La presse russe et l'opinion française sur la provocation de "Femen"
V.G.
Les media russes ont largement éclairé la provocation de "Femen" à Notre Dame de Paris et surtout les réactions qui ont suivi en France. Ces informations restent toutefois plutôt sélectives et ne rendent pas vraiment compte de l'état d'esprit qui prévaut en France en voulant imposer leur propre grille de lecture.

UN FLORILEGE

PRAVMIR traduit les réactions à chaud dès le 14 février. Il met en parallèle, de façon assez artificielle, les premières réactions à la provocation de "Femen" et des commentaires plus anciens sur l'affaire "Pussy Riot" pour montrer que si les secondes sont plutôt favorables aux condamnées les premières sont défavorables aux provocatrices.

Concernant "Femen"


Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a fait part mardi dans la soirée de sa consternation, "face aux agissements des neuf membres du groupe Femen qui se sont introduites, ce mardi, torse nu, dans la cathédrale Notre-Dame de Paris". Ce groupe d'activistes féministes entendait ainsi "fêter" la renonciation du pape Benoît XVI.
"Ces agissements, commis au sein même d'un lieu de culte, sont contraires aux valeurs républicaines qui offrent - faut-il le rappeler -, à chacun, la possibilité de s'exprimer librement", estime le ministre des cultes. "Si la laïcité permet à chacun de croire ou de ne pas croire en toute liberté, la République entend, dans le même temps, garantir à tous les croyants de pouvoir pratiquer leur religion dans la dignité et le respect mutuel".

Le maire PS de Paris Bertrand Delanoë: "Je réprouve un acte qui caricature le beau combat pour l'égalité femmes-hommes et choque inutilement de nombreux croyants".

La presse russe et l'opinion française sur la provocation de "Femen"
Les sénateurs de Paris Yves POZZO di BORGO et Pierre CHARON: "Il est incompréhensible que ces activistes étrangères ne soient pas empêchés d’agir. Surtout aujourd’hui où il y a une conjoncture spéciale…" Il faut donc s’interroger sur un certain laxisme des pouvoirs publics 12 février 2013

Le recteur de Notre-Dame, Mgr Patrick Jacquin, a déposé deux plaintes au commissariat: l'une pour "profanation d'un espace cultuel" et pour "coups et blessures" car, selon lui, un des agents du service de sécurité a une épaule démise. "Le Monde", 13/02

Le député des Alpes-Maritimes Lionnel Luca,"On attend avec impatience les Femen à la mosquée de Paris vendredi" (sur Twitter)

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CONCERNANT "Pussy Riot"

Le Ministère des Affaires étrangères: " Nous déplorons la condamnation ce jour des jeunes femmes membres du groupe des Pussy Riot à une peine d’emprisonnement de deux ans par le tribunal de Moscou. La France soutient partout dans le monde les principes de la liberté d’expression et d’opinion." 17 août 2012

Aurélie Filippetti ministre de la Culture et de la Communication: «A travers elles, c’est la liberté de création des artistes qui est mise en accusation. De tout temps, la création a connu une indispensable dimension provocatrice. La liberté de création est aussi la liberté de critiquer le pouvoir en place. C’est la force d’une démocratie que de savoir accepter cette licence artistique et de protéger les artistes qui l’exercent». Le ministère français de la Culture appelle les autorités russes à respecter ce principe de liberté sans lequel aucune création n’est possible». 9 août 2012

Emmanuel Carrère aurait déclaré
(pas de référence) "L'action des PR peut être jugée artistique et politique, comme l'héritière de la dissidence antisoviétique ou comme un enfantillage vulgaire.

Et même si, au pire, ce n'est qu'un enfantillage vulgaire, le seul fait qu'il soit sanctionné au plan pénal comme un délit dirigé contre l'Orthodoxie démontre, à mon avis, que nous avons affaire à un état religieux et no un état démocratique et laïc.

Une "lettre ouverte des acteurs de la culture en France" (que je n'ai pas trouvée en France…): " Il est pour nous impensable que le mot "féminisme" devienne une injure,… nous sommes profondément choqués par la façon dont les notions de blasphème et de fondement spirituels de l'état deviennent des armes politiciennes utilisée pour réduire au silence les voix révoltées dans le monde entier, … nous considérons comme simplement inadmissible la privation de liberté de femmes qui n'ont fait simplement qu'expérimenter avec des symboles religieux, sans rien faire de mal."

"POUR LE "NOUVEL OBSERVATEUR" LES FEMEN N'ONT PLUS LEUR PLACE EN FRANCE"

Les passions semblent retombées en France mais Russian.RFI.fr reprend les extraits d'une chronique de Bruno Roger-Petit parue deux jours plus tôt dans leplus.nouvelobs.com

"Personne n'osait émettre de critiques à l'encontre de la version française du groupe d'intervention politique venu d'Ukraine, d'autant qu'il était soutenu par Caroline Fourest" reprend la chroniqueuse Еlena Gabrilian, qui va ensuite donner l'essentiel de l'article. "Ce muet accommodement avait déjà accueilli la présence des Femen lors du défilé de Civitas (organisation ultra-catholique hostile au mariage gay) Sommes-nous à ce point si en retard démocratiquement qu'il faille avoir recours à des méthodes d'expression politique outrancière destinées à provoquer, à l'origine, des régimes autoritaires ? Ajoutons que la présence dans les leaders des Femen d'une ancienne militante PS qui se fit connaître lors de mouvements étudiants (Loubnia Meliane) laissait augurer du pire : la récupération d'un mouvement par des personnalités en mal de quart d'heure warholien. Montrer ses seins en public sous un prétexte politique, c'est l'assurance de passer de nouveau à la télé.

La provocation de Notre-Dame est venue confirmer les doutes que l'on pouvait nourrir au sujet des Femen. Ce mouvement n'a rien à faire en France. Les églises sont des lieux qui relient les femmes et les hommes d'aujourd'hui aux générations précédentes. En exhibant leur pauvre et pathétique vulgarité, leur triste et agressive nudité au sein de Notre-Dame de Paris les Femen n'ont pas seulement injurié le pape et l'institution catholique, elles s'en sont prises, à tout la spiritualité, aux maitres anciens qui ont taillé ces vieilles pierres il y a dix siècles.

Elles n'ont visiblement pas compris que la France est un pays où l'on peut bouffer du curé à volonté mais où l'on n'aime pas que l'on touche à ce qui incarne les forces de l'esprit. Elles se sont comportées en dérisoires descendantes des sans-culottes et représentants de la Commune de Paris qui, en 1793, se livraient aux pires débauches dans une Notre-Dame rebaptisée "Temple de la raison", ce que Robespierre, du reste, (rendons lui justice sur ce point) désapprouvait, car il détestait l'athéisme sauvage et désordonné qui s'en prenait aux lieux de spiritualités.

Il ne faut donc pas s'étonner, mais se réjouir de la condamnation unanime qui, de Bertrand Delanoë à Manuel Valls, est venue répondre à ce geste stupide et immature, politiquement insane et intellectuellement inepte.

Les Femen, et ceux qui s'extasient devant leur minable provocation seraient bien inspirés de lire ou relire Marc Bloch :"Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération." (remplacée par "la prise de la Bastille" dans le texte russe qui rappelle aussi la signification "du sacre de Reims")

Prenez-en de la graine, les Femen, et partez sur la pointe des pieds, en souhaitant que l'on vous oublie." Fin de citation.

La presse russe et l'opinion française sur la provocation de "Femen"
Est-ce une opinion prédominante?

Il est intéressant de voir cet attrait qu'exerce l'opinion des "élites" françaises, mais je crains que ces réactions choisies n'en donnent une image fausse. Il est évident que ceux qui réfléchissent font la différence entre l'agression haineuse de Femen et la farce stupide et déplacée des PR. Cela est vrai en France comme en Russie. Mais alors qu'en Russie la réaction inappropriée des autorités avait mobilisé bien au-delà de l'Intelligentsia, avec ses "pour" et ses "contre", chez nous le débat est déjà retombé, la plupart des Français s'en désintéressant totalement.

Mais s'il reste encore une frange limitée qui en parle, ce n'est pas pour s'associer à "la condamnation unanime" que croit voir Bruno Roger-Petit et que reprend Еlena Gabrilian: le dernier article paru ("Le Huffington Post" en association avec "Le Monde") titre "Femen a sonné le glas du Pape à Notre Dame" et déclare, élogieux "Femen a félicité la pensée progressiste qui a conduit a la démission du Pape Benoît XVI, chef de file de la mafia catholique." Et le même leplus.nouvelobs.com publie une nouvelle chronique qui se conclue par: "Alors oui, on peut trouver la dernière prestation des Femen provocante, inutile ou d'un goût douteux, mais non, elles ne méritent pas d'être ainsi clouées au pilori médiatique. Le blasphème est parfois nécessaire et les empêcheurs de tourner en rond indispensables, pour contrebalancer les intégrismes en tout genre. Qu'ils soient sexistes ou religieux."

J'ai cédé à la tentation de reparler de cette pitoyable panatlonade pour insister sur l'un de mes thèmes favoris – la façon très manichéenne dont la plupart des Russes analysent la réalité, en triant "les bons" et "les mauvais". Ils pensent avoir trouvé la même approche en France dans ce cas, mais je crois qu'ils se trompent…

Quand aux Femen et autres PR, même si leurs cas sont différents, le mieux que nous ayons à faire c'est de les oublier…

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Paris: Le monument du corps Expéditionnaire russe venu en France soutenir les Alliés lors de la première Guerre mondiale a été vandalisé!

Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 20 Février 2013 à 10:52 | 5 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Tchetnik le 20/02/2013 12:37
Au delà des justifications douteuses de lobbies et d'officines, voici de vraies victimes:

http://www.siwel.info/Algerie-un-jeune-chretien-kabyle-condamne-par-la-Justice_a4639.html

Celles sur lesquelles les intelligentias qui trouvent les FEMEN ou Pussys "artistiques", "illustrations de la liberté d'expression", "légitime révolte" (contre qui donc....) ou "pas dutout mais alors pas du tout blasphématoires", restent bien curieusement silencieuses....

Au fait, Asia Bibi est toujours en Zonzon.


2.Posté par " Chute de la croix à Kiev" Galia Ackerman, "Femen" le 06/03/2013 16:10
P.O. s'abstient de commenter cet éloquent récit...beurq!

Le Monde daté du 7 mars

Nous faisons de la veille médiatique pour nous tenir informées des sujets d'actualité chauds. En août, le monde entier parlait du procès des Pussy Riot. Le verdict devait tomber le 17 août. En tant que " newsmakers ", nous nous devions de réagir, d'autant plus que tout le monde s'attendait à ce qu'elles soient condamnées à de la prison ferme.

Anna a proposé une action très radicale, à savoir abattre à la tronçonneuse une croix catholique haute de 7 mètres qui avait été érigée en plein centre de Kiev par des activistes polonais pendant la " révolution orange ", sans la moindre autorisation de la mairie. Anna se souvient très bien comment cette mission lui est venue à l'esprit : " Je réfléchissais à la façon dont on pourrait efficacement frapper l'Eglise. Je me suis souvenue de cette croix, sur une colline qui domine le Maïdan. Jadis, les chrétiens brûlaient des idoles païennes. Eh bien, nous allons suivre leur exemple et brûler cet objet d'idolâtrie chrétienne, me suis-je dit. Puis j'ai compris qu'il n'était pas réaliste de brûler une énorme croix en bois massif, on serait arrêtées bien avant qu'elle ne se consume. Scier, voilà la solution ! Je me suis imaginé la scène : si on scie du bon côté, la croix va tomber sur le Maïdan. Super ! "

Nous avons longuement discuté de l'opportunité de cette action, qu'on voulait dédier aux Pussy Riot, car on craignait qu'elle ne soit noyée dans le flot des nouvelles du procès. Mais nous avions l'obligation morale de soutenir ce groupe féministe, indépendamment de l'impact médiatique que l'on aurait ou non. On souhaitait offenser délibérément l'Eglise pour son incitation à la haine envers ces trois jeunes femmes, diabolisées et menacées de prison. Le patriarcat de Moscou avait provoqué leur persécution et ordonné des prières collectives pour protéger l'Eglise de ces " scélérates " et " blasphématrices ".

Lorsque la décision fut prise, le choix de l'exécutante est tombé sur Inna, parce qu'elle était physiquement plus forte qu'Oksana ou Sacha. Le lendemain, on a acheté une tronçonneuse et Inna est allée apprendre à l'utiliser auprès de bûcherons professionnels. Pour elle, ce fut une expérience inoubliable : " Je me suis entraînée avec eux jusqu'à minuit, accompagnée de journalistes, car le maniement de la tronçonneuse demande non seulement de la force, mais aussi une certaine dextérité. Les bûcherons m'ont appris la bonne technique ; il fallait d'abord scier un triangle dans le tronc, du côté où il tomberait, et après scier de l'autre côté. Il restait une inconnue : nous ignorions s'il y avait une tige métallique à l'intérieur de la croix, ce qui aurait rendu le sciage impossible. C'était un risque à prendre.

" Le matin, je suis arrivée sur le lieu de l'action et j'ai enlevé mon tee-shirt. Les filles ont attaché des cordes à la croix pour la tirer dans le bon sens, de sorte qu'elle ne tombe ni sur moi ni sur les journalistes. Malgré l'entraînement, j'avais très peur d'être incapable de scier la croix et d'essuyer une honte terrible. Je me suis agenouillée et je me suis signée, en référence aux Pussy Riot qui avaient fait ce geste à la cathédrale avant de commencer leur prière punk à la Vierge. Lorsque j'ai mis la tronçonneuse en marche, je me suis rendu compte que la croix était trois ou quatre centimètres plus large que la lame de la tronçonneuse. Cela signifiait qu'il fallait la scier des deux côtés et que cela prendrait donc deux fois plus de temps. Or, nous étions en plein centre de Kiev ! J'ai fait des entailles des deux côtés, et après j'ai longuement scié, avec l'impression qu'elle ne tomberait jamais. Finalement, elle est quand même tombée, et ce fut beau. Pour moi, la croix est le symbole millénaire des inégalités, des meurtres, de la violence, de l'oppression commis au nom de la religion. J'ai fait exactement ce qu'il fallait faire. Devant les journalistes, je me suis limitée à un commentaire succinct : "Aucune structure, même aussi puissante que l'Eglise, n'a le droit de porter atteinte à la liberté de la femme." Et je me suis enfuie. "

La veille, nous avions bien étudié le dispositif. Pendant cette action, Sacha se trouvait sur la colline en face d'où elle observait les alentours et donnait des consignes depuis son portable. Cela se passait au petit matin, et nous n'avions averti personne, à part quelques journalistes en qui nous avions toute confiance. Comme on ne voulait pas que les flics remarquent un attroupement de la presse, on avait donné rendez-vous aux journalistes à l'écart de la croix, près d'une rangée de buissons, comme dans un roman d'espionnage. Deux policiers de service se tenaient en bas de la colline mais ils ne pouvaient pas voir ce qui se passait en haut, d'autant plus que la croix était partiellement dissimulée par des arbres au feuillage abondant. Quant au bruit de la tronçonneuse, on pouvait le prendre pour celui d'une tondeuse à gazon. Quoi qu'il en soit, les flics ont découvert notre " méfait " seulement quelques heures plus tard.

3.Posté par Tchetnik le 07/03/2013 14:46
Galia Ackermann qui, à l'instar de son "collègue" (et coreligionnaire) Vladimir Pozner, n'a guère critiqqué le régime communiste qui, lui, était vraiment meurtrier.

4.Posté par FEMEN convocation pour première comparution ce mardi devant le tribunal correctionnel de Paris le 19/02/2014 09:21
Le procès des FEMEN commence en France
En France, le procès de 9 membres du mouvement FEMEN ayant participé à l'action scandaleuse à Notre-Dame de Paris s'ouvre aujourd'hui.

Les activistes sont accusées de dégradations sur les cloches de la cathédrale.

Il s'agit de l'action lancée par les féministes à Notre-Dame de Paris le 12 février 2013, au lendemain de l'abdication du pape Benoît XVI. Les jeunes femmes seins nus avaient scandé « Plus de pape » et « Bye bye Benoît ». Elles avaient de plus endommagé des articles religieux et les nouvelles cloches de la cathédrale. N

http://french.ruvr.ru/news/2014_02_19/Le-proces-des-FEMEN-commence-en-France-5315/

Action contre les Femen: Vers un retour du «délit de blasphème» en France?

Neuf Femen sont convoquées pour une première comparution ce mardi au tribunal de Grande instance de Paris pour leur action lors de la manifestation de Civitas le 18 novembre dernier. Les motifs de cette convocation rappellent le «délit de blasphème», qui n’existe pourtant plus en France depuis 1791...

5.Posté par Vladimir.G le 19/02/2014 10:35
Commentaire lamentable ("Vers un retour du «délit de blasphème» en France?") et publicité d'une action lamentable. Les média français restent profondément laïcards...

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