V.G.

"L'ascèse personnelle, familiale et paroissiale, en particulier dans la prière et dans le jeûne, est caractéristique de l'Orthodoxie" Père Justin Popovitch (1894-1979)

En ce qui concerne les prescriptions alimentaires, il est préférable de se référer à son père spirituel, au prêtre ou à un autre responsable de l'Eglise et dans tous les cas aux indications de son médecin, en fonction de sa santé. Le jeûne est indicatif est doit correspondre à une attitude spirituelle tout en s'adaptant aux conditions physiques de chacun.

Les règles suivantes sont suivies dans les monastères orthodoxes et on peut prendre comme repère:

• Pendant le Grand carême, on s'abstient tous les jours de viande, de lait, d'œufs, de fromage et de poisson.
• Du lundi au vendredi inclus, on ne prend qu'un seul repas en milieu de journée, sans vin ni huile. On peut éventuellement prendre un repas léger le soir.

• Les samedis et les dimanches, on prend deux repas; l'huile et le vin sont autorisés en signe de fête.
• Pendant la semaine de la Passion (Grande et Sainte semaine), on s'abstient de toute nourriture entre le repas du Grand Jeudi et la Liturgie de Saint Basile le Grand Samedi; après celle-ci, on prend un repas de jeûne.


La place du jeûne dans le Carême orthodoxe

Lire aussi TRIODE

LA NOURRITURE, UN THÈME BIBLIQUE

Le jeûne tient une place toute particulière dans la tradition orthodoxe. Entretien avec le Père Michel Evdokimov, archiprêtre des paroisses orthodoxes Saint-Pierre-et-Paul à Châtenay-Malabry (92). Publié le 19 février 2016.

Dans la Bible, tout commence avec le partage de la "pomme" entre Adam et Eve et les récits présentant toutes sortes de repas y sont nombreux, sans parler de la main nourricière de Dieu ... Ainsi Élie, pourchassé par la reine Jézabel, jeûne pendant 40 jours, puis, à bout de forces il s’allonge sur le sol en disant : «C’est fini, je vais mourir.» A ce moment –là, un ange arrive et le nourrit. Quant au peuple d’Israël qui erre dans le désert durant 40 années, il est sauvé par la manne qui tombe du ciel. Dieu intervient dans la vie des hommes pour les nourrir non seulement en esprit, mais aussi d’une manière plus matérielle. Et lorsque Jésus, poussé au désert, va jeûner pendant 40 jours : quelle sera la première tentation du Malin ? La nourriture...

Les orthodoxes attachent au jeûne une importance toute particulière parce que, à l'image de Jésus dans le désert, il permet de s'ouvrir aux réalités de l'Esprit, à travers le combat spirituel. Car, comme nous le montre le récit de Jésus au désert, le jeûne n’est pas quelque chose d’anodin. C’est un geste qui provoque des réactions violentes de la part des forces du mal. Les orthodoxes situent le Carême dans cet perspective : le jeûne nous rendant plus faible, le Carême est un temps de combat spirituel qui invite chaque croyant à un travail intérieur.

UNE DISCIPLINE SUR SOI-MÊME

C'est en se privant de nourriture, que l'on découvre ce qui essentiel pour survivre. Or, "l'homme ne vit pas que de pain". Le jeûne aide à maîtriser ses appétits et aiguise d'autant notre soif de Dieu.

Les fidèles orthodoxes sont invités à jeûner non pas de leur propre volonté mais sous la direction d'un père spirituel. Je demande aux fidèles de ma paroisse de supprimer la viande et dans la mesure du possible les laitages. Les moines orthodoxes, eux, observent un jeûne beaucoup plus strict : abstention de toute nourriture d’origine animale (viande, poisson ayant une arête, laitages, œufs) graisses et vin… Ce jeûne de la nourriture invite à d'autres formes de privations, comme le jeûne de télévision (supprimer les émissions récréatives ou frivoles) et les revues du même type.

En contrepartie, je leur demande lire au moins un évangile, si ce n’est les quatre, et ainsi se rapprocher de Dieu par cet effort, et par une prière plus assidue.

Le jeûne conjugal est aussi préconisé, mais de fait il est déjà ancré en profondeur dans notre tradition. Les couples orthodoxes pratiquants ont l'habitude de pratiquer l'abstinence un jour avant, et un jour après l'eucharistie. Dans notre société d'abondance, cet apprentissage de la liberté face à nos dépendances n'est pas vraiment populaire. Alors qu'il y a des danseurs, des sportifs, des stars qui sont capables de se discipliner de façon drastique, ascétique, pourquoi est-ce que, nous chrétiens, nous ne pourrions pas nous soumettre à une discipline de ce genre, alors que nous sommes là pour montrer la valeur spirituelle et humaine du jeûne, dans ce qu’on appelle le partage?

LE PARTAGE COMMUNAUTAIRE, UNE RÉALITÉ

«Tu jeûneras pour partager cette nourriture avec les pauvres» disait saint Jean Chrysostome. Pour notre petite communauté, comme pour l'ensemble de la communauté orthodoxe, le jeûne n'est pas qu'un simple effort sur soi, il s'ouvre sur le partage en communauté avec "le pauvre". Ainsi, dans notre paroisse, les sommes qui équivalent à notre privation de nourriture ou de divertissement sont mises de côté. Elles sont ensuite rassemblées et versées dans ce que nous appelons la quête de Carême.

Après Pâques, cet argent sera envoyé à des œuvres humanitaires ici en France, en Roumanie, ou au Liban... Nous sommes peu nombreux mais il est essentiel pour nous de faire ce geste d'offrande, car il crée un lien entre ces gens en souffrance et nous qui vivons dans des conditions plus favorables. Ce temps de jeûne personnel, de partage et de prière est vécu en étroite relation avec notre petite communauté, qui nous aide à en supporter l'exigence, tant il est vrai que le jeûne en France est autrement plus difficile, que dans un pays comme la Russie où vous êtes porté par une communauté élargie.

Propos recueillis par Evelyne Montigny

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 5 Avril 2016 à 21:17 | 3 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir.G: je rends à César le 05/04/2016 23:05
Les références aux sources ont été perdue lors de la mise en ligne.

La 1ère partie provient du site "spiritualite-orthodoxe.net": http://www.spiritualite-orthodoxe.net/grand_careme_orthodoxe.html

La 2éme de l'article "La place du jeûne dans le Carême orthodoxe." Entretien avec le Père Michel Evdokimov, archiprêtre des paroisses orthodoxes Saincrit-Pierre-et-Paul à Châtenay-Malabry (92). Publié le 19 février 2016 sur "croire.com": http://www.croire.com/Definitions/Vie-chretienne/Jeune/La-place-du-jeune-dans-le-Careme-orthodoxe

2.Posté par Vladimir. G: "Ce jeûne de la nourriture invite à d'autres formes de privations, comme le jeûne de télévision (supprimer les émissions récréatives ou frivoles) et les revues du même type." le 07/04/2016 11:38
"Ce jeûne de la nourriture invite à d'autres formes de privations, comme le jeûne de télévision (supprimer les émissions récréatives ou frivoles) et les revues du même type."

J'ai inclus cet entretien avec le père Michel dans mon rappel de la place du jeûne car il répond particulièrement bien aux questionnements actuels. Comme je le rappelle dans un autre article ("http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-debat-sur-le-jeune_a4664.html?com#com_5075567"), 4/5 des Orthodoxes considèrent que les prescriptions rappelées au début, le plus souvent perçue comme une règle "imposée", sont en fait inadaptées et ils ne les "reçoivent" pas... C'est pour ceux-là que le père Michel fait la distinction entre ce qu'il demande "aux fidèles de sa paroisse" et ce "qu'observent les moines orthodoxes", en ajoutant des formes de privations plus actuelles (et l'abstinence conjugale, dont les règles publiées ne parlent pratiquement jamais, ce qui montre bien qu'elles sont destinées aux moines…). Il insiste aussi sur le devoir du partage, lui aussi oublié alors qu'il est essentiel pour que le jeûne ne soit pas que l'illustration d'une foi morte (Jacques 2.14-26).

3.Posté par Gilles le 14/04/2016 22:26
prière et méditation de Carême encore , et méditations et de Pacem in terris et de Fides et ratio . Et si l' histoire des hommes trébuche comme on heurte une pierre ou comme on se heurte à un mur ou comme on laisse fermée la porte lorsque quelque autre ou d' autres ou autrui frappe à la porte , nous n' y arriverons pas des seules raisons d' hommes ni de fuir dans des paradis artificiels ni de plonger ou nous enorgueillir dans des vérités d' hommes et vérités assénées ou toutes faites ni non plus de nous réclamer de la déraison . Là-bas où le bâts blesse , au Chemin et cri silencieux de Sa Croix . Croix et Paix du Christ , au Nom du Père , Un Seul Père , Notre Père , et de nos pas en Espérance et de multiples chemins et de Charité et de Miséricorde et de Foi . Les siècles ou les décennies ont érigé des murs et parfois des constructions d' intérêts ou de colonialismes ou d' empires ou d' esprit d' empire et parfois de nations encore balbutiantes ou créées de toutes pièces et d' intérêts , comme ils ont affermi en incompréhensions mutuelles ceux de la terre et terre natale en Palestine puis d'exils et ceux des exodes et des camps et persécutions et de la Shoah et en quête de refuge et refuges aussi , deux peuples , deux en apparence et humains et si proches et frères en peuples aussi . Il n'est pas de la Foi d' imposer ni de juger ni de prétendre aux solutions immédiates d' hommes qui seraient à elles seules parfaites ; mais d' hommes ou femmes aussi simplement et tout pécheurs que nous sommes , et puisque le Christ est seul parfait en Vérité , et puisque s' essayant dans ses pas nous nous devons de marcher aussi , Seigneur aidez-nous à comprendre et faire comprendre , et des partages des tâches en Espérance et des ponts de nos mains et nos pas et nos prières faîtes de nous jusque là-bas où le bâts blesse et en mémoire et présence et patience de Terre Sainte en partage , Espérance et partage et de partages hors-les-murs aussi , faîtes de nous et d' autres à venir , faîtes de nous des instruments de paix , du Notre Père

Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile