RADIO MARIA: Interview de Nikita Krivochéine 2021-09-29 Livre : Des miradors à la liberté

LE MERCREDI 22 SEPTEMBRE À 16H00 AMPHITHÉÂTRE DU CENTRE culturel et spirituel

Participent : Guillaume d’Alançon, directeur des éditions LIFE
Georges Nivat, historien, professeur honoraire à l’université de Genève;
Rév. Marc Andronikof, prêtre du diocèse de Chersonèse et Nikita Krivochéine, auteur du livre.

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Le Centre culturel et spirituel orthodoxe russe le Diocèse de Chersonèse et l'Association KULTURA vous invitent à la présentation du livre "Des miradors à la liberté" de Nikita Krivochéine

Le Centre culturel et spirituel orthodoxe russe le Diocèse de Chersonèse et l'Association KULTURA vous invitent à la présentation du livre "Des miradors à la liberté" de Nikita Krivochéine


Le Centre culturel et spirituel orthodoxe russe le Diocèse de Chersonèse et l'Association KULTURA vous invitent à la présentation du livre "Des miradors à la liberté" de Nikita Krivochéine

La présentation du livre "Des miradors à la liberté" de Nikita Krivochéine

Tout d’abord, je tiens à remercier tout particulièrement ceux qui ont permis l’organisation de cette conférence à plusieurs voix, le Père Georges Sheshko, M. Leonid Kadyshev et les responsables de ces lieux.

Souvent, dans son livre ou dans ses conférences et interviews, M. Nikita Krivocheine fait mémoire de son père de sang, se réfère à M. Igor Krivochéine. Il raccroche son histoire à la sienne. Non seulement à la sienne mais aussi à celle de son grand-père, M. le Ministre de l’agriculture du tsar Nicolas II, je veux parler d’Alexandre Krivochéine.
Votre œuvre littéraire, cher Nikita, vos mémoires, votre éloquence, font partie de notre patrimoine commun, à la France et à la Russie. Et le patrimoine est fait par nature, comme la vie, pour être transmis. C’est le sens de cette conférence d’aujourd’hui.

A quelques centaines de mètres d’ici, sur la place de la Concorde un certain 21 janvier 1793, le bon roi Louis XVI était victime de la haine des tribunaux révolutionnaires, illégitimes par nature parce qu’ils préféraient rendre hommage au prince des ténèbres de ce monde qu’au Père du Ciel.

Une dizaine d’années plus tard, le tsar Alexandre, de si heureuse et pieuse mémoire, arrivé à Paris après la chute de Napoléon, ordonnait la célébration d’une liturgie sur les lieux même du massacre du roi de France, en réparation de cet acte de suprême apostasie.

Un siècle plus tard, les catholiques de France s’indignaient de l’odieuse exécution de la grande duchesse Elisabeth Feodorovna, épouse, veuve puis religieuse consacrée au service des plus démunis. Je signale à ce sujet la récente édition aux éditions de l’Homme Nouveau de la biographie de la Grande Duchesse, par le Père Daniel-Ange. A l’occasion de la mort de celle-ci, Lénine alla jusqu’à dire ceci : « La vertu couronnée est un plus grand ennemi de la révolution que cent tsars tyranniques ». Une fois n’est pas coutume, je lui donne raison pour ce propos qui sonne comme un aveu.
L’assassinat de la famille impériale, du tsar Nicolas II, de son épouse et de leurs enfants, marqua cette volonté de faire disparaître toute possibilité de transmission. Puis ce fut le peuple de Russie qui fut mis en esclavage au nom même de la liberté, comme sous la Révolution française. Des milliers, puis des millions mourrons de faim, en déportation ou par avortement. Rappelons-le, le gouvernement de la République soviétique de Russie fut le premier, en 1920, à voter la légalisation de l’avortement sous l’influence de la sinistre Alexandra Kollontai.

L’histoire qui est celle de votre famille, Nikita, la vôtre personnellement, rapproche nos patries, la France et la Russie. L’épreuve est le creuset de toute résurrection ; c’est vrai pour les personnes comme pour les nations. Votre famille a connu de terribles souffrances : la déportation, l’abandon, la solitude ou encore l’angoisse. Je pense encore à cette photo de votre père, avec vous je crois, peu après 1945 à l’occasion d’un voyage en Allemagne, au cours duquel celui-ci pardonnait aux Allemands leurs crimes, sans pour autant oublier qu’il fut victime du nazisme et survécut miraculeusement à son terrible séjour en camps de concentration.
Je crois que vous remerciez toujours la Providence que vos parents aient pu revenir en France et mourir à l’abri du joug marxiste.

En lisant votre livre Nikita, nous apprenons à ne pas oublier pour transmettre. Nous apprenons à ne pas oublier pour les générations suivantes. Nous n’oublierons jamais que c’est en France que Lénine vint étudier la praxis de la Terreur. La Vendée fut l’objet de toute son attention comme le rappelle si justement Reynald Secher.

Si nous partageons tant de malheurs, si nos pays n’arrivent pas à se remettre des fractures passées, c’est parce qu’ils ont oublié pour une large part l’origine de toute vie, de toute résurrection.

Quand nos gouvernants, nos foyers rendent à Dieu ce qui est à Dieu, qu’ils l’adorent, vénèrent son icône, celle de la Saint Mère de Dieu, partent faire retraite dans un monastère - comment pour nous français ne pas penser au grand Saint Louis, alors nous savons que nos cités, nos familles, s’édifient sur le roc. Je pense à la merveilleuse histoire du Tsar Alexandre évoqué tout à l’heure et mise en lumière dans le film de Marc Jeanson « Le Secret du Tsar ». Oui, ce tsar avait un secret, c’était sa profonde vie intérieure, son souci de rechercher Dieu dans une vie pauvre et simple, humble et cachée.

En vous lisant Nikita, nous percevons que votre sagesse et votre force viennent de votre vie de prière, de cette relation si profonde que vous avez avec Notre-Dame de Vladimir, l’icône de Vladimir. Dans les moments les plus pénibles de votre vie, en prison, au goulag, vous avez pris appui sur elle, invoquée aussi par vous sous le vocable de Notre-Dame des Victoires.

Il est une chose qui me frappe, que je perçois comme un signe d’espérance, c’est la concomitance de deux signes : la restauration de la Cathédrale Notre-Dame de Paris et l’inauguration de la cathédrale russe du quai Branly. Il en manque encore un qui serait à mon sens prophétique, pour le catholique que je suis : que nous fêtions Pâques le même jour. L’éclat de bulbes monastiques de l’anneau d’or autour de Moscou en serait plus magnifique encore et le tintement des cloches des cathédrales de France sonneraient avec une allégresse renouvelée.

Le souffle de l’Esprit-Saint emprunte le chemin de la liturgie, en Orient comme en Occident, pour révéler que celle-ci est la source et le sommet de toute vie chrétienne. C’était la conviction de votre oncle le métropolite Basile Krivochéine, qui avait médité sur ces thèmes dans le silence de son monastère de l’Athos, S. Panteleimon dans laquelle j’ai eu la joie de séjourner avec des amis russes il y a quelques années. Il rejoignait ainsi la conviction affichée de Benoît XVI que les grandes traditions liturgiques byzantine et latine offrent de nouvelles perspectives pour une communion renouvelée entre les deux poumons de la chrétienté. Cette communion dans la grande tradition liturgique est le lieu d’un intense combat spirituel dans nos Eglises en ce moment. Il est, me semble-t-il, à la hauteur des enjeux soulevés par votre ami Soljo, cher Nikita, je veux parler ici de Soljenitsyne et des diagnostics et réponses qu’il propose à notre temps.
Ce sont sensiblement les mêmes que vous nous offrez, Nikita.
Alors, nous sommes tout ouïe.

Guillaume d’Alançon, directeur des éditions LIFE
22 septembre 2021

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 23 Septembre 2021 à 20:07 | -2 commentaire | Permalien



1.Posté par Parlons d'orthodoxie le 30/09/2021 13:27
RADIO MARIA: Interview de Nikita Krivochéine 2021-09-29 Ecoutez
https://soundcloud.com/radiomariafrance/interview-de-nikita-krivocheine-2021-09-29-livre-des-miradors-a-la-liberte

2.Posté par éditions LIFE le 12/10/2021 10:46
La présentation du livre "Des miradors à la liberté" de Nikita Krivochéine

Tout d’abord, je tiens à remercier tout particulièrement ceux qui ont permis l’organisation de cette conférence à plusieurs voix, le Père Georges Sheshko, M. Leonid Kadyshev et les responsables de ces lieux.

Souvent, dans son livre ou dans ses conférences et interviews, M. Nikita Krivocheine fait mémoire de son père de sang, se réfère à M. Igor Krivochéine. Il raccroche son histoire à la sienne. Non seulement à la sienne mais aussi à celle de son grand-père, M. le Ministre de l’agriculture du tsar Nicolas II, je veux parler d’Alexandre Krivochéine.

Votre œuvre littéraire, cher Nikita, vos mémoires, votre éloquence, font partie de notre patrimoine commun, à la France et à la Russie. Et le patrimoine est fait par nature, comme la vie, pour être transmis. C’est le sens de cette conférence d’aujourd’hui.
A quelques centaines de mètres d’ici, sur la place de la Concorde un certain 21 janvier 1793, le bon roi Louis XVI était victime de la haine des tribunaux révolutionnaires, illégitimes par nature parce qu’ils préféraient rendre hommage au prince des ténèbres de ce monde qu’au Père du Ciel.
Une dizaine d’années plus tard, le tsar Alexandre, de si heureuse et pieuse mémoire, arrivé à Paris après la chute de Napoléon, ordonnait la célébration d’une liturgie sur les lieux même du massacre du roi de France, en réparation de cet acte de suprême apostasie.

Un siècle plus tard, les catholiques de France s’indignaient de l’odieuse exécution de la grande duchesse Elisabeth Feodorovna, épouse, veuve puis religieuse consacrée au service des plus démunis. Je signale à ce sujet la récente édition aux éditions de l’Homme Nouveau de la biographie de la Grande Duchesse, par le Père Daniel-Ange. A l’occasion de la mort de celle-ci, Lénine alla jusqu’à dire ceci : « La vertu couronnée est un plus grand ennemi de la révolution que cent tsars tyranniques ». Une fois n’est pas coutume, je lui donne raison pour ce propos qui sonne comme un aveu.
L’assassinat de la famille impériale, du tsar Nicolas II, de son épouse et de leurs enfants, marqua cette volonté de faire disparaître toute possibilité de transmission. Puis ce fut le peuple de Russie qui fut mis en esclavage au nom même de la liberté, comme sous la Révolution française. Des milliers, puis des millions mourrons de faim, en déportation ou par avortement. Rappelons-le, le gouvernement de la République soviétique de Russie fut le premier, en 1920, à voter la légalisation de l’avortement sous l’influence de la sinistre Alexandra Kollontai.

L’histoire qui est celle de votre famille, Nikita, la vôtre personnellement, rapproche nos patries, la France et la Russie. L’épreuve est le creuset de toute résurrection ; c’est vrai pour les personnes comme pour les nations. Votre famille a connu de terribles souffrances : la déportation, l’abandon, la solitude ou encore l’angoisse. Je pense encore à cette photo de votre père, avec vous je crois, peu après 1945 à l’occasion d’un voyage en Allemagne, au cours duquel celui-ci pardonnait aux Allemands leurs crimes, sans pour autant oublier qu’il fut victime du nazisme et survécut miraculeusement à son terrible séjour en camps de concentration.
Je crois que vous remerciez toujours la Providence que vos parents aient pu revenir en France et mourir à l’abri du joug marxiste.
En lisant votre livre Nikita, nous apprenons à ne pas oublier pour transmettre. Nous apprenons à ne pas oublier pour les générations suivantes. Nous n’oublierons jamais que c’est en France que Lénine vint étudier la praxis de la Terreur. La Vendée fut l’objet de toute son attention comme le rappelle si justement Reynald Secher.

Si nous partageons tant de malheurs, si nos pays n’arrivent pas à se remettre des fractures passées, c’est parce qu’ils ont oublié pour une large part l’origine de toute vie, de toute résurrection.
Quand nos gouvernants, nos foyers rendent à Dieu ce qui est à Dieu, qu’ils l’adorent, vénèrent son icône, celle de la Saint Mère de Dieu, partent faire retraite dans un monastère - comment pour nous français ne pas penser au grand Saint Louis, alors nous savons que nos cités, nos familles, s’édifient sur le roc. Je pense à la merveilleuse histoire du Tsar Alexandre évoqué tout à l’heure et mise en lumière dans le film de Marc Jeanson « Le Secret du Tsar ». Oui, ce tsar avait un secret, c’était sa profonde vie intérieure, son souci de rechercher Dieu dans une vie pauvre et simple, humble et cachée.
En vous lisant Nikita, nous percevons que votre sagesse et votre force viennent de votre vie de prière, de cette relation si profonde que vous avez avec Notre-Dame de Vladimir, l’icône de Vladimir. Dans les moments les plus pénibles de votre vie, en prison, au goulag, vous avez pris appui sur elle, invoquée aussi par vous sous le vocable de Notre-Dame des Victoires.

Il est une chose qui me frappe, que je perçois comme un signe d’espérance, c’est la concomitance de deux signes : la restauration de la Cathédrale Notre-Dame de Paris et l’inauguration de la cathédrale russe du quai Branly. Il en manque encore un qui serait à mon sens prophétique, pour le catholique que je suis : que nous fêtions Pâques le même jour. L’éclat de bulbes monastiques de l’anneau d’or autour de Moscou en serait plus magnifique encore et le tintement des cloches des cathédrales de France sonneraient avec une allégresse renouvelée.

Le souffle de l’Esprit-Saint emprunte le chemin de la liturgie, en Orient comme en Occident, pour révéler que celle-ci est la source et le sommet de toute vie chrétienne. C’était la conviction de votre oncle le métropolite Basile Krivochéine, qui avait médité sur ces thèmes dans le silence de son monastère de l’Athos, S. Panteleimon dans laquelle j’ai eu la joie de séjourner avec des amis russes il y a quelques années. Il rejoignait ainsi la conviction affichée de Benoît XVI que les grandes traditions liturgiques byzantine et latine offrent de nouvelles perspectives pour une communion renouvelée entre les deux poumons de la chrétienté. Cette communion dans la grande tradition liturgique est le lieu d’un intense combat spirituel dans nos Eglises en ce moment. Il est, me semble-t-il, à la hauteur des enjeux soulevés par votre ami Soljo, cher Nikita, je veux parler ici de Soljenitsyne et des diagnostics et réponses qu’il propose à notre temps.
Ce sont sensiblement les mêmes que vous nous offrez, Nikita.
Alors, nous sommes tout ouïe.

Guillaume d’Alançon, directeur des éditions LIFE
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