Les fresques peintes par le moine Grégoire Krug à Moisenay sont sauvées
A partir de 2010 plusieurs enthousiastes se sont mobilisés pour collecter des fonds destinés à restaurer le skite Notre Dame de Kazan.

Voici quelques textes publiés par "Parlons d'Orthodoxie" à ce sujet.

Des nouvelles de Moisenay: Réparation du toit. A propos des fresque du père Grégoire Krug

RESTAURATION DES FRESQUES DE L’EGLISE NOTRE DAME DE KAZAN
le Skite Notre Dame de Kazan se trouve au petit cimetière du village de Moisenay.

Grâce à eux les travaux de restauration ont récemment abouti. Madame Emilie van Taack a beaucoup fait pour obtenir ce résultat.

Les fresques peintes par le moine Grégoire Krug à Moisenay sont sauvées
LA RESTAURATION DE L'EGLISE NOTRE DAME DE KAZAN A MOISENAY EST ACHEVEE !

PHOTOS: Fabian da Costa, septembre 2017

Nous avons la joie d'annoncer que, grâce au hiéromoine Ambroise (Nicoviotis), responsable du skite de Moisenay depuis 2005, la restauration de l'église de Notre Dame de Kazan, décidée en 2010 après une série de prises de vue destinées à conserver des images de ce précieux patrimoine, a été menée à bien dans un esprit de reconnaissance pour l'œuvre des émigrés russes en terre de France et s'est achevée en 2017.

La construction elle-même, si originale, conçue et réalisée de ses propres mains par le père Euthyme Wendt (┼1973), et les fresques du moine Grégoire Kroug (┼1969), dernière œuvre monumentale du célèbre iconographe, étaient en très mauvais état et menacées de disparition. Au mauvais état du bâtiment, s'ajoutait les techniques employée successivement par le père Grégoire. Celui-ci avait commencé en effet à la vraie fresque mais, sa santé se dégradant rapidement, il avait poursuivi à la tempéra à l'œuf, pour finir finalement à la gouache! Heureusement, personne n'avait eu l'idée d'ôter les toiles d'araignée entre temps, car un coup de balai en aurait effacé une bonne partie!

Les travaux ont commencé en 2011. La première chose à faire était la remise en état de la toiture qui a été réalisée grâce aux dons des fidèles de la communauté du skite Notre Dame de Kazan. Elle s'est poursuivie par l'enlèvement de la vieille coupole qui fut remplacée par un petit bulbe doré, don du monastère de la Laure des Grottes de Kiev en Ukraine.

Dans ce même esprit de respect pour l'œuvre des Pères et Frères qui nous ont précédé, le père Ambroise, secondé par les fidèles, entreprit en 2012 la rénovation et l'identification des tombes russes du cimetière. Un système de parrainage fut organisé pour financer la réfection des tombes .

Une fois l'église hors d'eau grâce à la réfection de la toiture, les murs semblaient extrêmement humides, particulièrement sur le côté ouest (l'église n'est pas orientée, le sanctuaire est tourné vers le sud), et la poursuite des travaux semblait nécessiter la réalisation de drains entourant l'église. Celle-ci en effet a été construite sans fondations et l'eau collectée par les gouttières se déverse sur le sol aux côtés de la construction sans aucune évacuation! L'eau de pluie devait donc s'accumuler sous les murs, remonter par capillarité et endommager les fresques. La réalisation des drains, entreprise très délicate et compliquée, nécessitait des compétences particulières et les entrepreneurs capables en cette matière s'avéraient difficiles à trouver entreprises se déplaçaient à contre cœur, les estimations restaient approximatives, les expertises étaient faites sans enthousiasme, les devis se faisaient attendre et plusieurs années passèrent sans qu'aboutisse le projet.

Album de photographies des travaux

Entre temps, en mars 2013, grâce à madame Claire Vignes-Dumas, responsable à la Direction Régionale des Affaires Culturelles en Île de France, l'église reçut le Label Patrimoine religieux du XXième siècle. Sur sa recommandation, une architecte des monuments historique, madame Suzana Guénégaud, vint au secours du projet et réalisa elle-même le préalable indispensable aux travaux, un relevé précis de l'architecture du bâtiment, travail dont elle fit don à la communauté du Skite. Avant de poursuivre la réalisation des drains qui mettait en jeux des sommes considérables, madame Guénégaud ainsi que monsieur Lamaison, restaurateur pressenti pour la restauration des peintures, demandèrent une étude à monsieur Alain Roche du laboratoire spécialisé Larcroa afin de faire le point sur l'état des murs qui semblaient moins humides que par le passé. L'analyse des prélèvements réalisés par monsieur Roche donna un résultat heureux et inattendu. Le délai prolongé que tous regrettaient avait été providentiel.

Depuis la réfection du toit, les années passant, les murs avaient pu sécher complètement, ce qui indiquait qu'il n'existait pas d'autre source d'humidité. Ainsi les drains ne paraissaient plus nécessaires et les sommes prévues pouvaient être consacrées à la retouche. Une chose, en effet, est d'arrêter la dégradation des fresques, de les consolider et de les fixer, autre chose est de pallier aux manques qui en gâtent l'aspect. Les peintures ne pourraient retrouver pleinement leur beauté qu'à ce prix!

Les fresques peintes par le moine Grégoire Krug à Moisenay sont sauvées
C'est ce qu'a réalisé monsieur Daniel Lamaison, restaurateur expérimenté, déjà familier des œuvres du père Grégoire (Kroug) et de Léonide Ouspensky par ses nombreuses interventions à la cathédrale des Trois Saints Hiérarques, rue Pétel, à Paris dans le 15ème, qui est ornée des fresques et des icônes peintes par les deux iconographes. Monsieur Lamaison a organisé son travail en deux périodes, d’avril à juillet 2016 et de septembre 2016 à février 2017. La première période a été principalement consacrée au nettoyage et à la fixation, la seconde au masticage des lacunes et la réintégration de la couche picturale. Nous ajoutons quelques images des étapes de son travail (telles qu'elles sont développées dans le résumé joint) sur 5 exemples de fresques, celle de sainte Catherine, de sainte Marie d'Egypte, la Déïsis de la Mère de Dieu, la Déïsis de la Sophia et le Christ à Gethsémani.

Grâce à lui et à sa collaboratrice, mademoiselle Axel Garigues, la difficile question du chauffage, indispensable tant à l'accueil du public qu'à la préservation des peintures, a été résolue. Un poêle à pellets (granulés de bois) a été installé, seule solution efficace étant donné l'énorme volume à chauffer, par surcroit la moins onéreuse, et de loin la plus respectueuse des peintures (ne produisant ni fumées, ni dessèchement ni condensation).

Au cours de l'été 2017, une dernière question a été résolue, celle du sol très abimé de l'église sur lequel une moquette rouge sombre, du meilleur effet, a été posée.

Que tous ceux qui ont contribué à la renaissance de cette église soient ici chaleureusement remerciés!

Tous sont invités à venir admirer le chef d'œuvre unique de l'art sacré du XXième siècle que constitue l'église Notre Dame de Kazan, à Moisenay, enfin rendu à sa splendeur originelle!

Les fresques peintes par le moine Grégoire Krug à Moisenay sont sauvées
Restauration des peintures murales de l'église Notre Dame de Kazan Daniel Lamaison Restaurateur

Album de photographies des travaux

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Examen
 Les examens préalables en recherche des causes de la dégradation des fresques de l’église orthodoxe de Notre Dame de Kazan ont été réalisées par le Laboratoire d'Analyses et de
Recherche pour la Conservation et la Restauration des Œuvres d'Art.
Ils concernent la mesure de l'humidité et des températures, une étude thermographique révélant les ponts thermiques. Des analyses complémentaires microbiologiques, de sels solubles, de pigments et de liant ont été réalisées ainsi qu'une stratigraphie.

 Conclusion
L’examen thermographique n'a révélé aucun problème important.
L'examen hygrométrique a permis de déterminer une teneur en eau normale dans les murs et enduits supportant la fresque.

 Couche picturale

La couche picturale est pulvérulente et présente des zones importantes d'écaillage.
Les examens thermographique et hygrométrique n'ont révélé aucun problème majeur. Ils permettent d'établir que de fortes variations d’humidité et de températures dues à divers facteurs (pas de possibilité de régulation, pas de renouvellement de l'air, faible isolation des ouvertures, flux des fidèles...) provoquent une instabilité de l'atmosphère intérieure de l'église qui se traduit par cette perte de cohésion et d'adhésion de la couche picturale.

Définition des protocoles d'intervention

Préconisations générales pour l'ensemble du bâtiment :
• Régulation du climat interne de l'église :
◦ déshumidificateur
◦ chauffage afin de maintenir une température constante
• Amélioration de l'étanchéité des ouvertures
• Utilisation du sas d'entrée pour limiter les échanges thermiques
• Amélioration du système d'aération.

Les opérations nécessaires au traitement de cet ensemble de peintures sont les suivantes :
• Dépoussiérage ;
• Fixation des zones pulvérulentes et écaillées ;
• Tests et nettoyage de la couche picturale ;
• Nettoyage des zones pulvérulentes préalablement fixée ;
• Traitement de moisissures dues à la chaleur et à l’humidité (inondations de juin 2016);
• Réfection des enduits dégradés ;
• Masticage des lacunes ;
• Retouche, réintégration des lacunes à l'identique ;


Étapes de la restauration


Les travaux ont été réalisés en deux périodes d’avril à juillet 2016 et de septembre 2016 à février 2017. La première a été principalement consacrée au nettoyage et à la fixation, la seconde au masticage des lacunes et la réintégration de la couche picturale.

1. Bâchage des sols de l’iconostase et du mobilier. Cf. photo A et B

2. Dépoussiérage (aspirateur) de toutes les surfaces.

3. Fixation des zones écaillées et pulvérulentes, principalement en ce qui concerne les figures dans l’ensemble plus dégradées. Elles sont fixées au Primal E 330 dilué à 3 % dans l’alcool afin de limiter l’apport en eau. Lorsque c’est possible, la couche picturale est aplanie mécaniquement (lissée) après la pulvérisation du fixatif (mélinex et spatule). Cf. photo C
La fixation très localisée est réalisée au Plextol B 500 et à la spatule chauffante
(visages vêtements).

4. Nettoyage
Le nettoyage est réalisé à l’eau déminéralisée sur tous les badigeons tribunes premier et deuxième balcon compris, à l’eau déminéralisée avec un ajout de 5 % de Tween 20 pour les figures et leur fond, à la gomme wishab et latex pour les figures préalablement fixées. Cf. photos D E et F

5. Fixation générale (exception faite des zones préalablement fixée) : Primal E 330 à 5 % dans l’eau en pulvérisation.

6. Traitement des trous, fissures et lacunes
Réfection des enduits et masticages des lacunes :
• Les zones d’enduit détérioré, principalement dans les soubassements, sont ragréées à l’enduit (3 vol. de sable, 1 vol. de chaux aérienne éteinte).
• Les lacunes de la couche picturale proprement dite sont mastiquées au Modostuc.
• Pose de calicots (bande à joint, papier japon, tylose) sur les fissures.

7. Fixation des zones lacunaires (Primal E 330 à 5 % dans l’eau). Cf. photo G
8. Traitement des moisissures (vestibule, soubassements, iconostase, mobilier)
Cette moisissure apparaît suite à des conditions atmosphériques favorables : l’humidité due à une période d’inondation et la chaleur qui s’installe. Elle se développe dans le vestibule, dans la nef à la base des murs, surtout en partie sud et sur tout le mobilier. Le traitement est réalisé en pluvérisation à l’éconacide alcoolique.

9. Réintégration
Les lacunes d’enduit préalablement fixées reçoivent un badigeon en harmonisation.
La nouvelle installation électrique (goulottes) est masqué picturalement.
La réintégration de la couche picturale est réalisée au pigment. Le liant utilisé est le médium Gustav Burger’s (polyvinylacétate) dilué dans l’ethnanol et le diacétone alcool (40%).

Noisy Le Sec, le 08/02/18

Les fresques peintes par le moine Grégoire Krug à Moisenay sont sauvées

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 16 Mars 2018 à 11:42 | -1 commentaire | Permalien



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