MOSCOU: "Une enquête qui dure un siècle"... sur le massacre de la famille impériale
Vladimir Golovanow

Exceptionnelle exposition à Moscou de tous les documents des dossiers d’enquêtes sur le massacre de la famille impériale
C'est dans la salle d'exposition des Archives fédérales à Moscou que s'est ouverte cette exposition exceptionnelle consacrée aux différentes investigations entreprises de 1918 à 2011 pour établir avec un maximum de précision les circonstances du massacre de la famille impériale, à tout ce qui a permis de retrouver et identifier les restes des victimes et les sépultures.
Mgr Hilarion, métropolite de New York (EORHF) était présent à l’inauguration de l’exposition.

C'est la première fois que tous ces documents sur la tragédie d'Ekaterinbourg sont exposés au public: les documents du juge d'instruction N.A. Sokolov qui effectua les premières investigations en février 1919 sur l'ordre de l'amiral Koltchak ; les photo-reportages de l'expédition archéologique "clandestine" de G.T.Ryabov et A.N.Avdonin, qui furent les premiers à établir l'emplacement de la sépulture des reliques impériales en 1979; les documents d'instruction du Procureur Général de la Fédération de Russie et de "la Commission Gouvernementale d'inhumation des restes de la famille impériale" (1998); enfin l'enquête de 2007 et les trois volumes de l'arrêt du Procureur Général de la Fédération de Russie décidant la clôture de l'affaire criminelle № 18/123666-93 «Sur l'établissement des circonstances du décès des membres de la maison impériale Russe et des personnes de leur entourage en 1918-1919 dans l'Oural et à Petrograd».

MOSCOU: "Une enquête qui dure un siècle"... sur le massacre de la famille impériale
On voit pour la première fois en Russie les pièces réunies par l'Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières (EORHF), au monastère de la Sainte Trinité et Séminaire de Djordanville (USA) et personnellement par le primat de l'EORH, le métropolite Hilarion de New York, qui ont réuni et précieusement conservé durant tout ce temps des effets personnels de la famille russe impériale – objets de la vie quotidienne, vêtements, icônes, documents et photos.

"Les reliques du grand-duc Alexis et de sa sœur Marie découvertes en 2007 n’ont pas jusqu’à présent reçues de sépultures et sont conservées dans une chambre froide", a précisé le juge d’instruction Vladimir Soloviev en charge de l’enquête depuis sont début.

Des pièces uniques ont aussi été prêtées par des experts-criminalistes. Les visiteurs peuvent prendre connaissance pour la première fois de l'expertise situationnelle du massacre ainsi que des documents des expertises criminelles et génétiques; le musée de l'Ermitage a prêté la chemise que portait le saint empereur Nicolas, alors grand-duc, lors de l'attentat perpétré contre lui au Japon en 1891 et dont les taches de sang ont été utilisées pour l'expertise génétique identifiant les reliques du saint tsarévitch Alexis.

On présente pour la première fois des enregistrements audio et des films des archives gouvernementales audiovisuelles Russes: les récits des assassins qui prirent part au massacre et des films de la vie privée de la sainte famille impériale. Sont exposées les balles extraites des corps des victimes.

L'exposition est ouverte jusqu'au 29 juillet 2012.

C'est le livre de Nicolas ROSS "LA MORT DU DERNIER TSAR - L'Age d'Homme (2001) qui constitue à ce jour le meilleur point sur ce sujet:

Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, l'empereur Nicolas II, l'impératrice Alexandra et leurs enfants étaient massacrés à Ekatérinbourg, dans l'Oural. Leur exécution avait eu lieu sans jugement, dans le plus grand secret. Les corps des Romanov et de leurs quatre compagnons de captivité furent chargés sur un camion et transportés dans le bois des Quatre-Frères, une zone de mines de fer abandonnées proche de la ville. Puis de surprenantes obsèques, longtemps restées énigmatiques, se déroulèrent du 17 au 19 juillet 1918 dans les environs de Ekatérinbourg. Soixante ans plus tard, d'aventureuses recherches permirent de découvrir dès 1979 la tombe supposée des Romanov. Elles furent suivies en juillet 1991 de l'étrange exhumation de leurs restes. De 1991 à 1998, les expertises anthropologiques et génétiques qui avaient pour objet d'authentifier ces ossements n'ont pas abouti à des résultats indiscutables.


MOSCOU: "Une enquête qui dure un siècle"... sur le massacre de la famille impériale
Quelles ont été les véritables conditions de la détention des Romanov ?

Qui porte la responsabilité de leur mort ? Qui furent leurs assassins ? Dans quelles circonstances ont-ils été exécutés ? Que sont ensuite devenus leurs restes ? Que faut-il penser de leurs ossements présumés, exhumés en juillet 1991 dans la fosse fangeuse du Vallon du Porcelet ? Y a-t-il eu, pouvait-il y avoir, des survivants parmi les membres de la famille du tsar ? Doit-on croire la version des faits exposée dans la " Note " du commissaire Yourovski, qui fut chargé de l'exécution des Romanov ? Bilan de quinze années de recherches, le livre de Nicolas Ross est en mesure d'apporter des réponses crédibles et souvent inédites à ces interrogations qui ont récemment acquis une nouvelle dimension, d'ordre spirituel, à l'occasion de la canonisation du tsar et de sa famille par l'Eglise orthodoxe russe.(ibidem)

Les membres de famille impériale furent canonisés comme néomartyrs par l'Église orthodoxe russe en 2000. Ils l'avaient été par l'EORHF en 1981 (dès les années 1920 dans le martyrologe).

J'espère et je prie pour que cette exceptionnelle exposition permette de clarifier la position ambigüe de l'Eglise russe sur les reliques des saints martyrs impériaux. Rappelons en particuliers que les restes des saints Alexis et Maria ne sont pas enterrés dignement mais "entreposés" on ne sait exactement où à Moscou. Pourtant l'identification des reliques, tant au plan scientifique que par la piété du Peuple orthodoxe, semble maintenant incontestable.
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Lire aussi:
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Revenir sur l'authenticité des reliques de la famille Impériale

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Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 15 Juin 2012 à 20:56 | 3 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par vladimir le 31/05/2012 19:25
EST-CE QUE TOUT EST DIT?

L'article ci-dessus rend compte de l'avis le plus rependu dans les média et les sources d'information officielles mais, si l' EORHF participe à cette exposition et ce faisant la cautionne, le patriarcat de Moscou garde le silence. La raison en est peut être qu'il reste un doute chez les historiens sérieux du fait de la façon extrêmement politique et non-professionnelle dont ont été menées les investigations à partir de 1979. "De nombreuses erreurs ont été commises (…) et nombre de faits font penser que la commission avait comme objectif d'organiser un show politique et non d'établir la vérité-… L'enterrement de 1998 a été organisé "à la va-vite", sans l'accord de l'Église orthodoxe russe ni de la Maison Impériale. Les dix questions posées par patriarche Alexis II, de bienheureuse mémoire en 1998, n'ont jamais reçu de réponses valables …" déclarait en 2010 le grand duc Georges Mihailovich (1)

Comme je le mentionne, c'est le livre "LA MORT DU DERNIER TSAR" qui fait le point le plus complet sut la question de façon accessible. Les restes ensevelis sur la route de Koptiaki n'ont pas été trouvés en 1979 (2) sur la base de documents d'archives mais par décision du pouvoir (alors encore soviétique), ce même pouvoir qui les avait ensevelis là. Les investigations menées en 1998 avait un but éminemment politique: non pas de découvrir la vérité, mais de permettre à B. Eltsine le coup médiatique des funérailles nationale le jour du 70ème anniversaire du massacre (d'ailleurs "la Commission Gouvernementale d'inhumation des restes de la famille impériale" était présidée par Boris Nemtsov, personnage politique dont les compétence dans ce domaines restent à prouver) et les mesures basiques permettant de garantir la vérité scientifique ont été négligées à un point tel, qu'il est absolument impossible de savoir d'où provenaient les échantillons utilisés pour les test génétiques. L'enquête a été close par le pouvoir actuel (postsoviétique), non parce que les réponses à toutes les questions ont été trouvées, mais justement pour qu'elles ne le soient pas. En particulier les noms des coupables restent officiellement inconnus alors que des indices concordants conduisent aux "camarades" Lénine, Sverdlov & Co. (3)

Notons que le livre a été terminé avant la découverte des restes attribués aux saints néomartyrs Alexis et Marie et ne prend pas donc pas en compte les expertises et recherches qui ont suivi; mais je ne connais pas d'information complète accessible là-dessus: l'arrêt du Procureur Général de la Fédération de Russie sur la clôture de l'affaire criminelle doit apporter des complément intéressants mais il ne fait certainement pas toute la lumière puisque en particulier, comme écrit plus haut, il ne cherche pas à établir les culpabilités. La plainte déposée sur ce sujet par la grande duchesse Marie Vladimirovna (ibid 3) a été laissée sans suite.

Il parait probable maintenant que toute la vérité scientifique ne sera jamais réellement établie et ce n'est pas là-dessus que pourra se fonder l'Eglise. Mais d'ailleurs l'Eglise n'attend pas ses orientations de la science et la piété manifestée par le Peuple Orthodoxe (4) est probablement l'un des signes qui détermineront sa position.

(1) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Revenir-sur-l-authenticite-des-reliques-de-la-famille-Imperiale_a785.html
(2) http://en.wikipedia.org/wiki/Alexander_Avdonin
(3) Cf. Commentaire 4 et suivants: http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Execution-de-Nicolas-II-les-Romanov-exigent-la-reprise-de-l-enquete_a659.html?com#comments
(4) http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Recit-d-un-pelerinage-sur-les-lieux-de-l-assassinat-de-la-famille-imperiale-russe_a26.html

2.Posté par Histoire d'un tsaricide le 18/06/2012 12:37
Alexandre Verchinine, pour La Russie d’Aujourd’hui

Jusqu’au 29 juillet 2012, le bâtiment des Archives d'État de la Fédération de Russie à Moscou accueille l'exposition La mort de la famille de l'empereur Nicolas II : un siècle d’enquête, réalisée à l'initiative d’organismes gouvernementaux (ministère de la Culture, Agence fédérale des archives) et de l’Église orthodoxe russe à l'étranger. L'exposition est consacrée à l'un des événements les plus tragiques de l'histoire de la Russie du XXe siècle : l'exécution de la famille du dernier tsar de Russie par les bolcheviks le 17 juillet 1918, à Ekaterinbourg.

Pendant de longues années, les autorités soviétiques ont tenté de dissimuler les informations véridiques concernant l'exécution de l'empereur et sa famille. Ce n'est qu’à la fin des années 1980 que le tabou a été levé. En 1991, lors de fouilles à Ekaterinbourg, des dépouilles ont été trouvées. Elles ont été identifiées comme les corps de Nicolas II, de sa famille et de son entourage. En 1998, ils ont été solennellement enterrés dans le caveau de la famille des empereurs russes à Saint-Pétersbourg. L'enquête criminelle sur la mort de la famille du tsar a été fermée en 2011.
Deux cents pièces de l’exposition éclairent en détail l'histoire de la mort de la famille du dernier empereur de Russie et de leur entourage. Pour la première fois sont présentés les matériaux de Nikolaï Sokolov, un enquêteur qui a éclairci les circonstances de la mort de la famille royale dès 1918, des photographies prises en 1978 lors de fouilles secrètes sur le lieu d'inhumation des restes des Romanov, des documents du Parquet général et de la Commission gouvernementale sur l’inhumation de l'empereur et de sa famille de 1998, des matériaux associés à la recherche et à l'identification des dépouilles du fils de Nicolas II et d’une de ses filles en 2007, et enfin, le décret du Parquet général ordonnant de clore l'affaire pénale.

Une partie de l'exposition est constituée de récits audio de personnes directement impliquées dans le meurtre. Des matériaux associés aux dernières semaines de la vie du tsar et de sa famille y sont présentés, notamment des photographies et une chronique cinématographique unique. Une place particulière est attribuée dans l'exposition à la chemise de Nicolas II fournie par l'Ermitage, portant des traces de sang suite à des blessures reçues en 1891 après un attentat. Les traces génétiques conservées sur ce vêtement ont été utilisées dans l'identification des restes du Tsarévitch Alexis, fils de Nicolas II, trouvés en 2007.

Une partie des pièces exposées a été fournie par l'Église orthodoxe russe à l'étranger. Les effets personnels du dernier tsar et de sa famille ont, pendant de nombreuses années, été conservés dans le musée du monastère de la Sainte-Trinité, situé à Jordanville aux États-Unis, ainsi que dans la collection personnelle du premier hiérarque de l'Église orthodoxe russe à l'étranger, le métropolite Hilarion. Une icone de l'héritier du trône, le Tsarévitch Alexis, y est présentée, ainsi qu’un Evangile du XVIIe siècle ayant appartenu aux premiers tsars Romanov et offert à Nicolas II par l’impératrice en 1916

« Cette exposition revêt une signification particulière pour nous, ce n’est pas un hasard si nous avons joué le rôle de coorganisateurs, a souligné le métropolite Hilarion lors de l’inauguration de l'exposition. Aujourd'hui, nous montrons non seulement des reliques réelles de la famille du tsar, mais aussi une certaine relation avec ces tristes pages de l'histoire russe ».

Un autre coorganisateur de l'exposition est le Fonds d'histoire contemporaine, dirigé par le président de la Douma d'Etat Sergueï Narychkine. Le président du Conseil du Fonds Andreï Klichas a souligné dans une interview à La Russie d’Aujourd’hui le caractère unique de l'exposition : « Cette collection donne avant tout une idée de la profondeur et du caractère détaillé de l'enquête. Pour les juristes, les méthodes médico-légales utilisées pour restaurer minutieusement toutes les circonstances de l'exécution de la famille royale présentent un grand intérêt ».

L'exposition a obtenu une large résonnance et a rouvert le débat sur l'authenticité des restes trouvés en 1991 près d’Ekaterinbourg. La Maison impériale de Russie a de nouveau occupé une position particulière dans cette affaire. Selon le directeur de la chancellerie du chef de la Maison impériale de Russie, Alexandre Zakatov, le problème de l'identification des restes, enterrés en 1998 à Saint-Pétersbourg, est toujours d’actualité. « Les autorités de la Fédération de Russie ont reconnu les restes comme authentiques, et dans l’ensemble, l'exposition offre au visiteur une lecture similaire », a précisé M. Zakatov à La Russie d’Aujourd’hui. Cependant, la Grande-Duchesse est solidaire de la position de l'Eglise orthodoxe russe et estime qu’il n’y a pas de preuves suffisantes, ni pour reconnaître les dépouilles reliques des Saint Martyrs, ni, au contraire, pour nier leur authenticité ».

« L'exposition m'a procuré des sentiments mitigés », a confié à La Russie d’Aujourd’hui le membre du Conseil de la branche moscovite de la Société russe de protection des monuments de l'histoire et de la culture, Vladimir Khoutarev-Garnichevski. « D'un côté, les organisateurs ont réussi parmi de nombreux objets, documents et photographies, à mettre en valeur les plus important. De l’autre, un sentiment d’inachevé persiste ». Comme l'a noté l'expert, l'histoire de la mort de la famille du tsar contient encore de nombreuses interrogations, un certain nombre de questions peu étudiées étant toujours en attente de réponses scientifique. Et cette exposition se contente d’entrouvrir une porte vers l’élucidation des mystères tragiques de l'histoire russe.

3.Posté par Durel le 24/05/2016 10:17
Le livre de Nicolas Ross "La mort du dernier tsar" constitue effectivement la meilleure référence sur le sujet, mais il est, en toute impartialité, impossible de trancher pour ou contre l'hypothèse du massacre collectif dans la maison Ipatiev sur la base des nombreux éléments qu'il apporte. Pourtant, Ross prend curieusement partie avec des réserves toutefois : "Quant à notre propre version des circonstances de la fin des Romanov, qui transparaît çà et là, elle est surtout présente à titre expérimental. Nous ne la défendrions pas bec et ongles si d'incontestables révélations venaient l'infirmer, et c'est dans cette hypothèse que nous éviterons de proposer une conclusion définitive à notre recherche", écrit-il pages 272 et 273 de son livre. https://books.google.fr/books?id=xUTEGKu4mOgC&redir_esc=y

Ce qui est regrettable pour un historien, c'est qu'il ait instillé sa conviction, même modérée, au fil des pages. Par ailleurs, compte tenu des mensonges et des manipulations, il n'ignore pas que "d'incontestables révélations" sont absolument impossibles. Il convient aussi de rappeler qu'il n'y a eu aucun témoin visuel direct de l'assassinat des Romanov entendu par les enquêteurs. Il est donc scandaleux d'alléguer comme une vérité, et sans faire la moindre réserve, la version du massacre collectif dans la maison Ipatief qui est bien improbable.

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