Le site "Bogoslov.ru" (que nous recommandons vivement) vient de poster un texte du
père Antoine Lambrechts
En voici un extrait dans l'original.Pour ceux qui souhaiteraient le lire in extenso cliquez ICI

« Bien que je vive en Occident et que pour bien des choses j’estime et même j’aime l’Occident, je ne suis pourtant pas un “Occidentaliste”. J’aime beaucoup plus le monde grec que le monde latin, Byzance que le moyen âge occidental, et bien sûr l’Orthodoxie et non le Catholicisme romain. J’aime beaucoup aussi la Russie, toute sa culture et son histoire, bien que Byzance et “l’Orthodoxie patristique” me soient peut-être encore plus proches et plus chères »[1].

Ce credo – à la fois culturel et ecclésial – que Mgr Basile (Krivochéine) exprime, comme un cri du cœur, en 1956 à Oxford, dans une lettre à son neveu Nikita, est en quelque sorte caractéristique de son attitude à l’égard de l’Eglise catholique et de ses relations avec les Catholiques qu’il a rencontrés au cours de sa longue vie. Son regard est d’abord un regard de foi, une foi enracinée dans celle des Pères de l’Eglise ancienne, la foi des Pères grecs, les Cappadociens surtout, la foi aussi des “mystiques” byzantins, Syméon le Nouveau Théologien et Grégoire Palamas, son premier amour. On pourrait dire que sa vraie patrie ici sur terre était la foi des Pères. A partir de cette foi, il juge l’Eglise orthodoxe, qu’elle soit russe ou grecque, il juge aussi l’Eglise catholique. Son regard sur l’Eglise catholique est d’abord un regard de théologien et non celui d’un œcuméniste diplomate. Il n’aime pas les compromis et les amabilités au détriment de la vérité, de l’Orthodoxie ou de la tradition ecclésiale. En cela il est resté aussi toute sa vie moine athonite…

En effet, c’est au Mont Athos, où il devient moine en 1925, qu’il découvre la foi des Pères. Il y découvre d’abord Grégoire Palamas, bien avant le renouveau palamite occidental dans des années Cinquante. En 1936, il publie, à Prague, son étude importante sur « l’Enseignement ascétique et théologique de saint Grégoire Palamas », étude qui sera tout de suite traduite en anglais et en allemand[2]. Dans les bibliothèques athonites, il trouve aussi les premiers matériaux pour l’édition critique des Catéchèses de saint Syméon le Nouveau Théologien, édition et étude qui l’occuperont encore pendant des décennies[3].

Ces recherches patristiques, pourtant, ne l’enferment pas dans sa cellule. Il aime en discuter avec d’autres, avec ses confrères sans doute, mais aussi avec des patrologues et des byzantinistes occidentaux en visite au Mont Athos. Une de ses tâches, dans les années Vingt et Trente, est de les accompagner comme interprète à travers la Sainte Montagne. « Parmi eux, écrit-il à sa mère en 1932, il y a parfois des gens avec des questions spirituelles et un intérêt pour l’Orthodoxie. Mais ce sont des cas rares »[4].

Les cas sont rares, en effet, mais ils existent. C’est à cette époque qu’il noue ses premiers contacts avec des Catholiques qui resteront ses amis pour le reste de sa vie. Dès les années Vingt, il fait ainsi la connaissance des moines de notre communauté (alors à Amay-sur-Meuse), venus au Mont Athos pour s’initier à la vie monastique orthodoxe et à la liturgie byzantine : avec le P. Théodore Belpaire en automne 1927[5], avec Dom Lambert Beauduin en février 1930, avec le P. David Balfour dans les années 1931-1932. Ce dernier se convertira d’ailleurs à l’Eglise orthodoxe sous l’influence du starets Silouane et du Père Sophrony (Sakharov). Mgr Basile Krivochéine est resté fidèle à cette amitié pour notre communauté tout au long de sa vie : en novembre 1936 il envoie au P. Théodore Belpaire, alors Prieur de la communauté, un exemplaire dédicacé de son étude sur Grégoire Palamas. Plus tard, au printemps de 1957, il viendra spécialement à Chevetogne, pour nous raconter son premier récent voyage en Union Soviétique et nous mettre au courant de l’état de ses recherches sur Syméon le Nouveau Théologien. Ce qu’il apprécie dans notre communauté, c’est manifestement l’esprit de confiance et de franchise à l’égard de l’Eglise orthodoxe, ainsi que l’approche théologique et patristique du problème de l’unité chrétienne :
« Mes causeries ont suscité parmi eux un grand intérêt – écrit-il à son frère Igor après sa visite à Chevetogne, en mars 1957. C’est un plaisir (et en même temps extrêmement triste) de voir que ces “uniates”[6] (ils sont tous de différentes nationalités occidentales – des Belges, des Français, etc.) ont à l’égard de l’Eglise orthodoxe russe (= du Patriarcat de Moscou) plus de sympathie, de compréhension et de bienveillance que beaucoup de nos émigrés hybrides. Mais je dois ajouter, que l’on peut trouver une telle attitude de sympathie seulement chez une petite minorité de Catholiques. Le Vatican et la grande majorité des hiérarques catholiques se comportent à l’égard de l’Eglise orthodoxe russe sans amitié, et souvent même avec hostilité »[7].
Devenu évêque de Bruxelles, il nous honorait presque chaque année par sa participation aux « Semaines d’études œcuméniques », fondées pendant la deuxième guerre mondiale par le P. Clément Lialine, moine de notre communauté. Ces Semaines d’études ont toujours eu un caractère théologique, patristique ou monastique. Les participants de différentes Eglises pouvaient y aborder des problèmes d’actualité œcuménique en toute franchise, et Mgr Basile y intervenait volontiers au vif des débats[8]. Les journées se terminaient d’habitude par la célébration des Vêpres byzantines en slavon et Mgr Basile acceptait alors de réciter le psaume invitatoire, le psaume 103. En 1980, il nous a honorés également en publiant aux Editions de Chevetogne, la version française de son œuvre capitale sur la vie et la spiritualité de Syméon le Nouveau Théologien : « Dans la lumière du Christ »[9]. A partir des années soixante, notre monastère était, grâce à lui, obligatoirement sur le programme de toutes les visites officielles – ou autres – des hiérarques du patriarcat de Moscou, ce qui nous a permis d’élargir considérablement nos contacts œcuméniques parmi le clergé en Russie. Parfois, Mgr Basile semblait même vouloir nous considérer comme étant de sa juridiction lorsqu’il nous manifestait gentiment son mécontentement de nos contacts avec l’archevêché russe de Constantinople ou avec l’Eglise russe hors-frontières : « Vous êtes quand-même pour le patriarcat de Moscou ! », nous disait-il alors...
Nous n’étions certainement pas les seuls Catholiques – en Belgique ou ailleurs – en qui il avait confiance. Sans doute, son séjour à Oxford, sa participation aux célèbres congrès patristiques d’Oxford, et surtout sa nomination comme évêque de Bruxelles lui a permis de s’ouvrir aux autres chrétiens et d’approfondir ses contacts avec les Catholiques. Une lettre[10] de 1939, où il met sa mère en garde contre la piété catholique, nous montre quel chemin il a parcouru dans ce sens depuis sa période athonite : Suite

Un SITE Mgr. BASILE (KRIVOCHEINE) " l'Eglise orthodoxe russe au XX siècle" et "Dans la Révolution et la guerre civile"

Rédigé par l'équipe de rédaction le 29 Novembre 2009 à 11:47 | 0 commentaire | Permalien


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