Monseigneur Nicodème (Kononov), évêque de Belgorod (1871-1918), nouveau martyr
La séparation de l’Eglise et de l’Etat fut interprétée par les bolcheviks, à qui elle servit de prétexte pour interdire la prédication dans les églises. Le martyr de l’évêque Nicodème le prouve clairement.

Mgr Nicodème, évêque de Belgorod, a laissé derrière lui un lumineux souvenir, tant comme guerrier intrépide du Christ que comme père spirituel, toujours prêt à donner sa vie pour ses brebis. Son ministère ne fut pas très long mais, dès le premier jour, il sut s’attirer l’amour de son troupeau.
Monseigneur arriva à Belgorod peu de temps avant la canonisation du bienheureux Josaphat, qui fut évêque de cette ville au XVIII siècle et il apporta une large contribution à la préparation de cet évènement, si remarquable pour la ville. Monseigneur Nicodème savait parler et enseigner. Ses sermons se distinguaient par leur extraordinaire puissance de vérité théologique, par leur beauté, leur force d’expression et de conviction. Chaque sermon de l’évêque gravait dans l’esprit, d’une manière ineffaçable, la pensée principal du sujet développé.

Sur le plan charitable, Mgr Nicodème suivit les traces de son saint prédécesseur, Mgr Josaphat, et il fonda des Maisons d’assistance pour personnes âgées et pour orphelins et apporta son soutien à celles qui existaient déjà. Il prit aussi personnellement à sa charge les frais d’éducation de deux élèves des écoles du clergé.

Quand arriva l’époque des persécutions contre l’Eglise, l’intrépide évêque prit la défense de la vérité chrétienne et, de sa bouche, sortirent des paroles nettes, condamnant la puissance athée. On le sentait vraiment inspiré, lorsqu’il donna lecture du patriarche Tikhon contre les sans-Dieu, en expliquant comme le lui dictait sa conscience d’apôtre du Christ. (Ses amis lui disaient de faire attention et ses fidèles le suppliaient d’être prudent. Ce fut en vain).
Outre ses sermons, l’évêque faisait régulièrement des causeries sur des sujets religieux et moraux. Ses causeries attiraient beaucoup de monde.

Au mois de mars 1918, les bolcheviks, repliés sur Belgorod par suite de l’invasion allemande, se mirent avec rage, à perquisitionner dans les couvents. L’arrestation de l’évêque semblait imminente, mais ils l’oublièrent ! Il continua son ministère jusqu’en automne. En ce moment là il dut se rendre à Kiev pour prendre part à l’assemblée des évêques de la Russie méridionale. Son retour à Belgorod semblait presque impossible, à cause de la retraite allemande, mais il n’hésitait pas et il réussit à traverser le front pour être chez lui à Noël, à la stupéfaction des siens. Le jour de Noël, après le service religieux, Mgr Nicodème avait invité les membres de son clergé à venir prendre une tasse de thé chez lui. Tout le monde était réuni quand, soudain, un homme apparut dans la salle à manger ; c’était le commissaire Sayenko, bien connu comme bourreau et individu sadique. Il venait tout juste d’être nommé à Belgorod avec mission d’y organiser les services spéciaux de la police.

Chapeau en tête, il ordonna grossièrement à l’évêque de le suivre afin de donner certaines explications. Mgr Nicodème demanda à ses invités de rester calmes, leur disant que tout s’arrangerait et suivit Sayenko. Tout le monde avait compris ! Le commissaire emmena son prisonnier dans l’ex-Palais de l’assemblée provinciale, devenue la « tanière » des nouveaux dirigeants. La nouvelle de cette arrestation se répandit instantanément par toute la ville, et ses habitants, n’ayant aucune confiance en la parole de Sayenko, décidèrent d’aller tous ensemble demander la libération de leur évêque. On forma des délégations dans ce but. L’une d’elle composée d’élèves du lycée, était conduite par leur directrice Maria Kiyanovskaïa Ces délégations de croyants prirent la direction du Palais provincial. Là, les soldats leur barrèrent le passage en déclarant que cette démonstration était une révolte contre le pouvoir soviétique. Les délégués restèrent sur place. Aidé par des gardes rouges, un commissaire fit arrêtes quelques uns des « meneurs », au nombre desquels se trouvait la directrice du lycée. La foule protesta, fut menacée, puis chassée. Cette démonstration se révéla pourtant utile : quelques heures plus tard, on relâchait l’évêque, mais pas pour longtemps. Cette même nuit, la directrice Maria Kiyanovskaïa était assassinée dans les sous-sols du Palais.




Monseigneur Nicodème (Kononov), évêque de Belgorod (1871-1918), nouveau martyr
Le lendemain, deuxième jour de Noël 1918, l’évêque célébra sa dernière liturgie.Le soir, au cours des matines, les gardes rouges vinrent arrêter Monseigneur dans la cathédrale

Ils entrèrent directement dans le sanctuaire et, l’ayant pris près de l’autel, ils le firent sortir par une porte annexe pour ne pas être vus par les fidèles. On ne sait où il fut emmené. Plus tard seulement on a eu quelques détails.

Durent les interrogatoires et les tortures qu’on lui fit subir, Mgr Nicodème resta enfermé dans le sous-sol du Palais provincial. Il subit le martyr le quatrième jour de la semaine de Noël, jour qui est consacré à la mémoire des premiers martyrs chrétiens et prit la tête de la langue procession des nouveaux martyrs que devait fournir son diocèse où, depuis les temps anciens, a fleuri la foi orthodoxe.
L’évêque fut tué dans la cour du corps des pompiers.

Lorsqu’on l’amena devant le peloton d’exécution, composé de Chinois, car il y en avait dans l’armée rouge, Mgr Nicodème, après avoir prié, donna à ses bourreaux sa bénédiction épiscopale. Cela les frappa tellement qu’ils refusèrent catégoriquement de tirer, malgré les menaces. Monseigneur fut alors ramené dans la caserne pendant qu’on choisissait d’autres exécuteurs. Pour éviter une répétition de ce qui s’était passé l’évêque fut revêtu d’une capote militaire. C’est ce qu’a rapporté un témoin oculaire appartenant au corps des pompiers. Mgr Nicodème fut enterré ainsi que d’autres tués en un endroit tenu secret mais qui finit par être connu des croyants. La fosse commune où son corps reposait se trouvait dans un cimetière des environs de la ville. Ce « tombeau » changeait tout le temps d’aspect. Une crois fut placée sur la tombe fleurie ; des icônes et des petites veilleuses allumées y prirent place. Beaucoup de personnes venaient à la dérobée, au cours d’une promenade, rendre hommage au martyr et prier, loin des yeux de lynx de la police secrète.

Un instant, on put croire que la lumière de la liberté allait à nouveau briller et que le peuple russe pouvait éviter la mort physique et spirituelle. Ce fut quand Belgorod se trouva libéré par les Blancs. La fosse fut alors ouverte, plusieurs corps reconnus et mis ailleurs. Le corps de Mgr Nicodème revêtu de ses ornements sacerdotaux, fut placé dans la chapelle du cimetière et son cercueil recouvert de la mante épiscopale. Après quoi, on l’inhuma au monastère de la Sainte Trinité, avec le concours de tout le clergé de la ville de Belgorod, en présence de tout le peuple chrétien.

Un après la mort du martyr les sans-Dieu enlevèrent les reliques de saint Josaphat pour les mettre dans un musée de Moscou. La cathédrale a été rasée sur « demande du peuple » et les restes de l’évêque Nicodème sont doublement ensevelis sous ses décombres.

Archiprêtre Michel Polsky, « Les nouveaux martyrs de la terre russe », éditions « Résiac », 1976

Никодим (Кононов)
Священномученик, епископ Белгородский

Rédigé par Parlons d'orthodoxie le 13 Novembre 2018 à 08:00 | 1 commentaire | Permalien


Commentaires

1.Posté par Eglise du Christ-Sauveur en l’honneur des Nouveaux-Martyrs - Parlons d'orthodoxie le 26/01/2012 21:58
"Un concert-requiem à l’église du Christ-Sauveur en l’honneur des nouveaux-martyrs et des confesseurs de Grèce, de Chypre, d’Asie mineure et du Pont-Euxin des XV-XX siècles"

Le 25 janvier, à l’occasion de la cérémonie de clôture des « Lectures de Noël » qui a eu lieu à la salle des Conciles de l’église du Christ-Sauveur de Moscou, a été donné un concert-requiem intitulé « les Confesseurs de l’orthodoxie après la chute de l’empire » et dédié aux nouveaux-martyrs et confesseurs de Grèce, de Chypre, d’Asie mineure et du Pont-Euxin des XV-XX siècles.
Ce concert est l’un des évènements centraux de la manifestation russo-grecque « De la Nativité à la Résurrection ». Cette manifestation a pour but de faire connaître aux fidèles russes les nouveaux-martyrs grecs et aux fidèles grecs les nouveaux-martyrs russes. Différentes manifestations sont prévues à cet effet à Rostov-sur-le-Don, Alma-Ati et au Mont Athos.

Dans le cadre du projet du même nom élaboré par les Éditions du Patriarcat de Moscou avec le studio « Constantinople » est prévu la sortie d’un livre-audio racontant la vie des saints martyrs et confesseurs, ainsi que des récits sur les Grecs crypto-chrétiens. La réalisation du projet a débuté il y a 8 ans avec la bénédiction du Patriarche Alexis II de Moscou, de bienheureuse mémoire.
Assistaient au concert le ministre des affaires étrangères de Grèce, Stavros Dimas, l’ambassadeur de Grèce en Russie, M. Spinnelis, le métropolite Athanase de Kyrenaika, représentant du Patriarcat d’Alexandrie près le Patriarche de Moscou, le métropolite Isaïe de Tamassos et d’Orini (Église orthodoxe de Chypre), de nombreux hommes politiques et ecclésiastiques russes et grecs, des représentants des diasporas grecques de Russie et du Kazakhstan, des membres des corps diplomatiques des pays de tradition orthodoxe.

L’archiprêtre Vladimir Siloviev, rédacteur en chef des Éditions du Patriarcat de Moscou a salué l’assistance, soulignant que « nous sommes unis par la Sainte Orthodoxie, nous sommes unis par les nouveaux-martyrs ». Le père Vladimir a remarqué l’intérêt que suscitaient les nouveaux-martyrs russes du XX siècle parmi les fidèles de Grèce, soulignant que « les Russes devaient et voulaient connaître la longue période d’héroïsme endurée par l’Orthodoxie grecque, héroïsme des martyrs par lesquels l’Église est confirmée ».
Le programme du concert comportait des pièces interprétées par le chœur « Ergastiri Psaltikis », par l’orchestre « Russie » dédié à L. Zykina, par d’autres artistes russes et par l’ensemble folklorique musical pontique « Kiolali », venu d’Athènes. Au cours de la soirée sont également intervenus des ecclésiastiques, des hommes d’état et différentes personnalités.
La manifestation était organisée autour d’un symbole fort, une icône des principaux martyrs et confesseurs de Grèce, de Chypre, d’Asie mineure et du Pont-Euxin peinte au Mont Athos. L’icône avait été apportée peu auparavant par une délégation du monastère athonite Dionysiou, menée par un membre de la communauté de la Sainte Montagne, le starets Syméon.
Le matin du même jour, le starets Syméon, Prôtos de la Sainte Montagne en 2009, et les organisateurs de la manifestation – le régisseur K. Kharalampidis, P. Navrazidi (Alma-Ata) et K. Simeonidis (Moscou) ont été présentés au Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie qui célébrait à l’église Sainte-Tatiana, chapelle de l’Université de Moscou. Ils ont parlé du projet « De la Nativité à la Résurrection ».
Remettant l’icône des saints nouveaux-martyrs de Grèce, de Chypre, d’Asie mineure et du Pont-Euxin au Patriarche, ainsi que des matériaux vidéo sur ce thème, les organisateurs de la manifestation ont demandé la bénédiction de Sa Sainteté. Le Primat de l’Église orthodoxe a répondu en recevant les présents : « Je bénis volontiers toutes les actions visant à la diffusion du culte des nouveaux-martyrs grecs en Russie et des nouveaux-martyrs russes en Grèce, dans la mesure où il n’y a pas de lien spirituel plus fort entre les Églises que la vénération commune des saints ».
Répondant au starets Syméon qui le remerciait de son amour pour le Mont Athos, Sa Sainteté a déclaré : « L’Église russe mettra tout en œuvre pour défendre la Sainte Montagne de toute attaque. L’Athos est la citadelle de l’Orthodoxie. On ne peut se représenter la vie de l’Orthodoxie, ni celle même du monde, sans le monachisme athonite. L’Athos est menacé de l’extérieur comme de l’intérieur, la première menace étant plus dangereuse que la seconde ».


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