La situation des religions en Turquie
Le 29 mai, Istanbul célébrait le 567e anniversaire de la conquête de Constantinople par le sultan Mehmet II.

 Un événement fêté en grandes pompes avec une flotte de bateaux sur le Bosphore mais surtout ponctué par une première depuis 87 ans : une sourate du Coran a été récitée dans la Basilique Sainte-Sophie. Une grande émotion pour le président turc, qui n’a pu suivre la cérémonie que par écran interposé au vu de la situation sanitaire, mais qui confirme une nouvelle fois, combien l’édifice lui est cher (1)

L’Eglise orthodoxe russe s’oppose aux tentatives du président turc Recep Tayyip Erdogan de transformer le statut de la basilique Sainte-Sophie à Istanbul – actuellement un musée – et d’en faire une mosquée.Le 29 mai 2020, lors de la célébration de l’anniversaire de la chute de Constantinople, le Coran a été lu dans les murs de Sainte-Sophie.

En 1453, le siège de Constantinople aboutit, le 29 mai, à la prise de la ville par les troupes ottomanes conduites par Mehmed II. Elle marque la disparition de l’Empire romain d’Orient, aussi qualifié d’Empire byzantin, et sa fin définitive en tant qu’entité politique et juridique.Une semaine après cette lecture du Coran à Sainte-Sophie, le président Erdogan a demandé au comité central du Parti de la justice et du développement AKP, le parti au pouvoir, d’envisager la possibilité de retransformer Sainte-Sophie en mosquée.


La situation des religions en Turquie
Un symbole de l’orthodoxie «Toute tentative de changer le statut de musée de la basilique Sainte-Sophie conduira à modifier et à violer les fragiles équilibres interconfessionnels qui existent aujourd’hui», a déclaré le métropolite Hilarion, responsable du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou (DREE), au cours de l’émission  «L’Eglise et le monde» de la chaîne de télévision Rossiya-24. Il a ajouté qu’il aimerait espérer que cette église reste un musée à accès libre et que de tels incidents ne provoquent pas de tensions interreligieuses.

La basilique Sainte-Sophie ou Hagía Sophía (»sagesse de Dieu», en grec) construite dans sa forme actuelle sous l’empereur byzantin Justinien, au VIe siècle, a reçu le statut de musée en 1934 par Mustafa Kemal Atatürk. Le premier président turc a désaffecté ce qui était devenu un lieu du culte musulman pour «l’offrir à l’humanité». Sainte-Sophie a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1985. «Cette église est un symbole de Byzance et un symbole de l’orthodoxie pour des millions de chrétiens dans le monde entier, en particulier pour les croyants orthodoxes», a souligné le métropolite. (2)


La situation des religions en Turquie
Le magazine islamiste turc pro-Erdogan Gerçek Hayat  ("La vrai vie") a accusé les dirigeants des minorités religieuses – notamment le patriarche œcuménique Bartholomée – et d’autres personnes en Turquie de s’associer à l’imam turc vivant en exil aux Etats-Unis, Fethullah Gülen.

Ce dernier est dénoncé par le gouvernement turc actuel comme étant l’instigateur d’une sanglante tentative de coup d’Etat en Turquie en 2016. L’article accuse des membres de la minorité grecque, dont le patriarche Bartholomée, » d’avoir aidé Fethulah Gülen à organiser le coup d’Etat en Turquie contre Recep Tayyip Erdogan en juillet 2016».

Les dirigeants religieux chrétiens et juifs s’inquiètent que ces dénonciations infondées ne soient le prétexte à des attaques contre eux-mêmes ou contre leurs institutions religieuses et culturelles.Relents complotistesSont visés pêle-mêle, dans ces accusations aux relents complotistes, le grand rabbin d’Istanbul Isahak Kahleva, le patriarche grec orthodoxe Bartholomée Ier de Constantinople, l’ancien patriarche arménien de Turquie Shnorhk Kaloustian, la CIA, l’OTAN, les sionistes, Hillary Clinton, le pape Jean Paul II et les anciens dirigeants turcs Ismet Inonu, Bulent Ecevit et Suleyman Demirel.

Les chefs religieux des communautés minoritaires en Turquie ont eu le courage de critiquer sévèrement le magazine turc, sachant qu’il y a beaucoup d’extrémistes en Turquie qui peuvent avoir recours à des actes de violence contre les Arméniens, les Assyriens, les Grecs, les Juifs et les Kurdes.Risque de dérapages racistes Le Patriarcat arménien a publié un communiqué dans lequel il regrettait les fausses accusations portées contre le patriarche Shnorhk.

«De tels écrits sous l’égide de la liberté de la presse nous causent de la douleur et peuvent entraîner des conséquences horribles. Ces mensonges inquiètent le Patriarcat arménien de Turquie et la communauté arménienne. Les manifestations racistes, comme ailleurs, également observées dans ce pays, ne permettent pas d’échapper à leurs conséquences…. Une telle médisance sans fondement est inacceptable pour nous».

Le Patriarcat grec orthodoxe a également condamné le magazine turc qualifiant les informations publiées de «complètement fausses et partiales». Une telle publication «cause de la détresse chez les chrétiens, les juifs et les musulmans et est particulièrement grave et irresponsable, car elle porte atteinte à l’unité de notre peuple…. Ces informations sont extrêmement dangereuses et pourraient être à l’origine d’actes de racisme et d’intolérance dangereux. Le patriarche œcuménique Bartholomée se sent très amer et plein de ressentiment pour les accusations qui ont été portées contre lui, malgré ses efforts pour le bien de notre pays».  

Liberté religieuse en péril

«Les libertés religieuses continuent malheureusement à être mises en péril par une certaine haine et intolérance en Turquie, qui sont encouragées dans certains milieux, et nous attendons de la communauté internationale qu’elle condamne les attaques contre le patriarche œcuménique», a déclaré pour sa part le responsable de la délégation grecque à l’Assemblée interparlementaire orthodoxe, Maximos Charakopoulos, à la suite des accusations publiées par le magazine turc «Gerçek Hayat» contre le patriarche œcuménique, ainsi que d’autres autorités religieuses.  Incitation à la haine religieuse Maximos Charakopoulos rappelle que les fausses nouvelles publiées par un journal turc avaient déclenché les événements de septembre 1955, à savoir le pogrom contre la minorité grecque de Constantinople.

«Dans tous les cas, leurs actions doivent être condamnées par tous les citoyens du monde libre. Nous attendons de l’Etat turc qu’il clarifie officiellement sa position. Le patriarche œcuménique, ainsi que le Patriarcat œcuménique, doivent être pleinement protégés par les institutions officielles et, par conséquent, ces pratiques doivent faire l’objet de poursuites judiciaires, car elles incitent à la haine religieuse. La communauté internationale, et en particulier l’UE, est responsable de la protection du patriarche œcuménique» (3)

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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 17 Juin 2020 à 15:27 | 0 commentaire | Permalien



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