Au début le patriarche Bartholomé envisageait d'unir en Ukraine l'ensemble des entités ecclésiales. Il serait indispensable en vue d'obtenir l'autocéphalie et le Tomos d'unir les deux entités schismatiques avec l'Eglise de Monseigneur Onuphre.

Il est évident qu'en résultat de cette unification la nouvelle entité serait tributaire de Denissenko. Evstrati Zoria, secrétaire de presse du "patriarcat de Kiev" disait: "Nos portes sont ouvertes pour tous". Or, la situation change à vue d'oeil.

Nouvelle déclaration de Zoria: "Si les 90 évêques du patriarcat de Moscou venaient à notre concile et s'y prononçaient contre l'union et l'autocéphalie les conséquences en seraient imprévisibles. Nous avons donc décidé que seuls les évêques relevant de Mgr Onuphre ayant sollicité le Tomos de Constantinople peuvent participer au concile".

Tout cela signifie que le concile tel qu'envisagé est de nature schismatique. Son objectif réel serait d'incorporer l'Eglise canonique au "patriarcat de Kiev".

En effet, Denissenko craint fort que les évêques de l'EOU peuvent tous venir au Concile, y disposer de la majorité, pour renoncer à l'autocéphalie et élire le métropolite Onuphre en tant que primat.

PO source У Денисенко испугались, что 90 архиереев канонической УПЦ придут на «объединительный собор»

«Представим себе, митрополит Онуфрий или митрополит Антоний против автокефалии и об этом заявляют, если-таки придут на собор. Они скажут, что хотят принять участие. Они же архиереи? Именно так. Из Украины? Да. Значит, скажут они, мы — члены собора, и мы против объединения, против автокефалии. Они не сами придут, а приведут 90 архиереев Московского Патриархата», — такой сценарий обрисовал в интервью изданию «Главком». «Именно поэтому, — продолжил он, — мы подчёркиваем, что в соборе принимают участие те архиереи, которые обратились к Вселенскому Патриарху с просьбой предоставить Томос об автокефалии, а не все архиереи, которые являются православными и размещаются на территории Украины».

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 2 Novembre 2018 à 11:39 | 22 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Guillaume le 02/11/2018 14:42
Changer les règles en cours de partie car on a peur de perdre! Voilà le charmant personnage que soutien Constantinople!

2.Posté par Tchetnik: les alliés qu'on peut. le 02/11/2018 18:25
Bartho peut bien soutenir Philarète.

Reagan a bien soutenu Videla...

3.Posté par père Joachim le 02/11/2018 22:14
" La raspoutitsa (en russe : распу́тица, mot à mot « saison des mauvaises routes ») désigne en Russie, Ukraine et Biélorussie la période de l'année durant laquelle, du fait de la fonte des neiges (au printemps) ou des pluies d'automne, une grande partie des terrains plats se transforment sous l'action de l'eau en mer-de boue".

heureusement que nous ne sommes pas dans les lochs écossais, qui renferment en plus de vilaines sorcière et autres êtres déviants ...
Mettre les mains là, relève de de l’héroïsme ou d'une "certaine" forme de sainteté chez les orthodoxes !

Oui en tous cas fautes de pouvoir invoquer les "bonnes volontés" visiblement absentes, il plaira à Dieu de faire émerger un jour les contours d'une ecclésiologie "orthodoxe", qui parait à présent et visiblement toute aussi absentes, car noyée dans tant de vérités contradictoires.

4.Posté par jean le 03/11/2018 10:35
Pardonnez-moi, je ne suis orthodoxe que depuis peu de temps, et en lisant des articles ici et là, j'entends parler de "tomos" sans savoir ce que c'est... quelqu'un pourrait-il me dire en deux mots de quoi il s'agit ?...
merci d'avance.

5.Posté par Nicodème le 03/11/2018 10:52
@Guillaume : ben où est le problème ? C'est de la pratique "démocratique" tout à fait ordinaire ...Ne faire voter que ceux de son bord , et au cas où le résultat serait quand même mauvais , un bon coup de propagande et on fait revoter !!

@au prêtre Joachim : ça fait furieusement penser à Raspoutine , non ?

6.Posté par Vladimir.G: reconnaissance que les "autocéphaistes" sont largement minoritaires ! le 03/11/2018 14:45
Il n'y rien de neuf dans cette déclaration: dès l'origine, ce "concile d'unification" était prévu pour réunir ceux qui souhaitaient intégrer la nouvelle juridiction sous l'omophore de Constantinople, avec son autocéphalie comme objectif. Ce qui est remarquable, c'est la reconnaissance quasi-officielle que CE COURANT EST LARGEMENT MINORITAIRE PARMI LES ORTHODOXES UKRAINIENS.

@Jean (4):
bonne question, puisqu'on n'en trouve pas de définition accessible! "Tomos "(du grec τόμος morceau, même origine que tome qui peut le remplacer en français) est un décret solennel du primat ou du synode d'une Église orthodoxe traitant d'une question ecclésiologique ou doctrinale majeure; les exemples historiques concernent l'octroi d'autonomies ou d'autoocéphalies, le transfert de diocèses (Kiev en 1686-87, Archevêché des Églises russes en Europe occidentale en 1931 et 1999). Les tomos doctrinaux sont rares et souvent traduits "Tomes" en français: Tomos ou Tome à Flavien du Pape Léon I (449), Tomos ou Tome hagiorétique des moines du Mont Athos affirmant la doctrine de saint Grégoire Palamas contre Barlaam (1340-41.)

7.Posté par Михаил le 03/11/2018 16:29 (depuis mobile)
Allons, Phil, arrête de stresser. Demande à tes potes de Svoboda et de Praviï Sektor de participer aux votes, et tu l''auras ta majorité (comme d''habitude) !

8.Posté par justine le 03/11/2018 17:34
Quelle farce toute cette affaire! Et les soi-disantes preuves historiques que le Fanar avance pour "fonder" ses prétentions sur l'Ukraine ont vu aujourd'hui leur complet effondrement. En effet, en Grèce vient d'etre publiée une étude de 35 pages du père Théodore Zisis, professeur théologien et historien qui montre, preuves à l'appui, combien les historiens fanariotes déforment les documents d'archives de cette affaire et en dissimulent ce qui ne leur convient pas (sur le site ci-bas, il y a le lien vers le texte pdf, en grec):

https://www.romfea.gr/epikairotita-xronika/24774-to-oukraniko-autokefalo-apokrupsi-kai-parermineia-eggrafon

9.Posté par justine le 03/11/2018 17:42
@ Jean: "tomos" dans le contexte de l'affaire ukrainienne actuelle signifie un document établi par le patriarcat de Constantinople qui accorderait l'autocéphalie (càd indépendance administrative) à une hypothétique "église unifiée d'Ukraine". Comme celle-ci n'existe pas, il reste à voir ce que cela donnera en termes du réel.

10.Posté par jean le 03/11/2018 19:33
Justine, Vladimir.G, merci beaucoup pour votre réponse, ça m'eclaire bien !

11.Posté par Luba le 03/11/2018 22:30
ЭТО ИЗ ИНТЕРВЬЮ вл. ИОВА ГЕЧА
ДОВОЛЬНО СТРАННОЕ РЕШЕНИЕ

Во Вселенском патриархате говорят, что не могли признать каноническими одновременно три украинские церкви

Вселенский патриархат, отменив анафему предстоятелей УПЦ КП и УАПЦ Филарета и Макария, не признавал каноничными церкви, которые они возглавляли. Об этом в интервью ВВС заявил архиерей Константинопольской церкви, представитель Вселенского патриархата при Всемирном совете церквей архиепископ Тельмиский Иов.

По его словам, доля того, чтобы Макарий и Филарет могли войти в новую автокефальную церковь, им необходимо было "дать канонический статус".

В то же время архиепископ подчеркивает, что это не означает легитимизацию раскола или признание непризнанных церквей.

"Это не значит, что их признали как предстоятелей их церквей, потому что это было бы очень нелогично, это бы означало, что мы признали две параллельные церковные структуры параллельно еще с третьей канонической структурой, которой был бы Московский патриархат... Эти епископы восстановлены как архиереи в лоно Вселенской церкви и теперь мы ждем следующий шаг, когда все эти архиереи объединятся в новой структуре, Православной церкви в Украине, которой будет дан томос об автокефалии", - объяснил Иов.
"....................
В Стамбуле менее всего обращают внимание на заявления УПЦ КП. Там просто констатируют, что никаких соборов для переизбрания Филарета они инициировать не будут. Как бы Филарет ни создавал маскарад по целому ряду придуманных себе титулов, замылить глаза патриарху Варфоломею этим не удается.

Реальность такова, что у Киевского патриархата никто и спрашивать не будет, каким должен был бы быть тот объединительный собор. Стамбул и без заявлений своими действиями выразительно подчеркивает, что Филарет для него - "сбитый летчик". Снятие запретов с него так и осталось ярким примером того, как в Константинопольском патриархате умеют с помощью кучи сложноподчиненных предложений из непонятных архаичных терминов обвести вокруг пальца кого угодно.

12.Posté par justine le 04/11/2018 20:20
En complément de mon post 8 où est donné un lien vers le texte (grec) d'une étude historique approfondie du père Théodore Zisis sur là question ukrainienne, je voudrais souligner ici la grande necessité de publier sur ce site en langue francaise un texte équivalent qui montrerait la réalité historique de l'Eglise de Russie dont ce qu'on appelle aujourd'hui Ukraine a été depuis le début du christianisme dans ces contrées le berceau et le centre, ainsi que la vérité que l'Eglise Orthodoxe dans cette région - dont le territoire a pu varier au gré des vicissitudes politiques - a toujours formé une unité, sauf pendant les périodes où invasions et ingérences étrangères l'ont par la force divisée, et que selon tous les faits historiques, consignés dans les documents des archives, le rattachement de la métropole de Kiev au patriarcat de Moscou en 1686 n'a été qu'une réunification après une telle séparation forcée. Car on constate dans certains médias en France et notamment dans le périodique La Croix (qui parle p.ex. de la soi-disante "tutelle" de Moscou sur Kiev dont à bon droit allait la libérer cette "autocéphalie" fanariote), on semble tout ignorer de l'Histoire veritable, si bien qu'on copie simplement les falsifications fanariotes, faute de pouvoir distinguer entre le vrai et le faux. Peut-etre Vladimir avec sa prédilection pour l'érudition pourrait pourvoir une étude dans ce sens?

Les présentations historiques usuelles, faites par des personnes sans connaissance des aspects religieux et théologiques orthodoxes, voire ecrivant à partir de positions hostiles à l'Orthodoxie, ne sont tout simplement pas suffisantes pour expliquer les évènements du 15e siècle par exemple, dont le fait essentiel fut le pseudo-concile de Ferrare-Florence, ou les évènements liés aux ingérences de la Pologne et de la LIthouanie, puissances catholiques qui procédèrent à la latinisation forcée des populations orthodoxes dans des territoires de l'Eglise Russe. Or, tout cela constitue la source des conflits actuels en Ukraine.

13.Posté par Vladimir.G: LE GRAND JEU ANTI ORTHODOXE le 06/11/2018 10:37
Bon retour à bord, bien chère Justine, vous nous manquiez...

Merci pour votre confiance. PO a posté plusieurs articles expliquant l'histoire de la situation en Ukraine (voir par exemple https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/EGLISE-RUSSE-LA-REUNION-DU-SIEGE-METROPOLITAIN-DE-KIEV_a5433.html) mais ce ne sont pas des considérations historiques ou canoniques qui gouvernent les décisions du Phanar, comme je l'explique dans https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/LE-GRAND-JEU-ANTI-ORTHODOXE_a5511.html; Constantinople apparait surtout appliquant la tactique anti-russe des USA et de leurs suiveurs, comme le montre encore l'accord signé en le patriarche Bartholomé et le président Porochenko .

14.Posté par Daniel le 06/11/2018 11:47
J'aimerais bien lire une traduction en anglais ou une langue que je comprenne du texte du père Théodore Zisis.

15.Posté par justine le 06/11/2018 17:05
A Daniel. Pour le moment, à ce que je sache, le texte n'a pas encore ete publié en anglais. Je pense qu'il faudra un peu de temps jusqu'à ce que cela se fasse, vu son volume. Je vais essayer de vous traduire en francais les passages essentiels.

16.Posté par Alain le 06/11/2018 21:20
A Daniel : Vous trouverez ce texte en anglais sur le site Orthodox Christianity (orthochristian.com)

17.Posté par justine le 07/11/2018 01:15
Voici pour Daniel:
Rappelons que le père Théodore Zisis est professeur émérite de l'Ecole Théologique de l'Université de Thessalonique, spécialisé en patrologie et Histoire de l'Eglise. Son article porte le titre "L'autocéphalie ukrainienne - dissimulation et mésinterprêtation de documents". Il rappelle qu'il a déjà publié récemment un texte sur le sujet, portant le titre "L'Ukraine est territoire canonique de l'Eglise de Russie. Il n'y a pas de documents-témoins en faveur de Constantinople" (accessible en trad. anglaise sur: http://orthochristian.com/116938.html ), par lequel il répondait brièvement à un texte fanariote essayant de justifier l'ingérence anti-canonique de Constantinople en Ukraine et portant le titre: "Le trône écuménique et l'Eglise d'Ukraine - les documents parlent". Dans ce texte, le père Théodore avait promis de publier une étude approfondie sur la question, et c'est donc cette étude de 34 pages dont sont traduits en résumant ici des extraits. Pour celle-ci il se base essentiellement sur deux études plus anciennes que lui et son épouse, également théologienne, aujourd'hui moniale, avaient publis en 1989 à Thessalonique, l'une intitulée "Constantinople et Moscou" (en grec), l'autre "La christianisation des Russes" (en grec). Dans le Prologue du texte actuel nous lisons:

"Dans le présent article donc, plus étendu, nous présentons de nombreux textes du Patriarcat écuménique desquels il ressort que historiquement, ethniquement et ecclésiastiquement Kiev appartient à la Russie, en fut séparée pendant certaines périodes historiques perturbées et fut réunie ecclésiastiquement avec elle en 1686 par décision patriarcale et synodale de Constantinople. Les deux documents qu'invoque le Patriarcat écuménique témoignent précisément de ce fait, mais ont été mésinterprêtés par ceux qui ont assumé la tâche de défendre les prétentions anti-canoniques de Constantinople. Notre texte est subdivisé en les unites suivantes:

1. Dans l'affaire ukrainienne, l'Eglise de Russie a raison. Danger d'ethnophylétisme pour les Eglises
hellénophones.
2. L'histoire de Eglise de Russie est une et indivise. Elle inclut aussi Kiev.
3. Tentatives échouées de diviser la métropole unique de Kiev et toute la Russie:
a) La mauvaise intelligence du patriarche barlaamite Jean Kalekas [1337-1347] divise l'Eglise de
Russie [par la création de la métropole de Galicie]
b) L'unité est rétablie par le patriarche hésychaste Isidore 1er [en1347]
c) L'empereur Jean VI Cantacouzène [1347-1354] en faveur de l'Eglise Russe unie
d) Les patriarches Callistos 1er [1350-1353, 1355-1363] et Philotheos Kokkinos [1353-54 et 1364-
1376] en faveur de l'Eglise Russe unie
4. La division de l'Eglise unie de Kiev et toute la Russie oeuvre des Uniates et latinophrones
5. Réunification de Kiev et Moscou en 1686 et mésinterprétation des documents historiques y
relatifs
a) Les deux documents qu'invoque le patriarcat de Constantinople sont mésinterprêtés par des
chercheurs a lui
b) Le premier document et son interprétation correcte
c) Le second document clarifie les choses encore mieux
Conclusions."

Dans la suite du texte dont nous sautons le récit des développements historiques, le père Théodore ecrit:
"De nombreux documents d'un intérêt extraordinaire sont conservés qui montrent que le territoire de l'Ukraine actuelle a toujours appartenu à l'Eglise russe unie, et que seulement pendant des périodes de troubles et de confusions il en fut temporairement détaché, ce à quoi a contribue aussi 'la mauvaise intelligence [κακογνωμία] de celui qui alors fit office de patriarche de Constantinople, lequel n'eut d'autre souci que de satisfaire ses propres appétits', comme écrit l'Empereur Jean Cantacuzène, se référant a Jean Kalekas, dans une lettre au Grand-duc de Russie Siméon."

Le père Théodore cite de longs passages d'une chrysobulle de l'Empereur Jean Cantacuzène au Grand-duc Siméon et aux autres ducs russes, où il est dit que tous les évêchés de la Petite Russie (c'est a dire de ce qu'aujourd'hui est nommé Ukraine), qu'il énumère, appartiennent, tout comme ceux de la Grande Russie, à la très sainte Métropole de Kiev, et ceci "depuis le moment où le peuple russe par la Grâce du Christ a reçu la connaissance de Dieu".

Je passe sur le récit des événements historiques suivants pour arriver au chapitre 4, ou le père Théodore écrit e.a.: "Pendant cinq siècles donc, depuis la christianisation des Russes (988) jusqu'au milieu du 15e siècle, la nation des Russes dans son ensemble, y compris l'Ukraine d'aujourd'hui, avait une autorité ecclésiastique unique, la métropole de Kiev et toute la Russie. Malgré la translocation, en raison de l'invasion mongole, de la capitale de Kiev à Vladimir et ensuite à Moscou, cette unité fut maintenue. Des tentatives, surtout de la part de la Pologne, de créer une deuxième et une troisième métropole pour en détacher certaines parties et les incorporer a son propre territoire, furent empêchées par l'intervention de Constantinople qui demeurait inébranlablement attachée au principe séculaire d'une seule métropole pour la vaste nation des Russes." Une seule fois elle y fit exception et consacra, en 1370 sous le patriarche Philothée Kokkinos, un second métropolite, Antoine de Galicie, et ceci afin de contrecarrer les tentatives de prosélytisme de la part des Latins, car le métropolite de Kiev de cette époque, Alexis, apparemment négligeait son troupeau dans les régions proche de la Pologne, si bien que Casimir de Pologne menaçait de s'en occuper et les convertir au catholicisme.

Si donc l'unité de l'Eglise Russe ne fut jamais troublée que pour de courtes périodes, les choses changèrent radicalement avec le pseudo concile de Ferrare-Florence (1438-1439) et la pseudo union des Orthodoxes avec Rome, à laquelle suivit peu après, en 1453, par la permission de Dieu, souligne le père Théodore, la chute de Constantinople. Pendant 14 années, depuis la pseudo union de 1439 jusqu'à la chute en 1453, Constantinople fut sous le joug latin, avant de tomber définitivement sous le joug musulman. L'Orthodoxie y survit toutefois grâce aux combats de St Marc d'Ephèse et son disciple Gennadios Scholarios qui devint patriarche en 1454 (jusqu'en 1456, puis de nouveau en 1464).

En Russie, en ces temps là, fut métropolite un Grec latinophrone, Isidore, lequel participa activement à la pseudo union et après le concile de Florence espérait l'imposer dans la métropole russe. Or, il trouva le Grand-duc Basile et le clergé tout à fait opposés à ses desseins. Il fut incarcéré. s'évada vers Tver et par Novgorod arriva en Lituanie, d'où il se rendit à Rome. Pendant le siège de Constantinople, le pape Grégoire V l'envoya là-bas avec 200 hommes et obtint de l'empereur qu'une liturgie commune avec les Orthodoxes soient célébrée a Sainte Sophie, commémorant le pape. De retour à Rome, il fut nommé patriarche de Constantinople par ce dernier. C'est à partir de ce moment que dans l'Eglise Russe on commença à penser sérieusement à acquérir la pleine autonomie. En 1448 son Synode élut Ionas métropolite, sans la bénédiction de Constantinople, vu que le trône constantinopolitain était alors occupé par un uniate et donc hors de communion avec la métropole russe qui avait rejeté l'union avec Rome. Cette date de 1448 marque donc le début de l'indépendance de l'Eglise russe.

Mais en 1458, le patriarche latinophrone de Constantinople Mamas consacra métropolite de Kiev un disciple du disgracié Isidore, le Bulgare Grégoire. Cette division entre une métropole de Moscou et une métropole de Kiev devait durer 200 ans, jusqu'en 1686, pendant lesquels la métropole de Moscou acquit le statut de Patriarcat (1589), tandis que celle de Kiev, dans ses parties occidentales, devint un centre de prosélytisme uniate et jésuite, où l'on cultivait un sentiment "nationaliste" régional et la haine contre Moscou et "les Russes". "Nulle part dans les sources grecques", souligne le père Théodore, "on ne rencontre le mot 'Ukraine'. La nation russe est présentée comme une et unie, distinguée par des caractéristiques géographiques comme 'Grande Russie', 'Petite Russie', 'Russie blanche'. L'Ukrainien d'aujourd'hui est le Petit-Russe, le Moscovite est le Grand-Russe, le Bielorusse est le Russe-blanc. Ce qui se passe aujourd'hui en Ukraine avec la cultivation de la russophpobie et l'occidentalisation à sa racine dans l'Histoire, dans les tentatives de polonisation et de latinisation du peuple autochtone de jadis. Il y a des pages noires de ces pressions et persécutions , surtout après la division de l'Eglise russe unie en deux métropoles, celle de Moscou et celle de Kiev, en 1458." (a suivre)

18.Posté par justine le 07/11/2018 01:16
(la suite)

Abrégeant arrive au chapitre 5:

Cette unité qui avait existé pendant les cinq siècles précédents fut donc restaurée en 1686, la victoire de la Russie sur la Pologne en 1654 ayant grandement facilité la chose. Les deux documents sur cette restauration présentés par le Fanar proviennent des archives de manuscrits anciens de l'Institution Educative de la Banque de Grèce. Les deux manuscrits, confirme le père Théodore, sont authentiques et datent, selon les spécialistes, du milieu du 18e siècle. Ce qui n'est pas authentique, c'est la présentation de ces deux documents par les collaborateurs du Patriarcat de Constantinople, laquelle en oblitère certaines parties et donne une fausse interprétation des autres.

Le premier manuscrit contient le texte patriarcal et synodal émis en 1686 par le patriarche Dionysios IV, par lequel la juridiction pour la métropole de Kiev est remise à l'Eglise de Russie. Comme le père Théodore l'a exposé plus haut, dans des circonstances historiques perturbées, la métropole de Kiev avait été détachée de l'Eglise russe unie et temporairement soumise à Constantinople, et maintenant, ces circonstances ayant changé du fait de la cessation de l'occupation polonaise, elle est à nouveau réunie avec celle-ci, et ce fait est clairement exposé au début du texte. Or, les interprètes phanariotes le passent sous silence! Le document stipule clairement que la lettre patriarcale et synodale est donnée au patriarche de Moscou afin que la métropole de Kiev soit soumise à son trône patriarcal et que ce soit lui qui effectue la consécration du métropolite de Kiev qui aura été élu (par le synode des évêques kiéviens). Le texte grec original: «Ἴσον ἀπαράλλακτον τοῦ πατριαρχικοῦ καὶ συνοδικοῦ γράμματος τοῦ δοθέντος τῷ μακαριωτάτῳ πατριάρχῃ Μοσχοβίας, ἐκδόσεως φημὶ γράμματος,
ἐπὶ τῷ εἶναι τὴν μητρόπολιν Κιέβου ὑποκειμένην τῷ πατριαρχικῷ αὐτοῦ θρόνῳ καὶ χειροτονεῖσθαι τὸν ψηφισθησόμενον Κιέβου ὑπ᾽ αὐτοῦ».

"Les commentateurs et interprètes du Fanar", poursuit le p. Théodore, "dissimulent cette soumission parfaitement claire de Kiev au patriarcat de Moscou et extrapolent arbitrairement, maltraitant encore la grammaire et le sens de la phrase, prétendant que soi-disant 'la signification de la soumission de Kiev a Moscou consiste en essence seulement en une permission de consacrer le métropolite de Kiev'!" Et après avoir dissimulé le passage crucial au début du texte avec la déclaration expresse que Kiev soit soumise au trône de Moscou, ils ont eu l'idée maintenant de relever le secondaire «ἐκδόσεως φημὶ γράμματος» qu'ils ont mal compris grammaticalement et interprètent en mythographes que le terme "ekdoseos" serait "technique" et aurait eu à l'époque le sens élargi de "permission" et donc dans le contexte présent une simple "permission de consacrer", sans donner aucune référence bibliographique ou textuelle."

Le p. Théodore rappelle aux interpretes phanariotes que selon les Saints Canons la consécration d'un évêque est toujours effectuée par celui qui a la juridiction sur la région où elle est faite, et que de très nombreux canons interdisent les consécrations par-delà des limites des juridictions, confondent celles-ci. Rien que cette règle de base montre que si le patriarche de Moscou a reçu le pouvoir de consacrer le métropolite de Kiev, cela signifie qu'il a la juridiction sur Kiev.

Abrégeant la suite des commentaires du p. Théodore pour le 1er document, passons au deuxième document lequel clarifie encore la question. Il contient le texte d'une lettre du même patriarche de Constantinople Dionysios aux "Empereurs de Russie" en 1686 ou celui-ci fait mention du fait qu' en raison des confrontations guerrières entre la Russie et la Pologne, la métropole de Kiev est restée sans pastorale adéquate, Constantinople n'ayant pas consacré de métropolite à Kiev depuis longtemps, et par conséquent des zizanies se sont répandues et risquent d'étouffer le bon froment. Le perde Théodore souligne que cette seconde lettre du patriarche Dionysios diffère de la première en ce qu'elle mentionne que Moscou avait demandé que la métropole de Kiev soit soumise au patriarcat de Moscou afin que celui-ci puisse consacrer en temps voulu le métropolite de Kiev et empêcher ainsi le désordre dans le métropole. Tandis que dans la première lettre il était seulement question que Moscou avait demande de pouvoir consacrer le métropolite de Kiev (à quoi Constantinople répondit, comme on a vu, en soumettant Kiev a Moscou, selon l'ordre canonique). Ni dans l'une ni dans l'autre lettre il y a la moindre allusion à un soi-disant caractère temporaire de cette soumission comme prétendent les interpretes phanariotes. Tout au contraire les formulations dans ces documents montrent bien que l'appartenance de Kiev à Moscou et la consécration de son métropolite par le patriarche de Moscou sont définitifs. "Les documents parlent en effet", dit le p. Théodore, "mais certains ne veulent ni entendre ni voir."

Un dernier point est la demande que le métropolite de Kiev dans les célébrations liturgiques commémore d'abord le patriarche de Constantinople et ensuite seulement le patriarche de Moscou. Le p. Théodore cite textuellement le passage qui s`y rapporte dans le deuxième document et qui ne dit absolument pas que cet ordre de commémoration signifie que Kiev restait soumis à Constantinople, puisque le patriarche Dionysios lui-même donne la raison de cet ordre: "parce qu'il (le patriarche de Constantinople, quand il est orthodoxe, s'entend!) est la source de tous les biens distribués jusqu'aux confins du monde et aussi parce que c'est lui qui, donnant suite à la requête en question, a effectué cette soumission au trône du patriarche de Moscou."

En conclusion le p. Théodore dit que

1. Par son comportement anti-synodal en Ukraine ou il a ignoré l'Eglise canonique et l'Eglise de Russie à la quelle elle appartient, et coopéré avec des entités schismatiques, le patriarcat de Constantinople qui de l'acceptation commune panorthodoxe joue un rôle de coordination et de maintien de l'unité et du fonctionnement du système synodal, défie ce rôle coordinateur, lequel déjà l'Eglise de Russie met en question pour la première fois.

2. Afin de prévenir le schisme définitif, les Eglises hellénophones doivent, sur la base de la vérité historique et la tradition canonique, soutenir les droits historiques et canoniques de l'Eglise de Russie et ne pas soutenir, soit ouvertement soit par le silence, l'ingérence anti-canonique de Constantinople dans une juridiction étranger. Si elles font autrement et soutiennent par solidarité ethnique et patriotisme le patriarche grec, elles tombent dans l'hérésie de l'ethnophylétisme, laquelle Constantinople elle-même a condamné synodalement en 1872.

3. La décision synodale de 1686 a re-etabli l'union de Kiev avec Moscou, sur la base de la politique invariable de Constantinople de maintenir l'unité de la vaste nation des Russes. Maintenant Constantinople abandonne cette politique ecclésiastique et se fait l'alliée des Latins et des Francs d'Occident, au détriment non seulement de la Russie, mais de l'Orthodoxie toute entier.

4. Les deux manuscrits que fait valoir le Patriarcat écuménique sont mésinteprétés et maltraités. La soumission de Kiev au Patriarcat de Moscou sur la base de ces manuscrits est tout à fait évidente. Rien n'y indique que cette soumission serait provisoire et que Kiev demeurerait soumise à la juridiction de Constantinople. Pour cela précisément depuis trois siècles et demi (1686-2018) Constantinople n'a jamais pensé à la revendiquer. Maintenant seulement, moyennant mésinterprétations et maltraitements de manuscrits elle l'entreprend, réjouissant les Uniates, les schismatiques et les occidentalisants d'Ukraine et divisant les Orthodoxes.









19.Posté par Guillaume le 07/11/2018 10:16
Les rares médias français qui parlent de la situation en Ukraine montre une méconnaissance totale de l'Orthodoxie, et dès qu'il s'agit de dénigrer Moscou, tout le monde réponds présent.

20.Posté par Affeninsel le 12/11/2018 12:36
@Justine : que fait le père Théodore de la clause selon laquelle le métropolite de Kiev doit commémorer le patriarche de Constantinople avant celui de Moscou ? Je ne vois pas trace de cet élément dans ce que vous nous rapportez, et c'est sur lui que s'appuient certains partisans de Constantinople dans ce conflit.

21.Posté par justine le 12/11/2018 13:41
Au post 20: Mettez vos lunettes: Le paragraphe juste avant le "En conclusion...." en parle.

22.Posté par Affeninsel le 13/11/2018 13:56
Merci pour cette précision, et pour votre formule charitable.

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