Communication présentée à la IVe Conférence internationale du Fonds du patrimoine spirituel du métropolite Antoine (13-15 septembre 2013)
Moscou, Maison de la Russie à l'Etranger

Comment Monseigneur Antoine de bienheureuse mémoire percevait-il la sainteté de l'exploit des Néomartyrs et confesseurs de l'Eglise russe? Dans ses homélies et ses interventions publiques Mgr Antoine évoquait souvent l'exploit des Néomartyrs... "L'essentiel n'est pas les sang des Néomartyrs mais leurs immuable et toujours fidèle amour. Il ne s'agit plus ici de lions ou d'autres fauves. Que de victimes ont fait ces animaux sauvages dans les cirques. Mais seuls ceux dont la mort était une manifestation de leur amour pour Dieu et pour les hommes ont connu une fin de martyr".

En 1995 Mgr Antoine a dit au cours de l'homélie qu'il a prononcée le jour de la commémoration des Saints Nouveaux Martyrs: "Les martyrs sont la gloire de l'Eglise car les martyrs de la Foi sont avant tout des hommes.Les miracles et les phénomènes qui leur sont similaires ne sont pas les critères suffisants de la sainteté. Les Confesseur et les Martyrs russes représentent la gloire de la Russie devant la Face de Dieu. Ils ont témoigné lors des années les plus noires, les plus terribles de notre histoire. L'amour qu'ils avaient de Dieu était tellement fort qu'il leur a fair accepter la mort".

Le métropolite Antoine évoquait souvent le sort d'un jeune homme arrêté au débuts des temps trouble pour avoir prêché l'Evangile. Il passa plusieurs mois en prison, il y fut cruellement interrogé et torturé. Il a éprouvé la peur, le sentiment d'avoir été abandonné. Après sa libération ses proches lui demandaient - qu'est-il resté de toi? Ce n'était plus un jeune homme qu'ils voyaient mais une personne vieillie et paraissant brisée. -Les souffrances m'ont, en effet, bien changé. Mais une chose s'est maintenue en moi, c'est l'amour. Sans la moindre hésitation il se remit à annoncer la Bonne Nouvelle, cela même auprès de ceux qui l'avaient trahi et qui le haïssaient.

Autre exemple souvent cité par Monseigneur Antoine: celui de la servante de Dieu Natalie. En 1919 elle a sauvé la vie de l'épouse d'un officier de l'Armée Blanche qui devait être fusillée avec ses enfants. Pour se cacher des bolcheviks cette femme s'était enfermée dans maison des faubourgs. La servante de Dieu Natalie connaissait
l'endroit où s'abritait cette famille. Elle est venue trouver cette femme lui disant qu'il lui fallait s'en aller sur le champ sinon elle serait prise et exécutée. Je resterai à votre place, prenez la fuite. La mère et ses enfants trouvèrent un endroit sûr. Tard la nuit les grades rouges se présentèrent, ils trouvèrent Natalie et l'exécutèrent. Monseigneur Antoine disait connaître la femme ainsi sauvée et ses enfants. Il disait que Natalie était un exemple admirable de Néomartyr.

Monseigneur Antoine était un contemporain des Néomartyrs, il avait connu les difficultés de la vie en émigration. Malgré toutes les tentations qu'il a eu à surmonter il a continué à aimer la Russie de tout son coeur, il est resté immuablement fidèle à l'Eglise orthodoxe russe. Il a toujours espéré la canonisation des victimes du régime et a accueilli avec joie cette décision lorsqu'elle a été prise. "Nous devons leur être reconnaissants pour leurs immense courage, pour la grandeur d' âme qu'ils ont manifestée. Nombre d'entre eux ont sacrifié leurs vie pour le Christ. Ils ont ét torturés à mort dans les prisons, ont péri dans les camps. Mais ils ont préféré la mort plutôt que d'abjurer. Il ne suffit pas de les admirer, il nous aspirer à suivre leur exemple, à donner notre coeur et notre vie à Dieu qui nous a montré un si grand amour".

Traduction abrégée Larissa pour "PO"
Lien "Pravmir"

Nous publions ci-dessous un hommage du P. Stephen Headley, enseignant du Séminaire, au métropolite Antoine (Blum), évêque orthodoxe en Grande-Bretagne, décédé il y a dix ans (le 4 août 2003). L'orthographe et la syntaxe de l'auteur sont conservées.


Premièrement, réfléchissons sur le temps spécifique de l’acte de voir. Dans ses sermons, le métropolite Antoine (Blum) prêchait qu’on ne peut voir, en profondeur, que hic et nunc : ici et maintenant. Dans son sermon à propos de « La lampe du corps, c’est l’œil » (Matthieu 6 :22-33), Vladika souligne que le temps de l’apprentissage ne peut être que le présent. On a besoin d’un sens aigu de sa responsabilité pour se tenir dans le moment présent. La krisis de Dieu, au sens grec du terme jugement, ne peut nous arriver que sous la forme du jugement de notre état présent, car on ne peut juger l’absent, seul le présent possède l’actualité.

Et ainsi la prière nous permet de ralentir le temps afin qu’il fasse halte et que nous soyons pleinement ici. Le Christ posait une importante question à ses disciples, que le métropolite Antoine nous rappelait souvent : Sommes-nous prêts à porter la croix qu’Il a portée, sommes-nous prêts maintenant à « unir notre vie au Christ » en « buvant à la coupe à laquelle Il but, en plongeant dans l’horreur où Il dût plonger ? » Beaucoup de gens font face à cela durant un moment de vérité, voyant et rencontrant véritablement le Christ, dans un moment singulier, « fuyant Son amour avec terreur, parce que, à ce moment l’amour demande le rejet de soi. » (Sermon sur la Sainte communion) . Cette fuite est compréhensible parce que le Christ nous donne la liberté de souffrir avec tous ceux qui ont souffert, et que chaque jour nous rencontrons des personnes qui ont besoin, maintenant, à ce moment précis, de notre compassion. Nous ne pouvons pas relever ce défi ou podvig, disait Vladika, si nous n’avons pas appris du Christ comment aimer. Comment pourrions-nous nous confier avec une confiance complète à l’Amour du Seigneur pour les autres si nous ne vivions maintenant cette relation ?

Deuxièmement, la liberté qui se trouve dans l’acte de voir, en observant notre Père à la lumière du Christ, n’est pas un droit. C’est bien autre chose : un don que seul Dieu peut accorder. Cette liberté de voir le monde comme Dieu le voit semble aller à l’encontre des faits. Mais spontanément nous voyons ce qui n’existe pas. Et en conséquence il y a cécité : c’est la cécité de l’idolâtrie....Suite