En Russie, c'est la puissante Eglise orthodoxe qui est montée au créneau après les élections législatives du 4 décembre, qui ont vu le parti de Vladimir Poutine reconduit sans panache. Dans une déclaration remarquée, le secrétaire général du département des relations Eglise-Etat du synode du patriarcat de Moscou, l'archiprêtre Vsevolod Chaplin a dit ceci: "Il est évident que la nature secrète de certains éléments du système électoral actuel préoccupe les gens, et qu'il doit y avoir davantage de contrôle public sur ce système"

Venant d'un prêtre considéré comme l'un des laudateurs les plus fervents du tandem Poutine-Medvedev, la déclaration vaut condamnation. Et son cas n'est pas isolé. Le New-York Times rapporte que sur les blogs et les réseaux sociaux de type Facebook, de nombreux prêtres, théologiens et laïcs engagés ont donné de la voix contre les fraudes manifestes qui ont entaché le scrutin.

Le site de l'Eglise orthodoxe "L'orthodoxie russe et le monde" ( PRAVMIR) est ainsi, dit l'article, "devenu une plateforme d'échanges sur la politique et la morale". C'est une quasi-révolution dans l'Eglise orthodoxe russe, dont la hiérarchie est habituée à bien plus de déférence envers le pouvoir....
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Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 13 Décembre 2011 à 16:49 | 2 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Alexandre de Miller de La Cerda le 14/12/2011 08:56
Elections russes et moralité politique : savoir raison garder

En réponse à votre article "Les Eglises se posent en garantes des processus démocratiques", et pour être tout à fait honnête, vous auriez dû indiquer que le secrétaire général du département des relations Eglise-Etat du synode du patriarcat de Moscou, l'archiprêtre Vsevolod Chaplin, a commencé par affirmer ceci : "quelles que soient les oppositions politiques, l'essentiel, aujourd'hui, est de conserver la paix civile et la gouvernance, ne pas permettre une nouvelle année 1905, 1917, 1991 ou 1993". D'après l'agence Interfax, « à ceux qui souhaitent de nouvelles révolutions », le prêtre a rappelé que "Dieu ne leur pardonnera pas les malheurs qu'ils auront semés, ne pardonnera pas les souffrances des prochains". Tout en prônant le dialogue, il a affirmé qu' "aucun dialogue n'est possible avec les provocateurs et les voyous auxquels il convient de répliquer avec force et durement, comme le fait tout gouvernement qui se respecte en n'importe quelle partie du monde" ».
Pour ma part, ayant procédé (en qualité de consul honoraire de Russie) à l’installation à Bayonne, dans une salle (avec urne et isoloir, que m’avait prêtée la mairie de Bayonne) d’un bureau de vote pour les électeurs russes résidents ou de passage dans le grand Sud-Ouest, je me permets d'ajouter les observations suivantes :
Certes, en pleine hiver, personne ne s’attendait à une grande affluence à l’occasion de ces élections à la Douma d'Etat du Parlement Fédéral de la Fédération de Russie, alors que notre région est plutôt réputée accueillir nombre de vacanciers en période estivale.
Mais j’ai été vraiment frappé par la jeunesse des « protagonistes » de ces élections législatives qui se déroulaient, pour la première fois à l’étranger. Aussi bien la jeunesse et le sérieux – presque tatillon – des assesseurs envoyés par l’ambassade, que la détermination des votants, presque tous très jeunes. Tel cet étudiant à l’université de Toulouse, arrivé au terme d’un long voyage (plus de quatre heures) en train auquel s’ajoutait près d’une demi-heure de marche depuis la gare de Bayonne jusqu’au bureau de vote. Et cette jeune fille, venue exprès de Périgueux (plus de 300 km), ces très jeunes touristes en visite à Bordeaux qui en ont pris prétexte pour visiter la côte basque, et ces jeunes femmes mariées à des Français dans les Landes…
Inutile d’ajouter que toutes les procédures de décompte des bulletins ont été réalisées dans les règles, et aussitôt communiquées au bureau électoral central à Moscou.
Dans l’ensemble, une atmosphère de franche convivialité où le bonheur des votants de rencontrer leurs compatriotes si loin du pays natal rejoignait de sincères témoignages de sympathie et des échanges avec les responsables du bureau de vote, à l’occasion autour d’un thé chaud comme c’est souvent le cas en Russie. S’agissait-il là des « inacceptables pressions sur la population » dénoncées par quelques politiciens « occidentaux » et complaisamment relayés – à grande échelle - par des médias-perroquets ?

Certes, dans cet énorme pays à l’échelle d’un continent qu’est la Russie, des irrégularités et des falsifications répréhensibles ont bien dû avoir lieu, quelque part entre Tatarstan et Océan Pacifique, sans doute même dans quelques bureaux des capitales occidentales… Mais, aurait-on eu l’idée de contester, en France, le résultat des élections dans leur globalité pour les bourrages d’urnes en Corse ou à Mayotte, les chaussettes remplies de bulletins indus à Perpignan ou une rafale de kalachnikov à Marseille ? Sans oublier les comptes de campagne de Mr Balladur, que d’aucuns veulent lier à l’attentat de Karachi contre les Français, et qui ont nécessité les « accommodements » du Conseil Constitutionnel exigés par son président Mr Dumas ? Ni le rouleau-compresseur de la propagande déclenchée urbi et orbi (sans qu’on lui donne les moyens de répondre) contre le « challenger politiquement incorrect » de Mr Chirac lors du 2e tour des présidentielles en 2002 ? Cela fait beaucoup pour des donneurs de leçons de démocratie et de transparence…
Pour en revenir aux élections russes, des sondages (19 et 20 novembre) ne prévoyaient-ils pas 48,27% pour Russie-Unie, 20,3% pour le parti communiste, et 15 et 12% respectivement pour les Libéraux-démocrates et pour Russie Juste, pourcentages très proches des résultats effectifs du vote qui semblent infirmer les accusations de fraude massive affirmée par les médias et les politiques US et européens ?
D’ailleurs, les observateurs étrangers vraiment indépendants représentant une vingtaine de pays, dépêchés entre autres par plusieurs parlements européens (dont la chambre haute britannique, des députés nationaux et européens ou encore des militants des droits de l'Homme) ont certes constaté des cas de fraude, mais ils n’en ont pas moins « fortement apprécié le déroulement du scrutin », soulignant que leurs remarques revêtaient un caractère principalement technique. Ainsi, d'après l'observateur polonais et directeur du Centre européen d'analyse géopolitique, Mateusz Piskorski, les irrégularités constatées n'ont pas pu influer sur les résultats des élections.
C’est là le hic ! Le candidat « néo-cons’ US, McCain, rêvait d’un printemps arabe à Moscou et la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, d’une révolution orange (entre parenthèses, la répétition des élections en Ukraine en 2004, dont la « 2e version » a été largement manipulée par les ONG américaines style Soros, ont fait perdre six ans de progression économique et sociale à ce pauvre pays que l’« on » a voulu, à tout prix, détacher de la Russie. Pour aboutir finalement au retour du candidat artificiellement éliminé à l’époque, Yanoukovitch !).
Pour en revenir à la Russie, il semble heureusement que les moyens engagés par les ONG américaines l’auront été en pure perte. Même à Moscou, le parti Yabloko, considéré comme le plus libéral, recueille à peine 10%.
Et que représentent les 50.000 manifestants – allons, même, 80.000 – dans une capitale qui compte 13 millions d’habitants ? A Paris, une telle manifestation regroupant tous les opposants à l’UMP, depuis Marine Le Pen jusqu’à Mélenchon, n’aurait pas convaincu grand monde… Et les médias sont restés étrangement modérés, voire silencieux, sur les récentes manifestations contre le « système Wall-Street » (qui n’a rien à envier à « Russie Unie ») et qui ont été dispersées avec beaucoup de brutalités par la police américaine ?
Et les rodomontades de Iouri Loujkov, l'ancien maire de Moscou débarqué pour corruption, ou celles de Gorbatchev, si impopulaire pour avoir laissé son pays en triste état après ses efforts désespérés pour conserver quelques oripeaux de l’ancienne dictature communiste, n’y changeront rien. Au total, plus de 90% du corps électoral russe rejette l’exemple consumériste occidental qui, même à Moscou où il est pourtant si visible, n’est pas venu à bout à bout de l’âme russe. Et que dire de la personnalité trouble de certains responsables de blogs sur lesquels on a lusé à de véritables appels à l’émeute ?
Or, la Russie semble définitivement guérie de son engouement pour le modèle ruineux du début des années 90. Les trois millions de fidèles qui ont défilé dans toute la Russie devant les reliques de la ceinture de la Vierge, attendant pendant des heures, la nuit et dans le froid, en témoignent éloquemment. Peut-être leur aurait-on préféré des Gay pride à l’occidentale ?
Je préfère, pour ma part, les conclusions de l’observateur Xavier Moreau, expatrié français à Moscou, « les Russes, soutenus en cela par leurs élites, reconstruisent leur identité autour du christianisme, ce qui est également une rupture nette avec l’Occident où la laïcité militante est devenue religion d’État. Paradoxalement, ce modèle de développement pourrait-il inspirer les sociétés européennes enfoncées dans une crise autant économique que morale »?
Alexandre de Miller de La Cerda




2.Posté par Marie Genko le 14/12/2011 12:02
Cher Alexandre,

Merci pour ce magistral commentaire qui devrait faire réfléchir ceux qui se hâtent à instaurer des changements en Russie!
Car à lire la presse, il semble que n'importe quel changement sera bienvenu, pourvu que le tandem aux commandes, qui a su redresser ce pays, perde les prochaines élections!

Personnellement, il me semble que l'ampleur des manifestations (pacifiques) en Russie devrait pousser les politiciens russes à trouver un message plus juste et plus motivant pour la jeunesse de ce pays.

Car cette jeunesse est visiblement soucieuse de prendre une part active à son propre devenir.

Avec toute mon amitié.

Marie Genko

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