Mgr Hilarion au sujet de la diaspora orthodoxe
Le numéro d’août de la Revue du patriarcat de Moscou[ ("Journal Moskovskoj Patriarkhiï") publie une longue interview avec l’archevêque Hilarion, président du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou.


En voici quelques extraits:

Les problèmes de la diaspora orthodoxe ont été parmi ceux qui ont le plus occupé la récente rencontre panorthodoxe de Chambésy. Pourquoi ?

- Il avait été prévu que quatre sujets, d’ailleurs liés entre eux, seront prioritaires dans l’ordre du jour de la rencontre : la diaspora orthodoxe, l’autocéphalie et les modalités de son octroi, l’autonomie et son octroi, les diptyques qui déterminent l’ordre dans lequel sont mentionnés les primats des Églises orthodoxes. Il fut ultérieurement décidé de consacrer la rencontre panorthodoxe à l’examen de la question la plus difficile et épineuse de cette liste, celle de la diaspora. La commission orthodoxe préconciliaire s’était réunie en 1990 et 1993 tandis qu’une conférence consacrée à la diaspora a réuni en 1995 de nombreux spécialistes du droit canon Par la suite, la discussion fut interrompue car des difficultés étaient survenues dans les relations entre le patriarcat de Constantinople et celui de Moscou, difficultés dues à la mise en place en Estonie d’une juridiction ecclésiale parallèle dépendante de Constantinople.

La préparation du concile panorthodoxe a repris après la rencontre à Istanbul, en octobre 2008, des primats des Églises orthodoxes et des représentants des Églises orthodoxes locales. Il fut décidé de confier l’examen des problèmes de la diaspora à la prochaine session de la conférence préconciliaire. Le règlement de ces problèmes revêt une importance particulière pour un meilleur témoignage orthodoxe et une mission plus efficace dans de nombreuses régions du monde.

-Des solutions diverses sont préconisées pour l’organisation canonique de la diaspora. Quelles sont les positions du patriarcat de Moscou ? Quelles sont les Églises locales qui ont des positions similaires ? Quelles solutions alternatives sont-elles proposées ?


- Le patriarcat de Moscou, ainsi que plusieurs Églises locales, considèrent que chacune d’entre elles est en droit, dans les régions qui ne font pas partie du territoire canonique de l’une d’entre elles, de conduire des activités pastorales et missionnaires parmi ses fidèles dispersés. En effet, le Christ a dit à chacun de ses disciples « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit (Mt 28-19) ». Il est évident que la situation actuelle dans la diaspora - quand des juridictions parallèles coexistent dans plusieurs régions et que des chaires épiscopales de diverses Églises locales sont présentes dans une même ville - n’est pas tout à fait en conformité avec la tradition. Un tel état de chose s’explique par l’histoire q u’a connue le XXe siècle. Les révolutions et les guerres ont entraîné la migration de millions de fidèles orthodoxes. Nos compatriotes ont dû, très nombreux, fuir le pays à la suite de la révolution de 1917.

Des phénomènes similaires ont concerné d’autres nations orthodoxes : Grecs, peuples de l’Asie Mineure, Roumains, Serbes, Arabes. Nous devons le respect à tous ceux qui ont été contraints de s’installer à l’étranger et qui souhaitent préserver des liens spirituels avec leurs patries. Il ne s’agit pas de savoir, lorsqu’il s’agit de la diaspora, de qui doivent relever tel ou tel diocèse, telle ou telle paroisse, par qui doivent-ils être administrés ? Comment doivent être spirituellement guidés ceux de nos compatriotes qui de par la volonté de la Providence vivent en dehors du territoire canonique de l’Eglise à laquelle ils appartiennent ? Ils ressentent le besoin de prier dans leur langue maternelle, ils en ont le droit…

-Quelles sont les décisions adoptées par la conférence préconciliaires ?

- Ont été approuvés les textes élaborés par la commission préparatoire panorthodoxe ainsi que par la conférence sur le droit canonique de 1995, cela avec des amendements et des ajouts importants. Les délégations ont été d’accord pour dire que la méthode la plus efficace permettant de renforcer l’unité orthodoxe et la collaboration au sein de la diaspora pourrait être les conférences des évêques réunissant les responsables des diocèses canoniques dans telle ou telle région…

La présidence de ces conférences serait assumée conformément à l’ordre des diptyques, alors que toutes les décisions seraient prises à l’unanimité des Églises représentées par leurs évêques au sein de la conférence. Les droits des conférences et de leurs présidents sont exposés d’une manière détaillée dans les règles de procédures approuvées par la rencontre de Chambésy. Il y est souligné que les conférences des évêques ne s’ingèrent pas dans le domaine de compétence diocésaine de chacun des évêques qui continuent à relever de l’Eglise locale qui les a nommée. Les conférences ne limitent en rien le droit des Églises locales à avoir des relations indépendantes avec les organisations internationales, les pouvoirs publics, les autres confessions et organisations religieuses.

Les textes qui avaient été proposés la Commission préparatoire et la conférence des canonistes ont été selon considérablement améliorés à Chambésy et reflètent mieux maintenant les positions de l’Eglise orthodoxes russe. Le principe du consensus dans l’adoption des décisions par les conférences des évêques est très important en vue d’atteindre l’unité panorthodoxe. Il y a encore, en effet, de sérieuses divergences entre les Églises. Il est, bien sur, indispensable de faire, lorsqu’il s’agit de questions particulièrement compliquées, des concessions, ceci au nom de la paix et de l’entente ecclésiales. Ainsi, des approches diverses se sont fait jour lors de la discussion de la question de la présidence des conférences des évêques.

La délégation de l’Eglise orthodoxe russe, celles de plusieurs autres Églises locales proposaient l’élection des présidents par les conférences ou bien la mise en place d’une présidence tournante selon les principes de la rotation. Il est apparu qu’il est aujourd’hui pour l'instant impossible d’atteindre l’unanimité sur cette question. Aussi, les délégations ont accepté de s’en tenir aux diptyques, alors que le mandat des présidents des conférences des évêques et des membres de ces conférences a été formulés d’une manière très précise et dans une rédaction nouvelle.

La commission panorthodoxe se réunira la prochaine fois en décembre 2009.


Rédigé par l'équipe de rédaction le 8 Septembre 2009 à 20:57 | -2 commentaire | Permalien


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