Malo Tresca

En chantier depuis 2009, le projet de nouveau catéchisme de l’Église orthodoxe russe, exposé dans une version non définitive publiée fin juillet, défend que « l’œcuménisme ne contredit pas l’enseignement orthodoxe ».

En s’ouvrant à la modernité, ce projet catéchétique, plébiscité par le patriarche Kirill de Moscou, s’expose aux critiques anti-oecuméniques dans les rangs de l’Église. Un projet pour « s’ouvrir à la modernité » et redécouvrir les racines de l’Église orthodoxe russe, après 70 ans d’athéisme forcé et au lendemain de la dislocation du bloc soviétique en 1990 et 1991.

Évoqué pour la première fois en 2008 lors de l’Assemblée des évêques, examiné depuis 2009 par une commission composée notamment de théologiens renommés du pays, et lancé avec la bénédiction du Patriarche Kirill de Moscou, le projet de catéchisme « contemporain » de l’Église orthodoxe russe a été présenté, dans une nouvelle version, à la fin du mois de juillet.

Réflexions autour des fondements de la foi orthodoxe, principes fondamentaux de l’ordre canonique et de la vie liturgique de l’Église, bases de son concept social, de ses positions quant à la liberté et aux droits de l’homme… : cette nouvelle version, qui n’est pas définitive, est en partie ouverte aux commentaires des internautes et des fidèles jusqu’au mois de novembre.

Un document « facilement accessible »

L’élaboration de ce nouveau catéchisme « résulte de la volonté de l’Église orthodoxe russe d’avoir un document résumant sa foi, sa doctrine et son enseignement, facilement accessible à l’homme moderne », explique le Père Jivko Panev, maître de conférences en droit canonique, en histoire des Églises locales à l’institut Saint-Serge.

Il s’interroge toutefois sur « l’utilité future, pour les pasteurs et les fidèles, d’un texte de plus de 350 pages ». « De la même manière que l’Église catholique a élaboré, à l’époque, sa doctrine sociale et son catéchisme [en 1992], l’Église orthodoxe russe – portée par le patriarche Kirill – a publié au début des années 2000 ses Fondements de la doctrine sociale (1) et s’apprête à renouveler son catéchisme », ajoute le responsable du site Orthodoxie.com.

Des discussions œcuméniques « conformes au droit canonique »

Dans la sixième et dernière partie du document, la commission synodale consacre, de manière inédite, une dizaine de pages à l’attitude de l’Église orthodoxe russe et des fidèles vis-à-vis « des non-orthodoxes ». « L’œcuménisme ne contredit pas l’enseignement orthodoxe », affirme le texte, alors que la nécessité de s’ouvrir à l’œcuménisme, très promue au sein de l’Église catholique, est encore bien loin de faire l’unanimité dans les rangs de certaines Églises orthodoxes. Certaines condamnentrégulièrement toute tentative de rapprochement avec le Vatican.

Le document veut se prémunir d’éventuelles critiques en citant l’un des points du discours du grand rassemblement panorthodoxe de Thessalonique prononcé en 1998 : « Les représentants [impliqués dans le mouvement œcuménique durant ces dernières décennies] ont toujours été entièrement fidèles et obéissants à leurs autorités respectives de l’Église et ont agi en accord avec les règles canoniques, l’enseignement des conciles œcuméniques, les pères de l’Église et la sainte tradition de l’Église orthodoxe ».

Un projet porté par le patriarche Kirill


Par l’élaboration de ce nouveau catéchisme, « cette ouverture de l’Église orthodoxe russe se produit vraiment sous la houlette du patriarche Kirill de Moscou, très positif quant au rapprochement avec les catholiques », poursuit le Père Panev.

Il rappelle notamment la grande proximité du patriarche Kirill avec le métropolite Nicodème, mort en 1978 au Vatican dans les bras de Jean-Paul Ier, puis son passé de directeur des relations extérieures du Patriarcat, qui lui a permis de développer les prémices d’un dialogue œcuménique et de jeter les bases d’une doctrine sociale de l’Église orthodoxe russe.

Mais les positions œcuméniques de Kirill, le premier patriarche de l’Église orthodoxe russe à avoir rencontré un pape, en février 2016, après plus de mille années de séparation, prêtent aussi, au sein de sa propre Église, le flanc à la critique.

La déclaration conjointe des deux responsables religieux contenait des expressions « qui ne sont nullement indiscutables, voire parfois erronées », avait alors publiquement réagi le Père George Maximov, du Patriarcat de Moscou, avant d’exhorter l’Église romaine à « confesser la vérité et abandonner ses faux dogmes ».

Une « méfiance » vis-à-vis de l’œcuménisme

Alors que plusieurs grandes figures historiques de l’Église orthodoxe n’ont cessé de réaffirmer, ces dernières décennies, leur méfiance vis-à-vis des « dangers » liés au mouvement œcuménique, des figures éminentes de l’orthodoxie – notamment bulgare et géorgienne – ont réaffirmé leurs réticences après le concile panorthodoxe de Crète en 2016. LIEN La Croix

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 13 Août 2017 à 09:14 | 43 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Daniel le 10/08/2017 07:34
Ce nouveau catéchisme officialiserait l'oecuménisme en demandant des sanctions contre ceux qui s'y opposent. Ce serait ouvrir la boîte de Pandore car l'oecuménisme n'a pas une définition très claire et va d'un dialogue théologique qui peut aboutir parfois à de bonnes confusions à des prières communes interdites par les canons sans oublier les cas d'intercommunion bien réels plus ou moins cachés...

2.Posté par Guillaume le 10/08/2017 09:12
Oeucuménisme veut aussi rapprochement avec des "églises" et sectes protestantes qui n'ont malheureusement plus rien à voir avec les enseignements du Seigneur.

3.Posté par Tchetnik:confusion volontaire de deux attitudes sous un même terme. le 10/08/2017 10:32
Il y a certainement une généralisation excessive dans la phrase "Les représentants [impliqués dans le mouvement œcuménique durant ces dernières décennies] ont toujours été entièrement fidèles et obéissants à leurs autorités respectives de l’Église et ont agi en accord avec les règles canoniques, l’enseignement des conciles œcuméniques, les pères de l’Église et la sainte tradition de l’Église orthodoxe".

Excessive car pour certains "œcuménisme" peut signifier respect, reconnaissance d'un certain caractère Chrétien, d'une certaine authenticité d'efforts spirituels et de la nécessité d'un dialogue permanent sans relativisme ni concessions bâclées, rapides, pour d'autres, le mot signifie fusion, union immédiate des institutions, pratique égale des sacrements, relativisation des dogmes...
Si les premiers sont bien dans les règles canoniques - et au demeurant logiques - les seconds s'en sont éloignés depuis vilaine lurette.
Il est évident que tel prêtre Orthodoxe animant une école avec un prêtre assyrochaldéen est parfaitement "canonique", tel évêque roumain communiant avec des prêtres Catholiques ne l'est pas...

4.Posté par Vladimir G: les ch IV à VI reprennent des documents déjà approuvés par le concile épiscopal. le 10/08/2017 15:21
Il faut souligner que ce projet de nouveau catéchisme de l’Église orthodoxe russe a été approuvé à l'unanimité par les membres de la Commission biblique et théologique du saint synode de l'Église russe et il est maintenant soumis à un débat général sur Internet.

Il s'agit d'un document de 350 pages divisé en 6 chapitres:
I. Fondements de la foi orthodoxe
II. Principes fondamentaux de l'ordre canonique et la vie liturgique de l'Eglise orthodoxe
III. Fondements de l'enseignement moral orthodoxe
IV. Fondements du concept social de l'Eglise orthodoxe russe
V. Principes fondamentaux de l'enseignement de l'Eglise orthodoxe russe sur la dignité, la liberté et les droits de l'homme
VI. Principes fondamentaux régissant les relations de l'Église orthodoxe russe avec l'hétérodoxie

Seuls les trois premiers chapitres sont sujets à discussion, puisque les ch IV à VI reprennent des documents déjà approuvés par le concile épiscopal. Le chapitre VI, auquel se réfère "La Croix" (après un communiqué de "Radio Vatican") reprend ainsi in extenso le texte adopté par le concile de 2000 avec le même titre (http://orthodoxeurope.org/page/7/5/2.aspx). Il contient les expression reprises dans l'article et, plus spécialement à propos des KTO déclare en annexe (non reprise dans le projet de catéchisme): "Relations avec l'Église catholique romaine:
Le dialogue avec l'Église catholique romaine est fondé et doit rester fondé à l'avenir sur le maintien de la succession apostolique des ordinations. En même temps il apparaît indispensable de prendre en considération le caractère du développement des bases doctrinales et de l'ethos de l'Église catholique romaine qui va assez souvent à l'encontre de la Tradition et de l'expérience spirituelle de l'Église Ancienne.
Le dialogue théologique avec l'Église catholique romaine doit se poursuivre parallèlement à l'examen des problèmes les plus considérables affectant les relations bilatérales. Les sujet le plus brûlants à l'heure actuelle demeurent la question du prosélytisme et le problème uniate. Actuellement et dans un futur proche, une des formes de collaboration les plus prometteuses avec l'Église catholique romaine est l'affermissement des liens régionaux existants avec les diocèses et les paroisses catholiques. Une autre forme de collaboration pourrait être la création ou le développement des liens existant déjà avec les Conférences épiscopales catholiques."

5.Posté par Emmanuel le 13/08/2017 17:37
Chrismé depuis quelques années je suis venu du catholicisme romain à l'orthodoxie pour retrouver la foi véritable. je n'ai aucune envie de "pratiquer l'oecuménisme comme j'ai pu le connaitre chez les schismatiques romains qui sont dans la confusion la plus totale avec les hérétiques protestants. Je veux simplement être chrétien orthodoxe et ce nouveau catéchisme me semble très néfaste. .

6.Posté par Vladimir G: savoir de quoi on parle - parler de ce qu'on connait le 13/08/2017 23:21
savoir de quoi on parle - parler de ce qu'on connait

Bienvenu dans ce débat cher Emmanuel,

J'imagine que vous avez lu ce projet de catéchisme pour en juger ainsi. Quels sont donc les points qui vous dérangent?

Comme je l'ai écrit plus haut, les les ch IV à VI reprennent des documents déjà approuvés par le concile épiscopal et publiés en français. Le chapitre VI, auquel vous semblez vous en prendre, est disponible sur le lien indiqué*. Il a été officiellement proclamé comme étant la doctrine de l'Église orthodoxe russe par le concile il y a 17 ans et semble bien "reçu". Le document adopté au concile de Crête l'an dernier, sans l'Église russe, va dans le même sens. Toute l'Orthodoxie va donc dans le même sens, clairement et sans confusion: renseignez-vous auprès de votre père spirituel ou de votre évêque...

* http://orthodoxeurope.org/page/7/5/2.aspx

7.Posté par justine le 14/08/2017 09:34
La gangrène s'etend.

8.Posté par justine le 14/08/2017 09:54
Comme tous les Occidentaux qui ont rejoint l'Orthodoxie de tout leur coeur, heureux d'avoir trouvé enfin ce que seule la vraie Eglise peut offrir a l'être humain, c'est a dire le salut, Emmanuel répond a cette entreprise avec un salutaire rejet. Les dirigeants actuels de l'Eglise Russe feraient bien de réfléchir deux fois avant d'avorter leur grande mission apostolique dans le monde moderne quelques années seulement après l'avoir commencée, et de mettre aussi en danger l'unité interieure de l'Eglise Russe.

9.Posté par Affeninsel le 14/08/2017 21:53
Si le document qui doit être publié va dans le sens des récentes rencontres effectuées par le patriarcat, je doute qu'il soit tout à fait réconciliable avec le document plutôt hostile que signale Vladimir. Comme le dit Tchetnik, la première chose à faire serait de clarifier la conception orthodoxement acceptable de l'oecuménisme. Il faut bien dire que même les commissions de dialogue mixte qui pullulent depuis des décennies n'avancent jamais à grand-chose.
A l'inverse, il faudrait peut-être veiller à éduquer les fidèles à ne pas vivre dans une hostilité narcissique à l'encontre des hérétiques, car le mépris et la méchanceté sont peut-être ce qui fait le plus de mal à la mission orthodoxe auprès de ceux qui cherchent l'Eglise sans trop savoir comment faire. Mais, sur ce point comme dans tous les autres, il ne s'agit pas, bien évidemment, de régler la question de l'oecuménisme de manière isolée, mais de transmettre la foi et la vie chrétienne de manière exacte avec une fidélité intégrale vis-à-vis de la Tradition.

10.Posté par Vladimir G: savoir de quoi on parle - parler de ce qu'on connait (suit) le 14/08/2017 23:06
Je confirme ce que j'ai écrit précédemment: le projet de nouveau catéchisme reprend intégralement dans son ch 6 le texte adopté en 2000 par le concile épiscopal... Il a été publié en français et disponible in extenso sur http://orthodoxeurope.org/page/7/5/2.aspx.
Il n'est pas discutable et donne la doctrine de l'Église russe. Elle sera largement diffusée dans le cadre du catéchisme et va certainement influer sur la perception des autres confessions par la majorité des croyants qui, à l'heure actuelle, en ont des idées très vagues et variées ...

11.Posté par justine le 15/08/2017 18:29
A Vladimir, post 10, Ce que vous affirmez, vous omettez de le prouver par des textes originaux.
La doctrine de Eglise russe concernant les relations avec les hétérodoxes est exposée, comme vous le savez très bien, dans un document spécifique, Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie http://orthodoxeurope.org/print/7/5/2.aspx, lequel ne prévoit aucune "ouverture a l'écuménisme" - panhérésie condamnee par tous les Saints contemporains, depuis Saint Justin de Tselije jusqu'a Saint Paissios l'Athonite, les grands startsi roumains du 20 e siècle et Saint Gabriel de Samtavro, et qu'on cesse donc de jouer en dilettante avec ce terme d'ecumenisme, car ce qu'il est a été expose de manière théologique et ecclésiastique en grand detail par des théologiens et hiérarques compétents de l'Eglise Orthodoxe - , mais ce document officiel de l'Eglise Russe, dont le projet de nouveau catéchisme ne peut être en contradiction, tout au contraire stipule que:

"1.1. L'Église orthodoxe est la véritable Église du Christ, fondée par notre Seigneur et Sauveur Lui-même, l'Église que l'Esprit Saint a établie et qu'Il remplit, l'Église dont le Sauveur lui-même a dit : "Je bâtirai mon Église et les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle " (Mt 16, 18). Elle est l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique, gardienne et dispensatrice des Sacrements saints dans le monde entier, "colonne et fondement de la vérité " (1 Tm 3, 15). Elle porte en plénitude la responsabilité de diffuser la Vérité de l'Évangile du Christ, de même que la plénitude du pouvoir de témoigner de la "foi, transmise aux saints une fois pour toutes" (Jd 3).

1.2. L'Église du Christ est une et unique (s. Cyprien de Carthage, De l'unité de l'Église ). L'unité de l'Église - corps du Christ - consiste en ceci qu'en elle il y a une seule Tête - le Seigneur Jésus-Christ (Ep 5, 3) et qu'agit un seul Esprit Saint, vivifiant le Corps de l'Église et unissant tous ses membres au Christ comme à sa Tête.

1.13. Tout au long de l'histoire chrétienne non seulement des chrétiens se sont séparés personnellement de l'Église orthodoxe, mais des groupes chrétiens entiers. Certains d'entre eux ont disparu au fil de l'histoire, d'autres existent depuis des siècles. Les scissions les plus substantielles du premier millénaire, qui se sont maintenues jusqu'à nos jours ont procédé du refus d'une partie des communautés chrétiennes de recevoir les décisions des IIIe et IVe Conciles oecuméniques. Ainsi se sont trouvées en état de séparation des Églises qui subsistent toujours: l'Église assyrienne orientale, les Églises préchalcédoniennes copte, arménienne, syro-jacobite, éthiopienne, malabare.

Au cours du second millénaire, les divisions internes du christianisme occidental liées à la Réforme ont fait suite à la sécession de l'Église romaine et abouti à un processus incessant de formation d'une multitude de dénominations chrétiennes qui ne sont pas en communion avec le siège de Rome. Sont apparues aussi des ruptures d'unité avec les Églises orthodoxes locales et entre autres avec l'Église orthodoxe russe.

1.14. Les erreurs et les hérésies apparaissent la conséquence d'une auto-affirmation et d'un isolement égoïstes. Toute scission, tout schisme entraînent à un degré ou à un autre la déchéance de la plénitude ecclésiale. La division, même si elle ne découle pas de raisons d'ordre doctrinal, est une atteinte à la doctrine de l'Église et en fin de compte conduit à une altération de la foi.

1.15. L'Église orthodoxe affirme par la bouche des saints Pères, que le salut ne peut être atteint que dans l'Église du Christ. Mais en même temps, les communautés déchues de l'unité avec l'Orthodoxie, n'ont jamais été considérées comme totalement privées de la grâce divine. La rupture de la communion ecclésiale conduit inéluctablement à la dégradation de la vie de la grâce, mais pas toujours à sa complète disparition dans les communautés séparées. Ainsi s'explique que la réception dans l'Église orthodoxe de personnes venant de communautés hétérodoxes ne s'opère pas uniquement par le sacrement du baptême. Malgré la rupture de l'unité, il demeure une communion, certes incomplète, agissant comme gage de la possibilité du retour à l'unité dans l'Église, à la plénitude catholique et à l'unité.


"2.1. L'objectif le plus important des relations que l'Église orthodoxe entretient avec l'hétérodoxie est le rétablissement de l'unité des chrétiens (Jn 17, 21), qui entre dans le dessein divin et appartient à l'essence même du christianisme. C'est une tâche d'importance primordiale pour l'Église orthodoxe à tous les niveaux de son existence.

2.2. L'indifférence face à cette tâche ou son rejet constitue un péché contre le commandement divin de l'unité. Selon les paroles de saint Basile le Grand "ceux qui travaillent en sincérité et vérité pour le Seigneur doivent appliquer leurs efforts uniquement à ramener à l'unité de l'Église ceux qui sont divisés entre eux en fractions".

2.3. Néanmoins, tout en reconnaissant la nécessité de rétablir l'unité chrétienne détruite, l'Église orthodoxe affirme que l'unité authentique n'est possible que dans le sein de l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Tous les autres "modèles" d'unité sont irrecevables.

2.4. L'Église orthodoxe ne peut admettre la thèse selon laquelle, en dépit des divisions historiques, l'unité de principe, l'unité de fond des chrétiens n'aurait pas été détruite. Selon cette théorie, l'Église coïnciderait avec l'ensemble du "monde chrétien", et l'unité chrétienne existerait par dessus les barrières dénominationnelles, la division des Églises n'affectant que le niveau imparfait des relations humaines. L'Église, affirme-t-on, demeure une, mais cette unité se manifeste insuffisamment dans des formes visibles. Dans ce modèle d'unité la tâche des chrétiens est comprise non comme le rétablissement d'une unité perdue, mais comme la manifestation d'une unité subsistant d'une manière inamissible. Ce modèle répète la doctrine protestante de "l'Église invisible".

2.5. Absolument inacceptable et liée avec celle qui vient d'être exposée, est la théorie dite "des branches", qui considère comme normale et providentielle l'existence du christianisme sous forme de "branches" distinctes.

2.6. Pour l'Orthodoxie l'affirmation selon laquelle les divisions des chrétiens sont une imperfection inévitable de l'histoire chrétienne, qu'elles n'existent qu'à la surface de l'histoire et qu'elles peuvent être guéries ou maîtrisées moyennant des compromis entre dénominations est inacceptable.

2.7. L'Église orthodoxe ne peut reconnaître l'"égalité des dénominations". Ceux qui ont déchu de l'Église ne peuvent lui être à nouveau unis dans l'état où ils se trouvent actuellement; les divergences dogmatiques existantes ne doivent pas seulement être contournées, mais surmontées. Cela signifie que le chemin de l'unité est un chemin de repentance, de conversion et de renouveau.

2.8. Inacceptable, également la pensée que toutes les divisions sont des malentendus tragiques, que les désaccords ne paraissent inconciliables que par manque d'amour mutuel et de compréhension, qu'en dépit de toute la différence et de toute la dissemblance il y a une unité et un accord suffisants "sur l'essentiel ". Les séparations ne peuvent pas être ramenées à des passions humaines, à l'égoïsme, ni à plus forte raison aux circonstances culturelles, sociales ou politiques. L'affirmation selon laquelle ce qui distingue l'Église orthodoxe des communautés chrétiennes avec lesquelles elle n'est pas en communion sont des questions d'un caractère secondaire, est tout aussi inacceptable. On n'a pas le droit de réduire toutes les divisions et les désaccords aux seuls facteurs non théologiques.

2.9. L'Église orthodoxe rejette également la thèse selon laquelle l'on ne peut restaurer l'unité du monde chrétien que par la voie d'un service commun du monde par les chrétiens. L'unité chrétienne ne peut pas être rétablie par une simple entente sur des questions séculières, grâce à laquelle les chrétiens apparaîtraient unis sur le secondaire et continueraient comme auparavant à diverger sur l'essentiel.

2.10. Il est inadmissible de limiter l'accord dans la foi à un cercle limité de vérités nécessaires, pour concéder au delà une "liberté dans les choses douteuses". L'attitude de tolérance à l'égard des divergences en matière de foi est de soi inacceptable. Ceci dit, il ne faut pas confondre l'unité de la foi et ses modes d'expressions;

2.11. La division du monde chrétien n'est pas seulement une division dans les formules doctrinales, mais aussi dans l'expérience de la foi. Il faut atteindre à un accord plein et sincère non seulement dans expression formelle de la foi, mais surtout dans son l'expérience même. L'unité formellement confessée dans le credo n'épuise pas l'unité de l'Église, encore qu'elle en constitue l'une des conditions nécessaires.

2.12. L'unité de l'Église est avant tout unité et communion dans les sacrements. Mais l'authentique communion dans les sacrements n'a rien de commun avec la pratique appelée "intercommunion". L'unité ne peut se réaliser que dans l'identité de l'expérience et de la vie dans la grâce, dans la foi de l'Église, dans la plénitude de la vie sacramentelle dans l'Esprit Saint."

12.Posté par justine le 15/08/2017 19:00
A noter en particulier encore ce passage final du document russe en question, traitant plus particulierement du "mouvement ecumenique" au sein du COE:

"Peu à peu, des thèmes totalement inacceptables pour la Tradition orthodoxe sont apparus à l'ordre du jour du COE. Il est devenu parfaitement légitime de parler d'une crise croissante au sein du COE, elle-même liée à la crise que connaissent nombre de dénominations protestantes membres du COE, et à la crise du mouvement oecuménique dans son ensemble.

Les objectifs affichés par le COE sont actuellement en contradiction avec la pratique. La rupture entre la majorité protestante qui s'est ralliée sur la base du libéralisme et la minorité orthodoxe est de plus en plus évidente. Au bout du compte, on peut s'attendre à un développement tel dans les Églises protestantes et dans le Conseil oecuménique des Églises, que les orthodoxes ne pourront plus donner leur accord à maintes considérations ecclésiologiques, dogmatiques ou morales.

En 1997, l'Assemblée des évêques de l'Église orthodoxe russe a fait le point de l'appartenance de l'Église orthodoxe russe au COE et étudié la question de l'accroissement des tendances négatives au sein du Conseil. Pour trancher la question de la participation de l'Église orthodoxe russe au COE, la Sainte Assemblée des évêques a pris la décision d'examiner ce problème au niveau panorthodoxe: "En fonction de la décision panorthodoxe, mettre à l'étude à l'Assemblée des évêques la question de la participation ou de la non-participation de l'Église orthodoxe russe aux dialogues interconfessionnels bilatéraux ou multilatéraux, ainsi qu'au travail du COE et des autres organisations chrétiennes internationales. Mais, pour le moment, maintenir la participation des représentants de l'Église orthodoxe russe au travail des organisations chrétiennes internationales, en insistant sur l'importance particulière, dans le temps où nous vivons, du témoignage orthodoxe dans le monde chrétien divisé par ses
péchés ".

La Conférence panorthodoxe convoquée à Salonique (29 avril - 1er mai 1998) à l'initiative de l'Église orthodoxe russe et de l'Église orthodoxe serbe est parvenue à la conclusion que la structure actuelle du COE est inacceptable pour les orthodoxes. La poursuite de leur participation au Conseil n'est possible qu'à condition d'une " réforme radicale " du Conseil oecuménique des Églises. A la suite de cette déclaration, la VIIIe Assemblée du COE, a décidé la création d'une Commission spéciale sur les rapports avec les orthodoxes. Le mandat de cette Commission comporte l'étude de l'ensemble des questions et des problèmes que comporte la participation orthodoxe au COE et la proposition de variantes possibles pour la réorganisation du Conseil. Conformément à la décision de la rencontre panorthodoxe de Salonique, pour la durée du travail de cette commission, l'Église orthodoxe russe participe au travail du COE " avec un mandat limité ". Ainsi, dans les relations entre l'Église orthodoxe russe et le Conseil oecuménique des Églises, tandis qu'on réfléchit à un nouveau modèle pour le COE et aux moyens de le faire évoluer, la période présente revêt un caractère transitoire. Profitant de cette étape de transition vers un nouveau modèle pour le COE, l'Église orthodoxe russe doit employer tous les moyens de présence au COE dont elle dispose pour faire connaître le plus largement possible parmi les Églises-membres sa position sur les questions qui soulèvent une critique de la part des orthodoxes.

Les orthodoxes se comportent avec un sens extrême de leur responsabilité dans leur participation au COE et c'est précisément pour cela qu'ils le mettent en garde : le développement actuel du COE est dangereux et va dans une fausse direction. Ils constatent une crise du Conseil oecuménique des Églises et appellent à une révision de l'ethos, des principes actuels du COE. C'est pourquoi une réforme radicale du COE doit supposer non pas un changement de " forme " qui maintiendrait inchangé le contenu, non pas une " ré-formation ", mais un changement précisément de l'essence du COE. Tout nouveau pas vers le renforcement de l'ecclésiologie protestante au sein du COE sera un suicide spirituel pour lui.

Les orthodoxes, en réclamant la " réforme " du COE, insistent sur ce point : qu'il y ait au sein du COE la possibilité pour l'orthodoxie de témoigner de tout son poids pour la vérité de l'Église, pour les principes de l'unité. Si un tel témoignage devient impossible, si l'activité du COE s'écarte de plus en plus des buts initiaux du mouvement oecuménique - oeuvrer pour la rétablissement de l'unité chrétienne -, alors le COE perd toute sa signification spirituelle. Le COE est un phénomène dynamique dans lequel le " renforcement " ou l'" affaiblissement " des éléments de catholicité sont possibles.

Il existe aujourd'hui dans le COE une tendance à se contenter d'une " koinonia " incomplète, à considérer l'état de division existant comme une forme normale et faible de communion, d'avaliser l'actuel état de " communauté " dans des termes de " communion imparfaite (en progression) ", de " multiplicité mesurée ".

Le mouvement oecuménique contemporain est en état de crise. La cause en est l'affaiblissement de l'aspiration à l'unité, la baisse de la détermination et de la volonté nécessaires à la " conversion ", au renouvellement catholique. C'est précisément cela qui pousse au premier chef l'Église orthodoxe russe à reconsidérer son attitude à l'égard du Conseil oecuménique des Églises. Les tendances négatives apparues dans le COE ont pour résultat que l'Église orthodoxe russe se trouve dans la nécessité de se tenir prête à changer sa position à l'égard du COE. Au reste, une telle décision, ne doit pas être prise tant que n'auront pas été épuisés tous les moyens pour modifier le caractère du COE."

Et il faut rappeler que depuis 2003 l'Eglise russe a déjà cessé de dialoguer avec certaines communautés protestantes en raison de leurs déviations croissantes de la Foi chrétienne.

13.Posté par Vladimir G: Bravo Justine! le 15/08/2017 22:48
Merci Justine!

Vous reprenez le document dont je parle depuis le début et qui, comme expliqué dans mon commentaire 4, est repris in extenso dans le ch 6 du projet de nouveau catéchisme (сf. http://www.patriarchia.ru/db/text/4966631.html).

Comme vous pouvez le constater dans l'article de "La Ctoix", Malo Tresca ne l’interprète pas tout à fait comme vous... :)

14.Posté par Affeninsel le 16/08/2017 16:26
Comment, donc, réconcilier ceci aux récentes déclarations d'un hiérarque de l'importance de Mgr Hilarion de Volokolamsk, qui disait que l'Eglise orthodoxe reconnait explicitement la validité des sacrements en dehors d'elle-même ?

15.Posté par justine le 16/08/2017 20:24
Post 14: L'Eglise Orthodoxe n'a jamais reconnu la validité des sacrements en dehors d'elle-meme et ne le fera jamais, car étant elle-même la source des sacrements, il est inconcevable qu'il existe des sacrements valables en-dehors d'elle. Ceux qui affirment une telle reconnaissance, ce ne sont pas les Saints Pères ni les Saints Conciles, mais les écuménistes qui ne représentent pas l'Eglise, mais uniquement leur hérésie.
Voir p. ex. le tome 4 de la Dogmatique de St Justin de Tselije, consacré à l'ecclésiologie, où est rassemblé l'enseignement de l'Église sur elle-meme au long des ages.

16.Posté par Louis le 17/08/2017 20:28
@ Justine
Merci à la courageuse et irréprochable Justine que rien ne peut pas atteindre et qui a toute latitude pour défendre la vérité.

@ Eûcuménisme
Le Messager Diocésain (diocèse rue Daru) a publié à la fin du XX°s. un article écrit pas un éminent homme d’église adepte de l’eûcuménisme,
qui préconise que nos offices soient remaniés, raccourcis, simplifiés et les « répétitions supprimées ».
Il est bien concevable que leur richesse, leur profondeur osons dire leur perfection, peuvent déranger des eûcuménistes patentés.

L’eûcuménisme finit toujours par susciter une demande d’uniformité, de nivellement, une sorte de lit de Procuste du christianisme. Demandons juste le contraire.
À savoir que l’on ne commette jamais l’impensable : que l’on ne touche jamais à un iota de nos offices et que nous les transmettions tous intacts tels que nous les avons reçus.

17.Posté par Vladimir G: L'attitude de l'Eglise orthodoxe face à l'Eglise catholique et à ses sacrements le 17/08/2017 22:34
L'attitude de l'Eglise orthodoxe face à l'Eglise catholique et à ses sacrements a été brillamment exposée dans une conférence données le 1 novembre 2010 par le métropolite de Volokolamsk, Hilarion à l'Académie théologique de Moscou. J'en ai traduit cette partie qui a été mise en ligne sur http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/L-attitude-de-l-Eglise-orthodoxe-face-a-l-Eglise-catholique-et-a-ses-sacrements_a5128.html

18.Posté par Manolis le 18/08/2017 11:09
Justine fait valoir que l'église orthodoxe est la source des sacrements.

Naïvement, je croyais que la source des Saints Mystères, c'est le Saint-Esprit ....

19.Posté par Tchetnik le 18/08/2017 21:55
@Manolis

Les sacrements sont bien réalisés par une église, ils n'apparaissent pas ex-nihilo. Même si Dieu peut tout, y compris manifester Sa Grâce là où elle n'est pas attendue, l'Eglise reste quand même la voie ordinaire pour que cette Grâce se manifeste, vu qu'elle est l'instrument terrestre de l'œuvre de Salut.

20.Posté par justine le 20/08/2017 16:17
A Manolis post 18: Ce n'est pas moi qui fait valoir que l'Eglise (orthodoxe s'entend) est la source des sacrements. Tel est en effet l'enseignement de l'Eglise elle-même. Référez-vous à ses grands théologiens que sont les Saints Apôtres Paul et Jean et les Saints Pères dans leur suite jusqu'à nos jours. Car l'Église, c'est le Christ Lui-même, étendu a travers les âges. Il est la Tête de l'Eglise, et l'Eglise est Son Corps. "Elle est le plérôme de Celui Qui remplit tout en tout" (Eph 1,23). "Lui, le Dieu--Homme, le Seigneur Jésus Christ, EST l'Eglise, Il est en vérité le grand et tout-saint Mystère, en Lequel et par lequel prennent naissance tous les saints Mystères, a commencer par le saint Mystère du Baptême." (St Justin de Celije, The Orthodox Church and ecumenism, Lazarica Press, Birmingham 2000, p. 65).

Et plus loin: "En-dehors de cet universel Mystère théandrique de l'Église, de ce Mystère suprême, il n'y a pas et ne saurait y avoir de "mystères" et donc une "inter-communion" dans les mystères. Seulement dans l'Eglise il peut y avoir des mystères. Car l'Eglise Orthodoxe, en tant que Corps du Christ, est à la fois la source et le critère des mystères, jamais l'inverse. Les mystères ne peuvent être élevés au-dessus de l'Église et examinés en-dehors du Corps de l'Eglise. Pour cette raison, selon l'ecclésiologie Orthodoxe et conformément à toute la Tradition Orthodoxe, l'Église Orthodoxe ne reconnaît pas de mystères en-dehors d'elle-même, ni ne les considère comme des mystères." (ibid. p.157)

C'est dans le Saint Esprit que les Apôtres et les Saints Pères enseignent ce qu'ils enseignent, car c'est le Saint Esprit qui conduit l'Eglise, du début à la fin, conformément à la promesse du Seigneur: "Il vous enseignera toute chose" (Jn 14,26) et, étant l'Esprit de Vérité, Il "vous conduira dans toute la Vérité" (Jn 16,13).

La théologie des Saints Apôtres et des Saints Pères est très précise, leur pensée, illuminée par le Saint Esprit, est cristalline, mais de nos jours bien des esprits sont obscurcis et confondus par la déviation écuméniste, et ainsi, même quand on lit tous les jours les paroles de l'Evangile et des Apôtres, leur message se heurte à ce mur de ténèbres.

21.Posté par père Joachim le 21/08/2017 00:49
Arrêtons ! Les mystères ou sacrement viennent directement ou découle de l'enseignement de Notre Seigneur. Leur expression est Néo Testamentaire. Ils sont le prolongement de l'action thérapeutique de Notre seul Maitre et Seigneur.
Chaque Sacrement découle du Sacrement Central: la Divine Eucharistie, et nous y fait remonter.

Manolis doit être approuvé quand il souligne la dimension Pentecostale du Sacrement - car dans l'église c'est l'Esprit Saint qui opère au Nom du Christ, seul Prêtre;
et qui d'autre ? puisque notre sacerdoce n offre pas à ses détenteurs des pouvoirs "magico-religieux". Rien d'autre, je dirais que le sacrement Royal des Fidèles '(l'initiation baptismale) avec l'appel éclairé de l'Episcope, encore une épiclèse sacramentelle et l'acclamation ecclésiale tout aussi éclairé de l'AXIOS des fidèles.


D'autre part il faut voir d'un très mauvais œil tout une théologie PRÉSUMÉE orthodoxe qui se réfère au Saint de Tchélié ou de la Sainte Montagne et se bâti par l'utilisation ABUSIVE de citations bibliques digne du pire des lavage de cerveaux, utilisé dans des sectes, avec pour seul objectif le simple rejet de doctrines, que la Crêtes à défini pudiquement d hétérodoxes, les plaçant ainsi à une distance suffisante des limites à ne pas franchir.

22.Posté par Tchetnik le 21/08/2017 10:10
"Les mystères ou sacrement viennent directement ou découle de l'enseignement de Notre Seigneur. Leur expression est Néo Testamentaire"

-Tout à fait, tout comme l'Eglise, d'ailleurs.

Difficile d'appeler ensuite "théologie présumée", une vision des choses qui fut affirmée dans l'Eglise depuis Saint Paul jusqu'à Saint Justin Popovic, en passant par Saint Marc d'Ephèse...

23.Posté par justine le 21/08/2017 17:55
Post 21: Votre commentaire au sujet du "Saint de Tchelije ou de la Sainte Montagne" est un blasphème contre le Saint Esprit et indigne d'un chrétien orthodoxe.

24.Posté par père Joachim le 21/08/2017 19:13
Penser que l'on garde une foi paulinienne comme l'a fait le Saint Chrysostome et ignorer le CONSENSUS PATRUM en focalisant sa pensée (telle qu'elle s'exprime tout au moins sur PO) sur certains penseurs chrétiens du moment me parait TRÈS REDUCTEUR de la FOI ORTHODOXE.

Ne rentrent t'on pas au 21éme. à nouveau dans un piège néo-augustinien ?

En focalisant toute une pensée pseudo théologique sur le simple rejet de doctrines hétérodoxes c'est la foi de l'église qu on tente de réduire pour mieux l'étrangler- comme il a été fait malencontreusement par le Concile de Trente, qui nous offre le catholicisme tel que nous le fréquentons aujourd'hui.

Nos évêques devraient se pencher rapidement avec amour et sollicitude sur la peine d'anciens catholiques en situation de douleur et de détresse vis à vis de l'église qu'ils ont crue bon de quitter tout comme ceux moins nombreux qui entretiennent une forme servile de repentance nostalgique ...

Ces attitudes normales que nos évêques doivent soigner alourdissent l'épanouissement de la foi Une, car l'Esprit Parle "encore"aux Églises (même en français) en un souffle renouvelé pour un monde nouveau.

25.Posté par Tchetnik le 21/08/2017 21:13
Personne ne réduit la foi, les enseignements et idéaux de l'Eglise uniquement au "rejet des doctrines hétérodoxes".
Cependant, sans se définir négativement par rapport à d'autres, il s'agit d'un combat qui fait partie de la vie de l'Eglise et qui importe dans la préservation de son message et de ses idéaux.

Combat qu'il s'agit ensuite de mener avec intelligence, discernement et bienveillance, dans une attitude de charité qui consiste entre autres à savoir reconnaître chez les fidèles desdites doctrines, l'authenticité de leurs efforts spirituels comme la droiture de leurs vies comme de leur foi.
Simplement la miséricorde et le respect envers les Hommes ne doit pas faire oublier la réalité de l'Eglise, ses exigences et la fidélité que nous lui devons.

26.Posté par père Joachim le 21/08/2017 23:40
Personne ne vous concède l'exclusivité et l'autorité de gérer la pensée de Saint Justin en réduisant ses dires et écrits en des slogans pourfendeurs.
Et pas plus de l'instrumentaliser dans un délire de la pensée qui fait craindre un simple cas clinique!

Ses fils spirituels dont le Métropolite du Monténégro qui furent mes premiers maitres, seraient très surpris d'entendre vos condamnations grotesques mais sans appel que ne justifie que votre ego surdimensionné.

D’ailleurs vous ne m'interessez pas le moins du monde n'étant intervenu que pour soutenir et encourager l’honnêteté et la bonne volonté intellectuelle de 18

A regret je vous dis que vous alignez "la foi de nos Pères" (et Mères) dans un système de pensée glauque et passionnel.
Cette dernière intervention de ma part ne repose que sur un appel à la défiance de mes coreligionnaires orthodoxes de France afin qu'ils n'aient que rires, mépris et circonspection pour vos longs bla bla délirant qui sont bien pire que de l'HETERODOXIE stigmatisée en Crêtes..

27.Posté par Tchetnik le 22/08/2017 10:39
Mais personne ne vous en concède l'exclusivité non plus et ne vous autorise à commencer à lancer des imprécations contre les intervenants ici, Père Joachim.

Un peu étrange de donner des leçons de "pensée dépassionnée", d'"humilité" et tout le colis pour ensuite rédiger des messages malveillants, cela jette un doute sur la validité de l'entreprise, comme dirait l'autre. un peu de flegme, voyons, voir un prêtre - ou prétendu tel - qui se comporte comme un gangster de Chicago, ça fait "peu professionnel" comme dirait Vladimir Vladimirovitch. :-)

Justine dit, souvent avec talent, parfois avec maladresse, des choses qui non seulement correspondent bien à ce qui a été vécu depuis toujours dans l'Eglise, mais qui sont au demeurant logiques. Ce au nom d'un principe très simple qui est celui de non-contradiction.
Si vous pensez qu'elle va trop loin dans ses thèses, apportez donc une contre argumentation, ce qui est en effet parfois possible, mais ne vous lancez pas dans des accusations d'"égo surdimensionnées" qui comme celles de "fasciste" ou de "raciste" dans d'autres domaines, ne prouvent strictement rien en dehors de la faiblesse de l'accusateur...

28.Posté par Parlons d'orthodoxie le 22/08/2017 15:03
Les modérateurs exhortent les auteurs des commentaires à se montrer plus modérés et à cesser de croire que P.O. = place du Marché.

Nous allons dorénavant ne pas mettre en ligne les épithètes forts et les injures ad hominem et autres. D'avance merci,
P.O.

29.Posté par Marie Genko le 22/08/2017 21:26
Je suis convaincue que tous les chrétiens souhaitent revenir à l'Unité première de la chrétienté.
Cela est une évidence!
Merci à Justine de nous rappeler en détail les règles de la démarche qui devrait être la nôtre.
Pour ma part je suis convaincue que nous devons accepter d'être mis en garde contre les dangers de l'hétérodoxie, car une Vérité entachée de mensonge, non seulement n'est plus une Vérité, mais elle devient un piège pour le Salut de nos âmes.
Le syncrétisme est inacceptable.
Mais cela ne doit pas nous empêcher d'aimer ceux qui n'ont pas la chance d'appartenir à l'Eglise orthodoxe.
Pourquoi ne devrions nous pas les aimer et témoigner devant eux la plénitude de notre Orthodoxie ?
Leur chemin vers le Ciel est infiniment plus difficile que le nôtre, et en cela, si leur cœur est pur et trouve grâce devant Dieu, il me semble qu'ils n'en ont que davantage de mérite.

30.Posté par Vladimir G: St Justin et l'œcuménisme orthodoxe le 23/08/2017 22:36
Bénissez cher père Joachim!

Merci de vos interventions, toujours très justes et pondérées face aux excès frisant l'insulte: c'est la seule manière accessible aux tenants de la "subculture normative", comme dit si bien le Père Pierre Mechtcherinov, pour imposer leur point de vue exclusiviste et intolérant. Votre grande culture théologique et la grâce du sacerdoce vous donnent évidemment dans ce débat un poids insupportable pour les tenants de cette subculture qui en sont réduits aux imprécations et attaques ad hominem... Heureusement que vous donnez l'exemple de l'humilité chrétienne en refusant de céder à ces provocations...

J'avais écrit un petit article sur "LES DIVISIONS ORTHODOXES SUR L'ŒCUMÉNISME*" dans lequel je montrais les différences d'approche de St Nicolas d'Ohride et St Justin à la suite du Dr Julija Vidovic. L’opposition à œcuménisme de St Justin était toute relative en comparaison de ce que lui font dire les "zélotes" qui se sont emparés de ses écrits pour en faire leur porte drapeau.

Si St Justin est bien opposé au dialogue institutionnalisé (COE essentiellement) "c'est surtout qu'il identifie dans ses écrits le dialogue œcuménique avec les tendances humanistes sous tendant la démarche vers l'unité des Chrétiens de l'Église catholique romaine et des Protestants," écrit le Dr Vidovic. Le père Justin qualifie ce processus là de "pan-hérésie" et lui oppose le concept d'un "œcuménisme orthodoxe" qui est spécialement développé dans ses "Notes sur l'œcuménisme" (rédigées en 1972 mais publiées en 2010, Bishop Athanasius (Yevtic), “Introduction”, in St. Justin Popovic, "Записи о екуменизму", Манастир Твдош, 2010) où "il invoque l'aide de l'expérience attestée des Écritures et la Tradition vivante préservée dans l'Église du Christ"(dito).

* http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/LES-DIVISIONS-ORTHODOXES-SUR-L-OECUMENISME_a4530.html

31.Posté par Gueorguy le 24/08/2017 15:02
Le journal La Croix nous avait ôté, ces derniers temps, le loisir de lire de bons papiers, en tout cas dès que le sujet abordé avait un rapport avec l'orthodoxie.

L'article, dont le lien est proposé ci-dessous, s'écarte de cette tendance malencontreuse pour nous proposer un exposé concis et sérieux de la situation des relations entre catholiques et orthodoxes. Peut-être, l'investigation remplace le sensationnel sous cette nouvelle plume. Cela mérite d'être partagé.

32.Posté par Marie Genko le 24/08/2017 16:25
@Gueorguy post 31,

Pourriez-vous avoir la bonté de copier coller l'article SVP.
je ne peux en lire que les premières lignes sur le lien qui vous nous donnez.

Merci!

33.Posté par justine le 24/08/2017 21:33
Concernant l'article de La Croix auquel renvoie Gueorguy (article qui pourrait être plus investigatif!!) , il est utile de rappeler que le filioque, contrairement à ce que prétend Michel Stavrou, est une des différences dogmatiques majeures, touchant au dogme trinitaire, raison pour laquelle il a été condamné par toute une série de conciles orthodoxes et notamment par celui de Constantinople de 879-80, considéré par beaucoup comme le 8e Ecuménique, auquel participaient - pour la dernière fois - des représentants du pape. Malgre cette condamnation unanime du filioque, le pape Sergius en 1009 introduisit officiellement le filioque dans le crédo latin, sur quoi son nom fut rayé des diptyques de Constantinople par décision conciliaire.

En tout, 16 Conciles orthodoxes ont condamné les déviations et hérésies latines y compris le filioque:
Outre les deux déjà mentionnés, les Conciles de Constantinople de 1054, 1341, 1347, 1351, 1440, 1450, 1484, 1722, 1727, 1838, 1848, 1895, et en outre celui de Moscou de 1441 et celui de Jerusalem de 1443.

34.Posté par Vladimir G: pour Marie Genko le 24/08/2017 22:47
Ce qui sépare encore catholiques et orthodoxes
Baptiste Protais, le 23/08/2017

En visite à Moscou, le cardinal Parolin a rencontré, mardi 22 août, à Moscou le patriarche de l’Église orthodoxe russe Kirill, qui a salué « une nouvelle étape dans les relations entre nos deux Églises. »

Le patriarche russe Kirill de Moscou et le « numéro deux » du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, ont loué mardi 22 août une « nouvelle étape » dans les relations entre les Églises catholique et orthodoxe russe, prônant le renforcement de leur coopération. Rappelant la rencontre du patriarche et du pape en février 2016 à Cuba, le secrétaire d’État du Saint-Siège, reçu pour son premier voyage à Moscou par le patriarche, a affirmé qu’elle « a donné une nouvelle impulsion à nos relations ».

« Tout le monde demande maintenant: qu’en sera-t-il après ? Mais je réponds d’habitude que l’une des vertus chrétiennes est la patience. La patience d’attendre que d’autres mesures importantes soient prêtes » à être prises, a-t-il souligné, d’après des propos traduits en russe.

La séparation entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe remonte au grand schisme d’Orient en 1054 et marque autant, si ce n’est davantage, la rivalité politique entre deux aires culturelles que de profondes différences théologiques entre les deux confessions.

Des deux Empires aux deux Églises

En 395, l’Empire romain est définitivement séparé entre l’Empire romain d’Occident, dont Rome est la capitale, et l’Empire romain d’Orient, autour de Constantinople. L’évolution des deux empires est très différente : alors que l’Empire d’Occident éclate à la chute de Rome en 476, une civilisation splendide se développe dans l’Empire d’Orient. Face à la montée en puissance de Constantinople, Rome affaiblie cherche des appuis parmi les princes barbares et n’hésite plus à mêler le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel pour s’imposer face à Constantinople. L’opposition entre Rome et Constantinople définit donc deux systèmes d’Église et deux rapports au pouvoir qui s’accentueront après le schisme : le pouvoir romain est pyramidal, alors que la conception orientale du pouvoir est plus collégiale.

Pendant ce temps, les différences théologiques s’accumulent : après la querelle de l’iconoclasme au VIIIe siècle, la grande querelle du XIe siècle est celle du Filioque. Elle pose la question de la hiérarchie entre les trois personnes de la Trinité : alors que, dans les premiers conciles, le dogme chrétien était centré sur un Dieu trinitaire, l’Occident renforce le rôle de Jésus pour lutter contre l’arianisme : Charlemagne, allié de Rome, fait ainsi rajouter, dans le Credo, que « l’Esprit Saint procède du Père et du fils [en latin : filioque] » et Rome entérine ce changement au XIe siècle.

En 1054, l’échange d’anathèmes entre les légats du pape et les évêques orientaux provoque une rupture définitive dans l’Église : désormais, l’une prend le nom d’Église catholique romaine et l’autre, celui d’Église orthodoxe. Différents événements aggraveront la séparation, comme le sac de Constantinople lors de la quatrième croisade en 1204 et le remplacement du Patriarcat grec-orthodoxe de Constantinople par un Patriarcat latin.

Quelles différences théologiques persistent entre les deux confessions?

Depuis une cinquantaine d’années, le dialogue s’est installé entre orthodoxes et catholiques et il avance aujourd’hui grâce aux travaux de la commission mixte pour le dialogue théologique officiel entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes mise en place en 1980 : elle a produit de nombreuses déclarations communes, dont la première et la plus fondamentale est celle de Munich en juillet 1982.

Il y a aujourd’hui peu de divergences de fond entre les deux confessions : pour Michel Stavrou, professeur de théologie à l’Institut orthodoxe Saint-Serge et membre du comité mixte de dialogue théologique catholique-orthodoxe en France, « le principal contentieux entre catholiques et orthodoxes est ecclésiologique. » Le Filioque n’est plus facteur de division depuis qu’il est possible de réciter deux formes de profession de foi au cours de la messe catholique (le Symbole de Nicée Constantinople, auquel Charlemagne avait rajouté le Filioque, ou le Symbole des Apôtres) et le dogme de l’Immaculée Conception de Marie, bien qu’il ne soit reconnu que par les catholiques, est «un problème relativement périphérique.»

Pour Michel Stavrou, cette différence ecclésiologique renvoie aux deux conceptions du pouvoir qui se sont installées au Moyen Âge : l’Église catholique romaine est devenue de plus en plus centralisée, alors que l’Église orthodoxe s’est organisée en patriarcats (il y en avait quatre à l’origine, et il y en a quatorze aujourd’hui, dont le principal est celui de Russie). De là procèdent deux visions de la communion, explique le théologien: « une communion dans la différence » en Orient, et une «communion apostolique » en Occident, fondée sur la filiation romaine avec l’apôtre Pierre.

En dialoguant, les Églises catholique et orthodoxe cherchent « un équilibre entre primauté et conciliarité », continue Michel Stavrou : l’Église catholique a longtemps fonctionné de façon verticale, et ce mode de fonctionnement a été couronné par la proclamation du dogme de l’infaillibilité pontificale en 1870, alors que les Églises orthodoxes ont, dès le début, pris l’habitude de se réunir en synode pour prendre des décisions. Deux Églises « finalement assez complémentaires », selon Michel Stavrou.

35.Posté par Daniel le 25/08/2017 06:18
Michel Stavrou étant oecuméniste (sauce saint Serge), il minimise les aspects dogmatiques, attitude classique des oecuménistes depuis des lustres.

36.Posté par justine le 25/08/2017 07:55
A Vladimir: L'article "Ce qui sépare encore catholiques et orthodoxes" par Baptiste Protais publié par La Croix reflète uniquement le point de vue catholique et ni celui de l'Eglise de Russie et de l'Eglise Orthodoxe dans son plérôme. Il n'est pas honnête de toujours présenter des opinions particulières, en l'occurrence celle des écuménistes, comme la position de la Sainte Eglise. Une telle tactique s'appelle propagande et manipulation des opinions, et non pas information.

Pourquoi en effet présenter sur ce forum "Parlons d'Orthodoxie" sans cesse des articles d'un journal hétérodoxe quand vous avez des textes orthodoxes en francais, notamment, en l'occurrence, ceux du Patriarcat de Moscou lui-même rendant compte de cette visite de M. Parolin dans une perspective orthodoxe?

Dans le communiqué du Patriarcat de Moscou il n'est aucune question de cette prétendue absence de différences dogmatiques majeures ou de cette prétendue cause essentiellement politique et non dogmatique du grand schisme. Le communiqué russe simplement loue le geste de bienveillance qui a permis aux fidèles russes de vénérer les reliques de St Nicolas, témoin d'un progrès dans les relations Russie-Vatican depuis la Havane, souligne l'importance de protéger les chrétiens persécutés au Moyen-Orient et exhorte le Vatican à réduire les immixtions des uniates ukrainiens dans les affaires de l'Eglise Orthodoxe d'Ukraine.

37.Posté par Marie Genko le 25/08/2017 10:39
Un immense Merci à Vladimir pour le copié de l'article en question.

Je pense comme Justine que lire trop souvent le point de vue des Catholiques peut finir par infléchir notre vision orthodoxe.

Par ailleurs l'article de Batiste Protais nous induit dans une première erreur.
D'après le professeur Steven Runciman (de l'université de Cambridge ) le schisme n'a pas été consommé en 1054.
Les querelles entre les théologiens et les prélats n'atteignant pas vraiment les fidèles, les orientaux ont continué à venir communier dans les églises latines et réciproquement jusqu'au sac de Constantinople.
Sac de Constantinople, qui a définitivement rompu le lien ténu de la communion, qui existait toujours entre l'Orient et l'Occident.
Batiste Protais se garde bien d'écrire que l'ajout du filioque au symbole de Foi introduit une notion de hiérarchie inacceptable dans la compréhension orthodoxe de la Sainte Trinité.

Je crois aussi me souvenir que c'est sous l'impulsion de certains papes germaniques que Rome a voulu instaurer une première forme de mondialisme religieux en imposant le Latin à tous les peuples soumis une obédience centralisée à Rome.

L'Esprit Saint a préservé les Orthodoxes de cette monumentale erreur en leur permettant au contraire de d'incarner la culture et l'originalité propre des différents peuples orthodoxes dans le rite de chacune de leur nation.

38.Posté par Vladimir G: le développement des relations entre nos Églises le 25/08/2017 11:09
Merci, bien chère Justine, de souligner ce communiqué du patriarcat de Moscou, dans lequel le patriarche constate « avec une grande satisfaction le développement des relations entre nos Églises ... une nouvelle étape a effectivement commencé dans nos relations, avec des évènements de grande importance, qui ont été possibles parce qu’à La Havane nous avons mis d’accord nos positions sur de nombreux problèmes d’actualité. Cette communauté de positions nous permet de bâtir des plans et de leur donner un contenu réel. » Et pour "le plus important des évènements qui ont suivi la rencontre, selon le patriarche Cyrille, la translation des reliques de saint Nicolas d’Italie en Russie, le patriarche souligne que «ni la diplomatie ecclésiastique, ni la diplomatie gouvernementale n’étaient capables de faire autant pour le développement des relations entre le monde catholique et le monde orthodoxe que ce qu’a fait saint Nicolas,"... il parle "de la tradition vivante du premier millénaire. Une relique commune à l’Orient et à l’Occident, ... C’est une conséquence spirituelle de la rencontre de La Havane... »

Mais je veux aussi souligner que chacun est libre de proposer des commentaires sur PO.

39.Posté par Affeninsel le 25/08/2017 22:01
La question de la langue latine est plus compliquée que ce que dit Marie Genko en 37 : tout simplement, très longtemps, l'immense majorité des territoires plus ou moins rattachés à Rome était latinophone (au Moyen-Âge, le coeur de l'Europe peuplée, c'est la France) : la mission au sud de l'Angleterre est bien antérieure aux influences délétères du monde germanique sur l'Eglise, et elle s'effectue déjà en latin.

Concernant les causes de l'anathème et de l'absence d'unité (ou de la prétendue absence d'unité, puisque l'Eglise est une de toute façon, qui que soient ses membres), on voit bien que, lorsque le filioque n'était qu'un discours théologique, malgré la forte hostilité de certains courants à Constantinople, l'unité était encore possible ; c'est lorsque la formule a été ajoutée officiellement au credo que l'anathème est tombé. On pouvait, notamment avec saint Maxime le Confesseur, trouver des manières de préciser (encore que point trop n'en faut) la question des relations intratrinitaires : changer le credo d'une formule aussi vague celle-ci, c'en est beaucoup trop.

D'ailleurs, avec cette innovation, il y en a d'autres, plus discrètes. Une grande partie des oraisons de la messe romaine s'achève par "qui tecum vivit et regnat in unitate spiritus sancti Deus" : l'Esprit Saint ramené à une sorte de rôle, de fonction de la vie trinitaire, comme si on ouvrait le capot d'une machine pour voir comment elle fonctionne. C'est bien plus que l'amendement (malheureusement très improbable) du credo qu'il faudrait pour que l'église romaine rejoigne l’Église orthodoxe.

40.Posté par Vladimir G: deux Églises « finalement assez complémentaires » le 26/08/2017 11:05
Comme Gueorguy je pense que l'article de Baptiste Protais est un exposé concis et sérieux de la situation des relations entre catholiques et orthodoxes. Il s'adresse au lectorat de "La Croix", majoritairement des Catholiques très peu informés sur l'Orthodoxie: il fait ainsi œuvre utile en leur donnant l'essentiel.

1054 marque bien le divorce officiel, d'autant plus important qu'il a été tout aussi officiellement effacé par la levée des anathèmes réciproques (1965) par les successeurs de ceux qui les avaient fulminés; il est dommage que l'article ne le mentionne pas... En revanche il n'oublie pas 1204 et les autres événements qui aggravèrent la séparation, même si elle ne fut jamais totale comme le prouve le concile commun de Florence-Ferrare que les Orthodoxes rejetèrent à postériori...

Michel Stavrou remet bien les divergences dogmatiques en perspective: le filioque n'intéresse pas les croyants - les Orthodoxes ne la connaissent évidement pas et les Catholiques ne s'y réfèrent plus (c'est le Credo sans filioque qui est prononcé à toutes les messes auxquelles j'ai assisté ces 50 dernières années), et l’Immaculée Conception est réellement «un problème relativement périphérique» au point que bien des Catholiques ne savent pas de quoi il s'agit et me parlent de la conception du Christ ! (sic.) C'est donc bien l'organisation ecclésiologique et le pouvoir du pape qui fait problème comme le montrent d'ailleurs les discussions de la "Commission mixte internationale pour le dialogue théologique".

L'article ne met toutefois pas en évidence la volteface de Rome à Vatican II: l'église catholique ne considère plus les Orthodoxes comme schismatiques et anathèmes, mais comme "Églises sœurs." Il est dommage qu'une partie des Orthodoxes n'aient pas pris la mesure de cet aggiornamento et restent toujours sur un schéma d'hostilité dépassé.

La conclusion sur les deux Églises « finalement assez complémentaires » ouvre évidement une perspective optimiste et on peut espérer que plus il y aura de connaissance mutuelle plus cette "complémentarité" apparaitra évidente et indispensable. Il reste à souhaiter qu'il y ait beaucoup d'articles comme celui là des deux côtés et à prier pour que cette convergence se concrétise, car ce qui est impossible aux humains est possible à Dieu.

41.Posté par Marie Genko le 26/08/2017 11:59
@Affeninsel,

Vous avez raison de souligner qu'au Moyen Age tous les territoires canoniques de l'évêque de Rome célébraient en Latin.
Mais les autres patriarcats priaient en langue locale:
le Grec à Constantinople, l'Arabe à Antioche etc.
Si ma mémoire ne me fait pas défaut, Saint Cyrille et Saint Méthode ont été accueillis et fêtés à Rome pour avoir évangélisé les peuples slaves dans leur langue propre au 8ème siècle.
Que les héritiers de l'empire romain d'Occident, sur le territoire canonique de Rome, prient en Latin durant plusieurs siècles cela est une l'évidence.
Peut-être pouvez-vous nous préciser quand exactement le Latin s'est imposé comme langue d'Eglise par la papauté romaine à l'ensemble des catholiques au dépend des langues locales (au moment des croisades?)
Je suppose que cela a été malgré tout un phénomène progressif ?

42.Posté par Vladimir G: deux Églises « finalement assez complémentaires » le 26/08/2017 16:23
"Toutes les Françaises sont rousses"...

Ce débat montre que la plupart des participants jugent la Géorgie à travers le cercle, forcement restreint, de leurs relations. Sans parler de la barrière linguistique - tous les Géorgiens parlent encore russe, même si l'anglais progresse chez les jeunes... Vous fréquentez donc essentiellement des Géorgiens pro-occidentaux. Cela n'a rien de surprenant puisque qu'ils représentent environ 1/3 de l'opinion publique (le MNU, ouvertement pro-occidental et proche de Saakashvili a recueilli 27,11 % aux élections législatives d'octobre 2016...) et ce sont évidement eux qu'on voit le plus à l'étranger et avec des étrangers. Mais le "Rêve géorgien" de Bidzina Ivanichvili, qui prône des "relations apaisées" avec la Russie, avait obtenu 48,68 % des suffrages ...

Régis Genté analyse lui le détail des différentes tendances dans l'Église et les élections successives (celle d'octobre 2016 étant la dernière en date) montrent que la société est partagée comme l'Église ...

Mais il est dommage que le rôle de l'Église russe soit oublié par nos commentateurs comme par le journaliste; elle maintient pourtant les frontières canoniques de la Géorgie malgré les modifications politiques et cela renforce évidement la position de l'Église orthodoxe dans la société géorgienne en montrant qu'en Russie aussi la Géorgie est respectée...


Comme Gueorguy je pense que l'article de Baptiste Protais est un exposé concis et sérieux de la situation des relations entre catholiques et orthodoxes. Il s'adresse au lectorat de "La Croix", majoritairement des Catholiques très peu informés sur l'Orthodoxie: il fait ainsi œuvre utile en leur donnant l'essentiel. (Pour les Orthodoxes, un texte de 2009 deu metropolite de Volokolamsk Hilarion me semble faire un point assez détaillé: http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Le-grand-schisme-entre-l-Orient-et-l-Occident-point-de-vue-orthodoxe_a3796.html)

1054 marque bien le divorce officiel, d'autant plus important qu'il a été tout aussi officiellement effacé par la levée des anathèmes réciproques (1965) par les successeurs de ceux qui les avaient fulminés; il est dommage que l'article ne le mentionne pas... En revanche il n'oublie pas 1204 et les autres événements qui aggravèrent la séparation, même si elle ne fut jamais totale comme le prouve le concile commun de Florence-Ferrare que les Orthodoxes rejetèrent à postériori...

Michel Stavrou remet bien les divergences dogmatiques en perspective: le filioque n'intéresse pas les croyants - les Orthodoxes ne le connaissent évidement pas et les Catholiques ne s'y réfèrent plus (c'est le Credo sans filioque qui est prononcé à toutes les messes auxquelles j'ai assisté ces 50 dernières années), et l’Immaculée Conception est réellement «un problème relativement périphérique» au point que bien des Catholiques ne savent pas de quoi il s'agit et me parlent de la conception du Christ ! (sic.) C'est donc bien l'organisation ecclésiologique et le pouvoir du pape qui fait problème comme le montrent d'ailleurs les discussions de la "Commission mixte internationale pour le dialogue théologique".

L'article ne met toutefois pas en évidence la volteface de Rome à Vatican II: l'église catholique ne considère plus les Orthodoxes comme schismatiques et anathèmes, mais comme "Églises sœurs." Il est dommage qu'une partie des Orthodoxes n'aient pas pris la mesure de cet aggiornamento et restent toujours sur un schéma d'hostilité dépassé.

La conclusion sur les deux Églises « finalement assez complémentaires » ouvre évidement une perspective optimiste et on peut espérer que plus il y aura de connaissance mutuelle plus cette "complémentarité" apparaitra évidente et indispensable. Il reste à souhaiter qu'il y ait beaucoup d'articles comme celui là des deux côtés et à prier pour que cette convergence se concrétise, car ce qui est impossible aux humains est possible à Dieu.

43.Posté par Affeninsel le 26/08/2017 21:46
@Marie : au contraire, lors de leur mission, Cyrille et Méthode furent plusieurs fois en butte à l'opposition de papes qui prônaient le trilinguisme dans l'Eglise. Ils s'opposaient à ce qu'une langue autre que les trois écrites sur l'écriteau de la Croix soit utilisée pour le culte divin (oubliant par-là que les Géorgiens le faisaient depuis belle lurette, et qu'Arméniens et Ethiopiens le faisaient avant de tomber dans l'hérésie).

Encore une fois, cela vient principalement du fait que les territoires historiquement rattachés à Rome (Italie et France, plus tard l'Espagne, et l'ouest de l'Afrique du Nord) sont tous de langue latine. Là où Antioche évangélise rapidement des territoires avec une identité déjà marquée et différente de l'empire romain (Arménie, Géorgie...) l'évangélisation depuis Rome se fait très lentement dans les territoires non-latinophones, essentiellement germaniques : la question, d'une certaine manière. En Angleterre comme en Allemagne, il faudra attendre bien longtemps avant qu'une langue unifiée apparaisse qui puisse servir d'outil commun : le latin s'impose comme une évidence, la prédication (en tout cas en Angleterre, ce que je connais le mieux) se fait en langue locale.

Tout cela a donc lieu bien avant les croisades. Je sais qu'il existe un office bénédictin traduit en vieil anglais, mais pas nécessairement pour un usage liturgique : cela montre bien à quel point l'usage du latin est accepté de facto. Il faut dire une dernière chose, qui a son importance, même si cela en fera hurler certains : la liturgie, latine comme occidentale (c'est-à-dire les rites non-romains, peut-être issus de l'Eglise d'Ephèse), est bien moins riche et instructive dans son contenu que la liturgie byzantine ne commence à le devenir à partir du VIe siècle.

La prédication peut donc assez efficacement remplacer la liturgie elle-même comme outil d'instruction et de révélation de la plénitude de la foi (ce qui est encore valable aujourd'hui, alors que des tradis continuent de considérer qu'on ne gagne rien à traduire la messe en langues locales), la liturgie reste un pur sacrement formel (ce qui n'est pas non plus sans lien avec les évolutions ultérieures du monde latin) qu'il est préférable d'effectuer dans une langue "sacrée" et bien établie. Ce sont quelques éléments, j'espère qu'ils vous sembleront pertinents.

@Vladimir : ayez au moins le respect de ne pas ignorer les arguments qui vous sont opposés. J'ai bien précisé que je parlais de géorgiens libéraux comme conservateurs : les écoles enseignent de moins en moins le russe, de plus en plus l'anglais. C'est quelqu'un qui y va et qui parle sans cesse avec des gens de là-bas qui vous le dit, que vous faut-il ? Il se trouve aussi que, parlant russe, je suis à même de communiquer avec les russophones de là-bas. Quand j'y suis, mon réflexe est de m'adresser en russe aux gens, lorsque mon géorgien ne me permet pas d'aller plus loin : j'ai été surpris de voir à quel point les jeunes ne répondent plus lorsqu'on leur parle en russe. Vous n'avez bien sûr rien répondu à Daniel ni à moi lorsque nous vous rappelons que l'élection de 2012 n'ont pas été un référendum sur l'OTAN et la Russie. Le dialogue est difficile devant tant de mauvaise foi.

Sur la "levée des anathèmes" : les Patriarches orthodoxes se sont-ils pour autant mis à commémorer le pape romain dans leurs diptyques à partir de 1965 ? Non, et c'est ce qui fait que cette levée, pour médiatique et télégénique qu'elle ait été, ne représente pas grand-chose.
Pour le reste... est-ce parce que, même en Russie où le sentiment pro-catholique n'est pas à son comble, les gens ne savent rien du filioque (lors d'une enquête récente, une majorité des gens interrogés répondait "oui" à "selon vous l'Esprit procède-t-Il du Père et du Fils"), la conscience populaire des divergences théologiques est moindre qu'il faut jeter tous les avertissements des saints hiérarques Marc d'Ephèse, Photius de Constantinople qui tous s'élevèrent contre le flioque ? Et ignorez-vous qu'au-delà de cette question, c'est bien plus que la gouvernance de l'église (en soi un problème déjà énorme) qui fait barrage à toute "unité" ? Le purgatoire, le péché originel, la grâce créée, et vingt mille pratiques ascétiques et liturgiques sont autant de sujets de discordes pour l'instant insurmontés.

Du reste, je vois mal d'où l'Eglise orthodoxe pourrait recevoir un "complément" nécessaire à la plénitude de la Foi et de la Tradition qui réside en elle... peu importe les appellations pompeuses d'églises soeurs ou autres inventions, l'Eglise orthodoxe est pleinement l'Eglise du Christ, si on veut la rejoindre, on sait comment faire, cela se pratique depuis bien longtemps.

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