P.O. met en ligne un résumé de cette intervention

Le père Jean parle de ce qu'il a ressenti lorsqu'il a appris que l'Archevêché ralliait l'Eglise orthodoxe russe: "Mon aïeul maternel est le père Michel Tikhonitzkyé par les bolcheviques en 1918 pour avoir donné lecture du message du patriarche Tikhon, mon grand-oncle Vladimir est devenu dans l'émigration métropolite et exarque au sein de l'Archevêché. Le fardeau familial est lourd à porter. Lorsque Mgr Jean de Doubna nous a annoncé la prochaine union de nombreux fidèles se sont mis à pleurer. J'ai ressenti une grande paix en moi-même. C'est l’aboutissement d'une longue période de conflits et d'incompréhensions avec l'Eglise russe, celle de nos ancêtres".

Le père Jean raconte qu'un jour il célébrait avec Mgr Jean (Renneteau) dans une paroisse française, il ne retrouvait plus une expression en français et l'a donc prononcée en slavon. À la sortie, une dame lui a reproché d'avoir utilisé le slavon. Il regrette que dans certaines paroisses francophones il soit impossible de prononcer même un seul Gospodi pomiloui (kyrie eleison) en slavon. Cela ne signifie pas du tout que l'on va réduire le français ! Au début de l'entretien, il explique que dans les paroisses de l'Archevêché actuellement, la majorité des paroissiens sont des "locaux" : français, espagnols, hollandais, anglais, italiens etc et qu'on célèbre dans les langues locales

"Bien des choses restent à surmonter. L'Archevêché compte maintenant parmi ses fidèles non seulement des descendants de la première émigration, dont beaucoup parlent le français mais aussi, en grand nombre, des fidèles venus de Russie, d'Ukraine, de Moldavie, de Roumanie et d'Europe de l'Est. Nous sommes désormais une Eglise pluriethnique. Il reste beaucoup à faire mais nous surmonterons les obstacles qui restent".

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 15 Octobre 2019 à 16:47 | 3 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par anton le 16/10/2019 13:21
Le Métropolite Vladimir Tikhonitskiï est le grand-oncle du protodiacre Jean Drobot

2.Posté par Михаил le 16/10/2019 13:41 (depuis mobile)
Je connais au moins une paroisse francophone qui alterne paisiblement français et slavon dans ses liturgies. Dans ma paroisse, quelques "intégristes" veillent au grain : rien ne passe en dehors de многая лета ! Les mêmes qui frondent contre Mgr Jean.

3.Posté par Jonas le 16/10/2019 14:41
Voilà déjà un certain temps que j'en suis venu à penser qu'un des problèmes de "l'Archevêché" est d'avoir en son sein, du moins en région parisienne (en province, me semble-t-il, le pragmatisme domine), à côté de paroisses qui n'utilisent QUE le slavon, des paroisses qui n'utilisent QUE le français. Souvent d'ailleurs ces dernières ont été fondées "en réaction", parce que les paroisses d'origine refusaient absolument d'évoluer, alors que des familles où on ne parlait plus le russe à la maison et qui avaient des enfants d'âge scolaire considéraient que ceux-ci devaient pouvoir suivre les offices dans une langue qui leur soit compréhensible. Mais du coup cela a conforté les premières dans leur immobilisme ("si vous voulez du français, allez à..."), et fait de la question de l'utilisation ou non du français une question idéologique ("nous voulons garder le slavon parce que nous sommes "russes"(?)" versus "nous voulons du français parce que nous sommes "français" ou "en France").

Ces paroisses ont évolué différemment, et leurs fidèles souvent ne se comprennent pas/plus, et ne sont pas/plus capables de reconnaître ou d'accepter les besoins de l'autre. Or quel besoin plus fondamental que celui de pouvoir s'adresser à Dieu et Le louer dans sa langue "maternelle" ? C'est pourquoi, à mes yeux, un "bon modèle" serait celui d'une paroisse comme celle de Saint-Séraphin, dans le 15e, où on passe harmonieusement du slavon au français et vice-versa, pour satisfaire les besoins de TOUS les fidèles présents, autant que faire se peut, et aussi ménager l'avenir... Et c'est ainsi un espace où on apprend le fameux "vivre ensemble", dans ce cas la charité fraternelle tout simplement.

N'étant pas russophone (non par mauvaise volonté, mais parce que le russe est une langue très difficile), j'ignore ce que dit le P. Jean dans cet interview, à part ce qu'en dit le résumé : il est clair que la remarque qu'il a essuyée était déplacée, mais j'en ai entendu bien d'autres en sens inverse. Cependant il est clair aussi que sa famille et l'éducation qu'il y a reçue étaient plutôt exceptionnelles au sein de l'émigration (d'ailleurs sa famille appartient à la 2e émigration ; et donc le lien avec l'Eglise russe s'est moins affaibli avec le temps) : il a passé son enfance sur la "sainte colline" dans un morceau préservé de Sainte Russie. Tant mieux pour lui, mais tous n'ont pas eu cette chance, et il faut les comprendre aussi...

Après avoir fait d'énormes efforts de traduction de textes, d'adaptation de la musique au texte etc. etc., ils se sentent maintenant "menacés" de régression par certains nouveaux arrivants, une 3e émigration très différente, massive, qui souvent ne maîtrise pas le français, va-et-vient entre France et pays d'origine, souhaite garder slavon et ancien calendrier (ou même y faire revenir leur paroisse d'adoption)... et parfois considère avec méfiance "ces "modernistes" qui ne sont plus tout-à-fait orthodoxes". Car, bien sûr, pour eux l'Orthodoxie, c'est "ce qu"ils ont toujours connu" et ils n'ont aucune distance critique par rapport à ce qui se fait dans leur pays d'origine, et la plupart du temps aucune éducation théologique, contrairement à beaucoup des fondateurs des paroisses francophones... On peut comprendre que ceux-ci trouvent pénible de voir remis en question un travail de réflexion qui s'est étendu sur 20 ou 30 ans ou même plus...

4.Posté par Av Alexander Winogradsky Frenkel le 16/10/2019 16:50
Je crois que beaucoup de personnes souffrent, en toute honnêteté, mais souffrent ou ont peur sans voir ce qu'est la réalité.

Le patriarcat de Moscou a procédé depuis des années à de multiples traductions de la Liturgie(s) vers les très multiples langues de l'ex-URSS! Yakoute, Uzbek, Tadjik etc. En thailandais récemment. Lorsque les gens en ont assez que je prie en hébreu, slavon, russe, ukrainien, serbe roumain (dans un contexte pastoral où ces langues ont ensemble une vraie signification ecclésiale) j'ai dans mon mobile la version aléoutienne faite par Saint Innokentii de Moscou qui date de 1898! et bénie par le Synode de l'Eglise de Moscou, donc aussi par le saint patriarche Tikhon qui a eu une grande activité aux Amériques...

Je mentionne le fait car le père diacre Jean Dobrot parle du grand saint de l'Orthodoxie vivante! La version en hébreu a été bénie en 1841! De même pour l'arabe et tant d'autres langues. Voici 25 ans, Mgr Serge m'a envoyé servir à la cathédrale de Biarritz pendant trois mois d'été. Le père (alors diacre) Alexis Struve y est venu en villégiature avec les familles collatérales et il s'est approché de moi en me demandant, en russe, quelle était mon attitude envers "la langue française". Je lui ai répondu "Normale!" et j'ai ajouté que je fais une ou deux ecténies en basque...

Je tiens à souligner l'énorme travail accompli par l'archimandrite Johannes R Johansen d'Oslo (Norvège) qui a quitté l'archevêché récemment mais! Il a publié tous les textes des Liturgies en norvégien - tout dernièrement un extraordinaire Livre des Liturgies/Sluzhebnik et un Horologion! De même au Pays-Bas.

De même Moscou a publié en allemand, italien, etc etc. enfin, la cathédrale du Quai Branly à Paris a des Liturgies en français et en moldave-roumain... sans compter que certains du Séminaire russe d'Epernay portent maintenant des noms "français" comme Denis/Denys ou Pierre. L'Archevêché comme l'Eglise est vaste, très vaste. N'ayez pas peur......

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