Le métropolite Onuphre : ce qui se passe aujourd’hui est une épreuve de notre amour pour Dieu et pour notre prochain
Mgr Onuphre, locum tenens, du siège métropolitain de Kiev, métropolite de Tchernovtsy et de Bucovine, parle de la mission de l’Eglise dans la situation actuelle de crise ainsi que de la réaction chrétienne aux événements. Comment maintenir la paix dans un état multinational ?

Monseigneur, comment se porte actuellement Sa Béatitude, le métropolite Vladimir ?

Mgr Onuphre: Le Primat de l’Eglise Orthodoxe d’Ukraine, Sa Béatitude, le métropolite Vladimir se trouve à l’hôpital où il est soigné par d’excellents médecins. Nous lui rendons visite régulièrement. Il est conscient. Mais sa faiblesse physique l’empêche de parler. Autrement dit, son état est grave et stable. Nous prions pour lui et espérons en l’aide de Dieu.

A votre avis, quelle est la mission de l’Eglise dans la situation actuelle en Ukraine ?

Mgr Onuphre: La mission de l’Eglise est immuable de tous les temps indépendamment de son emplacement et de ses territoires canoniques. Il s’agit du salut de l’âme. En même temps, il existe des circonstances que l’Eglise ne peut ignorer. Notre mission consiste à prêcher le bien et à appeler à la paix. Nous devons aider les personnes à réaliser que tous les problèmes doivent être résolus paisiblement et qu’il ne faut pas blesser notre prochain et d’autant moins le tuer.

Cependant, malgré l’immuabilité de la mission de l’Eglise la situation politique est là. Comment un chrétien pratiquant peut garder la paix dans son âme dans un environnement politique bouleversé ?


Mgr Onuphre: La situation politique concerne plutôt une partie des pratiquants et du clergé plutôt que l’Eglise. La politique est capable, en effet, de perturber l’homme et de le faire oublier l’objectif essentiel de sa vie. Ce qui se passe aujourd’hui est une épreuve de notre amour pour Dieu et pour notre prochain. Que Dieu nous aide à l’endurer avec dignité. Même dans un contexte politique instable nous ne devons pas poursuivre des objectifs politiques. Lorsque l’Eglise s’intègre à un système politique elle s’écroule avec ce régime. Pour avoir la paix de l’âme il faut prier davantage. Si la personne maintient un lien avec Dieu elle trouvera une issue à toute situation.

Est-ce que les informations sur l’occupation des églises et des monastères en Ukraine sont fiables ?

Mgr Onuphre: En effet, deux cathédrales ont été envahies dans le diocèse de Tchernovtsy. Les présidents des organisations religieuses d’Ukraine se sont entretenus récemment avec le président provisoire de l’Ukraine Tourtchinov en faisant comprendre que si l’opposition politique se transforme en opposition religieuse cela aura de lourdes conséquences négatives pour le pays. Dieu merci, les autorités ont déclaré qu’aucune cathédrale ne doit être occupée.

Vous avez une expérience unique de gestion d’un diocèse multiethnique. Comment réussissez-vous à y préserver la paix depuis déjà plusieurs années?

Mgr Onuphre: Les ouailles du diocèse de Tchernovtsy comprennent des ukrainiens, des moldaves, des roumains, des polonais, des russes et des représentants d’autres ethnies, chacune ayant des particularités y compris de la pratique religieuse. Je me suis toujours appliqué à respecter les us et coutumes de toutes les cultures. Il ne s’agit pas d’approche diplomatique. Dieu nous enseigne à aimer et à respecter toute personne comme elle est. Une telle attitude suscite toujours une réponse positive. Ainsi, nos fidèles savent, eux-aussi, discerner des provocations et n’y cèdent pas.

Dans quelle mesure votre expérience est applicable à l’échelle du pays ?

Mgr Onuphre: L’Ukraine est un pays multiethnique. Il faut apprendre à se respecter les uns les autres. La discorde est provoquée par la volonté de domination d’une culture sur toutes les autres. On peut ne pas être d’accord avec son voisin mais il faut le respecter. La partie Est doit respecter l’Ouest et vice versa. Si nous ne l’apprenons pas nous aurons toujours du mal à vivre ensemble.

Est-ce que le clergé local est d’accord avec votre vision des choses ?

Mgr Onuphre: Je l’aurais voulu. Aujourd’hui l’Eglise est le seul maillon qui relie l’Est et l’Ouest et maintient l’unité du pays. Chaque prêtre sait que des différences ethniques, sociales et autres sont marginales aux yeux du Christ. Chaque personne est une image de Dieu et il faut l’aimer et respecter. Savoir est une chose, le mettre en œuvre en est une autre.

Aujourd’hui le thème du nationalisme est d’actualité. Où passe la ligne de démarcation entre le nationalisme et le patriotisme ?

Mgr Onuphre: A mon avis, le patriotisme, amour de sa Patrie, se transforme en nationalisme dès qu’une personne se met à imposer sa vision pour dominer. Dès que je commence à exiger que vous acceptiez mon opinion et agissiez comme je le trouve nécessaire je deviens nationaliste.

Le dernier Synode de l’EOU (PM) a mis en place une commission de dialogue avec l’EOU (Patriarcat de Constantinople) et l’EAOU (autocéphale). Quelles sont les perspectives de ce dialogue ? Est-ce qu’il peut aboutir à l’union des Eglises ?

Mgr Onuphre: La mise en place de la commission est une tentative de reprendre le dialogue entamé il y a longtemps et n’ayant rien donné. Nous sommes prêts à communiquer avec les représentants du prétendu « Patriarcat de Kiev » et de « l’église autocéphale » sur des bases canoniques. Il faut savoir que les canons ne sont pas des lois obsolètes. Ils se reposent sur les Saintes Ecritures et l’enseignement des Saints Pères. Aussi, sont-ils toujours d’actualité.

Quels doivent être les relations entre la Russie et l’Ukraine ?

Mgr Onuphre: Même si nous n’étions pas un seul peuple avec la même foi nos pays auraient dû résoudre les problèmes dans le respect mutuel. Nous sommes voisins et les voisins doivent s’entendre. Vu que nous sommes plus proches que des voisins, les relations entre nos pays doivent être fraternelles et bienveillantes. Mon désir en tant qu’archevêque au service de l’Eglise Orthodoxe d’Ukraine est que la Russie fasse tout son possible pour maintenir l’intégrité d’Ukraine. Autrement notre unité sera rompue.

Zerkovniy vestnik

Traduction E.Tastevin
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Mgr Vladimir de Kiev accuse l'Eglise gréco-catholique de soutenir les schismatiques

Le métropolite Onuphre, locum tenens de la chaire métropolitaine de Kiev, adresse une lettre à Vladimir Poutine, Président de la Fédération de Russie

Vladimir Bourega parle des événements de ces dernières deux semaines en Ukraine

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 19 Mars 2014 à 10:26 | 4 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Местоблюститель Киевской митрополичьей кафедры включен в состав Синода Русской церкви le 19/03/2014 19:17
Москва. 19 марта. ИНТЕРФАКС - Священный Синод Русской православной церкви принял решение включить в свой состав на правах постоянного члена местоблюстителя Киевской митрополичьей кафедры митрополита Черновицкого и Буковинского Онуфрия.

"Синод рассмотрел вопрос о включении митрополита Онуфрия, местоблюстителя Киевской митрополичьей кафедры, в состав членов Священного Синода и принял положительное решение", - сообщил журналистам в среду глава синодального Информационного отдела Владимир Легойда по итогам прошедшего в Москве заседания Синода.

Митрополит Онуфрий участвовал в этом заседании, которое возглавил патриарх Московский и всея Руси Кирилл.

Он был избран местоблюстителем в феврале в связи с болезнью митрополита Киевского и всея Украины Владимира.

Митрополит Владимир остается предстоятелем Украинской православной церкви Московского патриархата, этот титул и должность пожизненные, управление Церковью в настоящее время осуществляет Священный Синод УПЦ во главе с местоблюстителем.

2.Posté par leonid tarasov le 19/03/2014 22:57
There is no other way for Moscow to let go the Ukrainian church! The people of Kiev and Ukraine needs her own Patriarch... Anyway Moscow is out of touch !!! It has to end its attitude of 3rd Rome !!! Now that Crimea is again russian, the Chursoun diocese should change its name... nb : I guess my message won't be on P.O

3.Posté par justine le 20/03/2014 10:55
Sous le titre "Volonté de Saint Luc - disent les Criméens au sujet de la réunion avec la Russie", l'agence d'informations ecclésiastiques grecque Romfea publie aujourd'hui un article où elle attire l'attention sur le fait que le traité d'intégration de la Crimée dans la Fédération Russe à la suite du vote populaire de dimanche dernier, a été signé au Kremlin le jour même du 18e anniversaire de la translation des reliques du saint évêque de Simferopol. Pour certains, ce fait ne serait qu'une coïncidence, mais pour les fideles orthodoxes de Crimée certes non. Dans les églises et monastères, poursuit l'article, ils ne cessaient d'adresser des prières à Saint Luc pour que règne la paix et que la Crimée cesse d'être un champ de confrontations diplomatiques et de disputes politiques.
Source: http://www.romfea.gr/epikairotita/23067-2014-03-19-22-21-12

4.Posté par Les diocèses de Crimée maintiennent leur statut dans le cadre de l’Église orthodoxe d’Ukraine - See more at: http://www.orthodoxie.com/#sthash.g5hiPX64.dpuf le 21/03/2014 11:19
Les diocèses de Crimée maintiennent leur statut dans le cadre de l’Église orthodoxe d’Ukraine. « La Crimée était et reste dans la zone du ressort pastoral et de la responsabilité de l’Église orthodoxe russe du Patriarcat de Moscou » a déclaré le président du département synodal de l’information, Vladimir Legoïda, qui donnait un compte-rendu de la séance du Saint-Synode qui se tient actuellement à Moscou.

Le statut administratif des diocèses de Crimée n’a pas changé. Dans la déclaration du Saint-Synode concernant la situation en Crimée, il est souligné que la Crimée était et reste une partie intégrante de l’Église russe plurinationale. Ladite déclaration contient également un appel à élever des prières ardentes pour que sur la terre de Crimée (comme dans toute l’Ukraine) le sang fraternel des Russes, Ukrainiens, Tatars de Crimée et des représentants d’autres nationalités ne soit pas versé.

Le Saint-Synode a exprimé la conviction que dans les relations fraternelles de la Russie et de l’Ukraine, il ne doit pas y a voir de questions qui soient résolues par les armes. « l’Église orthodoxe russe, englobant les peuples de Russie et d’Ukraine et mue par un esprit de responsabilité pastorale, est prête à faire tout ce qui dépend d’elle pour le rétablissement des relations fraternelles, empreintes de respect mutuel, de bon voisinage, entre la Russie et l’Ukraine » est-il dit dans la déclaration. Les limites des Églises orthodoxes locales, assez souvent, ne coïncident pas avec les frontières des États, et ne changent pas sous l’influence des processus politiques. C’est ainsi, par exemple, que le Monténégro, devenu État indépendant, reste l’un des diocèses de l’Église orthodoxe serbe. Dans la composition de l’Église orthodoxe russe entrent, hormis la Fédération de Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie, la Moldavie et l’Ukraine, l’Azerbaïdjan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, les pays baltes.

C’est pourquoi il n’y a rien d’extraordinaire à ce que les diocèses de Crimée (au nombre de trois : Simféropol, Djankoï et Kertch, unis dans le diocèse métropolitain de Crimée) gardent leur statut dans le cadre de l’Église orthodoxe d’Ukraine du Patriarcat de Moscou. Lors de la séance du Saint-Synode a été également adoptée une déclaration concernant la situation en Ukraine, dans l’ensemble du pays, où il est dit que l’Église orthodoxe d’Ukraine a appelé (et continue d’appeler) à « la paix et la prière, en ne s’identifiant pas (contrairement à un certain nombre d’autres organisations religieuses) avec l’une ou l’autre des parties de la confrontation politique ». Le locum tenens du siège métropolitain de Kiev, le métropolite de Tchernovtsy et de Bucovine Onuphre est nommé au nombre des membres du Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe.
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