L'Eglise de Roumanie est la deuxième plus importante des Eglise orthodoxes. Férocement réprimée sous le régime Ceausescu, qui fit détruire bon nombre d'églises elle connaît un renouveau indéniable depuis 1989 et la chute de la dictature communiste.

Avec dix nouvelles églises chaque mois, soit une tous les trois jours, plus une immense cathédrale en construction dans la capitale Bucarest, la Roumanie vit depuis quelque temps un véritable « boom » de la construction d'églises. Mais le poids de la religion dans la vie quotidienne des 21 millions de Roumains suscitent une opposition parfois virulente - sur la séparation de l'Église et de l'État, ou plus exactement sur le financement de l'Église par l'État. (1)

Par ailleurs, de nombreux ecclésiastiques ont été obligés de collaborer avec la police secrète du régime. Le plus connu d'entre eux fut le métropolite de Timisoara et du Banat Nicolae qui vient d'être rappelé en Dieu.

Nouvelles du patriarcat de Roumanie
L’Eglise orthodoxe ne connaît pas la crise

La nouvelle cathédrale

Derrière le Palais du Peuple, sur un terrain de onze hectares offert par l’État, des dizaines de grues s’affairent. Dans quelques années, la plus grande cathédrale du pays se dressera ici. Dénommée « Cathédrale du Salut de la Nation », ce projet pharaonique a été lancé au début des années 2000 par le patriarche Teoctist, décédé en 2007.

La cathédrale pourra accueillir plus de 5 000 fidèles et sa coupole sera plus haute que le Palais du Peuple, bâti au temps de Ceaușescu, ce qui en fera l’édifice le plus élevé du pays. Elle sera aussi entourée d’une bibliothèque, d’un hôtel pour les pèlerins, ainsi que de la résidence du chef de l’Église orthodoxe roumaine. Le tout sur trois niveaux.

Tout cela a un prix, qui n’est d’ailleurs pas encore bien fixé. Le budget initial prévoyait 400 millions d’euros, mais l’Église orthodoxe a depuis indiqué via des communiqués de presse que le coût serait plutôt de 200 millions d’euros, puis finalement de 100 millions, mais sans les finitions. Une somme impossible à vérifier, le secrétariat d’Etat aux cultes n’ayant pas su nous éclairer sur ce budget revu à la baisse, fait rare dans la construction.

Une Sagrada Familia à Bucarest ?

Ce qui est sûr, et qui agace les associations laïques, c’est qu’une partie de la somme sera payée par l’État roumain. Alexandru Toma Pătrașcu, vice-président de l’Association laïque et humaniste, s’indigne contre cette immixtion de l’État dans les affaires de l’Église. « Nous ne nous opposons pas à la construction de cet édifice, mais à la participation financière de l’État. Environ 32 millions d’euros ont été récoltés par l’État, les mairies et les conseils départementaux. Sans compter le terrain dont le prix est estimé à près de 200 millions d’euros. »

Du côté des citoyens, les avis sont mitigés. Selon un sondage réalisé en 2011 par la fondation Soros, 61% des Roumains étaient favorables à la construction de cette cathédrale. Mais 58% refusaient la participation financière de l’État au projet.

Pour les pratiquants, cette construction est surtout un bon moyen de faire rayonner un peu plus la capitale roumaine. « La cathédrale pourra accueillir énormément de fidèles, Bucarest deviendra encore un peu plus une ville symbole de l’orthodoxie », se félicite Caterina, une grande blonde à la chevelure cachée sous un voile blanc, croisée à l’entrée d’une église. Même son de cloche du côté d’Alexandra, étudiante en musicologie. « On dit toujours qu’il y a beaucoup d’églises à Bucarest. Certes, il y en a pas mal mais elles sont souvent petites et vétustes. Cette cathédrale moderne va nous offrir un nouveau souffle. »

Prêt à entrer dans une église de l’avenue Victoriei, Marius, la trentaine bien tassée, se montre quant à lui plus mitigé sur sa construction. « Je ne suis pas contre, mais j’ai peur que ça ne reste qu’une belle idée. Ca parait tellement démesuré qu’il ne faudrait pas que ça finisse comme la Sagrada Familia (cathédrale barcelonaise en chantier depuis 1882, NDLR). Ce serait dévastateur pour les fidèles car beaucoup d’entre eux l’attendent ».

Deux fois le budget de la recherche

Dans un pays où plus de 87% de la population est orthodoxe, l’influence de l’Église ne se limite pas à la seule sphère religieuse. Elle jouit aussi d’une vraie influence politique et sociétale, favorisée par son statut particulier.

Ses activités économiques sont exemptées d’impôts et c’est l’État, bien que laïque, qui finance les salaires des popes et des professeurs d’éducation religieuse. Pour exemple, l’Église possède plus de 8 500 hectares de terres agricoles, pour lesquels elle a reçu 5 millions d’euros de subventions. Chaque année, elle reçoit de l’État l’équivalent de 0,4% du PIB, soit 540 millions euros. Deux fois plus que la recherche.

L’Église intervient aussi sur les questions d’éducation. En 2009, elle a notamment réussi à faire supprimer la théorie évolutionniste des manuels de biologie. Sa capacité d’influence s’étend aussi à la politique. Très implantée dans les campagnes, elle se fait le relais des dirigeants politiques dans les endroits reculés. « Durant les périodes électorales, les politiciens rendent des visites intempestives au patriarcat. Ils ne le feraient pas s’ils n’avaient pas d’avantages directs à en retirer », lance Alexandru Toma Pătrașcu.

Son association milite ainsi pour la création d’une loi de contribution volontaire pour l’Église. « Cela reviendrait à couper les financements publics, qui ne sont pas transparents. Et à les remplacer par une taxe payée volontairement par les croyants ». Une idée toujours au stade de projet, et qui pourrait bien le rester, tant l’Église orthodoxe semble inextricablement liée au pouvoir.

***
L'archevêque de Timisoara Nicolae (Corneanu) rappelé à Dieu (2)

L'archevêque Nicolae s'est endormi dans le Seigneur le 28 Septembre 2014, à 90 ans. Timisoara (Roumanie) est la capitale Bana, une des régions historiques les plus multinationales et multi-religieuses d'Europe qui est actuellement partagée entre trois pays: la Roumanie, la Hongrie et la Serbie. Pendant le demi-siècle de son ministère épiscopal (il avait été sacré en 1962), Mgr Nicolae est devenu une sorte de symbole de Timisoara, en quelque sorte en parallèle à la soi-disant révolution, ses victimes, chantres et les bénéficiaires après Décembre 1989 (3).

Un prélat controversé

Mgr Nicolae avait communié à la messe catholique célébrée par le nonce apostolique à Bucarest lors de la consécration d'une nouvelle église grecque-catholique le 25 mai 2008 à Timisoara. Cette démarche fut condamnée par le synode en Juin, certains membre du synode demandant la suspension de l'archevêque Nicolae. Ce dernier a présenté ses excuses et le synode a expressément interdit toute forme de concélébration de prêtres orthodoxes aux messes catholiques. Il faut aussi ajouter que Mgr Nicolae, seul évêque orthodoxe en qu'en 1990, avait rendu leur cathédrale aux grecque-catholiques, très précisément à Mgr Ioan Ploscaru à Lugoj, nommé juste après la «révolution».

Le métropolite Nicolae avait été privé du droit de délivrer des documents de l'Eglise orthodoxe après d'autres gestes jugés «non orthodoxes». Il est le seul hiérarque de l'Église Roumaine à avoir publiquement admis sa coopération avec le service de sécurité, la Securitate, et il a présenté ses excuses à tous ceux qui en ont été les victimes. Il a quitté ses fonctions et s'est retiré dans monastère en 2011.

Partisan de l'œcuménisme
Mgr Nicolae était le seul hiérarque roumain à soutenir la démarche œcuménique du pape, en particulier Jean-Paul II.

Note de VG:
(1) Source: l'article de Balcan courriers .courriers.info ci-après.
(2) D'après ROMAN WYBORSKI
(3) "Le faux charnier de Timisoara est sans doute la plus importante tromperie depuis l’invention de la télévision". Cf

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BUCAREST - L'Eglise orthodoxe roumaine, réputée pour son conservatisme, est entrée de plain-pied dans l'ère des nouvelles technologies. Les fidèles peuvent désormais envoyer leurs prières par l'internet, chercher leur âme soeur sur des sites dédiés et suivre en ligne les funérailles de proches.

Depuis 2007 déjà, avec l'arrivée du dynamique patriarche Daniel, 59 ans, à la tête de l'Eglise, la parole de Dieu était souvent prêchée sur les ondes, le patriarcat ayant lancé son propre groupe de presse, Basilica, incluant radio, télé, agence de presse et journaux. L'"Eglise en ligne" a pris de l'ampleur avec la création d'une multitude de sites propageant les bonnes paroles des saints et favorisant les échanges entre internautes qui partagent la même foi.

.L'un des sites les plus populaires, www.crestinortodox.ro (100.000 visiteurs par semaine), a franchi un pas de plus, en proposant aux fidèles d'envoyer leurs prières pour les morts via l'internet... SUITE Angop

Nouvelles du patriarcat de Roumanie

Rédigé par Vladimir Golovanow le 10 Novembre 2014 à 10:19 | 5 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Athénien le 11/11/2014 12:09
En passant, la Fondation du "philanthrope" Georges Soros s'intéresse beaucoup à l'opinion du peuple roumain sur la construction de la cathédrale. Et elle organise des sondages là-dessus, apparemment pour prouver que les opposants en sont nombreux. Etonnant? Pas du tout! L'essor d'une Eglise Orthodoxe locale au sein de l'Europe post-chrétienne, c'est l'horreur des bien-pensants et des chiens de garde de la dictature "libérale".

2.Posté par Une cathédrale titanesque est en construction à Bucarest le 21/10/2017 20:03
Une cathédrale record est en construction à Bucarest. Une fois terminée, la cathédrale du Salut de la Nation sera la plus grande cathédrale orthodoxe du monde.

Situé à côté du Palais du Peuple, la Cathédrale du Salut de la Nation mesure déjà près de 60 mètres de haut, à mi-chemin de la hauteur finale. La tour principale, appelée "Pantocrator", mesurera 120 mètres. 600 personnes travaillent en se relayant pour construire le lieu de culte jusqu'au 30 novembre 2018, date à laquelle il sera inauguré.

L’édifice va coûter près de 100 millions d’euros à l’Église orthodoxe de Roumanie. Jusqu'à présent, plus de 100.000 mètres cubes de béton, plus de 40.000 tonnes de renfort et 8.000 mètres cubes de ciment ont été utilisés.


5.000 places pour les fidèles

Au niveau 0, il y aura de la place pour 5.000 personnes. La superficie finale sera de 7.200 mètres carrés, mais l'espace utilisé sera de 4.000 mètres carrés. Il y aura 600 fenêtres et les murs seront probablement recouverts de carreaux de mosaïque.

Les six cloches seront montées cet hiver. Le plus grand pèse 25 tonnes.

La Cathédrale du Salut de la Nation sera inaugurée le 30 novembre 2018. Elle sera la deuxième plus grande d'Europe après la basilique Saint-Pierre de Rome.

3.Posté par Vladimir G: les fidèles de l''''Eglise orthodoxe représentent 86,45% de la population le 22/10/2017 11:22
Le Secrétariat d'Etat pour les Cultes de Roumanie a récemment publié les statistiques officielles concernant les lieux de culte des 18 religions reconnues en Roumanie au 31 Décembre, 2015.

- 16 403 églises appartiennent à l''Eglise orthodoxe roumaine soit 59,9% du total des 27 384 lieux de culte de Roumanie.

- En croisant ces chiffres avec les résultats du dernier recensement en Roumanie, on constate que les fidèles de l'Eglise orthodoxe représentent 86,45% de la population totale mais, ne disposant que de 59,9% des lieux de culte, en ont proportionnellement moins que les religions minoritaires...

Source: http://basilica.ro/date-importante-privind-biserica-si-scoala-in-romania-sunt-16-403-biserici-ortodoxe-si-19-543-scoli/

4.Posté par Marie Genko le 22/10/2017 22:10
Merci à Athénien pour son message N° 1
Je crains que le nuisible Soros ne s'arrange pour gâcher autant que possible ce magnifique essor de la Foi orthodoxe en Roumanie.

5.Posté par Daniel le 23/10/2017 12:52
Juste une remarque sur le recensement en Roumanie. La population orthodoxe dans le recensement ne fait pas la distinction entre vétérocalendéristes (qui sont au plus je crois 500 000) et orthodoxes au nouveau calendrier.

Concernant la construction de cette cathédrale, quel sera son taux d'occupation ? Une église pouvant accueiller 5 000 fidèles où ne viennent que 500 fidéles serait surdimensionnée. Un peu comme Notre Dame de Paris pour les dernières vêpres orthodoxes. Une église immense quasiment vide.

6.Posté par Trois primats orthodoxes se rendront à Bucarest le 26/10/2017 21:26
Trois primats d’Églises orthodoxes autocéphales, le patriarche de Moscou Cyrille, l’archevêque de Tirana Anastase et l’archevêque de Prešov Rastislav se rendront à Bucarest pour la fête de saint Dimitri le Nouveau, protecteur de la capitale roumaine
Le pèlerinage traditionnel organisé chaque année par le Patriarcat de Roumanie et l’archidiocèse de Bucarest pour la fête de saint Dimitri le Nouveau, protecteur de Bucarest, dont la mémoire est commémorée le 27 octobre, aura lieu du 24 au 29 octobre 2017, selon le programme suivant : le mardi 24 octobre, procession avec l’icône et les reliques de saint Dimitri le Nouveau, depuis la cathédrale patriarcale jusqu’à l’avenue de la Reine Marie et le pied de la colline patriarcale. Au même moment, un fragment de la sainte Croix, l’icône et les reliques de saint Nectaire d’Égine, ainsi que l’icône de saint Séraphin de Sarov doivent être portées lors d’une autre procession depuis la cathédrale métropolitaine Saint-Spyridon, dans les rues Şerban Vodă et Bibescu Vodă, jusqu’à la colline patriarcale. Le 26 octobre, la délégation de l’Église orthodoxe russe avec, à sa tête, le patriarche de Moscou Cyrille apportera un fragment des reliques de saint Séraphin de Sarov pour y être vénéré par les fidèles, lequel sera offert ensuite à la communauté orthodoxe russe de Bucarest qui célèbre en l’église Saint-Nicolas
Suite https://orthodoxie.com/trois-primats-orthodoxes-se-rendront-a-bucarest/

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