ORTHODOXES, CATHOLIQUES ET ARMÉNIENS VONT RESTAURER ENSEMBLE LE SAINT SÉPULCRE
DE QUOI S'AGIT-IL?

Il s'agit du petit édifice qui se trouve à l'intérieur de la basilique du Saint Sépulcre, appelé en grec "Kouvouklion" (Kουβούκλιον ; « petit compartiment ») ou "édicule", qui renferme le site de la grotte où fut déposé le corps du Christ après sa mort, où Il ressuscita au troisième jour et où les femmes myrophores virent le tombeau vide le jour de Pâques.

La tombe du Christ se trouvait à côté du Golgotha, dans un jardin, en dehors des deux premiers remparts de la ville (le secteur fut englobé dans la troisième enceinte construite par Hérode Agrippa Ier en 41–44). Elle fut probablement ensevelie vers 135 l’empereur Hadrien qui fit élever un temple à Vénus dans le jardin de la Résurrection.

Saint Constantin ordonna, vers 325-326, que le temple soit remplacé par une église (c'est pendant la construction de l'église que sainte Hélène, la mère de Constantin, a découvert la Vraie Croix ainsi que le Saint-Sépulcre). La roche originelle fut recouverte de marbre : ce fut le premier édicule.

ORTHODOXES, CATHOLIQUES ET ARMÉNIENS VONT RESTAURER ENSEMBLE LE SAINT SÉPULCRE
Endommagé par les Perses en 614, pillé et détruit en 1009 sur ordre d’Al-Hakim bi-Amr Allah, il fut remplacé par un édicule de style roman vers 1014, reconstruit en style gothique en 1555, détruit par un incendie de 1808 et remplacé par l’édicule actuel, un tout petit bâtiment toujours en marbre conservant des pièces des édifices antérieurs.

L'édicule avait rapidement accusé des signes de faiblesse, s'affaissant sous son propre poids et soumis aux intempéries à travers un oculus ouvert sur le ciel dans le dôme de la basilique jusqu’en 1868. Il subit aussi plusieurs tremblements de terre (notamment en 1927, 6,2 sur l’échelle de Richter, en 1931 et 1934); les murs sont couverts de dépôts noirs et huileux à cause des cierges et il y a aussi des fissures de trois-quatre centimètres dans le marbre de la tombe dues la condensation provoquée par le souffle des visiteurs (2 ou 3 millions de pèlerins ou des touristes passent dans ce lieu très exigu) et aussi à la chaleur des cierges brulant contre les marbres.

70 ANS DE TERGIVERSATIONS


Déjà après la secousse de 1927, la Palestine étant alors sous mandat Britannique, les ingénieurs du Département des Travaux Publics avaient souligné les besoins quasi généralisés de réparation de la basilique. Mais rien ne fut fait car les trois principales confessions (grecque-orthodoxe, latine et arménienne) qui cohabitent dans la basilique de la Résurrection ne purent se mettre d'accord avant… 1959 (!). Elles s'accordèrent alors enfin pour mettre en œuvre un grand chantier de restauration: chacun entreprit chez soi de grands travaux, et toutes ensembles elles travaillèrent à la restauration du dôme de la rotonde. Les travaux prirent fin en 1996, mais l'édicule n’avait bénéficié d’aucun soin et restait en l’état.

C’est cette lacune qui est enfin réparée: après 70 ans de tergiversations, les trois églises ont négocié un accord dans le secret absolu. Personne n'a rien su jusqu'au 22 mars, en fin de matinée, quand Grec-orthodoxes, Franciscains et Arméniens procédèrent à la bénédiction des échafaudages.

ORTHODOXES, CATHOLIQUES ET ARMÉNIENS VONT RESTAURER ENSEMBLE LE SAINT SÉPULCRE
RESTAURER À L'IDENTIQUE

Après avoir rapidement écarté un projet extravagant de cage transparente pour s’adapter au tourisme de masse et rendre le tombeau du Christ mieux visible (actuellement on ne voit rien de l'extérieur de l'édicule où on ne peut entrer que quatre par quatre,) il a été décidé de faire une restauration très conservative: il s’agira de démonter l’édicule pour le remonter à l’identique en le consolidant.

Les plaques de marbres seront nettoyées, la structure qui les supporte sera consolidée et seules les pièces trop fragiles, voire cassées, seront remplacées. Cette restauration va démarrer après Pâques et durera huit mois. Le lieu saint restera accessible au culte et à la dévotion des fidèles pendant les travaux.

Les travaux sont financés par les trois principales confessions chrétiennes du Saint-Sépulcre les Grecs-orthodoxes, les Franciscains, les Arméniens.

A leur participation s’ajouteront des financements publics du gouvernement grec et des bienfaiteurs privés. Le Fonds mondial pour les monuments (World Monuments Fund, WMF) s’est montré intéressé à participer.

V.Golovanow
Sources:, et Custodia

Lire aussi Samedi Saint orthodoxe et la Flamme Sainte du Saint-Sépulcre...

ORTHODOXES, CATHOLIQUES ET ARMÉNIENS VONT RESTAURER ENSEMBLE LE SAINT SÉPULCRE

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 11 Avril 2016 à 18:51 | 7 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir.G: Un accord de bon augure après 70 ans de disputes le 11/04/2016 19:48
J'ai proposé cet article car je trouve l'évènement important dans le contexte actuel: après 70 ans de disputes (précédés par des siècles de désaccords), Orthodoxes, Catholiques et Arméniens s'entendent sur un projet concret et important pour tous les Chrétiens... C'est de bon augure pour la poursuite des différents dialogues engagés de toutes parts malgré la montée des oppositions et des fondamentalismes...

Je prie pour le succès de ce projet et de tous les dialogues et projets de coopération!

2.Posté par av aleksandr le 12/04/2016 20:29
Cher Vladimir, vous avez raison de proposer cet article, ne fût-ce qu'en raison de l'extrême urgence d'une réparation de cet édicule. Chacun peut le vérifier, les "murs" sont maintenus de manière un peu "artisanales" par des barres de fer qui se sont empilées au cours des cent dernières années et plus précisément depuis les tremblements de terre qui ont affecté Jérusalem, en particulier 1927. Je me souviens d'un vieux moine qui avait été terrorisé et en avait gardé l'effroi sur le visage.

Il faut cependant noter un point: il sera intéressant, dans quelque temps, d'analyser les différents montages financiers qui permettent la concrétisation de ce projet déjà ancien. Non pour médire mais précisémement pour voir les différentes sphères d'influences et la manières dont elles se manifestent au Lieu de la Résurrection, l'Anastasis.

Ce n'est pas la première fois que toutes les confessions présentes à l'intérieur du Siant -Sépulcre participent ensemble à la restauration du Lieu alors que cela requiert, de la part des Eglises historiques, d'accéder à dépasser des règles particulièrement difficiles, d'autant qu'elles sont orales ou, quand elles sont écrites, donnent lieu à des interprétations diverses sur les traductions-interprétations possibles.

Il reste qu'en 1980, c'est ainsi que fut construit le toît qui recouvre la Tmbe du Seigneur qui était auparavant à ciel ouvert. Cétait dangereux à différents niveaux. Il pleuvait dans l'Anastasis, il pouvait neiger. Or, la grande coupole a bien été construite avec l'accord de toutes les Communautés ecclésiales. Surtout, il faut noter que ceci a engendré des liens d'amitiés qui sont très profonds, souvent bien plus forts que les exaspérations qui peuvent se produire et qui font quelque part la joie de buzzes pour montrer l'absence d'unité. L'unité du Saint-Sépulcre s'exprime dans le fait que des gens du monde entier, de toutes confessions et juridictions viennent librement pour visiter le Lieu du suppplice, de la mort et de la sépulture, de la résurrection de Jésus Christ.

Il faut aissi souligner que depuis de nombreuses années, encore du temps du patriarche Diodoros (décédé en 2001) les contacts réguliers, quasi hebdomadaires entre les représentants et chefs des différentes Eglises présentes au Saint Sépulcre ont aussi ouvert sur des relations bien meilleures ,souvent sympathiques et quasi amicales. Cela tarde un peu trop à faire un vrai scoop et pourtant c'est important.

Dans votre mot 1, vous n'indiquez aucune Eglise ancienne orthodoxe sinon les Arméniens. Il faut noter la vitalité très signifiante dans tout le Proche-Orient de ceux que nous avons longtmeps appelés les "Monophysistes" mainteant "pré-Chalcédoniens" comme les Syriens Orthodoxes, les Coptes et les Ethiopiens (qui sont sur le toît de l'Anastasis) et sur la place. Or, eux-aussi vont participer à leur niveau dans ces travaux. Les visiteurs actuels notent d'ailleurs que le site, dans son ensemble, est largement réparé en divers points. D'autres projets suivront.

3.Posté par Daniel le 12/04/2016 23:12
C'est le roi de Jordanie qui va contribuer au financement des réparations. Cet article israélien en parle :

http://www.israelnationalnews.com/News/News.aspx/210688#.Vw1kiKSLTIU

4.Posté par av aleksandr le 13/04/2016 14:29
@ Daniel. Vous avez raison de souligner la contribution du roi Abdullah de Jordanie à la réfection de l'édicule du Saint Sépulcre. Il s'agit d'une "makruma = participation charitable royale" qui incombe au roi de Jordanie en tant que gardien des Lieux Saints du Christianisme et de l'Islam.

Ce titre a été suspendu lors de la guerre de 1967, mais le gouvernement israélien, en 1972 et par des décisions postérieures, a confirmé le rôle qui est aujourd'hui plutôt symbolique de Gardien de l'ensemble des Lieux Saints de Jérusalem Est et des Territoires Palestiniens qui sont sous la loi de la Charia. Cette décision israélienne permettait de reprendre le fil des responsabilités interrompue en 1947, à la veille de la guerre d'Indépendance d'Israël et suite au meurtre du roi Abdullah I, grand-père du roi actuel de Jordanie au Mont du Temple/des Esplanades. Rappelons à cet égard que son fils, le roi Hussein avait alors été caché sous le grand manteau monastique d'un moine grec orthodoxe du patriarcat de Jérusalem. Il l'avait mis en sécurité et caché au patriarcat puis l'avait rendu à la famille. Nous avons encore, dans le hall de réception, la photographie du roi Hussein qui a toujours gardé une très profonde gratitude envers l'Eglise orthodoxe de Jérusalem.

L'Islam ne reconnaissait pas, avant 1967, le rôle essentiel de "primat islamique" dans les Lieux Saints de l'Islam" à Jérusalem et dans la zone. Lorsque les Israéliens ont confirmé son rôle, cela a eu des conséquences tactiques qui ne furent pas toujours et restent en question pour les autorités wahabites de l'Arabie. Mais il faut souligner que le roi de Jordanie actuel n'est pas seulement le gardien des Lieux Saints "orthodoxes" stricto sensu" et que les autres Eglises sont théoriquement aussi concernées par son "pouvoir" de contrôle, comme l'Eglise catholique et ses différentes jurisdictions en Israël, Palestine et Jordanie. C'est un point peu connu. Cela explique que des accords séparés sont régulièrement conclus avec la Jordanie et l'Autorité Palestinienne par l'Eglise Catholique, bien que celle-ci paraisse "offshore" en raison de ses liens avec l'entité du Vatican.

La participation du roi n'a donc rien d'exceptionnel, concerne l'ensemble de la restauration de l'édicule en tant que protecteur de tous les Chrétiens du Saint Sépulcre, pour une part qui appartient à la participation traditionnelle. Rien n'avait été fait évidemment par le gouvernement jordanien depuis 1947.

Ceci explique aussi que l'Eglise orthodoxe russe (Patriarcat de Moscou et le Fonds Impérial de Palestine) passe des accords avec le royaume de Jordanie tout comme l'Autorité Palestinienne qui, a priori, devrait aussi verser sa cote-part... Mais il s'agit d'une part car chaque Eglise présente doit participer au financement de la reconstruction de l'édicule aux termes du firman (loi ottomane non abolie par les Britanniques, les Jordaniens et Israël). Chacun trouve du coup des sponsors, y compris des investissements qui viennent de Russie pour les orthodoxes mais aussi des USA pour les Arméniens etc.

Donc il est vrai que le roi de Jordanie participe aux frais, tout comme il participe aux frais de maintenance au Monts des Mosquées de Jérusalem 'Mont du Temple) en assurant le financement des caméras de surveillance dans ce Lieu Saint de l'Islam. Les chose sont bien plus compliquées que ces quelques mots d'explication.
En revanche, il ne s'agit en rien d'une opposition à d'autres - au contraire d'une action convergente et conjuguée et ceci doit être souligné dans la mesure où, dans le monde oriental, nous risquons trop de verser dans l’opposition plutôt que l'unité en vue d'un projet.

L'étape suivante, pratiquement exigée par la situation in situ et le gouvernement israélien de tutelle, sera l'ouverture d'une entrée/sortie d'urgence au Saint Sépulcre qui existe mais a été fermée voici bien longtemps.

5.Posté par Clovis le 13/04/2016 18:21
Il est dommage qu'on ne puisse pas cliquer sur les images pour les agrandir.

6.Posté par Vladimir.G: C''''''''''''''''est bien évidement l''''''''''''''''icône orthodoxe de Pâques mais ce n''''''''''''''''est pas le moment même de la Résurrection... le 13/04/2016 22:21
Bénissez cher père Alexandre,

Je tiens à vous remercier pour ces mises au point. J'ai fait ce que j'ai pu avec le peu de sources disponibles pour éclairer les questions du Christianisme à Jérusalem et votre témoignage est de ce fait très précieux.

J'apprécie particulièrement votre paragraphe sur "les relations bien meilleures ,souvent sympathiques et quasi amicales..." Je pense que cela s'inscrit bien dans un mouvement général de rapprochement: après le lancement du mouvement œcuménique il y a prés de 100 ans les choses ont suffisamment muri pour que des collaborations concrètes voient le jour et on peut penser que Jérusalem est un lieu tellement symbolique que cet exemple fera boule de neige...

Ne m'oubliez pas dans vos prières.

7.Posté par Vladimir. G: agrandir les illustrations le 19/04/2016 09:42
Le site de Po ne permet pas d'agrandir les illustrations,; en revanche vous pouvez le faire sur https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1548112152152117&id=100008600417897

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