Résolution no. 5-3/2015 du Saint-Synode du Patriarcat d’Antioche:

Vu que depuis la violation du Patriarcat de Jérusalem des frontières géographiques du Patriarcat d’Antioche et la création d’un diocèse à Qatar confié à un ‘archevêque’, l’Eglise d’Antioche a tenté de trouver une solution au problème dans un esprit de paix et sur une base de coopération et de coordination entre les Eglises Orthodoxes soeurs, afin de parvenir à une issue susceptible de mettre fin à la violation de ses droits, de garantir la pérennité du travail pastoral en cours au Qatar et d’éviter d’ébranler l’unité de l’Orthodoxie ; Étant donné que l’Eglise d’Antioche a utilisé, depuis cette violation et jusqu’à ce jour, tous les moyens iréniques, y compris les médiations entreprises par le Patriarcat OEcuménique et d’autres Eglises soeurs, ainsi que par le Gouvernement grec, sans parvenir à une solution du problème ;

Étant donné que l’Eglise d’Antioche a utilisé, depuis cette violation et jusqu’à ce jour, tous les moyens iréniques, y compris les médiations entreprises par le Patriarcat OEcuménique et d’autres Eglises soeurs, ainsi que par le Gouvernement grec, sans parvenir à une solution du problème ;

Lire aussi Communiqué du Patriarcat grec-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient le 8 mars 2014

Etant donné que le Patriarcat de Jérusalem se dérobe dernièrement de l’accord conclu en présence de délégués du Patriarcat OEcuménique et du Ministère grec des Affaires Etrangères, et des promesses faites des primats d’Eglises soeurs qui ont offert leurs bons offices;

Vu que le dit Patriarcat persiste dans la violation de nos droits et dans sa prétention d’avoir lui-même des droits sur des régions dépendantes canoniquement du Patriarcat d’Antioche, et qu’il refuse toute tentative de résolution du différend;

En foi de quoi,
Vu que toutes les initiatives de conciliation ont abouti à une impasse, Et que tous ceux qui ont entrepris ces initiatives ont reconnu le droit inaliénable et total du Patriarcat d’Antioche sur ‘l’Arabie’, y compris tous les pays du Golfe arabique,

Les Pères du Saint Synode ont pris la Résolution suivante :
1- La rupture de la communion ecclésiastique avec le Patriarcat de Jérusalem
et ce jusqu’à nouvel ordre.
2- L’affirmation que toute résolution du différend doit se baser sur l’accord
conclu à Athènes en juin 2013.

3- L’insistance de l’Eglise d’Antioche sur le respect du principe d’unanimité
lors de toutes les rencontres panorthodoxes, tant en ce qui concerne la
présence de toutes les Eglises Orthodoxes soeurs que la prise de décisions.

4- Les dispositions de la présente Résolution sont applicables dès ce jour, et il
n’est plus possible à tous les clercs antiochiens de participer à aucun service
liturgique présidé par des clercs du Patriarcat de Jérusalem, ou auquel ceux-ci
participent.

Lire aussi Carol Saba: Interrogations sur l’unité des peuples orthodoxes ? et Visite irénique du Patriarche Jean X d'Antioche au Patriarcat de Moscou et de toute la Russie

Rédigé par V.Golovanow le 29 Juin 2015 à 19:19 | 10 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir. G: le calendrier religieux est un tout universel indépendant des observations astronomiques le 29/06/2015 22:43
Lire aussi "Intéressante réunion du Synode d'Antioche" (le 7 Octobre 2014, lien). Le Qatar n'étant pas mentionné dans les nominations pour les pays du Golfe et l'Anatolie je me demandais si un accord avait été trouvé avec le patriarcat de Jérusalem concernant ce diocèse disputé. La réponse arrive maintenant et elle est, malheureusement, négative.

Les conséquences pour la tenue du Concile panorthodoxe semblent très inquiétantes...

2.Posté par NBoB le 30/06/2015 12:35
vers un schisme dans le schisme!? encore une séparation! quelle tristesse, quel péché!

3.Posté par Irénée le 30/06/2015 17:08
Le titre complet du patriarche de Jérusalem est le suivant :
Patriarche de la Sainte Cité de Jérusalem et de toute la Palestine, de Syrie, d'Arabie Pétrée, du Jourdain, de Cana de Galilée et de la sainte Sion.
La question ici serait donc de connaître les limites de "l'arabie PÉTRÉE" Le siège métropolitain de Pétra est très ancien, de lui dépendaient "les chrétiens vivant sous les tentes" dans l'antiquité chrétienne.
Difficile de savoir jusqu'où les nomades nomadisaient !
La réponse à cette crise ne se trouve sans doute pas seulement dans l'examen des textes anciens, mais aussi dans un dialogue constructif en Eglise !
Je ne sais pas si les parenthèses avant et après le mot "archevêque" se trouvent dans l'original arabe. Mais ce n'est pas très courtois en tout cas....
Sur le même sujet, l'archevêque de Cantorbery pourrait prendre ombrage de l'arrivée d'un métropolite antiochien sur ses terres !

4.Posté par Vladimir. G: des thories, toujours des théories! Et si on regardait la réalité en face? le 30/06/2015 20:38
Des théories, toujours des théories! Et si on regardait la réalité en face?

1. A ma connaissance il n'y avait aucune présence orthodoxe au Quatar depuis des siècles: y en a-t-il aucune mention à part ces "les chrétiens vivant sous les tentes" dans l'antiquité chrétienne dont on ne sait pas s'ils dépassaient l'actuelle Jordanie? Il est remarquable que le Qatar ne soit pas mentionné dans les territoires des diocèses des Pays du Golfe pourvus en octobre 2014!

2. Une communauté orthodoxe y est fondée par des Palestiniens immigrés; logiquement, ils font appel à LEUR Église pour fonder une paroisse... et Jérusalem en fait un 'diocèse' à une paroisse (les demi guillemets, ' ', sont dans le texte original, en français, sur le site d'Antioche.)

Si au lieu de s'accrocher à des frontières géographiques, fluctuantes et dépassées, on regardait la réalité culturelle de la diaspora orthodoxe! Les ouailles de Qatar ne sont ni "Antiochiens" (Syrie, Liban, Irak...), ni Qataris mais bien des Palestiniens ...

5.Posté par Gueorguy le 01/07/2015 00:35
Cher Vladimir, je ne connais absolument pas le problème mais j'espère, seulement, qu'il n'est pas directement relié à l'actualité que l'on perçoit comme très tendue. Aussi, pardonnez-moi mes questions qui ne traduisent certainement pas un quelconque à-priori mais bien la recherche d'une information concernant un problème qui rejaillit sur tout le monde orthodoxe puisque l'on doit déplorer une séparation entre deux Eglises orthodoxes.

Ma question est suscitée par votre dernier paragraphe qui m'interpelle. Vous laissez entendre que ce ne sont pas des limites géographiques qui délimitent un territoire canonique.
Ne percevez-vous pas tout le danger associé? Si on constate que l'immense majorité des orthodoxes en Turquie sont en fait des russes en villégiature, doit-on modifier le rattachement spirituel de ce territoire? Si, après forces interventions étrangères, on admet que le Kosovo serait, en fait, peuplé d'Albanais.. Imaginez la conclusion qu'on en tirerait et que je ne veux même pas prononcer tant il me serait désagréable de blesser mes amis serbes.

En l'occurrence, vous évoquez que les ouailles sont palestiniennes. En quoi cela les rattacherait plus au patriarcat de Jérusalem (quand bien même elles arrivent d’un territoire relevant de cette juridiction) qu'à celui d'Antioche. Il me semble - si on prend en compte ce caractère ethnique - que les palestiniens étant arabes, ils n'auraient pas moins de raison d'être rattachés à un patriarche arabe plutôt qu'à un patriarche grec, en fait. J'insiste pour que vous considériez bien que l'évocation des caractères ethniques est, dans mon propos, une hypothèse de raisonnement et certainement pas, ici, une quelconque doctrine.

Si, effectivement, abandonnant maintenant l'hypothèse ethnique ci-dessus, la région du Qatar a toujours été canoniquement rattaché - et que ce rattachement n'a jamais été remis en cause ou rediscuté par le plérôme de l'Eglise orthodoxe - au Patriarcat d'Antioche, les revendications de ce dernier à l'endroit du patriarcat de Jérusalem paraissent bien fondées. Et il est, au passage, bien étonnant que cela soit remis en cause par le Patriarcat de Jérusalem; celui-là même qui s'opposa pour des raisons inverses (et, semblent-ils, bien légitimes) au patriarcat de Roumanie.

En marge, il convient de bien faire, aussi, attention à ne pas remettre en cause un territoire quand bien même il n'aurait pas été occupé ou desservi (sur ce dernier point, à la rigueur, on peut adresser quelques griefs). Dans le cas contraire d'un constat de territoire vide et réinvesti, une troisième autorité spirituelle pourrait être tentée de faire valoir ses droits par l'application suivant leur compréhension non reconnue de la 28ème décision du IV ème Concile de Chalcédoine... Je vous laisse imaginer.

En dernier, je vous concède qu'un effort de compréhension mutuelle est, évidemment, le plus souhaitable et, peut-être, même que tolérer une entrave ou une immixtion sur son territoire canonique, c'est à dire celui qui lui était reconnu par le plérôme de l'Eglise, au prix d'un schisme qu'on éviterait est peut-être l'attitude la plus orthodoxe. Sans détour, je pense, évidemment, au cas qui n'a pas eu trop de conséquences fâcheuses parce que le Patriarcat de Moscou a su éviter le schisme en Estonie malgré l'implantation d'une entité ecclésiale visant à desservir une communauté qui se séparait suivant des critères ethniques et en obéissant à des injonctions politiciennes. A partir de là, on ne peut qu'écouter d'une oreille bien sceptique les allégations du responsable de cet entité, dépêché sur place, non sans lui conférer des titres très honorifiques qui ont, au moins, le don de faire plaisir à l’intéressé en couronnant, de la sorte, une carrière ecclésiastique.

6.Posté par Affeninsel le 01/07/2015 01:07
Et c'est précisément dans le mot "logiquement" qu'est toute l'aberration : non, il n'est pas "logique" pour l’Église de définir son expansion en fonction de l'origine ethnique de ceux qui se déplacent hors de ses frontières physiques. La territorialité a un sens profond dans l'ecclésiologie chrétienne, ses principes ne peuvent être violés pour la seule raison que les fidèles qui s'exportent désirent continuer de fréquenter leur église bien de chez eux.
Il n'y a rien en Orthodoxie qui puisse être appelé "LEUR église" : l’Église est une, ce qui signifie que l'homme n'a aucune légitimité à choisir un pasteur plutôt qu'un autre : le territoire donné à une Église est fait pour être respecté, pas pour être vu comme une base de départ pour migrants nostalgiques.

7.Posté par Clovis le 04/07/2015 00:33
C'est dommage comme situation : née de la petitesse d'esprit de déracinés, certes, mais avant tout chrétien, enfin a priori, puisqu'ils se considèrent comme de Palestine avant de se considérer comme chrétiens. C'est comme voir la foi à travers le petit bout de la lorgnette.
On peut toujours gloser sur l'escalade et la tournure des événements, mais reste une concurrence diocésaine délétère qui pourrit la communion des églises.

8.Posté par Efforts pour renouer le dialogue entre Antioche et Jérusalem le 20/10/2015 16:47
D’intenses efforts ecclésiastiques et diplomatiques pour renouer le dialogue les primats des patriarcats d’Antioche et de Jérusalem sont déployés depuis ces dernières vingt-quatre heures à Athènes.

A l’occasion de la rencontre internationale organisée par le ministère hellénique des affaires étrangères sur la coexistence pacifique au Moyen-Orient, qui débute demain à Athènes, tant les deux patriarches que le patriarche œcuménique en personne se retrouveront sous le même toit pour la première fois depuis la rupture de la communion avec Jérusalem décidée par Antioche.

Le gouvernement hellénique, garant traditionnel de la sécurité et la stabilité des patriarcats grec-orthodoxes, désire, en coopération avec le patriarcat œcuménique, la fin du conflit de nature canonique entre les deux patriarcats du Proche-Orient dans des circonstances particulièrement difficiles pour tous les chrétiens dans la région et dans la perspective du concile panorthodoxe de 2016.

C’est un effort semblable que le ministère hellénique des affaires étrangères avait déployé durant l’été 2013 sous la supervision du vice-ministre K. Tsiaras. Les deux parties s’étaient alors réunies autour de la table des négociations à Athènes en présence de représentants du patriarcat œcuménique et du gouvernement grec, sans que cela ne débouche sur aucun accord.

Cette fois-ci, la présence des deux patriarches à Athènes est considérée comme une occasion en or pour la reprise du dialogue au plus haut niveau. En raison du caractère crucial du sujet, aucune partie ne confirme ni ne dément quoi que ce soit.

9.Posté par Vladimir.G: les patriarches d’Antioche et de Jérusalem se rencontreront à Chypre pour trouver une solution au différend entre les deux Patriarcats le 18/02/2016 23:45
Le patriarche d’Alexandrie et de toute l’Afrique Théodore, qui se trouve à Chypre, a confirmé que les patriarches d’Antioche et de Jérusalem se rencontreront à Chypre sur l'invitation de l’archevêque de Chypre Chrysostome et siègeront à huis clos au palais archiépiscopal de Nicosie pour trouver une solution au différend entre les deux Patriarcats. « Je crois que lorsque l’on ouvrira les portes, nous aurons résolu le problème de telle façon que, réconciliés, nous irons au Saint et Grand Concile le 19 juin en Crète » a déclaré le patriarche d’Alexandrie.

http://www.pravoslavie.ru/90767.html traduit de http://www.romfea.gr/patriarxeia-ts/patriarxeio-alexandreias/6520-o-patriarxis-alejandreias-epibebaionei-dimosieuma-tis-romfeagr

10.Posté par père Joachim le 19/04/2019 15:31
A l'aant veille de la Grande Semaine, le Chefs des Eglises du moyen orient se sont réunie à Chypres pour traiter des problèmes qu'ils affrontent dans leurs pays.

Ils ont élargie leur préoccupation première, en traitant du grand problème de la question Ukrainienne et des troubles importants qu'elle engendre dans la Communion des Eglises Orthodoxes.

Mais l'aspect le plus édifiant en ce Temps Saint de la Sixième Semaine, c'est la rencontre très positive qui s'est tenue entre Antioche et Jérusalem à propos du Quatar et la solution de schisme qui s'est dessinée entre ces deux Églises de la Vénérable Pentarchie.

Dans la dynamique pascale qui invite à l'Unité, ces deux églises "petites et persécutées" offrent leur réconciliation comme parabole et sans doutes ferment et invitation d'une unité beaucoup plus large.

Plaise à Dieu que le Baiser de Paix qu'ils échangent, trouve un écho dans la Charité et la Vérité au Nord comme au Midi et à l'Est comme à l'Ouest.

11.Posté par justine le 19/04/2019 21:59
Au post 10: En effet, enfin une bonne nouvelle, la premiere depuis longtemps dans le domaine de l'Eglise. Il y a des reportages a voir (en grec, actionner le traducteur automatique):
https://www.romfea.gr/epikairotita-xronika/28376-anakoxi-antioxeias-kai-ierosolumon-gia-to-katar (des details sur la reconciliation entre Antioche et Jerusalem);
https://www.vimaorthodoxias.gr/nea/paremvasi-prokathimenon-gia-to-oukraniko-sti-synaxi-tis-kyprou-ti-zitoun/ (le communique olfficiel de la rencontre)

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