Mgr Marc Archevêque de Berlin d’Allemagne et de Grande Bretagne : les valeurs chrétiennes en Europe d’aujourd’hui
Traduction pour "PO" Séraphin Rehbinder

La civilisation actuelle place les chrétiens devant de nouveaux défis. D’un côté les demandes spirituelles de la société grandissent mais d’un autre côté un témoignage chrétien direct et la défense des valeurs traditionnelles peuvent, dans de nombreux cas, mettre leur auteur en contradiction avec la loi ou provoquer des réactions inadéquates de la part du public. Comment conserver son identité religieuse et, en même temps, ne pas s’engager dans une attitude d’hostilité au monde extérieur ? Conserver la solidité de la foi et, en même temps, ne pas s’éloigner du rythme de la vie actuelle. De cela et de bien d’autre chose nous avons conversé avec l’archevêque de Berlin, d’Allemagne et de Grande Bretagne, Marc.

- Monseigneur, votre visite à Moscou était liée, en premier lieu, à votre participation aux travaux du concile des évêques. A votre avis, quelle fut la spécificité du présent Concile? Quels documents vous paraissent les plus actuels ?

- A priori il m’était difficile d’imaginer qu’un concile réunissant autant d’évêques, 290 hiérarques ont participé aux travaux, pouvait fonctionner normalement. C’est le concile épiscopal le plus nombreux dans toute l’histoire de l’Eglise orthodoxe russe.


Mgr Marc Archevêque de Berlin d’Allemagne et de Grande Bretagne : les valeurs chrétiennes en Europe d’aujourd’hui
Mais grâce aux efforts importants réalisés avant la tenue du Concile nous avons pu travailler dans le calme, la concentration et la recherche de résultat. Je voudrais souligner à cet égard le rôle de la commission inter conciliaire créée lors du concile local de 2009. C’est justement dans les sections de la commission qu’ont été préparés les projets de documents qui ont servi de base aux décisions du concile. C’est un instrument très utile, dont on a besoin pour le travail de l’Eglise.

Parmi les documents adoptés par le concile il y en a un qui possède une signification spéciale : « La position de l’Eglise à l’égard de l’extension des méthodes d’enregistrements et du traitement des données personnelles » En Russie ce problème provoque, à nos yeux, une agitation exagérée chez beaucoup de gens alors qu’à l’étranger nous vivons depuis longtemps avec ce genre de documents et nous n’en éprouvons aucun dommage.

La résolution adoptée par le Concile à ce sujet est parfaitement pesée et équilibrée. D’un côté elle déclare que les techniques actuelles ne peuvent en principe occasionner aucun préjudice aux personnes qui respectent les commandements et vivent selon les principes chrétiens. D’un autre côté elle demande aux autorités de manifester de la compréhension pour les personnes qui refusent ces formes d’identification pour des motifs religieux. On devrait proposer à cette catégorie de personnes d’autres formes d’enregistrement de leur identité et s’assurer qu’elles ne subissent pas de dommage à cause de leur attitude. Ce dernier point est particulièrement important dans la mesure où, comme on le sait, dans beaucoup d’endroits, les personnes ayant refusé ces nouvelles formes d’identification sont privées de leurs retraites, d’aide sociale et des services médicaux.

-Votre enfance s’est déroulée au cours d’une période dramatique de l’histoire de l’Allemagne. Vous êtes né en Allemagne de l’Est, au moment où la deuxième guerre mondiale faisait rage et, après les évènements de 1953, vous vous êtes retrouvé en Allemagne de l’Ouest. C’est là que vous avez commencé à étudier sérieusement la langue russe. Vous avez dit un jour que vous l’avez fait pour mieux connaître l’ennemi. Mais il est apparu qu’en recherchant l’ennemi vous avez trouvé le Christ. Pourriez-vous nous raconter, s’il vous plaît, comment cela est arrivé.

Mes premières années d’école se sont passées en Allemagne de l’Est où il était obligatoire d’apprendre le russe. Pour être franc nous n’aimions pas du tout ces cours. D’un point de vue pédagogique ils étaient d’un niveau très faible. Les professeurs à vrai dire n’en connaissaient pas beaucoup plus que nous. Et les manuels étaient faits de telle sorte que nous connaissions des mots comme « tracteur »ou « kolkhoze » mais n’avions aucune idée comment on disait fourchette, cuillère etc. Quand je me suis retrouvé en Allemagne de l’Ouest, passé un certain délai, je me suis remis au russe, y compris pour la raison que vous avez citée. Mon maître dans cette discipline était l’éminent spécialiste de philologie slave le professeur Dimitri Ivanovitch Tchijevsky, qui professait le cours de littérature russe ancienne. Les monuments de la littérature spirituelle de la Rus’ ancienne et médiévale m’ont frappé par leur profondeur. Je me souviens en particulier de l’impression que produisirent sur moi les œuvres de Nil de la Sora. Je ne pouvais littéralement pas m’arracher à leur lecture. Ce sont ses œuvres qui servirent de sujet pour ma thèse de doctorat. Avec le temps, les questions de la vie spirituelle et de la tradition ascétique russe m’occupaient de plus en plus. Et peu à peu sur fond d’intérêt pour la langue, plutôt d’ailleurs pour le slavon que pour le russe, à travers l’étude de la littérature russe ancienne j’ai trouvé le Christ, je suis devenu orthodoxe et membre de l’Eglise orthodoxe russe. Il faut dire que pendant plusieurs années j’ai fréquenté l’église russe sans me décider à devenir orthodoxe car je craignais la réaction de mes proches. Mon grand père était pasteur luthérien et les traditions protestantes étaient assez fortes dans ma famille.

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- L’Allemagne est un des rares pays, sinon le seul, qui ait pu réévaluer son passé historique en portant sur lui un regard dénué de passion. Dans la Russie d’aujourd’hui le problème du changement de l’appréciation portée sur certaines périodes du passé historique est redevenu aigü en liaison avec des dates anniversaires récentes. Il s’agit principalement de la période soviétique. Dans quelle mesure est-il nécessaire, à votre avis, de porter dans ce cas un regard critique sur sa propre histoire ?

- Je pense qu’aujourd’hui une telle attitude est absolument nécessaire. Il fut un temps où je m’élevais contre cela et je critiquais la tendance à réviser le passé historique de l’Allemagne.
C’est la dislocation de la Yougoslavie qui m’a obligé à revoir ma position. J’aime beaucoup la Serbie, où j’ai reçu ma formation théologique, et ce qui s’est passé fut pour moi un choc. Il m’est apparu clairement qu’un peuple qui refuse d’ouvrir les yeux sur son passé, ne peut se relever de manière solide. Cela concerne aussi la Russie où jusqu’à présent subsistent des monuments à des terroristes et des rues qui portent les noms de dirigeants bolchéviques.

Beaucoup de gens disent que durant la période soviétique, à coté des aspects négatifs, il y avait aussi des aspects positifs. Il y en avait certainement. Mais le fait que les dirigeants communistes faisaient aussi des actions correctes, je ne dirais pas des actions bonnes, ne peut justifier les crimes qui jetèrent une ombre sur le pays et détournèrent tout un peuple de sa voie historique. Hitler a, lui aussi, fait beaucoup d’actions utiles en Allemagne. Jusqu’à présent nous roulons sur les autoroutes qu’il a construites, mais cela ne le dédouane pas des actions effrayantes qu’il a commises. Et c’est la même chose ici. Ma profonde conviction est que les monuments à ceux que l’on appelle les héros de la révolution, les rues aux noms modifiés et les autres symboles du passé soviétique exercent une influence destructrice sur la mentalité du peuple, le souillent et constituent un poison pour le pays. Et j’ai peur que si cette situation ne change pas la Russie ne pourra pas retrouver son destin historique ni mener dans le futur une politique responsable.

- Et comment selon vous peut-on aujourd’hui concilier la politique et les convictions chrétiennes ? Il y a par exemple en Allemagne et dans d’autres pays des partis qui se nomment chrétiens. Est-ce un témoignage de ses convictions ou simplement une survivance du passé ? Peut-on parler aujourd’hui d’une politique chrétienne ?


- Je pense que cela est possible. Il n’est pas interdit à un chrétien de s’occuper de politique. Nous sommes tous des êtres politiques, nous vivons dans une société politisée et il n’est pas possible de nous en extraire. Mais en même temps il est indispensable de veiller avec attention à ce que l’activité politique ne se traduise pas par une influence négative sur la vie intérieure de l’individu. Mais quand la politique devient une passion, quand elle devient une fin en elle-même, ce qui est hélas fréquent à notre époque, alors la vie intérieure de l’individu est perturbée. Si un chrétien s’occupe de politique alors il doit considérer que son action est un service à Dieu et aux hommes, c’est cela la politique chrétienne.

Mgr Marc Archevêque de Berlin d’Allemagne et de Grande Bretagne : les valeurs chrétiennes en Europe d’aujourd’hui
- Que faire si la politique de l’Etat provoque des doutes? Comment se développe actuellement les relations entre le diocèse de Berlin de l’EORHF et l’Etat allemand ?

- Chacun de nous est citoyen et patriote de son pays. Mais notre loyauté envers les autorités se fonde sur nos convictions chrétiennes et peut évoluer en fonction des circonstances. Comme exemple je peux me souvenir des évènements de 1999 quand l’aviation de l’OTAN bombardait le Kosovo. A cette époque nous nous ne prononcions pas de prières, au cours des offices, pour « les autorités et l’armée ». Maintenant nous prions de nouveau pour eux. Cela veut dire qu’il ya des moments où nous n’approuvons pas la politique du pays où nous nous trouvons et nous réagissons en conséquence. Dans l’ensemble les relations entre le diocèse et les autorités de la RFA sont bonnes. Souvent on considère nos besoins avec bienveillance. Ainsi en Bavière et dans d’autres territoires nous avons obtenus que pour les écoliers orthodoxes le catéchisme soit une matière obligatoire. Si un élève se déclare orthodoxe il doit obligatoirement assister à ces cours. En plus, les élèves orthodoxes sont dispensés de cours certains jours de fête orthodoxe. Dans nos écoles certains professeurs exigent que les élèves ôtent leur croix pendant les cours d’éducation physique expliquant cela par des considérations de sécurité. Mais si les parents prennent la responsabilité sur eux les élèves peuvent garder leur petite croix sur eux.

- Les Eglises catholiques et luthérienne vivent en parti grâce à l’impôt ecclésial. Les Eglises orthodoxes ont-elles tenté d’obtenir la même possibilité ?

- Toutes les Eglises orthodoxes en Allemagne, la grecque, la bulgare, la serbe, la russe, sans concertation préalable, ont refusé de compléter leur budget par l’impôt ecclésial. Cela ne correspond pas à notre esprit. Les dons à l’Eglise ne doivent pas se transformer en un processus mécanique. Si une personne fréquente l’église elle voit elle-même de quoi sa paroisse a besoin et participe en fonction de ces besoins et de ses possibilités. Tout don doit venir du cœur.

- Le concile a adopté une résolution concernant l’aide matérielle au clergé et aux travailleurs de l’Eglise. Dans quelle mesure peut-elle s’appliquer dans votre diocèse ?

- Chez nous, comme je suppose dans les autres diocèses de l’EORHF, cette résolution est difficilement applicable. Les prêtres qui se trouvent dans notre éparchie reçoivent un salaire très faible. Il est parfois inférieur aux aides sociales. Mais grâce à Dieu nous vivons, le Seigneur nous supporte et dans la vieillesse nous bénéficions tous de la pension d’état.

- Dans beaucoup de pays étranger les prêtres orthodoxes ne peuvent être entretenus par les paroisses et ils n’officient que les jours chômés et les autres jours ils travaillent au dehors.

- Ce phénomène existe aussi chez nous, bien que je n’approuve pas ce genre de pratique. Si le prêtre travaille tous les jours il ne peut s’occuper de la paroisse que par intermittence. Bien sûr on peut ainsi entretenir la vie de la paroisse mais elle ne va pas se développer. Mais en même temps on comprend bien que si le prêtre a une grande famille et qu’il dessert une petite paroisse il doive travailler la semaine. Ceci est très répandu en Amérique. Là-bas un grand nombre de nos prêtres gagnent leur vie en travaillant. Mais beaucoup dépend aussi de ce que fait le prêtre. Par exemple un des clercs de mon diocèse, maintenant décédé, travaillait en tant que médecin principal du port de Hambourg. Il était toujours en soutane et même les marins grossiers cessaient de jurer en sa présence.

- Quand j’étais l’année dernière dans votre monastère de Job de Potchaev j’ai parlé avec un des moines. A la fin de la conversation je lui ai demandé comment aller à la gare. Il m’a répondu qu’étant dans le monastère depuis dix ans il n’en est sorti que deux fois et qu’il connaît donc très mal ce quartier. Votre communauté vit une vie spirituelle très intense. La première chose qui frappe quand on s’y trouve c’st le contraste entre la vie bourgeoise de Munich et l’atmosphère ascétique, austère du monastère. Comment avez-vous réussi à créer et conserver un tel genre de vie dans le monastère ?

- En son temps je me suis retiré du monde non pour être évêque mais par amour pour une vie de prière et de solitude. L’exemple pour moi fut toujours les monastères du Mont Athos. J’ai commencé à visiter le Mont Athos pendant ma vie d’enseignant à l’université. Profitant des facilités du calendrier des travaux je passais à l’Athos plusieurs mois par an et je voulais même y être fait moine. Mais c’était l’époque où la Grèce était dirigée par les colonels . Et en relation avec les règles en vigueur le chemin de l’Athos était fermé pour ceux qui n’étaient pas nés dans l’orthodoxie. Mon désir ne devait pas se réaliser, mais le genre de vie des monastères de l’Athos est devenu l’idéal qui me gouvernait lorsque notre communauté fut créée. Au centre de notre vie il y a la prière. Nous passons à peu près huit heures par jour à l’église et encore quelques heures en prières dans la cellule. Ceci détermine le rythme intérieur de la vie monacale et le rapport au monde extérieur. Nous avons aussi des ateliers de fabrication d’objets du culte, une petite imprimerie. Mais tout cela est secondaire par rapport à la prière.

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- Récemment Sa Sainteté le patriarche a appelé les supérieurs des monastères à accorder une attention particulière à la formation théologique des moines. Comment se présente dans votre communauté la situation dans le domaine de la formation?

- La formation théologique est très importante pour un moine. Et nous veillons à ce que nos moines aient la possibilité d’accéder à cette formation. Une partie des frères a terminé la faculté de théologie de Munich ou existe une section orthodoxe. Notre moine diacre a terminé le séminaire Sretensky. La situation est plus difficile au couvent des femmes. Il se trouve loin de la ville et il est difficile aux moniales de se rendre à la faculté.

- Historiquement les paroissiens de l’EORHF étaient les émigrants des deux premières vagues et leurs descendants. Est-ce que la composition des paroisses a changé maintenant ?

Oui elle a changé et même fortement. Durant les vingt dernières années sont arrivés en Allemagne un grand nombre de ceux que l’on appelle les « Russes allemands ». Ils arrivent en famille et au moins l’un des membres du couple est de foi orthodoxe. C’est un milieu radicalement nouveau pour nous. Ce sont des gens qui sont baptisés dans leur majorité mais pas écclesialisés. Souvent ils parlent un allemand que je comprends avec difficulté. La langue russe est pour eux plus naturelle et plus proche. Pour nos paroisses c’est une situation nouvelle. C’est en même temps un regain d’activité pour nos paroisses et de nouvelles orientations qui n’existaient pas auparavant.

- Par exemple lesquelles ?

Avant nous ne visitions pas les prisons. Maintenant nous avons une mission pour les prisons. Beaucoup des nouveaux émigrants, en général des gens jeunes, n’ont pas pu s’adapter aux nouvelles conditions de vie. Là-bas ils étaient des Allemands, ici ils sont devenus des Russes. Ils ne peuvent pas trouver du travail, sont très pauvres, ils désespèrent et souvent deviennent les victimes de la drogue et de l’alcool. Il y a un autre point concernant les changements dans les paroisses. Il y a vingt ans nous avons commencé à traduire en allemand les textes des offices car les descendants de nos premiers émigrants ne parlent plus très bien le russe ou le slavon. Ensuite, avec la nouvelle vague d’émigration le russe a reconquis les positions qu’il avait avant. Maintenant j’introduis de nouveau des éléments d’allemand dans l’office et dans les prêches parce que je prévois que la situation changera de nouveau dans dix ans. Il y a encore un problème qui réside dans le fait que nos paroissiens actuels, au contraire des anciens, ne cherchent pas à garder la langue et la culture russe. Ils ont tous des noms de famille allemands. Et nous devons leur inculquer l’amour de la langue et la culture russe. Et si avant nous pouvions toujours nous appuyer pour cela sur la génération des anciens, qui vivaient avec le rêve de revenir en Russie maintenait les conditions ont totalement changées.

-On appelle notre civilisation « post séculière ». L’oubli des valeurs traditionnelles, le relativisme spirituel et moral, l’effacement des frontières entre le bien et le mal qui la caractérisent constituent un sérieux danger pour la vie spirituelle de l’homme. Quelle doit être à votre avis l’attitude juste du chrétien face au monde qui l’entoure. En quoi consiste l’ascèse pour le chrétien orthodoxe contemporain ?

Nous devons apprendre, et cela est vrai surtout pour la jeune génération, à garder nos principes, garder notre propre « moi » chrétien en dépit de l’atmosphère générale de la société de consommation et la pression du monde extérieur. Mais en même temps il ne faut pas tomber dans une situation d’hostilité envers les gens qui nous entourent. On peut simplement expliquer avec calme sa position.

Par exemple lorsque j’étais professeur à l’université, j’étais très souvent invité le vendredi soir. Je disais toujours en plaisantant : « Si vous voulez que je ne vienne pas dites que je devrai manger de tout ce qui sera sur la table » Et ceci ne soulevait aucune protestation. Tout le monde s’est habitué à ce que je ne mange pas de viande. Quand quelqu’un expose son point de vue correctement, sans agressivité les gens l’acceptent. Quand sa position reflète l’attitude de celui qui dit : « vous tous êtes des impies et moi je suis un vrai chrétien » cela est spirituellement mauvais et pour lui et pour ceux qui l’entourent. Des problèmes apparaissent pendant la fête de Noël selon le calendrier occidental. En Allemagne c’est la fête principale. Et il arrive que dans nos familles mélangées surgissent des problèmes. Nous sommes en train de jeûner et les autres ont rompu le jeûne. Dans ce cas je dis : « Partagez la joie de vos proche à propos de la naissance du Christ, mangez tout ce que l’on vous donnera, abstenez vous seulement de manger de la viande. Mais en ce qui concerne le grand carême, à cette période, même beaucoup de ceux qui ne sont pas croyants jeûnent.

- Qu’est ce qui constitue le témoignage chrétien au monde dans le contexte culturel de notre temps ?

Le chrétien témoigne de sa foi en n’affaiblissant pas la prière en jeûnant et en agissant dans la vie selon les commandements évangéliques. Il ne convient pas d’imposer ses idées, de prendre une posture de maître. Mais le chrétien doit être prêt à déclarer ses positions si on le lui demande.

- Quelle est votre position sur la question du lien réciproque entre la confession et la communion. Dans plusieurs Eglises locales la confession n’est pas obligatoire avant la communion.

- De mon point de vue séparer la confession de la communion n’est pas correct. Mais si une personne communie souvent elle peut ne pas se confesser chaque fois qu’elle s’approche du calice. Dans notre monastère nous procédons ainsi : les moines se confessent une fois par semaine et communient trois fois. Dans les paroisses je considère comme normal qu’une personne communie deux ou trois fois par mois. Et les gens, le plus souvent, veulent eux-mêmes se confesser à chaque fois qu’ils communient aux saints mystères du Christ. C’est autre chose durant la semaine sainte durant laquelle pratiquement tout le monde communie.
Notre clergé n’a tout simplement pas la possibilité physique de confesser tout le monde. C’est pourquoi je peux dire à ceux que je connais bien et qui se confessent de façon régulière, que depuis le samedi de Lazare et jusqu’à Pâques il n’est pas obligatoire de se confesser s’il n’y a pas une raison grave de le faire.

-Vous venez de rentrer de Terre sainte. Quelle place occupent les pèlerinages dans la vie du Chrétien ?

- Le pèlerinage rafraîchit la vie chrétienne. Quand une personne s’approche de reliques elle ressent plus fortement le besoin de prière et de jeûne, elle se renouvelle intérieurement. Cela est très important. Il est toujours utile de regarder comment prient d’autres hommes, comment se passe la vie ecclésiale dans un autre pays, dans un autre diocèse. Cela permet de conserver la fraîcheur de la perception, et de sentir la taille et la diversité du monde chrétien.

- Quant on fêtait le jubilé de votre consécration, vous avez mentionné qu’il vous restait encore beaucoup à faire. Comment pourriez-vous définir la priorité de votre action aujourd’hui ?

- Ma priorité aujourd’hui c’est la jeunesse. Je voudrais conserver notre jeunesse pour l’Eglise. Pour cela il faut déployer beaucoup d’efforts. La jeunesse actuelle vit parfois d’intérêts, de motivations, de besoins très différents de ceux dont vivaient les jeunes gens de mon époque.
J’ai simplement du mal à comprendre beaucoup de choses bien que je m’efforce d’être ouvert au dialogue. C’est pourquoi j’appelle constamment notre clergé à consacrer une attention particulière au travail avec la jeunesse. Il ne faut pas oublier que nous ne vivons pas pour nous mais pour le futur.

Archevêque de Berlin d’Allemagne et de grande Bretagne Marc interrogé par
Eugène Mourzine Zerkovny Vestnik
Архиепископ Берлинско-Германский и Великобританский Марк: Христианские ценности в современной Европе






Mgr Marc Archevêque de Berlin d’Allemagne et de Grande Bretagne : les valeurs chrétiennes en Europe d’aujourd’hui

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 6 Mai 2013 à 06:50 | 1 commentaire | Permalien


Commentaires

1.Posté par Bartimée le 25/04/2013 12:31
Heureuses les brebis qui ont un tel pasteur porteur d'espérance, qui allie la fermeté à l'indulgence, l'exigence à la patience, un très grand chef si humble et exigeant avec lui-même, qui communique la confiance et l'énergie.

2.Posté par vladimir le 28/04/2013 23:24
Un grand merci à Seraphin pour la traduction de texte passionnant.

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