Monuments aux victimes des exécutions de prêtres et de croyants dans la ville de Chouïa
Un premier monument aux prêtres et aux croyants exécutes en 1922 sur ordre de Lénine dans la ville de Chouïa a été inauguré là-bas le 17 octobre 2007. La statue, œuvre du sculpteur Alexandre Roukavichnikov, se situe près du clocher de la cathédrale de la Résurrection. Cette exécution a marqué le début de la répression massive à l'égard des croyants. Répression qui s'est perpétuée jusqu'en 1991.

Rappelons brièvement le contexte. En février 1922, le gouvernement bolchevique a lancé une grande campagne de confiscation des objets précieux appartenant aux églises. La vente de ces objets doit servir à venir en aide aux paysans affamés des régions de la Volga. En réalité, depuis plusieurs mois déjà, les plus hautes autorités ecclésiastiques s’activent à secourir les affamés, par l’intermédiaire d’un Comité panrusse d’aide aux victimes de la famine, qui regroupe les derniers survivants d’une société civile laminée par cinq années de révolutions et de guerres civiles. Menées manu militari , les opérations de confiscation donnent lieu à de nombreux incidents. Les plus graves éclatent le 15 mars 1922 à Chouïa, une petite ville industrielle non loin de Moscou.

La troupe tire sur la foule des fidèles qui s’oppose à la confiscation des objets religieux.

Lénine veut voir dans ces incidents le signe d’une résistance organisée de l’Eglise orthodoxe, dernière institution indépendante de l’Etat-Parti bolchevique. Il envoie alors, au Politburo, une longue directive dont je vous cite les principaux extraits :

« Il apparaît parfaitement clairement que le clergé Cent-Noirs est en train de mettre en œuvre un plan élaboré visant à nous engager dans une bataille décisive (…). Je pense que notre ennemi est en train de commettre une erreur stratégique monumentale en essayant de nous entraîner dans une bataille décisive à un moment particulièrement sans espoir et désavantageux pour lui. Pour nous, au contraire, le moment est non seulement exceptionnellement favorable, mais c’est un moment unique où nous avons quatre-vingt-dix-neuf chances sur cent de frapper mortellement l’ennemi à la tête avec un succès total et de nous garantir des positions essentielles pour les décennies à venir. Avec tous ces gens affamés qui se nourrissent de chair humaine, avec les routes jonchées de centaines, de milliers de cadavres, c’est maintenant et seulement maintenant que nous pouvons ( et par conséquent devons) confisquer les biens des églises avec une énergie farouche, impitoyable, et réduire toute résistance. C’est précisément maintenant et seulement maintenant que l’immense majorité des masses paysannes peut nous soutenir ou, plus exactement, peut ne pas être en mesure de soutenir la poignée de cléricaux Cent-Noirs et de petits-bourgeois réactionnaires (…). Aussi j’en arrive à la conclusion que c’est le moment d’écraser le clergé Cent-Noirs de la manière la plus décisive et la plus impitoyable, avec une telle brutalité qu’il s’en souvienne pour des décennies ( …) Plus le nombre de représentants du clergé réactionnaire et de la bourgeoisie réactionnaire passés par les armes sera important, et mieux cela sera pour nous. Nous devons donner une leçon à tous ces gens de telle sorte qu’ils ne songeront même plus à quelque résistance que ce soit des décennies durant ( …) ».

A la suite de cette directive, Lénine demanda à être informé quotidiennement du nombre de membres du clergé exécutés. Dans les mois qui suivirent, environ 8 000 prêtres, moines et moniales furent passés par les armes, de manière sommaire ou à la suite d’un procès public.
Suite M. Nicolas Werth - LENINE

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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 9 Février 2014 à 21:46 | 4 commentaires | Permalien



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