OLTR - Editorial d'Octobre 2019 - Une décision salutaire
La grave crise que traverse l’Archevêché des Eglises orthodoxes russes en Europe occidentale n’est peut-être qu’une réplique d’une crise majeure qui affecte l’Eglise orthodoxe dans son ensemble.

En novembre 2018, par une décision soudaine et brutale, sans aucune consultation avec l’Archevêque, le patriarcat de Constantinople révoque le tomos de 1999 qui conférait à l’Archevêché le statut d’exarchat. Il intime aux paroisses l’ordre de rejoindre, chacune où elles se situent, les différentes métropoles de leur pays. En même temps qu’exiger sa dilution, il prive, alors, l’Archevêché de tout rattachement au plérôme de l’Eglise orthodoxe.

L’archevêque, Monseigneur Jean (Renneteau), a la charge des paroisses de l’Archevêché. On ne rappellera jamais assez cette règle canonique de l’Eglise orthodoxe : il incombe à l’évêque et à lui seul, la responsabilité des décisions pour toutes les questions aussi bien administratives que fondamentalement théologiques. Mais il appartient, aussi, à l’évêque de s’assurer que ses décisions seront reçues.

C’est un point fondamental et il est à craindre qu’il ait été, souvent, mal compris et mal interprété. Pourquoi oublie-t-on que c’est l’évêque qui reçoit l’onction épiscopale ? Pourquoi oublie-t-on que c’est l’évêque qui détient la plénitude du pouvoir ? Pourquoi oublie-t-on que le prêtre ne reçoit que de l’évêque le pouvoir de consacrer l’Eucharistie ? Pourquoi oublie-t-on que le clerc ou le laïc peut être invité à donner son avis mais que c’est bien l’évêque qui décide ? Ceci est l’esprit du Concile de Moscou de 1917 qui redonne le pouvoir de l’Eglise à ses primats. Il ne s’agit pas, bien au contraire, d’asservir le pouvoir pastoral de l’évêque aux décisions d’un pouvoir civil.

Nous ne détaillerons pas, ici, toutes les péripéties qui s’ensuivent. Ayant pris, après un large consensus, la décision de garder l’unité de l’Archevêché, Mgr Jean n’a que la préoccupation de rester en communion avec l’Eglise orthodoxe. Pour cela, après de nombreuses consultations dont il ne garde aucun secret, il accepte la seule proposition fiable et pérenne qui se présente et qui est émise par l’Eglise russe. C’est cette décision absolument essentielle que Mgr Jean prend pour le salut de l’Archevêché. Ses ouailles et ses clercs ne devraient que lui manifester une immense gratitude de les avoir si bien guidés.

La proposition de l’Eglise russe contient des avancées majeures pour la vie de l’Archevêché. Il est conféré, à ce dernier, un véritable statut diocésain. C’est-à-dire que son primat, l’Archevêque n’est plus l’exarque d’un membre du synode, le patriarche de Constantinople dans l’ancienne organisation, mais devient, lui-même, membre du synode de l’Eglise russe, dans la nouvelle organisation. De plus, le synode de l’Eglise russe promet de renforcer l’Archevêché en procédant rapidement à l’élection de nouveaux évêques auxiliaires ; ce qui permet de rétablir, enfin, une instance importante dans le fonctionnement de l’Archevêché, à savoir le comité épiscopal.

Dès notre éditorial de février 2019 , avant que la crise ne prenne les proportions irrationnelles que nous observons, nous avons largement prôné cette orientation et nous avons exprimé combien elle est naturelle et liée à l’histoire de l’Archevêché et combien elle offre de perspectives.

A tous ces titres, l’OLTR se réjouit de cette décision de Monseigneur Jean et lui exprime sa gratitude et son soutien qu’il lui paraît indispensable de manifester.

Malheureusement, oubliant le caractère fondamentalement pastoral, ecclésial de la décision prise, et, certainement, en grande partie, du fait de cette nouvelle relation établie avec l’Eglise orthodoxe russe, des passions incontrôlées se sont déchainées contre cette décision. C’est la tentation de « la voie de la mort ».

Et ce qui conforte, plus encore, l’indispensable autorité de l’évêque est ce relativisme, cette idée erronée selon laquelle les décisions doivent se prendre collégialement ou pire encore parfois s’imposer à lui. Comment expliquer que la proportion des délégués qui soutenait la préservation de l’unité de l’Archevêché ne se soit pas retrouvée pour simplement transcrire dans les statuts cette décision d’ordre pastoral ? L’« option russe » apparaît, pourtant, comme une proposition unique, au moment de la première consultation sur l’unité de l’Archevêché. Pourquoi une proportion non négligeable de ces délégués a-t-elle cherché à entraver la décision pastorale de rejoindre l’Eglise russe en tentant de bloquer la seconde consultation et de corrompre l’esprit des statuts de l’Archevêché ? On peut formuler des explications selon lesquelles, certains, qui soutenaient la première décision (la volonté d’unité), ont déserté pour la seconde (le soutien à Monseigneur Jean de solliciter l’omophore du patriarcat de Moscou). Quelques-uns étaient, peut-être, nostalgiques d’une situation disparue. D’autres encore, étaient dans l’illusion qu’en affirmant l’unité de l’Archevêché ils obtiendraient la révision de la révocation irréversible du tomos de 1999. Les troisièmes pensaient qu’en affirmant cette volonté d’unité, ils stimuleraient d’autres propositions (on se souvient de cette option roumaine) qui ne sont jamais venues.

Il convient de se prémunir d’une habitude trop rémanente dans l’Archevêché où le caractère « associatif » ou légal est trop souvent confondu avec la dimension ecclésiale, voire, considéré comme supérieur. Rappelons cet autre enseignement majeur : l’Eglise est dans ce monde. C’est bien pour exister, s’incarner, pourrait-on dire, qu’elle doit trouver les règles administratives qui lui permettent de fonctionner. Il ne s’agit pas, pour l’Eglise, de contourner les dispositions légales. Mais l’Eglise n’est pas de ce monde. Il faut traduire qu’il ne peut être usé de règles civiles pour contraindre la vie de l’Eglise.

Les statuts de l’Archevêché sont rédigés pour protéger les décisions de l’Evêque. Si l’on lit bien les articles 35 et 28 qui relatent les décisions des assemblées générales, le pouvoir de décision est bien laissé à l’Archevêque. Au cas où une partie de l’assemblée tente de faire adopter des dispositions de nature clairement contraire à l’Eglise, l’Archevêque, disposant de la plénitude des pouvoirs, peut en empêcher l’adoption. Ici, cette opposition à l’Archevêque ne peut pas retarder la décision qu’il a prise. Elle ne peut qu’entraver et retarder le fonctionnement administratif de l’union diocésaine. Quand ce n’est pas pire !

En effet, il y a d’autres formes d’agression contre cette décision de l’Archevêque. Il n’est pas acceptable de vouloir la dislocation de l’Archevêché parce que l’on est convaincu par une interprétation erronée et non canonique de la 28ème décision du IVème concile de Chalcédoine (451). Selon cette interprétation, le patriarcat de Constantinople jouirait d’une juridiction universelle ; ce qui est contraire à l’Orthodoxie. Evidemment, cette prétention n’a jamais eu de fondement et a été récemment inventée. Les conséquences en sont dramatiques en Ukraine. La révocation du Tomos de 1999 s’expliquerait par le souci d’éviter les revendications de diasporas ukrainiennes, dépendantes de monsieur Doumenko, qui pouvaient exiger de disposer, « comme les Russes », d’un exarchat. Il était urgent de révoquer celui qui existait.

Nous observons la totale indépendance dont jouit l’Eglise russe hors-frontières depuis qu’elle a choisi de se placer, il y a douze ans, sous l’omophore du patriarcat de Moscou et l’absence du moindre signe d’une quelconque ingérence dans son administration. Mais les opposants à la décision de rejoindre l’Eglise russe imputent, à cette dernière, des velléités d’imposer un certain « autoritarisme ». Il est tout de même curieux de voir cette accusation formulée par ceux-là même qui semblent avoir oublié le déroulement, dans l’Archevêché, des événements de l’année 2013 et ses conséquences. Leur attitude et leur indocilité, de cette époque, ont certainement contribué à motiver le synode de Constantinople dans son ukase fatal.

Nous déplorons vivement toutes les tentatives organisées pour retarder cette nouvelle étape dans la vie de l’Archevêché. Il est urgent qu’il soit mis un terme à ces combats inutiles et stériles. Il est souhaitable que leurs protagonistes prennent toute la mesure des nouvelles perspectives, reviennent vers l’Archevêque, reçoivent sa décision et empruntent la « voie de la vie » que ce grand pasteur a tracée au profit de l’Eglise orthodoxe. Cette crise aura, peut-être, été salutaire pour supprimer tous ces malentendus.

L’OLTR propose d’emprunter cette « voie de la vie » depuis sa création, dans le sillage de la Lettre du Patriarche Alexis 2 du 1er Avril 2003. Ce message d’amour, d’espoir et de réconciliation laisse entrevoir l’importance du rapprochement de toutes les composantes de l’Eglise russe issues de la première émigration comme facteur de développement de l’orthodoxie locale. Il nous a toujours paru indispensable que l’Archevêché participe à cette nouvelle impulsion et nous avons toujours été convaincus qu’il devait en être une « pierre angulaire ». Par exemple, dans la métropole qui était, alors, entrevue, les statuts étaient très largement inspirés des statuts de l’Archevêché. Nous nous réjouissons de voir, maintenant, cette convergence que nous espérions depuis longtemps. L’OLTR, fidèle à sa conviction, forte de l’affirmation de sa présence, n’est pas étonnée que l’Eglise russe ait tendu la main pour permettre à l’Archevêché de sortir d’une crise qu’il n’aurait pas dû connaître si le dialogue constructif, auquel elle a toujours appelé, avait pu se tenir.

Gueorguy von ROSENSCHILD

Président de l’OLTR

27 Octobre 2019

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Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 30 Octobre 2019 à 09:56 | 13 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Guillaume le 30/10/2019 10:40
Un éditorial comme toujours pertinent et percutant. Que de temps perdu depuis l'appel du Patriarche Alexis II !

2.Posté par Gueorguy le 19/11/2019 15:11
Les motifs de la révocation du Tomos.

En novembre 2018, une sorte de séisme se produisait au sein de l’Eglise orthodoxe en Europe occidentale. A la surprise générale, le patriarcat de Constantinople annonçait la révocation du tomos de 1999 qui conférait à l’Archevêché un statut d’exarchat ; l’Archevêché disposait, jusque-là, d’un lien canonique avec le plérôme de l’Eglise orthodoxe.

Peut-être le temps est venu, un an après, de trouver une explication à cette décision de tirer un trait sur presque 90 ans de soutien, soutien sollicité par Mgr Euloge. En s’accordant sur les réelles motivations de l’abandon de l’Archevêché par le patriarcat de Constantinople, il sera possible à tous d’accepter, avec sérénité, la décision salutaire, prise par Mgr Jean.

Il existe plusieurs hypothèses :
- 1/ La décision officielle du patriarcat de Constantinople : La fin de la coexistence, sur un même territoire, de plusieurs entités du patriarcat de Constantinople.
Elle se trouve bien explicitée dans l’acte de sujétion du 12 janvier 2019. On peut vouloir s’y tenir et, semble-t-il, les partisans de la mettre en œuvre s’en accommodent très bien. Il s’agit pour le patriarcat de Constantinople de mettre un terme à cette coexistence, en Europe occidentale, de deux structures parallèles dépendantes de son autorité. Cette explication occulte un aspect fondamental. L’Archevêché n’a jamais été la « propriété » du patriarcat de Constantinople mais, du fait de circonstances historiques, s’est simplement placé, un temps, sous sa protection canonique. Une telle décision est une sorte de spoliation, par le patriarcat de Constantinople, d’un bien qui ne lui appartient pas.
- 2/ Cette révocation du tomos est directement liée à l’opération désastreuse du Patriarcat de Constantinople en Ukraine.
Dans l’éditorial de février 2019 « Crises et perspectives », il était indiqué qu’il pouvait y avoir une certaine logique à la décision officielle du patriarcat de Constantinople. Mais la préoccupation canonique laissait sceptique. Ces dernières années, celle-ci ne se manifeste pas lors des autres initiatives du patriarcat de Constantinople. Le lien entre les deux décisions (sur l’Ukraine et sur l’Archevêché) est bien établi. Ce n’est, donc, pas un hasard qu’elles soient émises dans le même décret. Dans l’éditorial d’octobre 2019, nous explicitons ce lien et accepter le démantèlement de l’Archevêché revient à s’associer à cette opération désastreuse du patriarcat de Constantinople en Ukraine.
- 3/ La gouvernance de l’Archevêché n’était plus acceptable pour le patriarcat de Constantinople.
Le déroulement de l’assemblée générale du 1er novembre 2013, l’élection de Mgr Job et tout ce qui a précédé et suivi ont attesté d’une certaine « reprise en main » par le patriarcat de Constantinople. On pourrait s’étonner qu’aucune conclusion n’en ait jamais été tirée de ces événements. De plus, on a pu relever les manifestations objectivement hostiles du patriarcat de Constantinople à toute référence au Concile de Moscou de 1917. Les affirmations lancées, tout récemment, par les plus proches collaborateurs de Mgr Emmanuel laissent dubitatif. Leurs allégations quant à la possibilité de recréer « l’esprit de l’Archevêché » au sein d’un hypothétique vicariat, dont les statuts restent opaques, manquent totalement de crédibilité. Il en est de même pour l’assertion selon laquelle on y fera vivre les enseignements du concile de Moscou.

Cerner les motifs de la révocation du tomos et du démantèlement de l’Archevêché, voulus par le patriarcat de Constantinople était incontournable. Ceci permet de comprendre et d’accepter la décision salutaire qu’a prise Monseigneur Jean, pour sauvegarder l’intégrité de l’Archevêché en lien avec le plérôme de l’Eglise orthodoxe que lui apporte l’Eglise russe.

3.Posté par Jonas le 20/11/2019 02:23
... sauf que "le lien avec le plérôme de l'Eglise orthodoxe que lui [à "l'Archevêché"] apporte l'Eglise russe" dont vous parlez se réduit de jour en jour : plus de communion avec le patriacat de Constantinople, ni avec celui d'Alexandrie, ni avec la plus grande partie de l'Eglise grecque (et comment faire le tri au jour le jour entre les "bons" et les "méchants" : en fonction des déclarations parfois contradictoires et souvent alambiquées de tel ou tel hiérarque ?). Ce plérôme se réduit comme peau de chagrin !

4.Posté par Gueorguy le 20/11/2019 15:33
Le plérôme se réduit, certes. on ne peut que le déplorer. Mais que faire quand des églises posent des prétentions exorbitantes, s'octroient des prérogatives sur des territoires qui ne sont pas les leurs ou foulent au pied le sacrement de l'ordination épiscopale?

Mais le lien, avec l'Eglise orthodoxe s'est trouvé rétabli. Sans le tomos de 1999, unilatéralement anéanti, l'Archevêque n'avait pas de lien canonique avec l'Eglise orthodoxe. Et ce lien a été rétabli en recevant la gramota de l'Eglise russe.

5.Posté par André G. le 20/11/2019 18:09
@poste 3
Cher Jonas, c'est un vrai problème que cette mise en route d'un processus d'excommunication. Mais c'est difficile de nier aussi la nécessité d'une réaction aux grossièretés canonico-liturgiques en cours. La "communion" ne veut pas dire que "tout va bien" avec la foi orthodoxe. La communion est une réalité profonde et vitale qui peut cesser sans "rompre la communion" officiellement. Mieux vaut la parole ouverte et - c'est important ! - charitable et dite dans l'amour vrai. Le problème réside plutôt dans la facon de recevoir ces réalités: pour nous, fidèles, c'est important de réagir avec force, par notre non-acceptance de ce processus, venu de l'extérieur probablement, de mettre du désordre dans l'Èglise.
Meilleurs sentiments!

6.Posté par Olga Kluchnikov le 21/11/2019 09:13
J'ai lu un tel nombre de ces commentaires où l'auteur emploie l'expression "peau de chagrin" qu'il m'est difficile de ne pas réagir : je pense que cette métaphore "quantitative" ne reflète ni la réalité, ni certaines vérités fondamentales et ne permet en aucun cas de bien analyser le problème de la division et de la rupture de communion (qui est grave, certes, mais à mon sens, ce n'est pas tellement parce qu'une paroisse comme celle de Nantes se retrouve dans la juridication du P.O.).

7.Posté par Anselme le 25/11/2019 19:41
@ Jonas - commentaire 3

Vous avez raison, l'excommunication est une folie humaine! Les arguments territoriaux sont humains, les grossièretés sont humaines, etc. Mais l'Eucharistie est sur-humaine. Dès lors, les arguments que je trouve dans les communications précédentes, même s'ils sont humainement compréhensibles, sont incompatibles avec l'excommunication, sauf raison de fond. Depuis le début de la crise, les raisons sont politiques, de pouvoir, etc. Le fond chrétien orthodoxe est le même de part et d'autre des frontières territoriales.

@ Olga Kluchnikov
Le Roman de Balzac "La Peau de Chagrin" se termine de manière plutôt pénible... tout cela pour une illusion d'éternité toute terrestre, une énergie vitale insatiable et mortelle ici-bas. Entrer dans la rupture de communion confirme la rupture. Cette voie est la pire qui soit, même si le Patriarcat de Constantinople a été plus que "cavalier" dans ses entreprises aventureuses. Si je vais à la Liturgie avec un ami grec, nous ne pourrons donc communier "de concert" par suprématie d'une décision humaine sur l'Eucharistie. C'est très grave quant aux fondements mystiques et corporels de l'Eglise.

8.Posté par Olga le 25/11/2019 21:01
@Anselme : votre commentaire reflète une vision qui, a priori, n'a rien de très profond : "aller à la Liturgie avec un ami", "pourra / ne pourra pas", "de concert", "une décision humaine"...

Avez-vous oublié, pour citer un exemple édifiant, le pouvoir que le Christ a donné à ses disciples, le mystère de la confession avec le pouvoir d'absoudre (ou non) les péchés, par exemple ? "Des décisions humaines"...

Rien que votre façon de s'exprimer, sur ce point... peut laisser pensif (pensive). La "voie la pire qui soit"... Ah bon ? J'estime que la voie la pire qui soit est, sans doute, celle de Judas.

9.Posté par Olga Kluchnikov le 25/11/2019 21:58
Concernant les commentaires de « Jonas » et d’« Anselme » : quand on pense très sérieusement aux conséquences d'un schisme, surtout avec un sentiment de respect pour ses victimes orthodoxes, on évite en général d'évoquer des problèmes tels que l'impossibilité de communier "de concert" avec "un ami", aussi inconfortable que votre situation puisse paraître (de votre point de vue) à cet égard, quelque part en Occident, j'imagine (sinon, peut-être en Grèce).

J’ai récemment trouvé une traduction (plutôt imparfaite et donc corrigée à certains endroits par la suite) d’une interview, celle d’un hiérarque de l’Église Orthodoxe Ukrainienne (canonique). Il y est notamment question de la « légalisation du schisme » (ou plutôt, d'une tentative non canonique de forcer la reconnaissance d'un schisme et le présenter comme étant canoniquement « résorbé »). Voici la majeure partie de cette interview du métropolite Antoine (Pakanitch)… de l’ÉOU, sous l’omophore du métropolite de Kiev Onuphre :

« – Monseigneur, nous observons un approfondissement du schisme : le patriarche d’Alexandrie a rejoint ceux qui commémorent « le primat » de l’Église ukrainienne schismatique. Les fidèles sont alarmés, certains s’exclament que le monde s’effondre. Que pouvons-nous attendre à l’avenir ?

– D’un point de vue terrestre, la situation est réellement critique : sous nos yeux, on tente de légaliser un groupe schismatique. Or des frères des Églises locales, à notre regret, participent à cette manœuvre sournoise. Nous sommes les témoins de l’introduction de nouveaux principes ecclésiologiques, que l’Église n’avait jamais connus. Le papisme sous toutes ses formes est étranger à la conscience orthodoxe. En outre, il est difficile de se souvenir d’une telle pression exercée sur les hiérarques orthodoxes par des structures séculières des différents États. … nous n’avons pas affaire ici à un oubli, mais à deux poids et deux mesures : le puissant « a le droit » de dicter sa volonté à ceux qui sont plus faibles et dépendants. On essaie d’impliquer l’Église orthodoxe dans de grands projets géopolitiques. Or quelqu’un parmi nos frères orthodoxes a embrassé cette logique politique au détriment de l’unité de l’orthodoxie… Il en résulte que pour beaucoup s’effondre une idée globale de la justice, de la vérité.

Mais, c’est là une vision humaine, terrestre. Il y a une autre vision, celle qui est évangélique. Rappelons-nous du figuier que le Christ a maudit alors qu’Il cheminait vers Jérusalem : « Tôt le lendemain matin, en revenant vers la ville, il eut faim. Il aperçut un figuier sur le bord de la route et s’en approcha ; mais il n’y trouva que des feuilles. Alors, il dit à l’arbre : Tu ne porteras plus jamais de fruit ! Et à l’instant le figuier se dessécha.…» (Matth. 21, 18-19). …

Quelque chose de semblable, de toute évidence, se produit dans la vie ecclésiale : une splendeur extérieure ainsi que de belles et douces paroles de certains serviteurs de l’Église dissimulaient l’absence de fruits spirituels, dont le principal est l’amour désintéressé du Christ. La malédiction du figuier symbolise le rejet par le Christ de ceux qui Le rejettent. Et jusqu’à maintenant, Il rencontre sur son chemin des figuiers stériles, recouverts des feuilles de la piété qui est celle de la forme, et non du repentir intérieur et sincère ... L’effondrement du monde témoigne du fait que ce monde n’est pas bâti sur ces valeurs… Quant à celui qui a construit sa maison sur le sable, comme un insensé ayant écouté la parole du Christ mais ne l’ayant pas mise en pratique, sa maison sera détruite à la première rafale du vent et à cause de la montée des eaux. Par conséquent, dans n’importe quelle situation de crise, il y a aussi des côtés positifs. L’Église se purifie elle-même.

– Monseigneur, quelle doit être notre attitude envers ceux qui ont rejoint les schismatiques ?

– Elle doit être chrétienne. Pensez-vous qu’un homme ayant trahi le Christ, l’Église, les personnes qui avaient confiance en lui, se sente bien et en paix ? J’en doute. Je pense que nombreux sont ceux, parmi eux, qui ressentent pleinement la souffrance par les tourments de leur conscience. Prions pour que le Seigneur amène les égarés à la lumière. Ceux qui ont agi ainsi – ou agiront ainsi – en rejoignant le schisme sous la contrainte ou de leur propre gré, se sont déjà punis en se coupant de Dieu et de Sa miséricorde. Or c’est le châtiment et le destin les plus terribles. Il nous faut seulement plaindre ces malheureux insensés. « La haine et la rancune annihilent la grâce de Dieu en l’homme », disait S. Nil le Myrrhoblyte.

.. … … Toutes les épreuves nous sont indispensables, elles le sont à notre âme en premier lieu. Elles sont toujours une épreuve à l’humanité, la fidélité, l’honnêteté et le courage. N’attendez pas de solutions rapides, il ne faut pas trancher dans la hâte. De nombreuses personnes différentes œuvrent à la diplomatie ecclésiale, et il est même difficile d’imaginer les efforts que cela demande. Il est facile de critiquer et d’accuser autrui, il est plus difficile d’être patient et de travailler sur soi, de combattre ses propres défauts et ses péchés. Il est nécessaire de prendre conscience de ceci : l’actuel combat est mené au niveau spirituel et non politique. Et c’est un combat contre le diable, qui tente autant les personnes ordinaires que les patriarches. Certains perdent cette bataille. Il est nécessaire de dénoncer et d’appeler les choses par leur nom, mais il n’en est pas moins indispensable de lutter contre le mal en soi, et ne pas juger sans avoir pleinement compris le sujet.

– Que pouvons-nous attendre à l’avenir ? Que doivent entreprendre les fidèles ?

– Il faut suivre le Christ, s’unir dans le Christ. « Ne te laisse pas emporter par le courant général, mais suis, dans la voie étroite, les saints Pères », ce que conseillait saint Ignace Briantchaninov.
Le Christ est le guide suprême de la vie. Il faut s’occuper de sa propre édification et ne pas se faire des illusions sur les autres, mais se plonger davantage en soi, examiner son âme, et alors il y aura moins de déceptions douloureuses. Il est dit : « tout homme est menteur » (Ps. 115). Par conséquent, il ne faut chercher la justice qu’auprès de Dieu, et non chez les hommes. Tout homme est faible et il est tenté même lorsqu’il a atteint un haut degré d’élévation spirituelle. Pratiquement dans chacune de ses interviews, le métropolite Onuphre de Kiev conseille aux fidèles de se retirer dans leur ermitage intérieur. Lorsque nous libérons notre âme des maladies spirituelles, elle devient un ermitage spirituel. Et là, l’homme doit y accéder par son esprit : même s’il n’y vit pas en permanence, il peut s’y rendre de temps en temps pour y accomplir la prière, se réconcilier avec Dieu et Lui demander la grâce pour que le Seigneur lui donne la force d’aimer son prochain, et même ses ennemis et ceux qui nous haïssent. C’est un conseil spirituel important et qui est précieux. Si nous, chrétiens, n’apprenons pas à nous distancier du monde, si nous ne préférons pas le Divin à ce qui est humain, nous ne bâtirons pas notre relation personnelle avec Dieu, et le monde nous engloutira avec ses passions et ses nouvelles. Apprenez à réaliser l’œuvre intérieure : la prière ! C’est ce qui est, justement, la vie avec Dieu et en l’Église».

https://pravlife.org/ru/content/mitr-antoniy-pakanich-o-popytkah-vtyanut-cerkov-v-geopolitiku-i-glubokom-podryve-edinstva

10.Posté par Anselme le 26/11/2019 07:01
@ Olga Kluchnikov - contribution n° 8

"Pas très profond à priori". Voici un jugement de valeur qui ne peut se tourner en argument et qui n'engage que vous.
Je redis donc les choses autrement: la voie de la rédemption totale passe par l'Eucharistie dans l'amour de Dieu et du prochain. Cette voie est sur-naturelle (contrairement à celle de Judas). Elle est donc la plus haute. Ne pas avoir le droit pour des raisons et des décisions terrestres de partager ce repas mystique avec un ami ou un proche est effectivement très grave. Elle se manifeste par une forme "de condamnation à mort mutuelle".

Les problèmes parcourus actuellement par l'Orthodoxie sont profondément et uniquement terrestres et humains; c'est bien le problème. Je ne vois pas ici de question confessionnelle. Quand Constantinople dissout "Daru", ce n'est pas une question confessionnelle. Une question juridique, géopolitique et passionnelle, certes. Mais le péché n'est pas de l'ordre du juridique; il est de l'ordre de l'ontologique; il émane de la chute.

Ma façon de m'exprimer relève juste de ma personne. Si vous me permettez de les conserver l'une et l'autre, ce serait sympathique. C'est d'ailleurs assez curieux, cette manière de critique sur la forme parce qu'elle semble dire à son interlocuteur qu'il doit être quelqu'un d'autre que celui qu'il est; un peu comme cette remarque à propos de l'expression "peau de chagrin" imputée à charge contre Jonas, cet "auteur" que vous évitez de nommer dans votre contribution 6, en le critiquant sur son langage. Peut-être suis-je un peu naïf, peu profond, et tout ce qui pourra vous plaire (après tout! nous avons probablement tous nos exutoires), mais un rien de gentillesse n'est pas si idiot qu'on pourrait le penser. Il faut songer que l'on peut blesser et que cela n'avance jamais un débat. Ne sommes-nous pas tous ici pour avancer?

Concernant Judas, je vous renvoie au livre du Père Serge Boulgakov: "Judas Iscariote, l'Apôtre félon". Vous y trouverez des éléments de réflexion instructifs. En vous référant à la liturgie, vous avez un début de réponse: "ou plutôt se livra".

En effet donc, la pire des choses, je le répète avec une certaine insistance,est dans la voie chrétienne l'excommunication parce que c'est une condamnation à mort. Tout au moins une tentative (et donc une tentation); il n'y aura pas d’exécution parce que l’exécution est de la mort. Je ne suis pas certain que ce soit bien réalisé dans les cœurs et dans les esprits. De ce point de vue; l'appel de l'Archevêque Anastase de Tirana me semble très opportun. (https://orthodoxie.com/larcheveque-de-tirana-anastase-lance-un-appel-pour-surmonter-la-polarisation-dans-leglise-orthodoxe-suite-a-la-question-ukrainienne/)
Opportune et sage aussi me semble la proposition d'une rencontre des responsables locaux faite par le Patriarche de Jérusalem Théophile III et que le Patriarcat de Moscou a très sagement acceptée.

"Heureusement", l'Esprit Saint domine très largement les passions humaines et les excommunications sont uniquement rabaissées par Sa puissance à des fins punitives. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles on accepte aussi facilement l'idée. Là est le péché.

Anselme

11.Posté par Anselme le 26/11/2019 17:11
C'est assez dommage, mais ma dernière contribution a disparu, où j'essayai d’approfondir mon "sentiment" à l'égard de la question de l'excommunication. Tant pis! Il se sera perdu dans les méandres numériques de la toile...

Le commentaire précédent, si juste soit-il dans sa citation, ne répond pas aux questions que je me posais et qui portaient sur l'Eucharistie dont je rappelle qu'il n'est ni prière, ni attitude, mais réalisation plénière puisqu'il s'agit d'un sacrement et que sous cet aspect il rappelle que l'unité ontologique de l'Eglise est justement sacramentelle et qu'elle repose dans le Corps et le Sang véritables de notre Seigneur. On peut s'envoyer bien des choses à la figure, mais là, on touche aux profondeurs du Mystère dont on dit qu'il faut s'approcher avec crainte, foi et amour de Dieu. Je répète donc que l'excommunication est une chose extrêmement grave.

Dans le cadre schismatique, une excommunication est toujours mutuelle dans les faits, même si un seul l'a prononcée; il s'agit à propos de l'Eucharistie, d'une forme de condamnation mutuelle à mort, si nous somme à peu près d'accord sur le caractère central, essentiel et vital de l'Eucharistie (j'insiste sur le terme 'vital'). Etre excommunié n'est pas 'se' couper, mais 'être' coupé. Il ne s'agit pas d'une apostasie. La réponse donnée par la citation ne correspond pas à cette coupure radicale posée par un autre. Je crains qu'il y ait là une forme de réponse "à l'envers", si vous me permettez. (Cela ne remet pas en cause le contenu du texte pour lui même et la situation qu'il évoque).
Donc, l'excommunication concerne plus celui qui la promulgue que celui qui la subit; elle relève de la responsabilité du premier et on ne peut la faire porter consécutivement au second. Je ne sais pas si l'on se rend bien compte de la portée de la chose... Et je suis inquiet.

Je précise que je ne défends pas les procédés schismatiques qui agitent certains dont je ne fais aucunement partie (encore qu'à ce stade, on ne sache pas si l'on est pas le schismatique malheureux d'un autre), mais que je précise simplement un principe simple et me semble-t-il fondamental. Je me permets de penser par ailleurs que ni Jonas ni moi-même n'avons rejoint quelque mouvement schismatique.

Merci quand même pour la citation!

Anselme

12.Posté par Olga Kluchnikov le 26/11/2019 22:29
"quand même", concernant le dernier post d'"Anselme" : certains commentaires peuvent induire gravement en erreur, notamment des personnes promptes à l'émotion et mal informées : il n'y a eu aucune "condamnation à mort" (spirituelle ou autre) des personnes qui sont dans l'obédience du P.O., au sein de l'Église de Grèce (Archevêché d'Athènes), par exemple. Dois-je rappeler que la rupture de communion a même existé (il n'y a pas si longtemps, à l'échelle historique) entre le P.O. et l'Archevêché d'Athènes (hélas ; mais qui accuser de "folie", à l'époque ?).

A ce que j'observe, il y a des spéculations qui témoignent d'une négligence, sinon d'une absence de respect total à l'égard des chrétiens orthodoxes en Ukraine qui souffrent d'un schisme, commandité et développé pour des motifs politiques, et que certains tentent de déguiser en "Eglise locale" .canonique. Pourquoi se montrer tellement "ému" face à une rutpure de communion entre le P.M. et le P.O. sans l'être vraiment dès qu'il s'agit de défendre les chrétiens orthodoxes de l'Église orthodoxe ukrainienne (canonique), l'Église locale de ce pays ?

Je pense par ailleurs que l'interview du métropolite Antoine (Pakanitch) citée plus haut (25/11/2019 21:58) est bien plus d'actualité en termes de salut de l'âme que des propos métaphoriques, excessifs, et somme toute, plutôt littéraires que spirituels : peine "de mort", "la pire voie...", "folie humaine", "concerne plus celui qui la promulgue que celui qui la subit"... des mots, des mots, un langage qui a pour cible une émotivité qui est plutôt de ce monde. Un langage qui semble s'émouvoir à cause d'une question "de vie ou de mort" mais qui oublie d'oeuvrer pour le salut de l'âme. A l'opposé d'une interview (entre autres) comme celle citée plus haut et qui nous renvoie à l'essentiel : le salut, le repentir, la fidélité ; l'endurance dans l'épreuve et aussi, l'humanité, l'honnêteté, le courage. D'ailleurs, le hiérarque cite saint Ignace Briantchaninov, un auteur à ne pas oublier : « Ne te laisse pas emporter par le courant général, mais suis, dans la voie étroite, les saints Pères ». C'est une voie où les "deux poids et deux mesures" n'ont pas leur place.

13.Posté par Anselme le 27/11/2019 07:34
@ Olga Kluchnikov

L'expression "condamnation à mort" n'est pas "exécution", mais elle n'est pas métaphorique dans le cadre de l'Eucharistie puisque l'Eucharistie n'est pas un symbole; sauf à considérer que l'Eucharistie n'est pas la vie.
Si je claque la porte à mon prochain, quel est mon désir sinon qu'il disparaisse de mon regard?

"Absence de respect total" écrivez-vous. Où ai-je nié l'ingérence de Constantinople en Ukraine? Je suis bien d'accord avec vous qu'il faille défendre l'Ukraine contre l'ingérence phanariote, défendre d'ailleurs toutes les ingérences inter-juridictionnelles. Je défends juste l'idée qu'il existe des moyens moins violents que l'excommunication à cause de son caractère ontologique, mystagogique et sacramentel.
Le fait que le salut de l'âme soit fondamental ne justifie pas le procédé d'excommunication et il n'est pas une réponse à la question que je pose.
Ce n'est pas parce que l'on trouve la procédure d'excommunication inquiétante et mortifère qu'on est, par voie de cause à effet, négligeant du salut de l'âme. Il y a là un raccourci étrange. La procédure d'excommunication est réservée aux cas d'apostasie, c'est à dire justement au déni même de la voie eucharistique de laquelle participe, entre autres essentiels, le salut de l'âme.

Les spéculations phanariotes en Ukraine sont effectivement politiques; il est logique de les dénoncer et de trouver les moyens d'y mettre un terme. Le problème est que la rupture de communion concerne aussi des fidèles qui n'ont pas demandé à y être emmenés. Ce n'est pas une question d'émotivité ni de littérature (la littérature est une excellente chose; elle nous dit souvent plus de choses sur nous-mêmes que les discours les plus sophistiqués).

"des mots, des mots", écrivez-vous. Oui; des mots et derrière, un sens. Je suis désolé que vous n'interprétiez ce que j'essaie de penser que comme une somme artificielle. Votre critique porte sur le style. Dont acte, je ne peux le changer. D'autre part, je trouve dommage que vous postiez votre contribution en prenant soin de ne pas nommer son destinataire; c'est justement cela, la condamnation. S'adresser à quelqu'un en regardant ailleurs.

Je pense donc que notre fausse conversation ne peut que s'arrêter ici.

Anselme

14.Posté par Olga Kluchnikov le 27/11/2019 13:01
Il faudrait repositionner ou rééquilibrer certains « accents » qui sonnent faux : ma critique ne porte pas tant sur le style. Le "style" employé à nombre d’endroits par "Jonas" et celui d'"Anselme" (je suppose que ce sont peut-être des pseudonymes) véhiculent un sens, mais qui visent plutôt la sphère émotionnelle, et non pas le bon sens (ecclésiologique et théologique entre autres).

Il s'agit - de facto - de procédés, disons, psycholinguistiques ou "psycho-littéraires" plus ou moins spontanés (ou pas, que sais-je ?) qui ont pour effet d'attaquer, qu’on le veuille ou non, la position de ceux qui ont été frappés de plein fouet par une décision plus que controversée (et ceux qui les défendent). Je cite à nouveau les éléments de ce langage spécifique :

peine "de mort", "la pire voie...", "folie humaine", "... concerne plus celui qui la promulgue que celui qui la subit", "... « plérôme… peau de chagrin" (encore une expression qui présente une vison faussée de cette situation dramatique qui a pour origine et pour cause, une division, un schisme et ensuite, un soutien apporté à ce schisme).

J'ai évoqué, en outre, "une négligence, sinon… une absence de respect total" à l'égard des chrétiens orthodoxes en Ukraine qui souffrent d'un schisme, commandité et développé pour des motifs politiques... « Pourquoi se montrer tellement "ému" face à une rutpure de communion entre le P.M. et le P.O. sans l'être vraiment dès qu'il s'agit de défendre les chrétiens orthodoxes de l'Église orthodoxe ukrainienne (canonique), l'Église locale de ce pays ? »

L’interview citée plus haut n’est pas forcément LA référence, car le choix de citer ce texte a été vite fait, mais elle présente un intérêt indéniable : rien que les termes et expressions-clés reflètent déjà une pensée plus profonde et plus lucide (que certains cris d’alarme sur la peau de chagrin etc.) :

« manœuvre sournoise », « papisme/logique politique » au détriment (de la sauveg
arde) de l'unité de l'orthodoxie ; le "figuier maudit" (stérilité spirituelle), "maison construite sur le sable" ; une "Eglise qui se purifie elle-même" ; "la haine... qui annihile la grâce de Dieu en l'homme", « le repentir intérieur et sincère », la nécessité de garder « une attitude chrétienne à l’égard de ceux qui ont rejoint le schisme » et celle de «combattre… ses propres péchés ». Et, une fois de plus, l’ « épreuve » à laquelle sont soumis notre humanité, notre fidélité, notre honnêteté et notre courage.

Sur ce fond, il existe une façon de « dénoncer » … qui n’est de facto qu’une façon d’accuser ceux qui défendent l'orthodoxie et, par voie de conséquence, ceux qui œuvrent à l’unité réelle et non pas celle de la forme ; celle de le forme consiste notamment à écrire des commentaires exprimant des regrets quant à une situation (certes déplorable) où l’on serait privé d’une possibilité de communier « de concert » avec un ami grec etc. « Anselme », qu'il me pardonne ma franchise, ne m’a donné l’impression d’être réellement consterné du fait de la situation dans laquelle on a mis Mgr Onuphre et des millions de fidèles orthodoxes de l’E.O.U. quand « on » a procédé d’une façon qui consistait à les mettre dehors « canoniquement » (entre guillemets : prétendûment) s’ils refusaient d’obtempérer en se pliant au soutien apporté au schisme.

Je cite une traduction à ce propos (https://pravoslavie.ru/117764.html) : Une lettre du Patriarche Bartholomée contenait, paraît-il, des « ultimatums », exigeant du Métropolite Onuphre de concélébrer avec les schismatiques. La dite lettre, selon un département de l’E.O.U., fut retournée par Mgr Onuphre à Instanbul (Constantinople, si l’on préfère). Plus récemment, nous avons appris que le texte en question contenait des affirmations telles que : « désormais, l’E.O.U. est passée sous la pleine obédience du très Saint Trône œcuménique, Apostolique et Patriarcal » (du P.O., donc).

15.Posté par Olga Kluchnikov le 27/11/2019 18:31
P.-S./errata : pardon pour mes fautes de frappe dont je viens de m’en rendre compte : "... ne m’a PAS donné l’impression d’être réellement consterné du fait de la situation dans laquelle on a mis Mgr Onuphre et des millions de fidèles orthodoxes de l’E.O.U. quand « on » a procédé… de cette façon, qui consistait à les mettre dehors « canoniquement » (entre guillemets : prétendument*... *sans accent bien sûr) s'ils refusaient..." etc.

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