Il informe de la rupture de l’Église russe avec le patriarcat de Constantinople

Le pape François a reçu en audience privée le métropolite orthodoxe russe Hilarion de Volokolamsk, président du département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, collaborateur proche du patriarche Cyrille, ce vendredi matin 19 octobre 2018.

Les détails de la rencontre ne sont pas encore connus. Mais le métropolite Hilarion avait confié de façon anticipée à l’agence russe TASS, jeudi 18 octobre, qu’il comptait exposer au pape François la situation des Eglises orthodoxes « non canoniques » en Ukraine et la complication des relations entre l’Église orthodoxe russe et le patriarcat de Constantinople: « Oui, je vais en parler avec le pape ».

Il avait ajouté: « Nous n’attendons pas que le pape intervienne dans cette situation, qu’il essaye de résoudre le problème. Mais je l’informerai de la décision prise par notre Synode. »


Le métropolite à offert au pape un livre et un coffret de CD de musique pour choeur et orchestre, puisqu’il est musicien. Il a notamment composé et enregistré une Passion selon S. Matthieu (jouée à Rome sous la direction de Vladimir Fedoseyev, avec l’orchestre symphonique Tchaikovsky et le Choeur synodal de Moscou), un Stabat Mater, un De Profundis. SUITE

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 24 Octobre 2018 à 10:56 | 9 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Théophile le 24/10/2018 11:39
Jésus leur dit: Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs. Qu'il n'en soit pas de même pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert. Car quel est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert? N'est-ce pas celui qui est à table? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.
Luc 22:25-27

C'est une bonne chose que le Pape n'intervienne pas, cela ne ferait que compliquer encore plus la situation - mais que les Patriarches méditent bien ce texte de saint Luc.

2.Posté par Guillaume le 24/10/2018 15:21
Malheureusement, l'évêque de Rome est un jésuite avec tout ce que celà veut dire. Il a affirmer au Métropolite Hilarion lors de sa précédente visite que l'église de Rome n'interviendrait pas dans les problème de l'Eglise orthodoxe en Ukraine mais il ne condamne pas uniates qui s'allient avec le "patriarchat" de Kiev.

3.Posté par Théophile le 24/10/2018 19:24
La position du pape sur l'uniatisme est claire: l'uniatisme est dépassé.
Cf. https://www.cath.ch/newsf/les-greco-catholiques-dukraine-sacrifies-sur-lautel-de-loecumenisme/
Cela dit, je pense que les uniates ukrainiens s'en moquent et ne suivent pas ce pape - ils ont leur propre calendrier, clairement anti-russe, et leurs communautés semblent plutôt dynamiques.
Mais cela me semble incorrect de mettre leurs actions politiques sur le dos du pape, sinon il faudrait le montrer dans les paroles et faits du pape.

4.Posté par Manolis le 26/10/2018 18:48
Les greco-catholiques ukrainiens ne s'alllient pas avec le patriarchat de Kiev: ils se méfient simplement de Moscou comme une bonne partie de leurs concitoyens ukrainiens. Après tout, c'est bien Moscou qui a fait disparaître leur église pendant plusieurs décennies.

5.Posté par Vladimir.G: attendons lesprochainesélections pour vérifier! le 26/10/2018 22:22
"ils se méfient simplement de Moscou comme une bonne partie de leurs concitoyens ukrainiens Après tout, c'est bien Moscou qui a fait disparaître leur église pendant plusieurs décennies. "

Attendons les prochaines élections pour vérifier: d'après les sondages disponibles, le camp anti-russe de Porochenko serait très largement distancé...

6.Posté par Daniel le 27/10/2018 06:04
Les gréco-catholiques sont congénitalement hostiles à l'orthodoxie. C'est la raison même de leur existence.

7.Posté par Théophile le 27/10/2018 11:18
@ Daniel
A mon avis, vous simplifiez trop. D'abord, les gréco-catholiques d'Ukraine sont très différents des gréco-catholiques du Proche-Orient.
Les gréco-catholiques d'Ukraine sont congénitalement pour l'indépendance de l'Ukraine et la langue ukrainienne, ils sont nationalistes (et contre la Russie politiquement).
Les gréco-catholiques d'Orient sont historiquement liés à la France, et à l'Europe occidentale, ils ne sont pas foncièrement anti-orthodoxes (les mariages mixtes existent depuis longtemps en Orient entre les chrétiens d'Orient). Ils sont héritiers de hiérarques qui pensaient qu'en se liant à Rome, à la France, ils seraient mieux protégés contre l'Islam. En tant que chrétiens d'Orient, les gréco-catholiques sont parfois tout à fait favorables à la Russie.

8.Posté par Vladimir.G: rappeler quelques réalités le 27/10/2018 16:17
Je suis d'accord avec Daniel (6) sur le principe général, mais en Ukraine les Gréco-catholiques nourrissent une hostilité spécifique envers le PM, qu'ils accusent des exactions de Staline contre leur Église, absorbée de force dans l'Église russe en 1945.

QUANT AUX OPINIONS DE LA POPULATION, il faut se méfier des contre vérités largement véhiculées en Occident: les Gréco-catholiques représentent moins de 10% de la population, essentiellement concentrés dans les régions occidentales qui appartenaient à la Pologne avant la guerre (Galicie et Transcarpatie), contre plus de 70% pour les Orthodoxes. Ceux-se disent majoritairement proches des schismatiques (KP et EOUA) quand on interroge l’ensemble de la population, mais les mêmes sondages indiquent que seule une minorité est pratiquante et là, la répartition des paroisses montre une majorité écrasante pour l'Église canonique (EOU-PM): elle regroupe plus de 12000 paroisses, contre 6-7000 pour les schismatiques...

CELA N'A RIEN DE SURPRENANT; les élections de 2014 ont montré que Porochenko, qui se présentait comme le plus pro-occidental et soutenu par l'Occident, a obtenu 55% des voix des votants qui représentaient 60% des électeurs (https://www.les-crises.fr/resultats-election-presidentielle-ukrainienne/). Il en résulte que 1/3 seulement de la population soutient cette orientation et "se méfie de Moscou". Les partis pro-russes étant empêchés de faire campagne (c'était juste après le rattachement de la Crimée et le déclenchement de l’insurrection du Donbas), leurs partisans se sont réfugiés dans l'abstention (elle dépasse 50% dans l'est et le sud du pays) mais, en se référant par exemple aux résultats de 2012, on peut estimer qu'ils représentent 30-40% de la population (leur principal leader, Youryi Boiko, batterait Poroshenko en cas de duel au 2e tour d'après les sondages; cf. https://en.wikipedia.org/wiki/Opinion_polling_for_the_Ukrainian_presidential_election,_2019). Ceux-là sont favorables à Moscou et se reconnaissent certainement surtout dans l'EOU-PM par identification culturelle avec le "Monde russe"; et c'est parmi eux que se trouve la majorité de ses pratiquants, car l'appartenance à cette Église est aussi un marqueur culturel fort, on le constate clairement par les votes de motions de fidélité dans plusieurs diocèses.

FUITE EN AVANT : À partir de 2015, les enquêtes d’opinion donnent favorite Ioulia Tymochenko: 66% contre 44% au 2e tour, alors qu'elle avait été battue par Porochenko en 2014 (elle était alors en prison). Les élections de 2019, présidentielles et parlementaires, s'annoncent donc mal pour Porochenko & Co et la reconnaissance de l'Église ukrainienne autocéphale serait alors un moyen de redorer leur image auprès de l'opinion nationaliste.

9.Posté par Vladimir.G: La position personnelle du pape François, celle du Vatican est très équilibrée. le 06/11/2018 16:31
Le 27 octobre 2018, le métropolite Hilarion de Volokolamsk a répondu aux questions de la présentatrice Ekaterina Gratcheva, dans l’émission « L’Eglise et le monde » (Tserkov’ i mir), diffusée sur la chaîne de télévision « Rossia-24 » les samedis et les dimanches.

E. Gratcheva : Il y a quelques jours, vous avez rencontré le pape François au Vatican. Le dialogue entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique romaine est assez développé aujourd’hui. Comment expliquez-vous l’augmentation de la fréquence des contacts avec l’Église catholique romaine ? Ont-ils raison, ceux qui assurent que nous sommes plus proches des chrétiens occidentaux que de nos frères de Constantinople ?

- Le métropolite Hilarion : Les rapports entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique romaine ont reçu une nouvelle impulsion après la rencontre du patriarche Cyrille avec le pape François à La Havane, il y a deux ans et demi. Il faut dire que les contacts étaient réguliers avant aussi. Je ne peux pas dire que leur fréquence se soit intensifiée.

Depuis le début du pontificat du pape François, je l’ai rencontré 7 fois, une fois par an en moyenne. Généralement à l’automne, parce que les réunions du Synode de l’Église catholique romaine ont lieu à l’automne, et des observateurs de plusieurs Églises orthodoxes y sont traditionnellement invités. Cela fait des années que je m’y rends en tant qu’observateur de l’Église orthodoxe russe.
En général, je passe un ou deux jours à Rome. On me donne 10 à 12 minutes pour exprimer le point de vue de l’Église russe sur un thème concret. Je précise que nous avons organisé des échanges d’étudiants réguliers, des groupes de collaborateurs et de prêtres du Vatican viennent chez nous, et nous envoyons nos collaborateurs et des prêtres au Vatican. Cela fait trois ans que nous organisons des Universités d’été à l’Institut des Hautes-Études. En marge du Synode, je rencontre toujours le pape. Il s’agit généralement d’une audience qui dure environ une heure, et qui permet de discuter des sujets à l’ordre du jour des relations bilatérales.

E. Gratcheva : Que pense le pape François de la rupture de nos relations avec Constantinople ? En avez-vous parlé pendant l’audience ?

- Le métropolite Hilarion : Bien entendu, une grande partie du temps a été consacré à la situation en Ukraine, plus précisément à la situation ecclésiastique, et j’ai exposé au pape le point de vue de l’Église orthodoxe russe sur ces évènements. Nous ne pensons pas que le pape de Rome puisse être un arbitre dans ce conflit. C’est absolument impossible. Il serait incorrect de l’impliquer dans ce problème, d’attendre de sa part des actes quelconques ou qu’il se solidarise avec l’une ou l’autre partie. L’Église orthodoxe vit selon ses propres lois et ses propres règles. Nous résoudrons ce problème par nous-mêmes, sans la participation du pape de Rome.

La rupture des relations entre l’Église orthodoxe russe et Constantinople affecte aussi les rapports avec l’Église catholique romaine, parce qu’en dehors des rapports bilatéraux entre notre Église et l’Église catholique, il y a aussi le dialogue théologique panorthodoxe-catholique. Nous sommes sortis de ce dialogue.

E. Gratcheva : Qui s’appelle dialogue panorthodoxe ?

- Le métropolite Hilarion : Oui, c’est un dialogue auquel participaient presque toutes les Églises orthodoxes, à l’exception de quelques unes. Nous sommes sortis de ce dialogue, comme de tous les dialogues et de toutes les organisations présidés ou co-présidés par le patriarche de Constantinople.

E. Gratcheva : On aimerait pourtant connaître la position du pape François sur la décision d’accorder l’autocéphalie à l’Ukraine qu’a prise Constantinople.

- Le métropolite Hilarion : Je ne peux pas vous révéler le contenu de cet entretien confidentiel. D’une façon générale, cependant, la position du Vatican sur ce qui s’est passé ou se passe en Ukraine a été suffisamment et à maintes reprises exprimée par le pape lui-même, ou par ses représentants. Nous n’avons jamais entendu de la bouche du pape ou de ses représentants le moindre soutien aux actes de brigandage de Constantinople. Nous n’avons jamais entendu qu’ils soutiennent les actes du pouvoir ukrianien, visant à la discrimination de la population russophone. La position personnelle du pape François, celle du Vatican en tant qu’état, celle de l’Église catholique romaine à tous les niveaux, est très équilibrée.

E. Gratcheva : Monseigneur, vous avez mentionné la rencontre du patriarche Cyrille avec le pape François à La Havane. Tout le monde se demande s’il faut attendre la visite du chef de l’Église catholique en Russie dans un proche avenir. On en parle beaucoup, dans les médias. Si cela se produit, en quoi cet évènement serait-t-il historique ? En quoi est-ce important, selon vous ? En avez-vous parlé pendant l’audience ?

- Le métropolite Hilarion : Je n’en ai pas parlé pendant l’audience, parce que cette question n’est pas à l’ordre du jour de nos relations bilatérales. C’est un sujet qui intéresse surtout les journalistes, mais qui n’intéresse pas actuellement les fidèles. Dans les milieux orthodoxes, dans l’Église orthodoxe russe, au moins une partie des fidèles, et ce sont des fidèles actifs, sont généralement mal disposés envers l’Église catholique. Si cette visite avait lieu, elle risquerait de s’accompagner de provocations diverses, elle susciterait des mécontentements, ce dont nous n’avons absolument pas besoin.

L’Église catholique en Russie a aussi récemment déclaré qu’une visite du pape dans le pays serait prématurée. Dire qu’il y a en Russie des foules de catholiques qui attendent la venue du pape, c’est pour le moins exagéré, ce sont des spéculations oiseuses de journalistes.

https://mospat.ru/fr/2018/10/28/news165801/

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