Plateforme libre de discussion
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V. G.
Je vous propose un discours prononcé par Mgr Antoine en janvier 1967 à Paris, probablement à l'occasion de la "Semaine de l'Unité".
Ce texte reste d'actualité, même si le début est historiquement connoté: presque vingt ans après la fondation du COE (1948), le mouvement œcuménique semble à son apogée (1) Les représentants des Eglises orthodoxes ont clairement confirmé leurs positions exprimées précédemment dans [la Déclaration d'Oberlin]url: http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Declaration-des-representants-orthodoxes-a-la-conference-d-Oberlin-1957_a953.html (1957 cf. ibid.) et l'Eglise catholique a rejoint le mouvement en 1964 "Unitatis Redintegratio. Ibid.
Mais Mgr Antoine met le doigt sur les difficultés profondes qui apparaissent derrière une convergence de façade et qui aboutiront aux profondes divergences actuelles. Il montre aussi combien cette recherche de l'Unité demande en fait un effort à chacun pour faire participer l'autre: "Il y a aussi le fait que nous n'arriverons jamais à rien si nous ne nous rappelons que par rapport à l'autre, qui est l'objet de notre dialogue, notre attitude doit être celle du Christ Lui-même; du Christ, du Dieu Un dans la Sainte Trinité, qui est le Dieu de tous et de chacun; du Dieu qui aime également les bons et les méchants, qui déverse Sa charité sur les bons et les méchants."
Et cet appel de notre regretté pasteur ne s'applique pas uniquement à nos rapports avec les hétérodoxes; il convient aussi à nos relations avec nos frères Orthodoxes car, là aussi, dès que nous avons une divergence de vues, nous avons tendance à oublier que "personne ne peut reconnaître dans le prophète de Galilée le Verbe incarné de Dieu et son Seigneur, si l'Esprit Saint lui-même ne le lui révèle".
Voici le texte de la conférence de Mgr Antoine (titres et notes de VG)
Je vous propose un discours prononcé par Mgr Antoine en janvier 1967 à Paris, probablement à l'occasion de la "Semaine de l'Unité".
Ce texte reste d'actualité, même si le début est historiquement connoté: presque vingt ans après la fondation du COE (1948), le mouvement œcuménique semble à son apogée (1) Les représentants des Eglises orthodoxes ont clairement confirmé leurs positions exprimées précédemment dans [la Déclaration d'Oberlin]url: http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Declaration-des-representants-orthodoxes-a-la-conference-d-Oberlin-1957_a953.html (1957 cf. ibid.) et l'Eglise catholique a rejoint le mouvement en 1964 "Unitatis Redintegratio. Ibid.
Mais Mgr Antoine met le doigt sur les difficultés profondes qui apparaissent derrière une convergence de façade et qui aboutiront aux profondes divergences actuelles. Il montre aussi combien cette recherche de l'Unité demande en fait un effort à chacun pour faire participer l'autre: "Il y a aussi le fait que nous n'arriverons jamais à rien si nous ne nous rappelons que par rapport à l'autre, qui est l'objet de notre dialogue, notre attitude doit être celle du Christ Lui-même; du Christ, du Dieu Un dans la Sainte Trinité, qui est le Dieu de tous et de chacun; du Dieu qui aime également les bons et les méchants, qui déverse Sa charité sur les bons et les méchants."
Et cet appel de notre regretté pasteur ne s'applique pas uniquement à nos rapports avec les hétérodoxes; il convient aussi à nos relations avec nos frères Orthodoxes car, là aussi, dès que nous avons une divergence de vues, nous avons tendance à oublier que "personne ne peut reconnaître dans le prophète de Galilée le Verbe incarné de Dieu et son Seigneur, si l'Esprit Saint lui-même ne le lui révèle".
Voici le texte de la conférence de Mgr Antoine (titres et notes de VG)
Vingt ans de convergence
II y a vingt ans, il était facile pour trois orateurs successifs, appartenant à des confessions différentes, de se succéder: nous pensions des choses profondément diverses, nous avions un message qui ne ressemblait en rien à celui de l'autre et une approche ancrée dans la divergence, si bien que l'on pouvait se succéder sans crainte de se voir voler ce que l'on voulait dire.
A notre époque, après vingt ans de rencontres œcuméniques, l'expérience devient de plus en plus difficile. Le second orateur, on le sent, n'a que la moitié de son bagage; quant au dernier, que dirait-il ? Si j'avais la sagesse d'un de nos frères de l'Eglise bulgare, je dirais quelque chose d'une grande valeur et qui nous délivrerait de la nécessité d'en entendre davantage. Il y a quelques années, au Palais de Lambeth, un certain nombre de dignitaires de l'Eglise anglicane et de l'Eglise orthodoxe faisaient leurs adieux après une visite protocolaire. L'archevêque de Cantorbéry, le représentant de l'Eglise protestante épiscopalienne d'Angleterre, quatre ou cinq autres anglicans se succédèrent, faisant leurs adieux en termes de charité, d'unité et d'espérance. Ensuite vint le tour des orthodoxes, limités non seulement par ce qu'ils avaient déjà entendu, mais aussi par la difficulté qu'ils avaient à parler une langue étrangère. Ils firent de leur mieux, mais lorsque le neuvième orateur se leva — Mgr Joseph de Varna, un homme silencieux, réservé, — nous nous demandions tous s'il réussirait à dire encore quelque chose de nouveau sur la charité, l'unité et l'espérance. Il se leva, il nous regarda de ses yeux tranquilles et dit: "Qu'ajouterais-je aux paroles si belles que je viens d'entendre ? Une prière: Seigneur, fais qu'elles deviennent des réalités !"
Eh bien, sans voir dans ces paroles une amertume ou une plaisanterie hors de propos, je crois qu'elles s'appliquent à toutes nos réunions œcuméniques. Le troisième orateur pourrait se contenter d'élever une prière à Dieu, le remerciant de cette unanimité croissante dont nous avons maintenant l'expérience, de la joie que ces rencontres constituent, du sens d'être un groupe chrétien cohérent et non pas la mosaïque de chrétiens opposés que nous étions il y a vingt ans. Et puis — demander à Dieu que ces paroles d'espérance, ces paroles vraies et sincères, puissent devenir une réalité substantielle dans notre vie de tous les jours, une expérience vécue d'unité concrète, d'unité effective et créatrice.
II y a vingt ans, il était facile pour trois orateurs successifs, appartenant à des confessions différentes, de se succéder: nous pensions des choses profondément diverses, nous avions un message qui ne ressemblait en rien à celui de l'autre et une approche ancrée dans la divergence, si bien que l'on pouvait se succéder sans crainte de se voir voler ce que l'on voulait dire.
A notre époque, après vingt ans de rencontres œcuméniques, l'expérience devient de plus en plus difficile. Le second orateur, on le sent, n'a que la moitié de son bagage; quant au dernier, que dirait-il ? Si j'avais la sagesse d'un de nos frères de l'Eglise bulgare, je dirais quelque chose d'une grande valeur et qui nous délivrerait de la nécessité d'en entendre davantage. Il y a quelques années, au Palais de Lambeth, un certain nombre de dignitaires de l'Eglise anglicane et de l'Eglise orthodoxe faisaient leurs adieux après une visite protocolaire. L'archevêque de Cantorbéry, le représentant de l'Eglise protestante épiscopalienne d'Angleterre, quatre ou cinq autres anglicans se succédèrent, faisant leurs adieux en termes de charité, d'unité et d'espérance. Ensuite vint le tour des orthodoxes, limités non seulement par ce qu'ils avaient déjà entendu, mais aussi par la difficulté qu'ils avaient à parler une langue étrangère. Ils firent de leur mieux, mais lorsque le neuvième orateur se leva — Mgr Joseph de Varna, un homme silencieux, réservé, — nous nous demandions tous s'il réussirait à dire encore quelque chose de nouveau sur la charité, l'unité et l'espérance. Il se leva, il nous regarda de ses yeux tranquilles et dit: "Qu'ajouterais-je aux paroles si belles que je viens d'entendre ? Une prière: Seigneur, fais qu'elles deviennent des réalités !"
Eh bien, sans voir dans ces paroles une amertume ou une plaisanterie hors de propos, je crois qu'elles s'appliquent à toutes nos réunions œcuméniques. Le troisième orateur pourrait se contenter d'élever une prière à Dieu, le remerciant de cette unanimité croissante dont nous avons maintenant l'expérience, de la joie que ces rencontres constituent, du sens d'être un groupe chrétien cohérent et non pas la mosaïque de chrétiens opposés que nous étions il y a vingt ans. Et puis — demander à Dieu que ces paroles d'espérance, ces paroles vraies et sincères, puissent devenir une réalité substantielle dans notre vie de tous les jours, une expérience vécue d'unité concrète, d'unité effective et créatrice.
Un objet qui est une inconnue et un sujet qui ne se connaît pas
Cependant, lorsque nous nous quittons, nous nous trouvons en face de pensées diverses: d'une part, nous sommes conscients de cette convergence chrétienne qui est notre joie actuelle, et, d'autre part, à chaque instant nous pouvons mesurer la distance qui nous sépare et les difficultés qui jonchent la route qui reste à couvrir entre nous. Il faut, je crois, un réalisme entier, un réalisme sérieux et clairvoyant, si nous voulons que nos recherches d'unité ne tournent pas court, qu'elles ne se transforment pas simplement en velléités, pleines certainement de bonne volonté, mais qui ne porteraient de fruits que sur le plan humain; si nous voulons que nos recherches d'unité ne se réduisent pas à une bonne volonté, qui, née en réponse à l'appel de Dieu, resterait toutefois entièrement dans le plan humain et transformerait l'unité du Corps du Christ (que nous sommes appelés non seulement à rechercher et à recevoir, mais aussi à construire) en une union sociologique ; qui transformerait l'Eglise, présence vivante de Dieu au milieu de Son peuple, en une société réduite à ses dimensions humaines.
Je voudrais insister, d'une façon qui manque peut-être d'envolée, sur certaines difficultés concrètes réelles qui existent encore. D'une certaine façon, les chrétiens qui viennent aux réunions œcuméniques sont déjà des chrétiens sensibilisés au problème, mais ce ne sont pas là tous les chrétiens: il y a à Paris plus de monde que dans cette salle, et nous devons nous en rendre compte. Il y a un premier problème, c'est celui de l'ignorance. Nous pensons immédiatement à notre ignorance de l'autre, aux caricatures que nous avons peu à peu construites au cours des siècles, dans la polémique et la mauvaise volonté, ou simplement dans l'aveuglement et l'incompréhension. Mais il y a aussi notre ignorance de nous-mêmes, les illusions dont nous sommes victimes. N'avez-vous pas remarqué combien souvent, lorsque des chrétiens comparent leur confession à celle des autres, ils comparent toute la richesse vécue d'une expérience à une caricature ou à une image très pauvre, qu'ils ont obtenue par des lectures superficielles. Nous comparons toute le profondeur d'une âme à l'image empirique d'une société dont nous ne connaissons pas, dont nous ne choisissons pas, les meilleurs représentants. Autrement, au lieu de parler des chrétiens qui nous entourent et qui nous heurtent par leur mauvaise volonté ou leur incapacité de voir que c'est nous qui avons raison... nous pourrions-nous tourner vers les saints et comparer les saints d'Occident aux saints d'Orient. Ce serait sans doute un acte plus juste par rapport aux Eglises qu'ils représentent, où ils sont nés, qui les ont nourris de la parole de vérité, et qui en ont fait ce qu'ils sont devenus ; car ils sont devenus saints non pas malgré leur Eglise, mais à l'intérieur de leur Eglise.
Que pourrait-on attendre de la rencontre quand il y a un objet qui est une inconnue et un sujet qui ne se connaît pas ? Qui va se rencontrer ? Il y a une absence des deux cotés. C'est un dialogue d'ombres inexistantes. La relation est impossible entre deux absences muuelles et corrélatives, — voilà le résultat de l'ignorance de l’autre. Demandons-nous chacun ce que nous savons de notre voisin, et nous serons au fait de cette ignorance. Comment pouvons-nous attendre, en présence de cette ignorance de soi et de l'autre, qu'il n'y ait pas de jugements non seulement faux, — s'ils n'étaient que téméraire; mais de jugements presque fous.
Cependant, lorsque nous nous quittons, nous nous trouvons en face de pensées diverses: d'une part, nous sommes conscients de cette convergence chrétienne qui est notre joie actuelle, et, d'autre part, à chaque instant nous pouvons mesurer la distance qui nous sépare et les difficultés qui jonchent la route qui reste à couvrir entre nous. Il faut, je crois, un réalisme entier, un réalisme sérieux et clairvoyant, si nous voulons que nos recherches d'unité ne tournent pas court, qu'elles ne se transforment pas simplement en velléités, pleines certainement de bonne volonté, mais qui ne porteraient de fruits que sur le plan humain; si nous voulons que nos recherches d'unité ne se réduisent pas à une bonne volonté, qui, née en réponse à l'appel de Dieu, resterait toutefois entièrement dans le plan humain et transformerait l'unité du Corps du Christ (que nous sommes appelés non seulement à rechercher et à recevoir, mais aussi à construire) en une union sociologique ; qui transformerait l'Eglise, présence vivante de Dieu au milieu de Son peuple, en une société réduite à ses dimensions humaines.
Je voudrais insister, d'une façon qui manque peut-être d'envolée, sur certaines difficultés concrètes réelles qui existent encore. D'une certaine façon, les chrétiens qui viennent aux réunions œcuméniques sont déjà des chrétiens sensibilisés au problème, mais ce ne sont pas là tous les chrétiens: il y a à Paris plus de monde que dans cette salle, et nous devons nous en rendre compte. Il y a un premier problème, c'est celui de l'ignorance. Nous pensons immédiatement à notre ignorance de l'autre, aux caricatures que nous avons peu à peu construites au cours des siècles, dans la polémique et la mauvaise volonté, ou simplement dans l'aveuglement et l'incompréhension. Mais il y a aussi notre ignorance de nous-mêmes, les illusions dont nous sommes victimes. N'avez-vous pas remarqué combien souvent, lorsque des chrétiens comparent leur confession à celle des autres, ils comparent toute la richesse vécue d'une expérience à une caricature ou à une image très pauvre, qu'ils ont obtenue par des lectures superficielles. Nous comparons toute le profondeur d'une âme à l'image empirique d'une société dont nous ne connaissons pas, dont nous ne choisissons pas, les meilleurs représentants. Autrement, au lieu de parler des chrétiens qui nous entourent et qui nous heurtent par leur mauvaise volonté ou leur incapacité de voir que c'est nous qui avons raison... nous pourrions-nous tourner vers les saints et comparer les saints d'Occident aux saints d'Orient. Ce serait sans doute un acte plus juste par rapport aux Eglises qu'ils représentent, où ils sont nés, qui les ont nourris de la parole de vérité, et qui en ont fait ce qu'ils sont devenus ; car ils sont devenus saints non pas malgré leur Eglise, mais à l'intérieur de leur Eglise.
Que pourrait-on attendre de la rencontre quand il y a un objet qui est une inconnue et un sujet qui ne se connaît pas ? Qui va se rencontrer ? Il y a une absence des deux cotés. C'est un dialogue d'ombres inexistantes. La relation est impossible entre deux absences muuelles et corrélatives, — voilà le résultat de l'ignorance de l’autre. Demandons-nous chacun ce que nous savons de notre voisin, et nous serons au fait de cette ignorance. Comment pouvons-nous attendre, en présence de cette ignorance de soi et de l'autre, qu'il n'y ait pas de jugements non seulement faux, — s'ils n'étaient que téméraire; mais de jugements presque fous.
Faire participer l'autre
II y a ensuite le problème des moyens qui permettent de communiquer sa pensée, de faire participer l'autre à une expérience valable, riche, profonde, ou, en tout cas, une expérience qui est le tout de la vie de l'individu et qui, de ce fait, possède une signification humaine et une signification devant Dieu. Il y a le problème des langues. Je ne parle pas seulement de cet aspect évident que constitue la Tour de Babel et ses conséquences pour nous, mais je pense à la difficulté que nous avons à nous comprendre, parce que les mots que nous employons ne veulent pas dire la même chose dans les confessions différentes. Les mots que nous employons ont acquis, dans chacune des confessions, une résonance spécifique, et vous pouvez provoquer des réactions inattendues en employant telle ou telle expression. Quand vous prononces le mot "baptême" en présence de baptistes, vous voyez comme aussitôt ils se redressent... Le terme "présence réelle" provoque aussi un redressement qui annonce un affrontement... A la Nouvelle Delhi, lors de l'Assemblée plénière du Conseil œcuménique des Eglises (2), j'ai eu l'étonnement de voir que le mot "Trinité" provoquait une réaction hallucinante. J'avais toujours cru, dans la simplicité de mon cœur, que pour les chrétiens il était évident que Dieu est Un dans la Sainte Trinité; mais quand j'ai vu que pendant une heure et demis, puis deux heures, et trois heures, une assemblée de chrétiens se demandait si la base du mouvement œcuménique pouvait être notre foi dans la Trinité, ou si c'était une exagération d'en demander tant à des chrétiens, — eh bien, j'ai été profondément impressionné, je ne dirais pas favorablement impressionné...
Voilà des exemples derrière lesquels il y a tout un monde, il y a des dizaines et quelquefois des centaines d'années de polarisation de la pensée et des sentiments, qui fait que des gens qui ont lié ces expressions au centre même de cohésion de leur groupe, se trouvent incapables d'entrer en communion intellectuelle ou en communion d'expérience spirituelle avec d'autres cens. Le malheur, c'est que cela existe. Cela existe, pas seulement entre des communions chrétiennes qui sont aux deux pôles opposés de l'expérience. A la Nouvelle Delhi, nous avions à l'extrême droite, dirions-nous, les orthodoxes et les vieux-catholiques, et à l'extrême gauche les pentecostaux du Chili; évidemment l'amplitude est grande, et si l'incompréhension régnait seulement entre ces deux ailes extrêmes, la surprise ne serai pas très grande. Plus on se rapproche du centre, plus on pourrait s'attendre à une rencontre de l’expérience; il n'en est rien, cette rencontre ne se fait pas, parce que même au centre, lorsqu'on n'est séparé que par quelques centimètres, les mots que nous employons se sont chargés, au cours des siècles, de significations qui les dépassent. Ce ne sont plus des mots qui veulent dire ce que l'on veut dire, les résonances émotionnelles et historiques priment sur la signification directe, stricte, théologique et vivante du mot. Il y a là bien plus à faire que d'étudier des traités de théologie et se rendre compte de ce que l'autre pense de lui-même et de nous; il y a bien autre chose à faire que de se dépasser dans une compréhension plus grande de la spiritualité de l'autre. Il faut se dépasser dans ses propres réactions ancestrales, dans son hérédité sémantique émotionnelle, et c'est là quelque chose qui est bien plus difficile que d'apprendre simplement une langue, qui permettrait de traduire techniquement ce que dit l'un des partenaires d'une discussion à l'autre.
"Pour être hérétique, il faut être chrétien !"
Il aussi le fait qu'il n'est pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Il y a le fait que souvent nous ne voyons pas, nous n'entendons pas et nous ne comprenons pas parce qu'il y a un blocage intérieur qui se fait dans notre intellect ou dans notre cœur, qui fait que nous voyons et restons aveugles, que nous entendons et demeurons sourds. Qui de nous peut dire qu'il regarde afin de voir et qu'il écoute afin d'entendre, chaque fois qu'il en a l'occasion? Qui de nous peut avoir l'audace de dire qu'il écoute et qu'il regarde en vue de se dépouiller de toute erreur, de tous préjugés, de toute étroitesse; en vue de découvrir ce qu'il y a de totalement ou de partiellement vrai en face de lui; de découvrir vraiment l'autre, quel que soit son nom ou son caractère; de découvrir l'autre à la façon dont Dieu le voit, dans sa vérité intime profonde, dans sa loyauté au Christ, qui se manifeste non seulement dans notre désir d'être un, mais aussi dans notre division même.
Nous sommes des chrétiens de confessions différentes parce que c'est notre façon, pour le moment, de saisir le fait d'être chrétiens et d'être liés au Christ personnellement, de vivre notre vie en Dieu. Je peux me repentir d'être un mauvais orthodoxe; je ne peux pas me repentir d'être orthodoxe, et je crois que personne d'entre nous n'a simplement le droit de dire: "Je regrette d'être ce que je suis."
II y a ensuite le problème des moyens qui permettent de communiquer sa pensée, de faire participer l'autre à une expérience valable, riche, profonde, ou, en tout cas, une expérience qui est le tout de la vie de l'individu et qui, de ce fait, possède une signification humaine et une signification devant Dieu. Il y a le problème des langues. Je ne parle pas seulement de cet aspect évident que constitue la Tour de Babel et ses conséquences pour nous, mais je pense à la difficulté que nous avons à nous comprendre, parce que les mots que nous employons ne veulent pas dire la même chose dans les confessions différentes. Les mots que nous employons ont acquis, dans chacune des confessions, une résonance spécifique, et vous pouvez provoquer des réactions inattendues en employant telle ou telle expression. Quand vous prononces le mot "baptême" en présence de baptistes, vous voyez comme aussitôt ils se redressent... Le terme "présence réelle" provoque aussi un redressement qui annonce un affrontement... A la Nouvelle Delhi, lors de l'Assemblée plénière du Conseil œcuménique des Eglises (2), j'ai eu l'étonnement de voir que le mot "Trinité" provoquait une réaction hallucinante. J'avais toujours cru, dans la simplicité de mon cœur, que pour les chrétiens il était évident que Dieu est Un dans la Sainte Trinité; mais quand j'ai vu que pendant une heure et demis, puis deux heures, et trois heures, une assemblée de chrétiens se demandait si la base du mouvement œcuménique pouvait être notre foi dans la Trinité, ou si c'était une exagération d'en demander tant à des chrétiens, — eh bien, j'ai été profondément impressionné, je ne dirais pas favorablement impressionné...
Voilà des exemples derrière lesquels il y a tout un monde, il y a des dizaines et quelquefois des centaines d'années de polarisation de la pensée et des sentiments, qui fait que des gens qui ont lié ces expressions au centre même de cohésion de leur groupe, se trouvent incapables d'entrer en communion intellectuelle ou en communion d'expérience spirituelle avec d'autres cens. Le malheur, c'est que cela existe. Cela existe, pas seulement entre des communions chrétiennes qui sont aux deux pôles opposés de l'expérience. A la Nouvelle Delhi, nous avions à l'extrême droite, dirions-nous, les orthodoxes et les vieux-catholiques, et à l'extrême gauche les pentecostaux du Chili; évidemment l'amplitude est grande, et si l'incompréhension régnait seulement entre ces deux ailes extrêmes, la surprise ne serai pas très grande. Plus on se rapproche du centre, plus on pourrait s'attendre à une rencontre de l’expérience; il n'en est rien, cette rencontre ne se fait pas, parce que même au centre, lorsqu'on n'est séparé que par quelques centimètres, les mots que nous employons se sont chargés, au cours des siècles, de significations qui les dépassent. Ce ne sont plus des mots qui veulent dire ce que l'on veut dire, les résonances émotionnelles et historiques priment sur la signification directe, stricte, théologique et vivante du mot. Il y a là bien plus à faire que d'étudier des traités de théologie et se rendre compte de ce que l'autre pense de lui-même et de nous; il y a bien autre chose à faire que de se dépasser dans une compréhension plus grande de la spiritualité de l'autre. Il faut se dépasser dans ses propres réactions ancestrales, dans son hérédité sémantique émotionnelle, et c'est là quelque chose qui est bien plus difficile que d'apprendre simplement une langue, qui permettrait de traduire techniquement ce que dit l'un des partenaires d'une discussion à l'autre.
"Pour être hérétique, il faut être chrétien !"
Il aussi le fait qu'il n'est pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Il y a le fait que souvent nous ne voyons pas, nous n'entendons pas et nous ne comprenons pas parce qu'il y a un blocage intérieur qui se fait dans notre intellect ou dans notre cœur, qui fait que nous voyons et restons aveugles, que nous entendons et demeurons sourds. Qui de nous peut dire qu'il regarde afin de voir et qu'il écoute afin d'entendre, chaque fois qu'il en a l'occasion? Qui de nous peut avoir l'audace de dire qu'il écoute et qu'il regarde en vue de se dépouiller de toute erreur, de tous préjugés, de toute étroitesse; en vue de découvrir ce qu'il y a de totalement ou de partiellement vrai en face de lui; de découvrir vraiment l'autre, quel que soit son nom ou son caractère; de découvrir l'autre à la façon dont Dieu le voit, dans sa vérité intime profonde, dans sa loyauté au Christ, qui se manifeste non seulement dans notre désir d'être un, mais aussi dans notre division même.
Nous sommes des chrétiens de confessions différentes parce que c'est notre façon, pour le moment, de saisir le fait d'être chrétiens et d'être liés au Christ personnellement, de vivre notre vie en Dieu. Je peux me repentir d'être un mauvais orthodoxe; je ne peux pas me repentir d'être orthodoxe, et je crois que personne d'entre nous n'a simplement le droit de dire: "Je regrette d'être ce que je suis."
Nous nous appliquons maintenant à ne pas nous appeler mutuellement hérétiques et schismatiques. Pourtant ce ne sont là que des désignations de faits objectifs: il y a des hérésies et il y a des schismes; il est inutile de se leurrer de ce point de vue. Seulement, il faudrait que nous dégagions ces termes de l'insulte qui leur est inhérente. Je crois qu'il est important de nous rendre compte que nous affirmons deux choses opposées et conjointes, quand nous désignons l'autre comme hérétique ou schismatique. Nous disons à la fois qu'il est dans l'erreur et qu'il est dans l'Eglise: parce qu'on ne peut pas être schismatique hors de l'Eglise, non plus qu'on ne peut être hérétique hors du fait chrétien. Je me rappelle avoir demandé un jour au Père Georges Florovsky ce que je devais penser d'un certain théologien: était-il hérétique ou non ? Il m'a répondu par cette boutade: "Il n'est certainement pas hérétique: pour être hérétique, il faut être chrétien !"
Eh bien, dépassant l'anecdote, il faut nous rappeler qu'en fait nous sommes chrétiens dans notre division, ce qui est riche de possibilités. Dans l'histoire de notre division, chaque groupe, par sa polarisation, son excentricité par rapport à la réalité du Christ et du fait chrétien, a découvert et souligné des traits qui appartiennent bien au christianisme, mais dont l'exagération en fait une caricature; et dans notre recherche commune actuelle, ces découvertes partielles qui, isolées, sont des monstruosités, peuvent servir à un enrichissement réciproque. Je crois que nous devons maintenant reprendre tout le problème, avec beaucoup de respect par rapport à l'autre, nous souvenant que "personne ne peut reconnaître dans le prophète de Galilée le Verbe incarné de Dieu et son Seigneur, si l'Esprit Saint lui-même ne le lui révèle".
Nous avons complètement oublié que celui qui a tort, c'est celui qui a raison
Il y a aussi le fait que si nous voulons faire œuvre d'unification dans l'Eglise, il faut avant tout nous rappeler deux choses: la première, c'est que l'unité de l'Eglise que nous recherchons, ce n'est pas celle d'une association cultuelle, c'est l'unité du corps vivant du Christ, dont tous les membres sont des membres vivants, c'est à dire des chrétiens réels. Chacun d'entre nous, dans la mesure où il n'est pas chrétien, est un empêchement à l'unité du christianisme, parce que c'est là non un problème de conviction intellectuelle, mais un problème essentiel ontologique. Nous ne pouvons pas concevoir une Eglise Une, qui soit le corps du Christ, faite d'individus, c'est à dire de membres, qui individuellement ne soient pas des chrétiens. C'est une absurdité, et pourtant c'est une absurdité que nous recherchons si souvent, que nous essayons de réaliser par des agencements et des réagencements diplomatiques, qui tendent à provoquer des cohésions volumineuses, mais qui ne font pas plus l'unité qu'avant.
Il y a aussi le fait que nous n'arriverons jamais à rien si nous ne nous rappelons que par rapport à l'autre, qui est l'objet de notre dialogue, notre attitude doit être celle du Christ Lui-même; du Christ, du Dieu Un dans la Sainte Trinité, qui est le Dieu de tous et de chacun; du Dieu qui aime également les bons et les méchants, qui déverse Sa charité sur les bons et les méchants. De ce Dieu qui est non seulement le garant, mais aussi le protecteur de la dignité humaine, qui ne veut pas d'esclaves, qui veut des fils et des égaux, des compagnons dans le sens entier du mot, des hommes capables de rompre le pain avec Lui autour d'une table où tous sont des égaux: le Fils et les fils. Et enfin le fait que, dans l'attitude de Dieu par rapport au monde, il y a une solidarité totale avec le monde. Nous pensons souvent à Dieu comme au Créateur qui nous a lancés dans le devenir et qui nous attend à la sortie comme notre juge; qui nous a poussés dans un devenir auquel nous ne pouvons pas échapper, et qui va nous demander des comptes à la fin des temps.
En réalité, Dieu, à chaque instant, est solidaire de sa création. Prenez toutes les images de l'Ecriture Sainte où Dieu nous est présenté comme l'Epoux fidèle d'une création qui est devenue infidèle, Celui qui toujours sera retrouvé, dont le cœur n'a jamais changé. Il y a ce fait central de la solidarité totale, de la solidarité finale de Dieu avec Ses créatures dans l'Incarnation. Dieu qui devient homme pour toujours, Dieu qui entre dans l'histoire, qui, dans la personne du Verbe incarné, acquiert une destinée (si l'on peut s'exprimer ainsi) et qui, l'ayant acquise, emporte le fait humain et tout le fait visible et invisible dans les profondeurs du mystère de Dieu dans l'Ascension, — car c'est le Verbe incarné qui est à la droite du Père. Il y a là une solidarité absolue, non pas avec le saint, mais avec le pécheur, avec tout le monde et avec chacun, en vue de sauver ceux qui peuvent être sauvés.
Eh bien, dépassant l'anecdote, il faut nous rappeler qu'en fait nous sommes chrétiens dans notre division, ce qui est riche de possibilités. Dans l'histoire de notre division, chaque groupe, par sa polarisation, son excentricité par rapport à la réalité du Christ et du fait chrétien, a découvert et souligné des traits qui appartiennent bien au christianisme, mais dont l'exagération en fait une caricature; et dans notre recherche commune actuelle, ces découvertes partielles qui, isolées, sont des monstruosités, peuvent servir à un enrichissement réciproque. Je crois que nous devons maintenant reprendre tout le problème, avec beaucoup de respect par rapport à l'autre, nous souvenant que "personne ne peut reconnaître dans le prophète de Galilée le Verbe incarné de Dieu et son Seigneur, si l'Esprit Saint lui-même ne le lui révèle".
Nous avons complètement oublié que celui qui a tort, c'est celui qui a raison
Il y a aussi le fait que si nous voulons faire œuvre d'unification dans l'Eglise, il faut avant tout nous rappeler deux choses: la première, c'est que l'unité de l'Eglise que nous recherchons, ce n'est pas celle d'une association cultuelle, c'est l'unité du corps vivant du Christ, dont tous les membres sont des membres vivants, c'est à dire des chrétiens réels. Chacun d'entre nous, dans la mesure où il n'est pas chrétien, est un empêchement à l'unité du christianisme, parce que c'est là non un problème de conviction intellectuelle, mais un problème essentiel ontologique. Nous ne pouvons pas concevoir une Eglise Une, qui soit le corps du Christ, faite d'individus, c'est à dire de membres, qui individuellement ne soient pas des chrétiens. C'est une absurdité, et pourtant c'est une absurdité que nous recherchons si souvent, que nous essayons de réaliser par des agencements et des réagencements diplomatiques, qui tendent à provoquer des cohésions volumineuses, mais qui ne font pas plus l'unité qu'avant.
Il y a aussi le fait que nous n'arriverons jamais à rien si nous ne nous rappelons que par rapport à l'autre, qui est l'objet de notre dialogue, notre attitude doit être celle du Christ Lui-même; du Christ, du Dieu Un dans la Sainte Trinité, qui est le Dieu de tous et de chacun; du Dieu qui aime également les bons et les méchants, qui déverse Sa charité sur les bons et les méchants. De ce Dieu qui est non seulement le garant, mais aussi le protecteur de la dignité humaine, qui ne veut pas d'esclaves, qui veut des fils et des égaux, des compagnons dans le sens entier du mot, des hommes capables de rompre le pain avec Lui autour d'une table où tous sont des égaux: le Fils et les fils. Et enfin le fait que, dans l'attitude de Dieu par rapport au monde, il y a une solidarité totale avec le monde. Nous pensons souvent à Dieu comme au Créateur qui nous a lancés dans le devenir et qui nous attend à la sortie comme notre juge; qui nous a poussés dans un devenir auquel nous ne pouvons pas échapper, et qui va nous demander des comptes à la fin des temps.
En réalité, Dieu, à chaque instant, est solidaire de sa création. Prenez toutes les images de l'Ecriture Sainte où Dieu nous est présenté comme l'Epoux fidèle d'une création qui est devenue infidèle, Celui qui toujours sera retrouvé, dont le cœur n'a jamais changé. Il y a ce fait central de la solidarité totale, de la solidarité finale de Dieu avec Ses créatures dans l'Incarnation. Dieu qui devient homme pour toujours, Dieu qui entre dans l'histoire, qui, dans la personne du Verbe incarné, acquiert une destinée (si l'on peut s'exprimer ainsi) et qui, l'ayant acquise, emporte le fait humain et tout le fait visible et invisible dans les profondeurs du mystère de Dieu dans l'Ascension, — car c'est le Verbe incarné qui est à la droite du Père. Il y a là une solidarité absolue, non pas avec le saint, mais avec le pécheur, avec tout le monde et avec chacun, en vue de sauver ceux qui peuvent être sauvés.
Eh bien, c'est rarement notre attitude à nous. Nous avons trop souvent l'impression que Dieu, c'est notre Dieu à nous, que nous sommes les vrais enfants, tandis que les autres sont des enfants d'adoption, que Dieu traite gentiment, qu'Il supporte, mais qui, évidemment, ne peuvent se comparer à nous. Nous nous sentons très dignes de Dieu, mais les autres, on peut marcher dessus... Il y a le fait que nous ne nous sentons pas du tout solidaires du pécheur...
Nous ne sommes pas non plus solidaires dans le sens d'une responsabilité. Nous avons complètement oublié que celui qui a tort, c'est celui qui a raison: si je possède la vérité et ne suis pas capable de la communiquer, que puis-je demander à celui qui est dans l'erreur et n'est pas capable de découvrir en moi la vérité ? Vous croyez que c'est facile, en regardant quiconque d'entre nous, de voir la vérité dans sa splendeur et dans son éclat ? Je vous défie de découvrir dans quiconque d'entre nous ici-présents la preuve que c'est sa confession qui est l'Eglise du Christ, dans le sens plein: au contraire, "à cause de nous, le nom de Dieu est méprisé", et notre Eglise est méprisée. Nous devons aller plus avant encore que nous ne sommes déjà allés dans notre solidarité, parce que nous sommes responsables de ceux qui ont tort, si nous croyons que nous avons raison. Et d'autant plus responsables si Dieu croit que nous avons raison. C'est à nous d'être jugés au premier chef, et non pas à ceux qui sont dans l'erreur.
Nous ne sommes pas non plus solidaires dans le sens d'une responsabilité. Nous avons complètement oublié que celui qui a tort, c'est celui qui a raison: si je possède la vérité et ne suis pas capable de la communiquer, que puis-je demander à celui qui est dans l'erreur et n'est pas capable de découvrir en moi la vérité ? Vous croyez que c'est facile, en regardant quiconque d'entre nous, de voir la vérité dans sa splendeur et dans son éclat ? Je vous défie de découvrir dans quiconque d'entre nous ici-présents la preuve que c'est sa confession qui est l'Eglise du Christ, dans le sens plein: au contraire, "à cause de nous, le nom de Dieu est méprisé", et notre Eglise est méprisée. Nous devons aller plus avant encore que nous ne sommes déjà allés dans notre solidarité, parce que nous sommes responsables de ceux qui ont tort, si nous croyons que nous avons raison. Et d'autant plus responsables si Dieu croit que nous avons raison. C'est à nous d'être jugés au premier chef, et non pas à ceux qui sont dans l'erreur.
Après chaque victoire de nos efforts vers l'unité
Voilà les difficultés, que je constate, et en même temps les espoirs que je vois: ils sont corrélatifs dans la situation œcuménique d'à présent. Voir ces difficultés, s'en rendre compte, est chargé d'espérance. Je crois que nous ne devons pas nous centrer sur des moments de succès ou d'insuccès, de triomphe ou de défaite. Je crois que l'histoire n'a pas commencé avec nous, elle n'a pas commencé avec Vatican II ni avec les conférences orthodoxes de Rhodes. Elle n'a pas commencé avec tous ces petits événements qui nous paraissent exagérément grands parce que nous-mêmes y sommes impliqués. Il est important, je crois, de nous en rendre compte et de retrouver une sobriété qui nous permette de voir les choses à leur juste mesure.
Il faut nous rappeler que rien n'est assez grand pour supporter d'être placé à côté de la Croix du Calvaire sur laquelle le Verbe incarné a donné Sa vie, ni à côté de la lumière resplendissante de la Résurrection. Tout ce qui est plus petit que cela dans notre recherche de l'unité, dans notre recherche de vie spirituelle, dans nos relations les uns avec les autres, tout cela est encore de ce monde, encore séculier. La Croix et la Résurrection.
Le Christ aux mains et aux pieds percés, glorieux dans Sa victoire, voilà la mesure que nous devons rechercher. Et après chaque pas en avant sur le chemin qui nous conduit les uns vers les autres, après chaque victoire de nos efforts vers l'unité, nous devons nous plonger à nouveau dans la profondeur de ce mystère, comme le Seigneur dit à Ses disciples: "Et maintenant, retirez-vous seuls dans le désert et prenez du repos", ce repos intérieur qui est un retour en profondeur, un détachement de l'œuvre que nous croyons accomplir et que seul Dieu peut parfaire.
Source
Notes de VGolovanow:
(1) Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Quelques-etapes-de-l-oecumenisme-orthodoxe-Partie-2_a2526.html
(2) Il s'agit de la Troisième Assemblée, Nouvelle-Delhi 1961, à laquelle participèrent pour la première fois des observateurs de l'Eglise catholique
NB: Le site web " Masarchive.org " (Metropolitan Anthony of Sourozh Archive, ICI , est consacré à Mgr Antoine. Il est très riche en ressources, en majeure partie des archives personnelles du métropolite Antoine, avec des documents et des enregistrements sonores en anglais en russe et, en partie en français; il y a aussi beaucoup de photographies et des vidéos.
Voir aussi: ICI
ICI
Père Stephen C. Headley: "La liberté puisée dans le voir" d'apres les sermons de Métropolite Antoine (Bloom)
Voilà les difficultés, que je constate, et en même temps les espoirs que je vois: ils sont corrélatifs dans la situation œcuménique d'à présent. Voir ces difficultés, s'en rendre compte, est chargé d'espérance. Je crois que nous ne devons pas nous centrer sur des moments de succès ou d'insuccès, de triomphe ou de défaite. Je crois que l'histoire n'a pas commencé avec nous, elle n'a pas commencé avec Vatican II ni avec les conférences orthodoxes de Rhodes. Elle n'a pas commencé avec tous ces petits événements qui nous paraissent exagérément grands parce que nous-mêmes y sommes impliqués. Il est important, je crois, de nous en rendre compte et de retrouver une sobriété qui nous permette de voir les choses à leur juste mesure.
Il faut nous rappeler que rien n'est assez grand pour supporter d'être placé à côté de la Croix du Calvaire sur laquelle le Verbe incarné a donné Sa vie, ni à côté de la lumière resplendissante de la Résurrection. Tout ce qui est plus petit que cela dans notre recherche de l'unité, dans notre recherche de vie spirituelle, dans nos relations les uns avec les autres, tout cela est encore de ce monde, encore séculier. La Croix et la Résurrection.
Le Christ aux mains et aux pieds percés, glorieux dans Sa victoire, voilà la mesure que nous devons rechercher. Et après chaque pas en avant sur le chemin qui nous conduit les uns vers les autres, après chaque victoire de nos efforts vers l'unité, nous devons nous plonger à nouveau dans la profondeur de ce mystère, comme le Seigneur dit à Ses disciples: "Et maintenant, retirez-vous seuls dans le désert et prenez du repos", ce repos intérieur qui est un retour en profondeur, un détachement de l'œuvre que nous croyons accomplir et que seul Dieu peut parfaire.
Source
Notes de VGolovanow:
(1) Cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Quelques-etapes-de-l-oecumenisme-orthodoxe-Partie-2_a2526.html
(2) Il s'agit de la Troisième Assemblée, Nouvelle-Delhi 1961, à laquelle participèrent pour la première fois des observateurs de l'Eglise catholique
NB: Le site web " Masarchive.org " (Metropolitan Anthony of Sourozh Archive, ICI , est consacré à Mgr Antoine. Il est très riche en ressources, en majeure partie des archives personnelles du métropolite Antoine, avec des documents et des enregistrements sonores en anglais en russe et, en partie en français; il y a aussi beaucoup de photographies et des vidéos.
Voir aussi: ICI
ICI
Père Stephen C. Headley: "La liberté puisée dans le voir" d'apres les sermons de Métropolite Antoine (Bloom)
Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 5 Avril 2019 à 09:52
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