité de Paris ont besoin de restauration et de travaux de renouvellement, selon le Directeur du Centre de Russie pour la science et la culture Konstantin VOLKOV, le début des travaux était prévu pour le printemps, mais le coronavirus a fait ses corrections, a déclaré le chef du Centre de Russie pour la science et de la culture à Paris, Konstantin Volkov, dans un entretien avec la correspondante de RIA Novosti.

Le cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois est situé à 24 kilomètres de Paris, dans le département de l’Essonne. Il a été fondé à la fin du XIXe siècle et la toute première tombe russe est apparue en 1927. C’est le lieu de repos des écrivains Ivan Bounine et Teffi, du réalisateur Andreï Tarkovski, des danseurs étoiles de ballet Sergueï Lifar et Roudolf Nouréev, du poète Alexandre Galitch, des émigrants de différentes vagues, des représentants de la noblesse, des cercles militaires et d’autres originaires de Russie.

L’histoire de la restauration du secteur russe du cimetière de Sainte-Geneviève — des-Bois date de 2016, où la nécropole a été intégralement inscrite sur la Liste des sépultures d’importance historique et valeur commémorative pour la Fédération de Russie, situées à l’étranger.

Avancement des travaux d’aménagement

« En 2018, le CRSC a dressé un inventaire complet. Selon ses résultats, on constate que 11 mille personnes environ reposent dans 5203 tombes. 45% des sépultures ce qui fait près de 2,5 mille tombes nécessitent des travaux de restauration. Il existe une liste à part des sépultures, qui sont complètement abandonnées, sur lesquelles il n’y a plus rien et qui demandent une recomposition complète. Le Centre a obtenu une liste détaillée des tombes dont le taux de dégradation s’élève de 25% à 75% », — a noté Konstantin Volkov. Les travaux d’aménagement seront différents : il y a des tombes, où il ne faudra que la peinture des lettres sur la pierre tombale, pour les autres il faudra commencer la restauration de la pierre tombale à partir de zéro.

La documentation du projet et un cahier des charges sont devenus les résultats de l’inventaire dressé, « qui peuvent servir de base pour lancer des appels d’offres, conformément à toutes les lois, et la sélection du maître d’œuvre, pour le contrôle des travaux et pour effectuer les travaux au niveau que mérite cet objet important du patrimoine russe en France ».

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« Grâce au travail accompli, nous avons une vision préliminaire de la manière et de ce qui doit être renouvelé. Mais le temps passe et toute documentation de projet a sa propre date d’expiration. Cela ressemble à un oxymore, mais le cimetière c’est un organisme vivant. Aujourd’hui, deux ans après, nous avons pensé à mettre à jour nos informations sur l’état des sépultures. Je suis sûr que d’ici la fin de cette année et au début de l’année prochaine, nous allons procéder à une telle actualisation, qui nous fera comprendre s’il y a de nouvelles dégradations et de nouveaux problèmes », a ajouté le directeur du Centre russe.

Question financière

Selon Konstantin Volkov, toutes les approbations « externes » nécessaires — avec la mairie de Sainte-Geneviève-des-Bois, les concessionnaires, les autorités de contrôle françaises, les archéologues — ont été réalisées par le Centre en 2019. Il est devenu évident qu’en 2020, il y a une chance d’obtenir un financement nécessaire.

« Afin d’assurer des fonds pour des projets spécifiques dès maintenant, nous devons savoir exactement comment nous envisageons de les dépenser et dans quel état se trouve telle ou telle sépulture. Nous nous attendions à ce que des fonds soient alloués cette année. Alors que de toute évidence, ce montant ne couvrait pas, malheureusement, l’ensemble du projet », a-t-il déclaré.

En raison du manque de fonds, les tombes à restaurer devront être classées par ordre de priorité d’une manière ou d’une autre. « Il vaudrait bien sûr mieux clore ce sujet tout de suite, en ne choisissant ni la valeur de l’enterrement ni l’état de conservation des tombes, afin de ne pas créer de concurrence, d’autant plus que l’objet est intégralement inclus dans la Liste des objets spéciaux. Il vaudrait mieux recevoir un financement en intégralité, restaurer tous les 2500 tombes et tout simplement les entretenir. Mais, hélas, la situation économique ne permet pas de recevoir ces fonds dans leur intégralité, donc le montant qui devait être alloué pourrait être égal à la moitié des besoins actuels approximativement », a ajouté l’interlocuteur de l’agence.

Afin de déterminer l’ordre de priorité des travaux de restauration à réaliser, le CRSC s’appuie sur l’assistance du Comité français pour l’entretien des sépultures orthodoxes russes au cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois, présidé par Tatiana Chomcheff et directeur de la Maison russe Nicolas de Bois.

« Le cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois est pour moi une sorte de boîte chinoise qui garde énormément de secrets. Nous ne connaissons même pas encore sa pleine valeur. Mais d’un point de vue organisationnel, notre boîte est « incrustée » de mosaïques : chaque tombe a des concessionnaires, c’est-à-dire des titulaires de droits, certaines tombes sont réunies en groupes, quelquefois, les concessionnaires ne se montrent pas, quelquefois, au contraire, apparaissent. Et chacun d’eux peut donner son accord pour les travaux de restauration ou non. Et là réside une autre raison afin que le travail soit organisé de la manière la plus transparente possible pour toutes les parties intéressées », — a résumé le directeur du CRSC.

Selon lui, « les travaux au cimetière ne peuvent pas être effectués comme sur le chantier d’une maison — de la fondation au toit et aux finitions ». « Avec chaque concessionnaire spécifique, il est nécessaire de reconfirmer à la fois le début des travaux et leur niveau. Pour commencer les travaux le plus efficacement possible, pour montrer que nous faisons un travail de qualité et tenir compte de l’avis des concessionnaires et de la communauté, nous voulions commencer par les plus grands groupements. Cela nous permettrait de gagner la confiance également parmi les concessionnaires individuels », indique l’interviewé à l’Agence.

Les travaux devaient commencer en avril. Mais les plans du CRSC, comme ceux de beaucoup d’autres, ont été perturbés par le coronavirus : mi-mars, une quarantaine stricte a été déclarée en France, et tous les travaux préparatoires ont été gelés pendant plusieurs mois. Ils n’ont été partiellement activés qu’en août.

« Il est clair que cette année, nous n’avons plus eu la possibilité de recevoir les fonds nécessaires. J’aimerais beaucoup que la situation économique actuelle dans le monde dans son ensemble n’affecte pas nos perspectives immédiates. Or, je ne suis pas sûr que dans la situation économique actuelle, nous pourrons espérer que le gouvernement russe aura l’opportunité d’allouer des fonds importants pour la restauration des sites commémoratifs russes en France, mais nous comptons bien là-dessus », a souligné Konstantin Volkov.

Nécropole en ligne

Le cimetière Sainte-Geneviève-des-Bois est un centre d’attraction non seulement pour les historiens et représentants de la communauté russe en France, mais aussi pour ceux qui viennent de Russie en France. Les frontières fermées en raison du coronavirus les ont empêchés de visiter la nécropole historique pendant un long moment. Afin de consolider et d’augmenter les informations disponibles et les documents d’archives, pour les rendre accessibles à tous, le responsable du CRSC a envisagé de créer une plateforme électronique distincte.

« Nous avons étudié ce sujet assez de manière rigoureuse. Il y a des cartes, il y a des livres, des brochures, des ressources électroniques… Mais tous, ils ont un inconvénient commun — en règle générale, ils ont tous une sorte de repérage thématique et sectoriel étroit. Il n’y a pas de ressource encyclopédique complète et exhaustive. En règle générale, on saisit une partie de l’information qui présente un intérêt ou des revenus à récupérer. Notre objectif est complètement différent : nous avons une ressource très précieuse, l’histoire de la plus grande nécropole russe dans le monde. Par conséquent, pour que les descendants de ceux qui y sont enterrés et ceux qui s’intéressent à l’histoire russe puissent eux-mêmes étudier, compléter, échanger des informations sur ce sujet, bien sûr, il faudrait avoir une grande ressource encyclopédique globale. A ma connaissance, une telle ressource manque », a dit l’interlocuteur de l’agence.

Aujourd’hui, le CRSC « a une information suffisante, concernant la liste des sépultures et leur emplacement cartographique ». « L’étape suivante consiste à trouver des opportunités pour créer une carte numérique en accès libre et à commencer à la remplir avec son propre contenu, ainsi qu’à attirer des experts et de nombreux descendants de l’émigration russe, vivant aujourd’hui en France, en Europe et dans d’autres pays », a ajouté Volkov.

Selo lui, les représentants des grandes entreprises russes en France peuvent également être intéressés par le projet afin d’y apporter leur soutien, car ils « comprennent l’importance de la future ressource d’information pour étudier et préserver l’histoire de la Russie ».

« Bien sûr, ce travail est impossible pour nous sans faire appeler les bénévoles. Selon mes calculs, nous ne sommes capables d’accomplir ce travail nous-mêmes que pendant de nombreuses années… Mais je suis sûr, à en juger par la réaction des invités du CRSC à Paris, qu’ils seront nombreux, ceux qui souhaitent entreprendre ces recherches — à la fois pour leur propre formation et pour se familiariser avec l’histoire des Russes à l’étranger », a poursuivi Volkov.

Les compatriotes qui gardent des histoires de la vie de leurs ancêtres, des photos, des films, des journaux et d’autres archives sont une ressource inestimable que nous, hélas, pouvons perdre dans un laps de temps assez court. Par conséquent, si nous pouvons inciter les gens à partager leurs connaissances, leurs souvenirs, leurs documents ou d’autres matériaux sur notre ressource, ce sera un grand pas en avant pour perpétuer la mémoire de la diaspora russe et de ses nombreux destins », estime le chef du CRSC.

Il y a un demi-siècle, le poète Robert Rozhdestvensky, dans son poème « Cimetière près de Paris », écrivait à propos de ceux qui reposent sur la nécropole « Il n’y avait pas de gloire. La Patrie a aussi disparu // Le cœur était parti. Mais la mémoire — elle était… » Restaurer des objets beaucoup plus tangibles — croix et pierres tombales — n’est pas facile, mais réalisable. Restaurer la mémoire oubliée est beaucoup plus difficile. Par conséquent, il peut être plus facile d’éviter le passé dans « la mémoire était », mais de faire en sorte qu’elle demeure dans le futur.

Lien CRSC

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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 15 Septembre 2020 à 08:21 | -6 commentaire | Permalien



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