Le leader des schismatiques ukrainiens reconnaît avoir mené des tractations avec le patriarcat de Constantinople
Dans une interview à la revue ukrainienne Ukrain'ski tyjden', publiée également sur son site officiel, le chef du "patriarcat de Kiev", structure qui n'est reconnue par aucune autre Église orthodoxe locale, déclare avoir mené des négociations avec le patriarcat de Constantinople pour être reçu dans sa juridiction. Cependant, le "patriarche" Philarète ajoute que les conditions avancées par Constantinople furent jugées irrecevables par les schismatiques ukrainiens. Le "patriarcat de Kiev" est aujourd'hui la deuxième organisation ecclésiale par le nombre de fidèles, après l'Église orthodoxe autonome d'Ukraine laquelle est en communion avec le patriarcat de Moscou.

"Nous avions avec le patriarcat œcuménique des objectifs différents, explique Philarète dans son interview. Nous voulions rejoindre le patriarcat de Constantinople pour une brève période afin d'en sortir en tant qu'Église autocéphale. En revanche, Constantinople cherchait à faire du patriarcat de Kiev une partie de son Église et la renforcer à nos frais et puis, un jour peut-être, nous accorder l'autocéphalie". Selon le "patriarche" Philarète, "les conditions proposées à notre Église dans le patriarcat de Constantinople étaient pires que dans le patriarcat de Moscou." Ainsi, "nous devions proposer trois candidats au siège primatial et c'est le patriarche de Constantinople qui devait décider. Pour les membres du Saint-Synode, nous devions soumettre également trois candidats pour un siège et lui en choisirait un".

"Mais s'il faut être soumis à une autre Église locale, ajoute Philarète, pour nous il n'y a aucune différence d'être dans le patriarcat de Moscou ou dans celui de Constantinople. En quittant un joug, nous serions tombés sous un autre".

Le "patriarche" Philarète a déclaré que ces conditions du patriarcat de Constantinople lui furent proposées par le métropolite Emmanuel, ordinaire du diocèse grec-orthodoxe en France, et l'archimandrite Elpidophore, secrétaire du Saint-Synode de Constantinople: "Ils nous ont dit: 'Rejoignez-nous et ensuite nous vous donnerons le tomos [d'autocéphalie]'. Nous leur avons demandé: 'Mais quand?' La réponse fut: 'Peut-être dans un an, peut-être dans cinq ou dix ans'. Et si c'était dans cent ans?"

En conclusion, le leader des schismatiques ukrainiens a raconté son voyage à Istanbul en compagnie du secrétaire du président de l'Ukraine qui le poussait à rejoindre le patriarcat de Constantinople. "Le patriarche de Constantinople veut que l'Église ukrainienne soit coupée de Moscou. Son rêve est d'affaiblir l'Église russe. C'est pour cela qu'il lutte pour l'Ukraine", a conclu Philarète.


Rédigé par l'équipe de rédaction le 17 Mars 2009 à 01:05 | 6 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par J.P. Gervais le 17/03/2009 14:48
Mes hommages aux pilotes de cette plate forme non pétrolière! Nouvel astre dans la déjà abondante constellation de la Croix du Sud orthodoxe. Espérons qu'une symphonie spontanée se produira avec les autres membres du quatuor-principaux sites dédiés à l'Est chrétien.A propos de cette région sur la carte:Avez-vous remarqué le rôle particulièrement élégant et constructif du métropolite Emmanuel (de Gaule) lors du séjour à Kiev de S.S. Alexis II, séjour qui fort probablement n'a pas prolongé ses jours sur terre? Si quelqu'un peut me dire sur quoi débouchera cette non rousseauiste confession du faux primat de Kiev, merci?Les jours deviennent plus longs, portez vous bien,J.P. Gervais

2.Posté par G. Y. Spyvak le 17/03/2009 15:34
Merci pour cette information précieuse. Philarète semble plus intelligent que l'on n'aurait pu le penser. Il est triste de voir à quel point les autorités civiles s'immiscent dans les affaires ecclésiales. Il est évident que, rejoignant Constantinople, le "patriarcat de Kiev" aurait eu moins de liberté que dans le patriarcat de Moscou.
Pour ceux qui ne le savent pas, dans l'Église orthodoxe autonome d'Ukraine, relevant du patriarcat de Moscou, le primat (métropolite de Kiev, actuellement Vladimir) est élu par le concile ukrainien. Cette nomination est ensuite confirmée par le patriarche de Moscou. Tous les évêques de cette Église sont nommés par le Synode de Kiev sans aucun aval de Moscou. On a même reconnu récemment en Ukraine que cette Église autonome ukrainienne a plus de liberté et d'indépendance que certaines Églises autocéphales, comme l'Église de Grèce par rapport à Constantinople.

3.Posté par T. Schakhovskoy le 17/03/2009 20:03
Voilà effectivement un article du plus grand intérêt... Merci aux responsables de ce
Forum pour cette publication que nous ne risquons pas de lire ailleurs en France, et pour cause ! On y trouve beaucoup de choses qui méritent réflexion :
- un écho rassurant (plus de lucidité et de réalisme que prévus, chez ce dignitaire autoproclamé.... il joue un jeu dangereux mais représente hélas une partie non négligeable des fidèles ukrainiens. Peut-être cela annonce-t-il la possibilité d'un nouveau dialogue avec l'Eglise russe, reconnue comme "moins pire"...?)
- des confirmations inquiétantes (manipulation éhontée de l'Eglise et de la foi orthodoxe par les autorités ukrainiennes, réactions ambiguës, pour ne pas dire byzantines, du Patriarcat de Constantinople)
- enfin, un miroir grossissant - et peut-être légèrement déformant (soyons optimistes) - par rapport à la situation que nous connaissons en France... Les partisans d'une 'Eglise locale "française" sous égide phanariote sauront-ils en tirer profit ?

4.Posté par luc mahiels le 18/03/2009 14:27
Peut-on faire confiance à cet homme? Excommunié par la patriarche de Moscou, son excommunication n'a pas, je pense, été remise en cause par Constantinople
Est-il sincère ou, ne pouvant être reconnu par Constantinople, prépare-t-il sa réintégration dans le Patriarcat de Moscou?
Je vois des commentaires émanant de personnes qui, sur un autre site, attaquent systématiquement le patriarcat de Constantinople.
Personnellement je ne tiendrait aucun compte des déclarations de cet évêque excommunié qui a provoqué un schisme et qui cherche peut-être à en provoquer un nouveau pour , comme on dit en français, tirer les marrons du feu. Persécuté par Moscou, il le serait ainsi par Constantinople...? Ne chercherait-il pas une légitimité qu'il n'aura probablement jamais dans l'orthodoxie.

5.Posté par G. Y. Spyvak le 18/03/2009 14:35
En réponse à Luc Mahiels: le seul fait que le patriarcat de Constantinople ait mené des pourparlers - quel qu'en soit le contenu - avec des dissidents, séparés du patriarcat de Moscou, mais se trouvant tout de même sur son territoire canonique, est déjà problématique. Pouvez-vous imaginer l'Église russe menant des tractations en Turquie ou au Mont Athos avec ceux qui chercheraient à se séparer de leur patriarche légitime, celui de Constantinople?

6.Posté par Roman UA le 19/03/2009 12:59
Cela confirme que Philarète s'intéresse non pas aux canons et à la félicité, mais à la politique.

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