Le père Ioann Krestiankine : « Mes années dans les camps sont les plus heureuses de ma vie »
Le 5 février nous commémorons le starets Ioann (Krestiankine), 1910-2006.

L’archimandrite Ioann moine du monastère des Grottes de Pskov a été rappelé à Dieu en février 2006, il était âgé de 95 ans. Il était vénéré par tous les orthodoxes en Russie et dans le monde car l’un des derniers confesseurs starets. Des centaines de fidèles affluaient chaque jour vers sa cellule pendant près de quarante ans afin de lui faire part de leurs joies et de leurs chagrins, de bénéficier de sa guidance spirituelle.

Le père Ioann est né à Orel le 11 avril 1910. Enfant, il servait les liturgies qu’officiait Mgr Séraphin (Ostrooumov), archevêque d’Orel. A la suite de ses études secondaires il s’inscrit à des cours de comptabilité et s’installe à Moscou où il trouve un emploi.

C’est en externe que le futur père Ioann s’inscrit au séminaire. Il fait partie de la promotion 1950 de l’académie de théologie de Moscou et y prépare une thèse qu’il ne réussit pas à soutenir car dans la nuit du 30 avril 1950 il est arrêté. Ses activités pastorales lui valent une condamnation de sept ans dans les camps de rééducation par le travail. Le 15 février 1955 il est libéré avant terme.

Le père Ioann est affecté au diocèse de Pskov, puis en 1957 à Riazan où il reste onze ans. En 1967 le hiéromoine Jean s’installe au monastère des Grottes. Il y vivra pendant près de quarante ans. L’âge fait que pendant les dernières années de sa vie le père Jean n’était pas à même de recevoir tous ceux qui souhaitaient lui parler. Il reçoit des lettres venant de partout dans le monde et y répond le plus souvent lui-même.

Ces réponses constituent le recueil récemment paru « Lettres de l’archimandrite Jean ». « Expérience de la confession » est l’un des ouvrages les mieux connus du père Jean ainsi que « Homélies et réflexions » et « Livre de lectures destiné aux moines et aux laïcs ». "Pravoslavie ru" et ICI Les frères ont en avril 2005 solennellement célébré le 95 anniversaire du starets. Le patriarche Alexis II lui a décerné à cette occasion l’ordre de Saint Séraphin de Sarov. Bogoslov.ru

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L’archimandrite Tikhon Chevkounov, higoumène du monastère de la Sainte Rencontre à Moscou, consacre dans son livre « Les saints, des hommes comme les autres » un long chapitre à la vie et à l'enseignement du père Ioann Krestiankine.

C’est en 1982 que l’archimandrite Tikhon a rencontré le starets au monastère de la laure des grottes de Pskov.

Voici des extraits de ce livre :« J’ai toujours été frappé par la manière dont le père Ioann parlait du temps qu’il avait du passer en déportation. En 1950 il avait été dénoncé à la police politique par trois délateurs, le recteur de la paroisse à Moscou à laquelle était rattaché le père Ioann, le chef de chœur de cette paroisse ainsi que le protodiacre. Ils avaient écrit au MGB que le père Ioann réunit des jeunes autour de soi, qu’il déconseille d’adhérer au komsomol et qu’il tient des discours antisoviétiques.

Le père Ioann séjourna pendant près d’un an dans une cellule solitaire de la prison de la Loubianka. Il fut soumis à de terribles tortures. Son interrogateur avait les mêmes prénoms et patronymes que le père Ioann. Quotidiennement le père Ioann priait pour lui. Cet interrogateur lui brisa toutes les phalanges.
Une confrontation fut organisée avec le recteur dénonciateur. Le père Ioann savait parfaitement que ce prêtre était la cause de son arrestation et de ses souffrances. Mais il fut tellement heureux de voir un prêtre avec lequel il avait concélébré la divine liturgie qu’il sauta à son cou pour l’embrasser. Le recteur, victime d’un malaise, s’écroula.

Le père Ioann ne disait jamais de lui-même qu’il était un starets. Lorsqu’on le lui rappelait il s’exclamait : « Mais quels starets sommes-nous ? Des petits vieillards avisés, dans le meilleur des cas ».

Le père disait à propos de ses années de camp : « C’est la meilleure période de ma vie : Dieu se tenait tout près. Je ne me souviens de rien de mauvais, je ne sais pas moi-même pourquoi ? Je pense aux Cieux entrouverts et aux anges qui y chantaient. Je ne sais plus prier comme je le faisais dans les camps ».

« Le père Ioann avait le don de connaître les intentions de Dieu à l’égard des hommes »,- écrit l’archimandrite Tikhon. « Nous n’avons pas perçu ce don d’emblée. Nous avions simplement le sentiment qu’il était un homme que les années avaient rendu sage. Nous croyons que l’on venait par milliers le voit de partout en Russie pour puiser à cette sagesse. Ce n’est que plus tard que nous nous rendîmes compte que les fidèles s’attendaient à bien plus qu’à de sages conseils ».

Interfax-religion Отец Иоанн (Крестьянкин) называл время, проведенное в лагерях, самым счастливым в его жизни
Traduction "PO"
Le père Ioann Krestiankine : « Mes années dans les camps sont les plus heureuses de ma vie »

Rédigé par l'équipe de rédaction le 5 Février 2019 à 08:00 | 0 commentaire | Permalien



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