NICE: un rapport du secrétaire diocésain, Michel Sollogoub
A lire dans son intégralité sur le site de la cathédrale de Nice Le rapport du secrétaire diocésain, Michel Sollogoub à l’AG de l’Archevêché suscitera certainement de nombreuses réactions d’ordre factuel, juridique, moral, enfin, car la vérité y est allègrement altérée, la réalité y est déformée.
« Parlons » accueillera volontiers les auteurs qui accepteront de traiter des aspects juridiques et autres de l’affaire de la cathédrale de Nice. Nous y incorporons quelques mises au point d’ordre factuel.

Extrait de l’extrait :

Michel Sollogoub: « Nous continuerons donc à soutenir notre association à Nice en continuant à rappeler qu’en vérité, pendant plus de 70 ans l’Etat russe –bolchévique, puis soviétique – de l’époque, occupé qu’il était à construire la nouvelle société d’où seraient bannies toutes les superstitions religieuses et alors qu’il s’efforçait de réduire par la force la foi des Chrétiens orthodoxes russes, a abandonné la cathédrale de Nice à son sort. Heureusement les émigrés de la première vague ont été là pour la sauvegarder, l’entretenir et l’embellir »

Parlons d’orthodoxie : - Qui sont « les émigrés de la première vague » ? Le métropolite Euloge rêvant de réintégrer l’Eglise Russe ? Les pères André Sergueenko et Boris Stark ainsi que la moniale Jeanne Reitlinger volontairement rentrés en URSS après la guerre pour y poursuivre leur sacerdoce ? Sainte Marie (Skobtsov) qui, à Ravensbrück, disait à ses compagnes de baraquement que son seul souhait, si elle survivait, était d’aller se rendre utile en Russie ? L'un de ses maîtres à penser, Nicolas Berdiaev tant aimé des tenants de l'école de Paris était restée jusqu'au bour fidèle à l'Eglise Russe. Les membres et les dirigeants des groupements militaires et des partis monarchiques et de droite qui œuvraient à faire disparaître le régime soviétique ? La fameuse « école de Paris » essentiellement constituée de marxistes et de sociaux-révolutionnaires repentis ? L’émigration de la première génération et de toutes celles qui suivirent étaient tout aussi désunie que l’était la Russie d’avant 1917.
Que dire enfin du Grand-duc Vladimir Kirillovitch qui souhaita être inhumé dans la cathédrale Saints Pierre et Paul? Ce souhait fût réalisé. N'est-ce pas là, avec la Grande-duchesse Maria Fedorovna, mère de Nicolas II dont les cendres furent transférées de Copenhague à Saint Pétersbourg le symbole le plus éloquent de la réalité des changements en Russie? Ne s'agit-il pas de représentants par excellence de "la première émigration"?
Il est plus qu’étrange de se revendiquer de l’émigration de la quatrième, voire cinquième, génération lorsque l’on n’a gardé de ses origines ni la langue, ni la culture et ne connaissant pratiquement rien de l’URSS et de la Russie post soviétique.
La réalité émigrée en Union Européenne, ce sont les très nombreux nouveaux arrivés, pour l’essentiel migrants économiques et jeunes spécialistes venus des pays orthodoxes de la C.E.I. et de l’ex COMECON. Ces fidèles, « victimes du phylétisme » que déplore M. Sollogoub aiment se retrouver dans les paroisses de leurs Églises mères. Ils ont beaucoup de peine à se reconnaître dans les églises dont ils ignorent la langue liturgique et les codes de communication avec le clergé et les paroissiens qui se sentent appartenir à « l’orthodoxie universelle ».

M.S : « En se déclarant continuateur de l’URSS pour la possession de la cathédrale, la Fédération de Russie se déclare implicitement solidaire des méfaits de l’URSS dans le domaine de la persécution religieuse : il est difficile de vouloir bénéficier des actifs sans assumer aussi le passif d’une situation historique donnée. Nous pensions que cette époque était révolue. Les faits prouvent qu’il n’en est rein. En refusant de porter une condamnation sur le régime soviétique et d’en tirer les conséquences, la Fédération de Russie se déclare implicitement solidaire de ce régime »
P.O. : - Il vaut mieux être aveugle que de lire ces élucubrations : la décommunisation et la désoviétisation ne se sont pas faites à la cadence et à la profondeur rêvées. M. Sollogoub aurait certainement mieux réussi à transformer et à purifier une société sortant de 75 ans d’arbitraire sanguinaire et de disette. Cela, bien sûr, en évitant l’effusion de sang.
L’auteur du rapport aurait-il le front de dire que la liberté de conscience n’existe pas en Russie ? Que les religions n’y sont pas séparées de l’Etat ? Que le patriarcat de Moscou reste cryptocommuniste et couvre les crimes du régime ?
Nous vous invitons à prendre connaissance de deux textes récents publiés sur « Parlons » : l’homélie du patriarche Cyrille à Boutovo ainsi que la réponse de l’higoumène Philippe, vice-président de la Directions des relations extérieures du patriarcat de Moscou au publiciste stalinien Alexandre Prokhanov. Ces deux textes sont d’une grande clarté. Ils peuvent servir de réponse exhaustive à M.Sollogoub.

M.S. « Nous en sommes profondément choqués et le regrettons vivement. Je le redis en pleine conscience : cette affaire est tragique pour nous tous. C’est une erreur majeure pour l’image de la Russie moderne en France. Je regrette vivement que, alors que certaines voix en Russie même évoquent la restitution des biens des Russes spoliés par le gouvernement soviétique, voici que le gouvernement de la Russie moderne s’en prend aux rares biens que nos grands-parents ont sauvegardé comme les ultimes vestiges de leur patrie perdue et qu’ils ont entretenus et enrichis comme ils l’ont pu et souvent, comme à Nice ou en d’autre lieux, en y consacrant beaucoup de ce qu’ils avaient pu préserver. Il s’agit bien d’un déni de l’œuvre de l’émigration dont nous sommes les héritiers. Je regrette aussi vivement que cette position ne soit pas partagée par la totalité des descendants de l’émigration russe »

P.O. : - Que faire ? Un groupe nombreux de descendants d’émigrés, et non des moindres (ainsi que beaucoup de Français « de souche ») sont restés fidèles au rêve de leurs ascendants : contribuer autant qu’ils le peuvent à ce que le pays d’origine se libère de la dictature communiste et revienne à sa tradition. Cela est en train de s’accomplir depuis le 21 août 1991.Faut-il leur reprocher cette fidélité ?

M.S. « Il faut, en effet, considérer l’archevêché pour ce qu’il est : une entité ecclésiale à la longue et riche histoire forgée dans l’émigration russe, ici, en Occident, et qui aspire à y poursuivre son témoignage pour le bien des fidèles qui y trouvent la voie de la Vie éternelle. Une entité ecclésiale enracinée dans la tradition liturgique spirituelle et théologique russe : la Russie est incontestablement la patrie spirituelle de ceux de nos fidèles qui ne sont pas d’ascendance russe. Pour les autres, elle est une Patrie tout court »

P.O. :- Et pour preuve de cela : le torrent de calomnies et de mensonges qui est déversé sur la Russie moderne et l’Eglise orthodoxe russe ! En particulier et surtout dans les déclarations à propos de l’affaire de Nice.

M .S. « Enracinée dans la tradition russe, mais ouverte à tous : l’orthodoxie ayant une dimension universelle comme nous l’avons appris de nos Père de l’Ecole de théologie de Paris, elle n’est ni Russe, ni Grecque, ni Roumaine, ni Serbe »

P.O . : - Relevant directement de Constantinople ce qui ne peut être qu’un statut provisoire dans l’ecclésiologie orthodoxe.

M .S. « C’est le fondement de notre désaccord avec le Patriarcat de Moscou et un certain nombre d’Églises–mères qui cherche à rassembler tous les orthodoxes russes, comme le Patriarcat de Roumanie cherche à réunir tous les orthodoxes Roumains et le Serbe, tous les serbes. Cette maladie phylétiste de l’orthodoxie qui se déchaîne aujourd’hui, nous nous y opposons, parce que nous croyons que le message du Christ transmis dans son authenticité par notre Eglise orthodoxe s’adresse à tous les hommes, quelle que soit leur nationalité, et que nous avons à en témoigner là où Dieu nous a donné de vivre. C’est la vocation unique de notre Archevêché. Nos Pères l’avaient pressenti dès les années quarante. Nous nous efforçons de lui rester fidèles : dans la pauvreté certes, car aucune Eglise mère nationale ne nous soutient – nous n’avons ni passeport diplomatique pour nos clercs, ni moyens de pression politiques,- avec le dévouement et l’abnégation de ceux qui savent où est l’Unique Nécessaire et qui ne tirent aucun avantage de leur service désintéressé »

P.O.- Le budget de la cathédrale Saint Nicolas à Nice tel que publié par « Le Figaro » en est la meilleure preuve. (" Effectivement, il faut payer aujourd'hui trois euros pour visiter la cathédrale. Multipliée par des milliers de visiteurs, cette somme alimente un budget confortable pour une paroisse. Il a été de 580 784 euros en 2008, selon les comptes approuvés en assemblée générale. Cela en fait l'une des paroisses orthodoxes les mieux dotées en France. Elle a la charge de neuf salariés dont les prêtres, et une dizaine d'appartements de fonctions. Autant d'éléments matériels qui entrent dans l'équation du conflit. Cette aisance, qui donne son indépendance à l'association - les visites rapportent un peu moins de la moitié du budget -, cesserait le jour où la Russie serait confirmée dans la propriété du lieu)

M.S : « Dans le respect aussi de l’esprit du Concile de Moscou de 1917-1918, que notre Archevêché est le seul en Europe à pratiquer, qui donne à la communauté paroissiale l’autonomie indispensable… »

P.O. - Voir la manière dont sont préparées et tenues les assemblées diocésaines et paroissiales que ce soit à St Serge ou Alexandre de la Néva ( cf.Seraphin Rehbinder: L'archevêché est-il fidèle à sa vocation?)

Rédigé par l'équipe de rédaction le 10 Mai 2010 à 20:39 | 23 commentaires | Permalien



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