Lettre des membres du synode de l’Eglise orthodoxe russe hors frontières à l’archiprêtre Georges Mitrofanov
Lettre des membres du synode de l’Eglise orthodoxe russe hors frontières à l’archiprêtre Georges Mitrofanov, auteur de « La tragédie de la Russie : Les sujets 'interdits' de l’histoire du XX siècle »

Révérend Père,
Le Synode des évêques de l’Eglise orthodoxe russe hors frontières vous exprime sa profonde gratitude pour votre livre « La tragédie de la Russie ». Les articles et les homélies qui sont composent ce recueil formulent des problèmes essentiels pour la Russie. Ils y donnent un début de réponse car votre approche des choses est avant tout chrétienne, tellement indispensable de nos jours, et souvent sacrifiée au nom de stéréotypes et de clichés devenus coutumiers.

Se délivrer des concepts faussés et plats qui ont nous ont été imposés par les décennies que s’est maintenu au pouvoir le régime athée est une tâche primordiale. Le retour aux valeurs fondamentales de la Russie orthodoxe est indispensable pour l’avenir du pays, pour celui des peuples voisins.
Le soixante-dixième anniversaire du début de la Seconde guerre mondiale nous rappelle que la Russie a vocation à devenir en quelque sorte la conscience du monde. Que dire des voies qu’ont suivies la Russie et les peuples qui lui sont liés ? Quelle est la nature des combats spirituels qu’elle a du mener, quel est son potentiel – même s’il ne s’est pas toujours pleinement réalisé ? La réponse est : Aspiration à la Vérité de Dieu, à Son Royaume.

Vous avez parfaitement saisi la nature des objectifs que vous vous êtes fixés et, en historien, en pasteur, n’avez pas hésité à traiter de sujets depuis longtemps considérés comme « interdits ». Cet interdit s’explique par des facteurs que vous mettez en évidence dans votre ouvrage. Vous parlez de la résistance spirituelle opposée au bolchevisme, ainsi que des armées Blanches, de l’Armée de Libération de la Russie du général Vlassov (ROA), de l’œuvre d’Alexandre Soljenitsyne…

C’est avec beaucoup de pertinence que vous montrez les lacunes et les dangers qui se sont fait jour dans la recherche de nos contemporains. Vous dites que c’est à la lumière de la conjecture, éphémère par nature, que se fait cette recherche. Vous vous appliquez à approfondir cette recherche conjointement avec vos lecteurs à la bienveillance desquels vous accordez votre confiance. Vous vous faites le porte parole de tous ceux qui, dans une situation tragique, ont fait de leur mieux pour répondre à l’appel de Dieu.

Il y a dans notre entourage beaucoup de descendants d’émigrés blancs, de membres de l’armée Vlassov. Ils avaient voulu témoigner par leurs actes de leur amour pour l’Eglise du Christ, pour la Patrie.

Relevons le sujet qui heurte le plus : le nom du croyant orthodoxe André Vlassov suscite la haine. La propagande athée totalitaire, la falsification de l’histoire n’ont pas été sans résultats. Souvenons nous que lors de l’exclusion d’Alexandre Soljenitsyne de l’Union des écrivains soviétiques les tenants du régime l’avaient taxé de «Vlassovien littéraire ». Et ceci bien avant la parution de « L’Archipel ». Le thème du mouvement Vlassov est complexe, il ne faut surtout pas en y réfléchissant s’éloigner de la réalité. Nous pouvons nous référer au livre témoignage de l’archiprêtre Alexandre Kisselev « La personnalité du général André Vlassov ». Le père Alexandre bénéficie actuellement d’une grande estime en Russie. Avec la bénédiction du métropolite Anastase, primat de l’EORHF, il a été pendant la guerre l’aumônier du Mouvement de Libération Russe. En toute conscience le père Alexandre, profondément attaché à la Russie, n’a jamais renoncé à ces années de sa vie.

Staline et Hitler ont certes altéré la soif de liberté des Russes. Staline a réussi à tout confondre, tout mélanger. Père Alexandre, vous appelez la Russie « à distinguer les esprits ». Ce n’est que maintenant que commence une étude lucide de l’histoire de la Russie au XX siècle.

Votre livre a suscité un immense intérêt dans les milieux de l’émigration. Nombreux y sont ceux qui ont poussé un soupir de soulagement. L’intégrité et la droiture qui sont les vôtres nous sont, ainsi qu’à nos fidèles, d’un grand réconfort. Elles nous permettent d’espérer que des réponses dignes de la Sainte Russie seront trouvées aux problèmes les plus ardus que posent l’histoire et l’éthique. Des réponses qui ne soient pas inspirées par l’esprit de haine et de division du siècle passé. Des réponses conformes à l’enseignement du Christ, de la vie du siècle futur, qui seront pénétrées de l’esprit d’unité, de vérité et d’amour.

Le métropolite Hilarion de l’Amérique de l’Est et de New York,
L’archevêque Marc de Berlin, d’Allemagne et de Grande-Bretagne,
L’archevêque Cyrille de San Francisco,
L’évêque Gabriel de Montréal et du Canada,
L’évêque Jérôme de Manhattan
et les autres membres du Synode de l’EORHF

Rédigé par l'équipe de rédaction le 12 Septembre 2009 à 12:22 | 1 commentaire | Permalien


Commentaires

1.Posté par vladimir le 15/09/2009 23:12
La question de la collaboration avec l'Allemagne nazie contre le bolchevisme avait déja douloureusement divisé l'émigration russe. Si ceux que l’on a baptisés « défaitistes » se mirent au service des allemands ou rejoignirent l'Armèe de Libération Russe (ROA en russe) du général Vlasov sous le slogan « Même avec le diable, mais contre Staline ! » d'autres suivirent le général Dénikine, qui fut commandant en chef des forces armées Blanches du Sud en 1918-1920. Résidant alors en France il jouissait d'une grande estime parmi les émigrés russes; il refusa de collaborer avec les Allemands, qu'il qualifiait de "pire ennemi de la Russie" et le fit clairement savoir dans tous les milieux émigrés. Il fut assigné à résidence pendent l'occupation. Nombre d'immigrés russes entrèrent dans la Résistance française, comme Anatole Léwitski et Boris Vildé, fondateurs du réseau du Musée de l’Homme, la princesse Véra Obolensky morte sous la torture (elle fut l'épouse du prince Obolensky, lieutenant des Forces Françaises Intérieures, que nombre d'entre nous a connu comme Père Nicolas), sainte Marie (Skobtsov) et ses compagnons canonisés en 2004 et beaucoup d'autres.

Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile