Il est remarquable que l'Église soit ainsi à la pointe du devoir de mémoire et du combat pour la débolchévisation. L'ouverture de ce musée là où est né le Goulag et son accès virtuel constituent de remarquables outils pédagogiques à usage interne (pas de traduction.)

La Russie est, bien évidement, très en retard sur l'Allemagne dans la condamnation de son régime totalitaire car les autorités trainent pour le moins les pieds, mais l'Église russe, elle, poursuit opiniatrement ce combat pour la vérité et avance pas à pas.

Exactement, je ne puis en vouloir à la Russie d'avancer prudemment sur ce sujet, car elle risquerait de tomber dans le trouble de la "repentance" à la sauce occidentale, digne des flagellants du bas Moyen Âge. Et en Russie cela est d'autant plus délicat que c'est "le communisme qui a vaincu le nazisme", grosso-modo, (avec 27 millions de morts soit dit en passant) donc tout condamner c'est marcher sur des oeufs, avec les vaincus du nazisme, cette attitude est plus aisée

Mais en France, on attend toujours de voir place de la Concorde sous la statue de la ville de Rouen, une plaque évoquant ne serait-ce que la présence de la guillotine à cet endroit, s'ils refusent encore d'évoquer Louis XVI. Rue de la Roquette il y a bien un panneau avec un marquage au sol pour raconter l'histoire de la dernière guillotine qui ce trouvait céans. Il y a aussi la place de la Nation, où fut guillotinée Madame Elisabeth, dont on peut toujours attendre qu'elle soit reconnue comme martyr par l'église catholique, qui depuis Léon XIII fricotte avec la république, malgré 1905 etc...
C'est en somme sur l'emplacement de la guillotine que la république française a bâti la Concorde et la Nation, quels symboles...
Je ne parle pas du refus des autorités publique d'honorer les gardes-suisses, des guerres et du "Génocide vendéen" le cas de Reynald Secher est suffisamment flagrant pour voir ne serait-ce que le rapport serein à l'histoire dans ce pays.

La passivité des autorité russes face à l'héritage bolchévique est clairement visible dans la toponymie: il n'y aurait aucun risque de guerre civile à débaptiser les rue places et stations de métro, voire les villes, qui portent les noms des assassins, mais on voit plutôt des tentatives inverses (rendre le nom de Stalingrad en souvenir de la bataille...); et je ne parle pas des innombrables monuments à Lénine & Co toujours en place... Alors comment parler de "devoir de mémoire" ou de condamnation tant que les criminels sont ainsi glorifiés?

Le ministère de la justice a dernièrement échoué dans sa tentative de dissoudre la société "Mémorial", qui poursuit ce combat, et c'est toujours l'Église qui mène ce combat en demandant régulièrement des changements de dénomination et en tentant de glorifier les victimes avec ses faibles moyens! Mais les têtes de l'hydre repoussent sans cesse et repousseront tant qu'elles n'auront pas toutes été supprimées!

La station de métro "Voïkovskaia" à Moscou porte toujours le nom de Voïkov, l'un des organisateur de l'assassinat du saint empereur Nicolas II (lui même fut exécuté par un jeune monarchiste russe Boris Koverda le 7 juin 1927 à Varsovie, ce qui lui vaut cette place d'honneur dans la capitale...) Le métro lui même porte le nom de Lénine et Wikipedia liste 71 places qui porte toujours son nom pour 3 qui l'ont remplacé (lien). Deux villes portent le nom de Kalinine, une celui de l'assassin en chef Dzierżyński...

De fait, la plupart des changements ont eu lieu avant 2000, sous B. Eltsine (qui avait fait interdire le PCUS), et il n'y en a pratiquement plus depuis malgré la pression de l'Église (cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/search/Voikovskaia/)

Qu'est-ce que MK? Une nouvelle marque de voiture? Merci d'utiliser un langage intelligible.

L'Église, elle, continue le combat:

Par contre, dans son adresse à la Conférence épiscopale le 2 février 2015, le patriarche Cyrille a regretté que "l'exploit des néomartyrs était insuffisamment connu de nos concitoyens" et il a demandé de faire à "perpétuer dans les esprits et les cœurs la mémoire des victimes pour faire bruler chez nos contemporains l'amour du Christ."

Un Conseil cléricale-laïc auprès du patriarche spécial pour la propagation des des néomartyrs et confesseurs du XXe siècle a été fondé. Il s'est réuni pour la première fois en automne 2014 et a adopté un certain nombre de recommandations qui ont été diffusées dans les diocèses: "je demande de leur accorder une attention particulière" a dit le patriarche.

Source: http://www.pravmir.ru/patriarh-kirill-ukazal-na-neobhodimost-rasprostraneniya-pochitaniya-novomuchenikov-i-ispovednikov-rossiyskih/#ixzz3QxImm4a8

Dans Stalingrad il y a surtout Staline (lisez n'importe quel dictionnaire ou encyclopédie russe) et le mémoire de "la Grande Guerre Patriotique" (terminologie stalinienne) est une couverture commode pour glorifier le Petit père du peuple...

Non Poutine, ne fait que pousser la nostalgie et surfer dessus. C'est tellement plus facile que de reconnaitre ses crimes!

Il y a à peu près trois ans l'une des dernières fois que j'étais en Russie, il y avait eu à cette époque une discussion relayée par les JT nationaux pour rebaptiser Volgograd en Tsaritsyne, son nom d'avant la révolution. Il s'en passe des choses !

Mais Tchetnik à raison n'importe quel russe, et même les anticommunistes primaires et secondaires ont une vénération pour la Grand Guerre Patriotique, la seconde, après Napoléon.
C'est le territoire russe de la mat' russkaya qui a été violé et se sont ses enfants qui se sont sacrifié pour la libérer, point de politique dans leur discours. C'est la Russie qui était visée, pas le parti. A ce moment là nous aurions la même vénération pour la guerre civile contre les blancs, ce qui n'est pas dut tout le cas.
C'est comme essayer de déboulonner la statue de Joukov devant le Kremlin, tout maréchal de l'armée soviétique qu'il était... je vous souhaite bon courage.

"Qu’en est-il de la culture axée sur « la fête de la Victoire » ? Cette culture présente des traits très dangereux : préservation « du personnage de l’ennemi » ; présentation de la guerre sous la forme d’une héroïque image d’Epinal. Oblitération complète, enfin, de la guerre vécue en tant que tragédie ; fixation sur les blessures infligées à l’orgueil national (« nous avons vaincu, mais voyez comme on nous humilie… ») ; appréhension primitive et païenne du patriotisme ; la Victoire sert désormais d’alibi à tout ce que la Russie a souffert au XX siècle, totalitarisme, crimes de Staline".

Serge Tchapnine, rédacteur en chef de « La revue du patriarcat de Moscou » cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/L-Eglise-la-culture-et-le-nationalisme-en-Russie_a1805.html

La célébration du 9 mai était une célébration centrale pour l'URSS - justification des difficultés dans l'édification du socialisme attribuées à l'ennemi nazi et à sa haine de l'URSS.
Le fait qu'elle reste une fête patriotique en Russie n'est pas un problème en soit - il est légitime de célébrer les sacrifices du peuple pour assurer sa liberté face au nazisme - mais si cette fête devient le manifeste d'un nationalisme revanchard teinté de nostalgie pour l'URSS, c'est dangereux pour l'Eglise russe, qui est pluri-ethnique en essence, mais bienheureuse de ne plus vivre en URSS.
Le Patriarcat de Moscou le sait bien et appelle à célébrer les martyrs de l'URSS comme fondement de la nouvelle Russie. C'est là une position on ne peut plus orthodoxe.

La représentation que nous nous sommes bâtis de notre passé relève du mythe : elle se fonde sur l’héroïque, alors que le tragique y relève du tabou. De notre avenir nous n’avons aucune idée tant soit peu nette. Toute notre échelle de valeurs, toute notre mythologie nationale ne reposent que sur un seul et unique évènement :la grande victoire dans la grande guerre patriotique. Cette victoire est perçue comme le seul et unique évènement « sacralisable » de l’histoire du XX siècle russe. Les solennités du Jour de la Victoire sont mises en scène comme une cérémonie religieuse à laquelle participe, ou du moins avec laquelle sympathise, la majorité des habitants du pays.Ces solennités sont devenues le creuset dans lequel se constitue une nouvelle religion civique avec ses dogmes et ses rites. Le thème de la victoire a été « sacralisé » dans une mesure telle qu’il n’est plus possible d’en traiter que si l’on ne trouble pas sa perception par les masses postsoviétiques (1).

Or, il s’agit de valeurs, d’idées, de symboles purement païens, passés au vernis de la propagande communiste qui sont à la source de ce culte laïc. Les rituels de cette « religion » commencent par une adoration générale du feu : les dirigeants de l’Etat de même que les simples citoyens viennent se recueillir devant la flamme qui émane d’une étoile à cinq branches scellée à même le sol. Le feu est un symbole polyvalent. La tradition chrétienne connait le feu de la Théophanie, celui du Buisson ardent. Mais il y a aussi le feu de la géhenne et de la malédiction : « Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges » (Mt 25, 41). Quoi qu’il en soit le feu émanant des entrailles de la terre est immuablement une manifestation de l’enfer et de la colère de Dieu. Or, des représentants de l’Eglise, prélats y compris, persévèrent dans cet étrange culte. Certains prêtres vont jusqu’à reconnaître que ce feu sacré est une relique laïque (2).

(1) Des films patriotiques tels que « Nous venons de l’avenir » sont bien accueillis tandis que des films comme « Rio Rita » traitant de la défaite de la génération des vainqueurs sont sujets à critique.
(2) Le père Eugène Smirnov : « Le feu éternel est un symbole laïc, l’Eglise le considère comme un objet de vénération laïque. Ce feu n’est pas consacré en l’honneur de tel ou tel dirigeant ou d’une idéologie mais en la mémoire des guerriers qui ont sacrifié leurs vies pour la juste cause », 5 octobre 2010.

Serge Tchapnine, rédacteur en chef de « La revue du patriarcat de Moscou » cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/L-Eglise-la-culture-et-le-nationalisme-en-Russie_a1805.html

L'unique musée du Goulag menacé de fermeture

Le musée du Goulag Perm 36 est unique en Russie. Il présente depuis 1995 sur plus de 20 hectares
la vérité d'un camp de concentration stalinien et a été proposé à l'annuaire de l'UNESCO en 2006. Il est menacé de fermeture car les autorités locales ont coupé le financement et semblent souhaiter récupérer le territoire pour des projets immobiliers.

http://www.pravmir.ru/unikalnyiy-muzey-gulaga-mozhet-ischeznut-perm-36-zayavila-o-samolikvidatsii/