Le pape a ouvert mardi la porte de l'Eglise catholique aux anglicans traditionnalistes déçus par leur Eglise, y compris des prêtres mariés, une préfiguration de ce qu'il pourrait offrir aux intégristes catholiques lefebvristes, relèvent les vaticanistes.

Le cardinal William Joseph Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a annoncé à la presse la publication imminente d'une "Constitution apostolique" signée par Benoît XVI. Celle-ci donne un cadre permettant d'accueillir au sein de l'Eglise romaine, dans le respect de certaines de leurs traditions, ces anglicans qui ne se reconnaissent plus dans l'Eglise fondée en 1534 par le roi Henri VIII d'Angleterre.
Ces dissidents dénoncent notamment l'ordination sacerdotale et la consécration de femmes ainsi que les bénédictions de mariages homosexuels. La nouvelle structure permettra l'ordination comme prêtres catholiques d'anciens membres du clergé anglican déjà mariés. Mais l'ordination d'évêques anglicans mariés ne sera en revanche pas possible, a précisé Mgr Levada. Ces nouveaux fidèles auront également une liturgie spéciale, a-t-il relevé. Mgr Levada a chiffré à "20 à 30 évêques et quelques centaines de personnes" les anglicans qui ont souhaité revenir dans le giron de Rome. Cette annonce surprise - la conférence de presse avait été convoquée la veille au soir, un fait inhabituel au Vatican - intervient à quelques jours de l'ouverture du dialogue doctrinal avec les lefebvristes, prévue lundi. Un observateur relève que "le Vatican montre qu'il peut renouer avec des fidèles issus d'un schisme vieux de près de 500 ans et donc, pourquoi pas, à plus forte raison, avec des catholiques qui se sont séparés il y a une vingtaine d'années", en 1988. Mgr Levada a réfuté toute coïncidence entre ces deux événements autre que "temporelle". "Je crois que les coïncidences temporelles n'arrivent pas par hasard", rétorque Sandro Magister, vaticaniste de l'hebdomadaire L'Espresso.
Pour lui, le retour de ces anglicans dans l'Eglise catholique, qui s'effectue avec une "facilité certaine car ils sont déjà en total accord sur le fond et on leur offre des facilités sur la forme", peut servir d'exemple à certains fidèles lefebvristes. "Une grande partie d'entre eux est prête au retour aux conditions proposées par Rome", relève-t-il, soulignant qu'il n'y a que quatre évêques lefebvristes. Marco Politi, vaticaniste du quotidien La Repubblica, estime de façon plus directe que la structure spécifique "est une indication de la voie" qui pourrait être proposée aux lefebvristes. "On a une structure juridique qui peut fonctionner avec les anglicans, les lefebvristes ou d'autres" comme par exemple, à l'avenir, d'autres mouvements protestants ou des orthodoxes.
"On crée des satellites qui ont leur profil de rite et de liturgie et sont rattachés à l'Eglise catholique", affirme-t-il, relevant que dans le passé, Rome avait déjà accueilli, mais à titre individuel, d'anciens prêtres anglicans mariés. Comme les fidèles de la Fraternité Saint Pie X, ces anglicans que Rome reçoit sont opposés à la modernité. "Tous les pas en avant du Vatican sont vers la tradition", souligne Sandro Magister. Même le fait qu'avec eux, Rome accepte des prêtres mariés n'est "pas une libéralisation du mariage des prêtres" puisque ceux-ci sont mariés avant d'être ordonnés prêtres catholiques.

Rédigé par l'équipe rédaction le 20 Octobre 2009 à 20:02 | 1 commentaire | Permalien



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