NIKITA KRIVOCHEINE : Après la tragédie parisienne, la population s’efforce de ne pas tomber dans la panique collective.
Nikita Krivocheine a accordé une interview à Pravoslavie i Mir

J’ai appris ce qui est arrivé par internet, puis par la télévision. Oui, les gens ont peur, ça se voit sur leur visage. De nombreux lieux sont fermés, dont les musées. Les épreuves sportives sont reportées. Partout une présence policière renforcée.

Mais les gens ne se terrent pas dans leur maison, ils continuent de sortir dans la rue. Quand quelque chose se produit, les Français n’ont pas la réaction, disons, de tous se précipiter acheter des allumettes, du savon et du sel. Au contraire, ils s’efforcent de ne pas tomber dans la panique collective, de s’entraider.

En France, la tradition et la pratique de l’entraide et de la solidarité sont très fortes, malgré l’individualisme si propre aux Français. Par exemple, ceux qui ont réussi à survivre et à s’échapper du Bataclan ont été hébergés chez des Parisiens vivant dans le quartier.

Immédiatement ont été dressées des listes de victimes et diffusées sur les réseaux sociaux, et ainsi de suite. Il est évident que les événements qui ont eu lieu vont immanquablement renforcer les forces nationalistes de droite comme le Front national. Vont apparaître des actes de vengeance contre les populations musulmanes, pas nécessairement massives, mais il y en a déjà eu.

NIKITA KRIVOCHEINE : Après la tragédie parisienne, la population s’efforce de ne pas tomber dans la panique collective.
J’ai plusieurs fois rappelé ce que je disais dans les années quatre-vingt-dix, je vais encore une fois me citer car il s’agit de faits et d’événements si évidents… Alors qu’il était clair que le communisme s’effondrait, qu’il avait cessé d’exister dans l’esprit et le cœur des gens, j’ai dit à mes collègues de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe que, et c’est peut-être une approche quelque peu manichéenne, la somme de mal dans le monde reste inchangée et que l’espace du mal dans le monde libéré après l’amuïssement et la chute du communisme ne resterait pas inoccupé. Il ne peut pas rester vide. Je disais alors que le mal allait se déplacer, muer en islamisme radical. Malheureusement j’avais plus que raison.

Remarquez qu’entre le mal du communisme mondial et sa mutation en islamisme il y a plus d’un trait commun. Et l’un et l’autre ont pour but l’établissement d’une utopie sur terre, l’établissement du bonheur pour tous. Chez les islamistes c’est l’établissement d’un califat, d’une dictature islamiste mondiale à laquelle tous les autres seraient soumis. Le communisme aussi était global dans ses aspirations.

Pour une utopie qu’ils considèrent comme un culte du futur, les islamistes radicaux sont prêts à des sacrifices, comme avaler de la dynamite et se faire exploser. Les Soviétiques aussi avaient le sens du sacrifice : si ce n’est nous, ce sont nos enfants qui connaîtront une vie meilleure. Nous vivons mal, mais nos enfants vivront mieux et pour cela nous sommes prêts à souffrir. Le communisme, dans sa version stalinienne, et l’islamisme ont un autre point commun : le puritanisme. Ils ont un autre paramètre commun : la haine du beau, de l’esthétique. Chez les islamistes cela va jusqu’à interdire l’art, la musique, les chants, la peinture. Sous Staline tout cela était remplacé par le hideux réalisme dit socialiste et une sorte d'anti-iconographie stalinienne.

Le communisme se renforçait par une terreur aveugle, il hachait et les siens et ceux qui ne l’aimaient pas, au hasard. La Terreur islamiste radicale est forte et efficace par son aveuglement : il peut atteindre chacun de nous.
Le communisme s’est effondré, mais le communisme était une pseudo-religion. Or, comme l’islamisme radical repose sur une religion existante, je ne sais comme on pourra y mettre fin.

Traduction "PO"

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 16 Novembre 2015 à 19:42 | Permalien



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