"Un petit quart d'heure, pas plus ; en russe sous-titré français : ça ne se refuse pas…." V.G.

En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s'imaginent qu'à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.
Matthieu VI, 7-8

CONTE DE LA RÉGION DE LA VOLGA par Léon TOLSTOÏ

L’archevêque d’Arkhangelsk avait pris place sur un bateau qui faisait voile de cette ville au monastère de Solovki. Parmi les passagers se trouvaient aussi des pèlerins et de ceux que l’on nomme « saints ». Le vent soufflait en poupe, le temps était beau, il n’y avait ni roulis ni tangage...SUITE et en russe

"Albocicade" nous signale ce film qui transpose le conte de Tolstoï. Pour moi il est sympathique mais décevant. Le conte est délayé et la langue perd sa truculence…"Albocicade"

Rédigé par Vladimir Golovanow le 11 Décembre 2014 à 14:07 | 9 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par justine le 11/12/2014 18:17
Une histoire bien tolstoïenne.
Tolstoï l'a puisée dans les recueils sur les vénérables Pères du Désert, puis l'a mise à sa propre sauce.

Saint Hilarion Troitski le caractérise comme "le plus conséquent de nos prédicateurs d'un christianisme sans Eglise". Et il ajoute: "Tolstoï a confondu beaucoup avec sa prédication, mais c'est dans l'exemple du tolstoïsme que l'on peut observer le plus clairement la faillite d'un christianisme sans Eglise".

Ayant renié le Dieu-Homme vivant et Son Eglise, il a abouti à "une totale absence de vie". Pour ceux qui ne savent pas ce qu'était le tolstoïsme: le texte déjà cité de Saint Hilarion (http://www.pravoslavie.ru/english/christchurchilarion.htm) en donne un bref aperçu dans le 4e chapitre: "The falsification of the Church with christianity".

2.Posté par Vladimir.G: Bien dans la tradition russe le 12/12/2014 09:44

Ce conte est très représentatif de la relation traditionnelle du peuple russe à la religion:

- Forte "religiosité", tendant vers l'ascétisme et l'érémitisme; les nombreux ascètes et ermites sont très respectés. On leur attribue des dons miraculeux.

- Grande méfiance vis-à-vis de l'Eglise-institution à tous les niveaux: les "popes" (terme grec devenu péjoratif en russe) sont tournés en dérision dans de très nombreux fabliaux (ex. Pouchkine, "Conte du pope et de son serviteur Balda"(1), dont une version censuré vient d'être publiée… (2)); les prélats sont moqués pour leur appartenance à l'élite…

Cette attitude continue à prévaloir au sein de la population, même celle qui se considère comme orthodoxe, mais le film édulcore le thème en remplaçant par un simple prêtre l'évêque d'Arkhangelsk qui peut, du fait de son rang, faire arrêter le bateau.

(1) http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:j7VxZSoa8HoJ:www.russievirtuelle.com/mythologie/contesp/popetbalda.htm+&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=fr
(2) https://www.actualitte.com/societe/un-conte-de-pouchkine-revise-et-censure-par-l-eglise-orthodoxe-24646.htm

3.Posté par Hai Lin (林海), Harbin, Mandchourie, RPC le 12/12/2014 12:41
To the editors of this site, to Mr. and Mme K.,

Thank you very much for bringing us this uplifting little video. It is a happy change from all the sparring on exceedingly arcane and irrelevant matters that so often wound the soul of this wonderful little board.

The video, and the story behind it, touch the soul and provide substance for serious introspection and reflection.

The position of Tolstoy and the Church is a cantankerous one at best. I personally hold Tolstoy and his writing in the highest of all possible esteem but that being said, I hold the teachings of the Church in an even higher esteem.

Hai LIn
Harbin

4.Posté par Nicodème le 13/12/2014 13:32
Très beau film . Très instructif et très émouvant . Tolstoïen , Justine , et alors ? je me fous de l'origine , seul m'importe le contenu . Les canons rendent la nuque raide , et on finit par en crever spirituellement , et crever tout court .

5.Posté par Clovis le 14/12/2014 14:50
Assez d'accord avec Vladimir et Justine, ce modeste film, c'est tout Tolstoï avec ses gros laptis, une espèce de vision idéalisée, "rousseauiste" de paysan (non sans raison, mais quand même), mais qui a l'art de faire passer une exception pour une généralité, le message est on ne peut plus clair : "n'allez surtout as à l'église, n'apprenez pas de prières, ne communiez pas plus d'une fois par an,", "comptez plus sur vous même que sur l'église" en gros c'est McDonald "venez comme vous êtes" et "ne changez pas, chacun peut se faire sa petite cuisine, foin des calotins."

Je grossis naturellement, mais il y a derrière un conte qui devrait nous enseigner une certaine humilité et de la vérité dans notre amour envers Dieu (comme le pèlerin Russe), une volonté sous-jacente pas très "catholique" sic !

En outre, je ne trouve pas cela très pertinent que de mettre ce film avec une citation de St Matthieu en exergue, hors contexte.

Depuis Saint Matthieu, si certains réflexes païens et la superstition qui les accompagne se retrouvent encore, j'ai l'heur de croire qu'un chrétien pratiquant aujourd'hui a quelque peu dépassé ce stade et ressente le désir de communier plus d'une fois l'an, pas comme en Russie impériale...

PS : ceux qui ont fait le film n'ont pas osé "s'attaquer" à un évêque ! Courageux mais pas téméraire ;-)

6.Posté par Tchetnik le 14/12/2014 21:25

Tolstoï n'est pas franchement mort en paix, du reste...Comme pour Voltaire, le mysticisme facile ne paie pas.

Tolstoï était un écrivain remarquable qui aurait mieux fait d'en rester là. Quand il s'st lancé dans la mode Guru, il n'a sorti qu'un globiboulga métapsychique à faire tomber dans l'hérésie autant un Bouddhiste qu'un Chrétien Orthodoxe. Et qui manifestement, ne l'a pas rendu plus heureux.

Sans oublier son mode de vie des plus hypocrite, on obtint alors un personnage qui n'est pas des plus qualifié pour critiquer des Hommes d'Église qui le méritent pourtant parfois.

7.Posté par Nicodème le 14/12/2014 21:35
Non , il s'agit seulement d'avoir un cœur pur . Revoir les Béatitudes : "Heureux les cœurs purs , car ils verront Dieu!". Vu ce qu'ont fait les Eglises , aussi bien kto qu'ortho '(Inquisition d'un côté , persécution sanglante des vieux croyants , de l'autre) , mais surtout kto romaine , on ne peut pas conserver un cœur pur en y demeurant . Contrairement à ce que disait Jeanne d'Arc à ses juges ecclésiaux pourris et corrompus , l'Eglise et le Christ , eh bien , c'est pas du tout "tout un" ...Quant aux arguments d'autorité façon Justine , on s'en tape . Notre honneur , c'est de penser par nous mêmes , sans nous référer à un quelconque hiérarque , à un Père ou à je ne sais quel "canon" . Dans les "Pères" , il y a à boire et à manger . Il faut du discernement . Je crois que Dieu est Trinité , non par soumission à je ne sais quelle oukase , mais parce que j'ai reçu la grâce de croire cela , ce qui paraît pourtant absurde à ma raison raisonnante . C'est le cœur qui compte , pas les canons ...C'est ce qu'avait compris Tolstoï .

8.Posté par Tchetnik le 15/12/2014 09:16
Ce sont moins des arguments d'autorité que des arguments de bon sens.

Si la Vérité existe, elle donne son sens à toute l'humanité et à toute la vie et ne peut de facto, provenir de critères de pensée, de réflexion de comportements humains, aussi excellents soient ils.

Des critères forcément finis et imparfaits ne peuvent engendrer une Vérité forcément infinie, parfaite et éternelle.

La "libre pensée" n'existe pas. On a tous un référentiel ou un maitre. Ne serait-ce que nous-mêmes. On se prend alors comme référence universelle ce qui, rayon lucidité, n'est pas terrible. On juge le monde d'après nous mêmes et au lieu de croire en Dieu, on se construit un dieu à sa convenance personnelle, selon ce qui nous arrange, à notre propre image.

L'Église est le Corps du Christ, sa Tradition, son enseignement incarnent dans la condition humaine, dans des éléments de ce monde, la Grâce et la Vérité. Éléments qui nous sont indispensables pour connaitre la seconde, recevoir la première. Ce indépendamment de la valeur parfois admirable, parfois discutable des hommes censés l'animer.

Cyprien de Carthage l'avait bien compris et, en voulant faire bande à part, Tolstoï a fini par se perdre.

9.Posté par Vladimir.G: La citation de St Mathieu est en exhergue du texte original de Tolstoi (cf. version russe) le 15/12/2014 09:38
Je me répète, ce conte est avant tout parfaitement illustratif de la pensée religieuse traditionnelle en Russie, que ce soit avant la Révolution ou maintenant... Autant le savoir. Et Tolstoi le peint magnifiquement en reprenant la trame d'un conte populaire, comme le fait aussi Pouchkine. La "Sainte Russie" est avant tout une image d'Epinal qui attribue à tous les vertus d'une minorité... Aujourd'hui comme il y a 150 ans!

PS: La citation de St Mathieu a dû être supprimée dans les éditions soviétiques dont s'est probablement servi le traducteur...

10.Posté par Clovis le 15/12/2014 13:07
@ Tchetnik, vous avez ô combien raison de le souligner, le grand Tolstoï, mort dans une gare, enterré comme un chien sans même une croix et donnant des leçons de sainteté. TOltoï est personnage au demeurant assez trouble, et hypocrite, la comparaison avec notre voltaire national est pertinente. Faites ce qui je dis mais pas ce que je fais.
Où tout cela mène-t-il donc ?!

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