Un centre de réchauffement pour les sans-abri ouvre à Moscou

Selon les diverses estimations, 12 à 50 000 sans-abri vivent dans la capitale. Pour ces gens, l’hiver est particulièrement dur. La majorité d’entre eux passe la nuit dans les rues, puis arrive à l’hôpital avec des engelures. Le service orthodoxe d’aide Milosserdie (« Miséricorde ») a décidé d’ouvrir à Moscou, pour les SDF, un lieu qui offre la possibilité non seulement de passer la nuit, mais aussi de se laver, de suivre un traitement sanitaire, de manger et de recevoir une aide sociale.
Se mutiler pour avoir chaud

Ivan, sans domicile, tente de se perdre parmi la foule réunie pour écouter la liturgie d’ouverture du point de réchauffement des sans-abri. En écoutant le service, il se signe maladroitement à la suite du prêtre, s’efforce de saluer le plus bas possible et chuchote dans sa barbe les mots de la prière.

L’histoire du vagabondage d’Ivan ressemble à toutes celles des sans-domicile : sa femme l’a chassé de leur maison, il ne restait plus qu’à errer. « C’est le train de banlieue qui me nourrit. Je vis à la gare. Je mendie. Mais je n’escroque pas, je remercie simplement les gens de me donner de l’argent. Et aussi, je leur souhaite que Dieu leur envoie la grâce », bégaie Ivan.

Le vagabond n’est lui-même pas croyant. C’est par d’autres vagabonds comme lui qu’il a appris que le service orthodoxe d’aide ouvrait un point de réchauffement pour les sans-domicile. Il est venu voir. Le fait que le point d’accueil est orthodoxe ne le gêne pas : l’important, c’est qu’il y fait bon et qu’il y a un endroit où dormir. « L’hiver, c’est dur. Il fait froid. On voudrait du thé chaud. Avec les camarades, quand arrivent les très grands froids, nous nous mettons d’accord pour nous frapper les uns et les autres pour entrer à l’hôpital. Il y fait chaud. On peut se laver. Mais ils ne nous gardent pas longtemps. Maintenant, je me réchaufferai ici », raconte Ivan.

Le point de réchauffement pour les vagabonds, c’est une tente d’une capacité de 50 personnes, une salle de douches mobile et un véhicule pour le traitement sanitaire des vêtements. Et aussi des baraques, où un travailleur social reçoit les sans-domicile, et une petite cantine, où ces derniers pourront manger.

L’idée d’ouvrir un tel centre est venue aux collaborateurs du service orthodoxe d’aide Milosserdie il y a trois ans. Ils ont commencé de chercher un lieu où s’installer. Ils se sont adressés aux autorités moscovites, mais dans la grande Moscou, ils n’ont pas trouvé de bout de terre pour leur point d’accueil. Alors ils se sont établis directement dans la cour de l’église de Sergueï de Radonezh, près du Service synodal de bienfaisance. « Nous accueillons tout le monde, indépendamment de la confession, sans-papiers ou non. L’accueil commence à 19h. Les gens peuvent rester ici jusqu’à 10h le lendemain matin. Ceux qui arrivent de l’hôpital en possession de leur feuille de sortie peuvent aussi s’adresser au point d’accueil à n’importe quel moment de la journée », explique le directeur du projet d’aide aux sans-domicile, Ilya Kouskov. SUITE