"Le rôle unificateur" des Libanais orthodoxes
V.G.
L’ancien ministre de l’Information du Liban, Tarek Mitri (1), s’est entretenu le 16 mais dernier avec le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Élias Audi, au siège de l’évêché. « Cette visite fait partie de celles nombreuses que je rends à Mgr Audi, afin de prendre son avis sur les affaires nationales », a rappelé M. Mitri. C’est sur la situation à Tripoli qu’a été axé l’entretien, une situation que l’ancien ministre a qualifiée d’«inquiétante».

Toutefois, « nous espérons que le déploiement de l’armée se poursuivra efficacement et que la ville sera démilitarisée », a-t-il déclaré. « Il est impossible d’établir la sécurité, tant que les armes sont détenues par les habitants, dans les villes et les contrées, de Tripoli à Beyrouth ». Tarek Mitri a souligné le lien étroit entre « le redressement de la vie politique et la quiétude des gens quant à leur avenir .

« Seule l’armée peut rassurer les citoyens, si toutefois elle exécute son rôle jusqu’au bout, sans atermoiement ni hésitation, et sans volonté de ménager une quelconque partie ». Cette responsabilité de l’armée s’étend également au niveau des frontières, qu’elle « se doit de protéger (...) surtout dans le cadre des mises en garde lancées contre le risque d’importer les affaires syriennes à l’intérieur ». Certes, les Libanais sont divisés entre ceux qui sympathisent avec le peuple syrien et ceux qui appuient le régime de Damas, a reconnu Tarek Mitri. « Mais cette division politique n’est pas motivée par des raisons aptes à justifier un conflit civil ou confessionnel ni à permettre à d’autres de semer la discorde au nom de telle ou telle autre position par rapport à la Syrie. »

S’agissant par ailleurs de la communauté orthodoxe, Tarek Mitri a insisté sur « le rôle unificateur » des Libanais orthodoxes, « aux affinités politiques diversifiées, mais unis par leur appartenance à l’Église et par les valeurs d’ouverture et de modération ». « Ce qui les unit, c’est l’appartenance à l’Église et non une position politique unifiée, ni même la fibre confessionnelle que d’aucuns décrivent d’une manière parfois exagérée », a fait remarquer l’ancien ministre. Il a relevé en outre « un net recul au Liban de l’idée de l’État et de la citoyenneté. Nombreux sont les citoyens, orthodoxes ou pas, à ressentir que la logique de la force supplante celle du droit et de la loi ». Ce sentiment qui rejaillit aussi bien « de la vie quotidienne que de la fonction publique produit chez certains un repli sur soi, une résignation, et pousse les jeunes à quitter le pays », a déploré Tarek Mitri. « C’est pourquoi il est de notre responsabilité de stimuler les gens à s’engager pour l’État, en prenant part plus activement, en tant que citoyens, à la vie publique. »

(1) Note du rédacteur: Tarek Mitri est un homme politique et un intellectuel libanais. Grec orthodoxe, il participe à de nombreuses initiatives mondiales de dialogue inter-religieux. Il a été plusieurs fois ministre depuis 2005, dont ministre de l'Information du nouveau gouvernement d'union nationale issu des accords de Doha (2008-2011). Il a publié plusieurs ouvrages dont "Christians in the Arab World" dans "The Ecumenical review" ICI

Source:L’Orient-Le Jour
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Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 20 Mai 2012 à 14:21 | 0 commentaire | Permalien


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