L'agence d'information religieuse Blagovest-info; fait part de la premère conférence de l'archidiocèse catholique de la Mère de Dieu à Moscou (1) qui s'est tenue dans la banlieue de Moscou les 21-23 avril.

L'objectif était de permettre aux catholiques du diocèse, dispersés sur une grande partie ouest de la Russie européenne, de se rencontrerez et faire connaissance. Citant le pape Benoît XVI, le nonce apostolique Antonio Menini a émis le vœu que cette conférence soit un premier pas vers la réunion d'un futur synode de toute l'Église catholique en Russie (2). Au nom de l'Église orthodoxe russe, le père Igor Vyjanov, secrétaire aux relations interchrétiennes du département des relations extérieures, a exprimé le souhait que la coopération entre les Église allait se développer à Moscou, comme elle se développe concrètement dans les organisation internationales de Strasbourg et New York: "J'espère que les problèmes existant entre nos Églises dans le domaine pastoral vont disparaître et que nos relations atteindront un tel niveau de respect et de compréhension mutuelle, qu'elles deviendront un extraordinaire témoignage conjoint des valeurs du christianisme", a-t-il ajouté.

Dans son discours introductif, Mgr Paolo Pezzi a évoqué les exigences que les circonstances actuelles présentent aux catholiques de Russie, en insistant sur le témoignage personnel et communautaire comme unique voie de la mission chrétienne. "Ce n'est qu'en Christ que tout ce que nous faisons acquiert une valeur nouvelle et s'emplit d'une lumière qu'on ne peut pas ne pas remarquer" a-t-il dit avant d'ajouter que l'Église catholique en Russie témoigne du Christ sur un territoire où l'Église orthodoxe porte le même témoignage. C'est pour cela que nous ne dons pas nous désespérer de nos incompréhensions mais, évitant toute concurrence, chercher les voies d'un témoignage en commun. "Il faut éviter la tentation de voir l'Église catholique comme un groupe confessionnel isolé mais, par la compassion, l'ouverture et, surtout, par le pardon, devenir "tout pour tous" a-t-il conclu.

La conférence a donné lieu à des échanges et tables rondes sur les problèmes pastoraux…

Je pense que l'échange que j'ai cité doit trouver une résonance particulière chez nous, qui sommes placés dans une situation similaire à celle de l'Église catholique en Russie…

Notes (d'après Wikipedia)
(1) L'archidiocèse catholique de la Mère de Dieu à Moscou recouvre l'ouest de la Russie d'Europe. Il a été érigé canoniquement le 11 février 2002 par le pape Jean-Paul II (auparavant il avait été érigé en administration apostolique le 13 avril 1991); cette érection n'est pas bien acceptée par l'Eglise orthodoxe russe, qui y voit une marque de prosélytisme déplacé. Son archevêque est Mgr Paolo Pezzi, de nationalité italienne, qui semble mieux reçu par l'Église orthodoxe russe que son prédécesseur, citoyen russe d'origine polonaise, nommé à Minsk.
Ce diocèse a une superficie de 2 629 000 km² (5 fois la France), où il y a environ 200 000 catholiques (0,3 % de la population totale); 137 prêtres exercent leur ministère dans 63 paroisses et il y a près de 240 religieux catholiques. La plupart des prêtres catholiques de l'archidiocèse ne sont pas nés en Russie. Les offices sont rarement célébrés en russe.

L'archidiocèse possède à Moscou 2 églises, la cathédrale de l'Immaculée Conception et Saint-Louis-des-Français, et une chapelle (Sainte-Olga). La paroisse Saint-Louis-des-Français a été la seule paroisse catholique de Moscou pendant toute l'ère soviétique; elle a été visité par le Général De Gaulle, en visite officielle, qui a imposé cette modification au programme prévu; les catholiques devaient alors se cacher, Mais aujourd'hui les messes sont célébrées vingt-sept fois par jour en douze langues, et des messes sont aussi célébrées à l'intérieur des ambassades américaine et allemande. L'archidiocèse possède et relève d'autres églises à Saint-Pétersbourg, Vladimir, etc....

(2) L'Église romaine en Russie compte 4 diocèses :
Archidiocèse de la Mère de Dieu de Moscou
Diocèse Saint-Clément de Saratov
Diocèse Saint-Joseph d'Irkoutsk
Diocèse de la Transfiguration de Novosibirsk
Les évêques réunis forment la Conférence des Évêques catholiques de la Fédération de Russie.
Les gréco-catholiques, membres de l'Église gréco-catholique russe, ou uniates, sont rattachés depuis 2004 à Mgr Joseph Werth, évêque de Novossibirsk et ordinaire des catholiques de rite byzantin.

Rédigé par Vladimir Golovanow le 26 Avril 2009 à 15:22 | 16 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par vladimir le 06/06/2009 21:08
L'agence Zenit rapporte les propos du père Igor Vyzhanov, secrétaire des relations entre chrétiens du département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou (Cf. http://www.zenit.org/article-21130?l=french). Il a notamment déclaré: "On perçoit un progrès dans les relations entre l'Église orthodoxe et l'Église catholique en Russie. Tout n'est pas résolu, mais il me semble que nous nous comprenons mieux qu'avant." Puis il souligne qu'« il existe une collaboration entre catholiques et orthodoxes russes » et exhorte les deux Eglises à parler d'une même voix chrétienne : « Les possibilités sont nombreuses tout comme les questions que nous pouvons traiter ensemble, telles que la famille, l'avortement, le mariage..., tout ce qui touche la vie humaine ».
...
« Prêcher Jésus Christ » est l'une des responsabilités que catholiques et orthodoxes ont en commun pour revitaliser les racines chrétiennes de l'Europe, a-t-il dit. ... Les défis d'évangélisation de l'Eglise orthodoxe russe sont vastes. « La Russie se remet de longues années d'athéisme officiel, a reconnu le responsable orthodoxe. Nous devons évangéliser nos populations, ce qui n'exclue pas de le faire au niveau européen ou mondial ».

« Nous devons le faire avec l'Eglise catholique », a-t-il ajouté.

« Le peuple russe n'a pas perdu la foi, a-t-il souligné. Le régime communiste a tenté de la lui arracher, mais il n'y est pas parvenu ». Il précise que sous le communisme, « la foi était cachée, mais pas morte », et qu'après les changements survenus dans le pays (perestroïka) « tant de personnes se sont converties »... Mais le grand défi de l'Eglise aujourd'hui en Russie est de « faire en sorte que la foi des fidèles soit plus profonde ».

Selon P. Igor, pour atteindre cet objectif, il faut effectuer des actions concretes : « la catéchèse dans les écoles, l'activité des aumôniers dans l'armée et dans les prisons, l'institution de bons centres d'éducation supérieure, le travail avec les jeunes... Dans ce travail social nous pouvons suivre, sous tant d'aspects, l'exemple et l'expérience de l'Eglise catholique », a-t-il estimé.

Et en conclusion P. Igor considère que la collaboration entre catholiques et orthodoxes russes a « un bel avenir devant elle »...

2.Posté par BERTRAND le 26/04/2010 21:47
J'ai du mal à croire que la messe soit célébrée 27 (vingt-sept !) fois par jour dans la même église à Moscou...
Ce serait du stakhanovisme ?!

Dieu vous garde.

3.Posté par vladimir le 26/04/2010 23:17
Excellent commentaire Bertrand! voilà ma source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Archidioc%C3%A8se_de_la_M%C3%A8re_de_Dieu_%C3%A0_Moscou (avec toutes les réserve qu'une information prise sur Wikipedia et non confirmée peut susciter...)

4.Posté par Cathortho le 27/04/2010 11:49
Au nom de l'Unité de l'Eglise réjouissons-nous des souhaits exprimés par le père Igor Vyjanov, secrétaire aux relations interchrétiennes du département des relations extérieures, et des propos de Mgr Paolo Pezzi.
Et ne jamais oublier que sous le joug communiste les catholiques eurent la possibilité, durant un certain temps, d'être admis aux sacrements de l'Eglise orthodoxe russe comme le rappelle le père Hyacinthe Destivelle, o.p., directeur du centre d'Etudes Istina dans un article du n° 11, septembre-octobre 2008, de la revue " Messager de l'Eglise orthodoxe russe " p. 16 : " ...l'événement le plus remarquable dont il [ le métropolite Nicodème (Rotov), président du Département des relations extérieures du Patriarcat de de 1960 à 1972 ] fut l'un des principaux artisans, fut, en 1969, la décision du Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe russe d'admettre aux sacrements, dans certains cas, les catholiques qui en feraient la demande. C'était la première fois dans l'histoire qu'une Eglise orthodoxe prenait une telle décision, marquant un pas inédit, et unique à ce jour, vers la pleine communion. Cette décision du Saint-Synode resta en viguer jusqu'eun 1985. " Un " pas inédit " qui, je suis de ceux qui l'espèrent, sera suivi par d'autres.

5.Posté par Daniel le 27/04/2010 16:13
La décision de 1969 d'admettre les catholiques à la communion fut d'après certaines sources (orale avec lesquelles j'en ai parlé) imposée par le pouvoir communiste en place, tout comme la participation de l'Eglise russe au mouvement oecuménique sous le communisme.

6.Posté par Irénée le 27/04/2010 18:11
Je crois pouvoir confirmer la position de Daniel, c'est aussi ce que j'ai entendu...
Quand au mouvement oeciménique, il faudrait nuancer selon les époques :
Opposition très nette en 1948
Soutien sous contrôle à l'Assemblée de New Delhi
Et plus tard, engagement à "Géométrie variable"
C'est vrai aujourd'hui encore...

7.Posté par Daniel le 27/04/2010 21:04
@ Irénée

Effectivement, en 1948, l'Eglise de Russie condamne l'oecuménisme avec les autres églises des pays communistes; puis elle s'y engage manifestement à la demande des communistes car c'était une tribune qui permettait d'envoyer des "évêques" nier l'existence de persécutions. En la matière, le Mtéropolite Nicodème de Leningrad ne fut pas en reste (j'espère qu'on ne censurera pas mon message où je rappelle les zones d'ombre autour de cette personnalité).

8.Posté par Cathortho le 27/04/2010 21:17
@ Daniel

Merci pour cette information qui vaut ce que valent les sources orales qui, par nature, sont invérifiables, sans parler de la question de leurs origines. Je pense qu'il serait cependant imprudent de ne pas en tenir compte, c'est pourquoi il serait interessant, si vos " certaines sources " vous en ont parlé bien entendu, de nous faire savoir qu'el était le motif pour le moins surprenant qui aurait poussé le pouvoir communiste à imposer au Saint-Synode cette décision de permettre à ses prêtres d'accorder les sacrements aux catholiques et aussi aux vieux croyants d'ailleurs. En quoi ce surprenant motif pouvait-il servir les desseins du pouvoir marxiste-léniniste athée et christophobe ?
D'autant plus surprenant ce motif qu'il faut rappeler que la décision du Saint-Synode ne s'appliquait
qu'à des cas extrêmes comme l'absence d'un prêtre catholique. On voit mal les communistes se soucier de ces cas extrêmes. Enfin, il n'est certes pas inintéressant de savoir qu'une décision semblable avait déjà été prise en 1878 par le Saint-Synode russe.

Plus plausible, apparemment, pourrait-être l'allégation de vos " certaines sources " selon laquelle la participation de l'Eglise orthodoxe russe au mouvement oecuménique aurait elle aussi été imposée par le pouvoir communiste. C'est la thèse connue selon laquelle cette participation aurait permis aux maîtres du Kremlin de redorer leur blason face au " monde libre". Or, cette thèse n'est pas défendue par Sa sainteté le patriarche Cyrille, bien au contraire :

" Il existe [...] des milieux en marge de l'Eglise qui s'emploient à faire de la radieuse mémoire de Mgr Nicodème un objet de controverse. Ces personnes s'emploient à reprocher à ce grand homme d'Eglise sa participation au mouvement oecuménique, à la lutte pour la paix, alors que c'est précisément cette participation qui, dans une conjoncture historique extrêmement dangereuse pour l'existence même de notre Eglise, fut pour nous salutaire. [...] A ceux qui salissent le nom de Mgr Nicodème, alors qu'il se trouve outre-tombe, à ceux qui sont les otages volontaires de notions abstraites et de schémas irréels, nous pouvons répondre que l'unique faute du du défut prélat a consisté à ne pas accepter le rôle qui lui était proposé, celui de " fossoyeur vertueux' de son Eglise. Mgr Nicodème s'est engagé dans la voie d'une défense inventive et novatrice de l'Eglise et il y a réussi. "Messager de l'Eglise orthodoxe russe", n° 11, septembre-octobre 2008, p. 11.

Autre citation de Sa Sainteté tirée celle-là de "L'Evangile et la Liberté" éd. Cerf, 2006 :
" Le métropolite Nicodème, mon père et maître spirituel, a été celui par lequel cet ordre de choses [les persécutions féroces] a été cassé.Grâce à lui, l'Eglise put s'affranchir de toute censure sur les prédications. Cela eut d'énormes répercussions. Les prêtres de Léningrad ont alors retrouvé la possibilité de prêcher librement. Sous Brejnev, les églises ne furent plus fermées de force, mais la politique des autorités était telle que, à la mort d'un prêtre ou après son déplacement, il était quasiment impossible de lui nommer un seccesseur. De cette façon le nombre des paroisses diminuait, sans qu'il y ait de fermeture forcées. Cette politique visait à éteindre toute étincelle de vie religieuse. Mais à cette époque, l'Eglise russe réussit à tisser un réseau de relations internationales ; elle était entrée quelques années plus tôt au Conseil oecuménique des Eglises et développait des des relations bilatérales avec l'Eglise catholique. Notre Eglise avait désormais un appui international important et ne pouvait donc plus être l'objet d'une attaque ouverte de la part des autorités. L'utilisation du facteur international pour la défense de la vie de notre Eglise a été une invention du métropolite Nicodème. En s'appuyant sur le soutien international, il fit beaucoup pour empêcher l'anéntissement de notre Eglise sous Krouchtchev. Mais c'est sous Brejnev que son talent donna toute sa mesure. Il put alors renouer le travail avec la jeunesse, augmenter le nombre d'évêques, empêcher la fermeture des séminaires. (pp. 20-21)

Ainsi loin d'avoir servi le pouvoir communiste comme le laissent entendre vos " certaines sources ", la participation de l'Eglise orthodoxe russe au mouvement oeucuménique a été pour elle amplement bénéfique, pour ne pas dire une bénédiction.

9.Posté par Larissa le 27/04/2010 22:51
@Cathortho,
Comment ne pas vous remercier pour votre ouverture d'esprit, votre fidélité à l'orthodoxie et votre rejet du dogmatisme sectaire... Et surtout pour avoir rappelé toute la complexité de Mgr Nicodeme: sans rien renier de l'essentiel il a été dans les ténèbres du brejnevisme en pleine décomposition le timonier qui a piloté l'esquif de l'Église Russe (en voie de quasi naufrage) jusqu'aux solennités de 1988.
Médailles d'argent ex aequo: Nicolas Ross et Basile de Tiesenhausen.
Ce blog est passionnant !!!!



10.Posté par Cathortho le 27/04/2010 23:28
@ Daniel

Autre témoignage en faveur de Mgr Nicodème, celui de de Mgr Basile (Krivochéine), moine du Mont Athos puis, les 25 dernière années de sa vie, évêque du patriarcat de Moscou en Belgique ; Mgr Basile qui loue l'action bénéfique de Mgr Nicodème en faveur du monatère Saint-Panteleimon en ces termes :

" Dans l'entre-deux-guerres, le monastère russe Saint-Panteleimon de l'Athos avait beaucoup lutté pour que des russes fussent autorisés à se rendre sur la sainte montagne et y pronocer leurs voeux dans les monastères russes (Note 3 : Après la révolution russe de 1917, les autorités grecques avaient interdit l'entrée de nouveaux moines russes sur le Mont-Athos et, après la Seconde guerre mondiale, en avaient expulsé un certain nombre [dont l'auteur de ce texte]). Il s'était même adressé pour cela à la Société des Nations. Après guerre, le métropolite Nicolas (Iarouchevitch) s'était intéressé à la question, mais ce n'est que dans les années 1960, quand le département " extérieur" de l'Eglise fut dirigé par le métropolite nicodème, que la question de l'admission de Russes sur l'Athos sortit de l'impasse et trouva un réel fondement au prix de longues, insistantes et persévérantes négociations entre le métropolite Nicodème, le gouvernement grec et le patriarche Athénagoras de Constantinople, lequel soutint le métropolite Nicodème dans ses efforts, ce pour quoi le peuple russe le remercie du fond du coeur. Il résulta de cette action énergique du métropolitte Nicodème qu'une vingtaine de moines (jeunes ou d'âge moyen) reçurent l'autorisation de quitter la Russie pour le Mont Athos pour entrer au monastère russe Saint-Panteleimon. Et la vie liturgique aussi bien que communautaire et monastique, auparavant moribonde, y reprit. " "Messager de l'Eglise orthodoxe russe ", n° 11, septembre-octobre 2008, pp. 17-18.

Il est vrai qu'il vous est toujours possible, de mettre cette vingtaine de moines entre guillemets comme vous vous êtes permis de le faire, du haut de votre autorité dans votre commentaire 7, pour les "évêques" comme vous l'écrivez, envoyés selon vous ni plus ni moins que pour " nier l'existence des persécutions ", avec pour chef de file Mgr Nicodème que du haut de votre toujours aussi haute autorité vous accusez de n'avoir pas été " en reste " (comme joliment ces choses là sont dites ! ).

Je constate donc que du haut de votre si orthodoxe autorité vous mettez en cause, avec vos si orthodoxes guillemets, l'authenticité de l'autorité épiscopale de Mgr Nicodème avec pour conséquence logique rien moins que de jeter le discrédit sur Sa Sainteté le Patriarche de Moscou Cyrille puisque celui-ci se déclare fils spirituel d'un évêque entre guillemets.

11.Posté par Cathortho le 28/04/2010 00:03
@ Larissa

Merci. Vous avez mille fois raison et l'image est belle, oui Mgr Nicodème a été le timonier d'un esquif en voie de quasi naufrage, et il a sauvé, avec l'aide de Dieu, de ses frères en épiscopat et de ses prêtres, cet esquif en péril. Il est si facile, en 2010, dans le confort mortifère de notre société libérale-libertaire, de porter de si graves et si injustes accusations contre un haut responsalbe de l'Eglise qui lui a dû tenir la barre au milieu de la tempête. Des accusations qui, de surcroit, font tellement le jeu de l'Adversaire.

12.Posté par l'équipe de rédaction le 28/04/2010 10:30
@Chers auteurs,
Nous nous sommes abstenus (et on nous l’a reproché) de mettre en ligne toute une séquence de commentaires contenant des affirmations non étayées à propos du métropolite Nicodème de bienheureuse mémoire ainsi que du patriarche Cyrille.
A vouloir dire et répéter qu’il « s’agit dans un cas comme dans l’autre d’agents infiltrés en orthodoxie par le Vatican et le KGB » ayant conjugué leurs opérations de recrutement et agissant de concert n’est-il pas préférable de s’adresser à d’autres sites (Credo.ru, plusieurs rédacteurs de rubriques au « Live Journal », etc.) qui font de ces calomnies leur spécialité.
« Parlons d’orthodoxie » est et restera ouvert au débat, cela n’est plus à prouver. Nous avons l’immodestie de croire que dans le concert orthodoxe sur la Toile nous sommes parmi les plus tolérants.
Mais "Parlons" continuera à s’abstenir de publier les textes véhiculant des arguments ad hominem et des rumeurs recuites. Cela afin de contribuer ne fût-ce qu’un peu à la paix entre les orthodoxes de diverses obédiences juridictionelles.
Nous nous référons à nouveau à l’avant-propos de « Parlons ».



13.Posté par vladimir le 29/04/2010 10:13
Je connais bien entendu toutes les accusations dont à fait l'objet Mgr Nicodème, mais je pense que ce n'est pas à nous de le juger: il s'est présenté devant le Juge, il a répondu de ses actes et nous ne savons rien de l'arrêt... En tout cas on ne commente pas une affaire jugée.

Le personnage peut donc être controversé, nous n'avons pas à prendre partie, par contre, et cela est avéré, il reste l'œuvre accomplie pour l'Église russe que démontrent les témoignages rapportés. Cela nous pouvons en juger et cela restera dans l'histoire. Mais là dessus il y a 2 appréciations opposées: d'une part ceux qui rêvent d'une orthodoxie étriquée, barricadée, repliée sur ces certitudes ... et vouée à l'étiolement, d'autre part ceux qui pensent que l'Orthodoxie doit porter un message universel et pour cela s'ouvrir et parler au monde. Mgr Nicodème faisait incontestablement parti de la deuxième catégorie et il a clairement été celui qui a montré cette voie à l'Église russe.

Mais ce débat là n'est pas terminé et j'ai bien conscience que ma façon de le présenter est caricaturale: il y a des excès dans l'ouverture où l'Orthodoxie risque de perdre son âme. Mais il y a en fait de grandes différences entre les positions de Mgr Nicodème, à peu prés reprises par l'Église russe actuellement, et celles défendues par la Fraternité Orthodoxe, que suit par exemple l'Archevêché de Daru, alors que les adversaires de l'ouverture les mettent dans le même sac. Discutons donc de cela!

14.Posté par Irénée le 29/04/2010 11:43
Merci Vladimir pour cette intéressante proposition de débat !
Mais ce n'est pas très simple à aborder...
En effet, dans l'une ou l'autre des entités (Patriarcat de Moscou et Archevêché) il y a bien entendu un large spectre de positions...
Le Patriarcat de Moscou a une ligne officielle, de positions affirmées et des "professionnels" du dialogue oecuménique présents au COE ou bien dans d'autres instances de dialogue. Ce qui n'empêche pas toute une partie de l'épiscopat de ne pas être d'accord (sans parler de la "branche" EORHF), et une assez large majorité de fidèles d'avoir des positions plus conservatrices.
Concernant l'archevêché, pas de positions officielles, mais des attitudes et une certaine culture de l'oecuménisme, particulièrement en France. N'oublions pas que dès les années 30, faute de délégués venant de Russie, l'Eglise russe était représentée dans les instances oecuméniques naissantes par les "parisiens (Le Métropolite Euloge, P. Serge Boulgakov, Georges Florovsky ou Mgr Cyprien...) . Mais là encore, il y a de grands écarts en fonction des lieux, des prêtres et des situations...
Difficile donc d'analyser en parallèle les deux positions.
N'oublions pas non plus que la présence de certaines Eglises au sein du mouvement oecuménique n'est pas sans ambiguité, et qu'il y a bien souvent un double language... des positions très ouvertes affirmées lors des réunions, mais en pratique une fidélité souvent rigide à la tradition orthodoxe.
C'est en tout cas un bon sujet ! merci encore !

15.Posté par Cathortho le 29/04/2010 15:32
@ Vladimir

Cela ne vous étonnera sans doute pas, au vu de mes commentaires postés plus haut, si je vous dis que j'approuve vos propos sur Mgr Nicodème, en particulier quand vous écrivez qu'au delà de la controverse : " reste l'œuvre accomplie pour l'Église russe ". En effet à ceux qui accusent Mgr Nicodème d'avoir mené son action en faveur du régime soviétique on ne peut se dispenser d'opposer un fait indiscutable : le communisme russe est mort, l'Eglise russe est vivante ! Et si l'Eglise russe est vivante c'est en grande partie grâce à l'action intelligente et prophétique de Mgr Nicodème. Comme le dit S. S. Cyrille : "Les arts martiaux orientaux nous apprennet que la victoire n'est enviseageable que si l'on réussi à retourner contre l'attaquant les forces dont il dispose [...]. Le métropolite Nicodéme a été dans notre histoire moderne celui qui a réussi à terrasser le Goliath soviétique en faisant sortir vers le monde l'Eglise asservie et, semble-t-il, condamnée à l'enfermement dans les frontières de sa cruelle patrie communite. "

Pour ce qui concerne l'existence de deux courants dans l'Eglise orthodoxe, l'un "étriqué" "barricadé " "replié" sur ses "certitudes", l'autre portant " un message universel " "ouvert" et "parlant au monde", cette distinction ne manque pas d'une certaine véridicité, bien qu'elle soit limitée comme vous le reconnaissez vous-même (du côté des "étriqués" on a tendance à classer les anti-oecuménistes, du côté des " ouverts " les eocuménistes, or les choses sont évidemment plus complexes). C'est pourquoi ranger comme vous le faites Mgr Nicodème dans l'une des deux catégories, celle des "ouverts ", ne me semble pas complètement conforme à la réalité. Je pense que son action s'inscrivait au-delà de ce clivage, elle était celle de l'Eglise qui n'est ni conservatrice ni progressiste et qui témoigne de ses certitudes sans "repli", dans une "ouverture au monde" sans être "du monde".

16.Posté par vladimir le 29/04/2010 16:38
Cher Irénée,

Je suis 100% d'accord avec vous, surtout avec les nuances que vous apportez et les grandes connaissance du sujet que vous montrez. Si nous prenons aussi en compte la «Confession de foi contre l’œcuménisme» (1), qui n'a pas été signée par des personnalités de l'Église russe, à ma connaissance, mais rencontre un grand succès à la base, nous voyons qu'il y a vraiment matière à réfléchir sur ce sujet. Il faudrait aussi mentionner la décision du synode des évêques de 2008 sur les relations avec les autres confessions et les dernières prises de positions de Mgr Hilarion.

Je pense donc que votre commentaire peut être cette base de réflexion, mais je trouve qu'il serait encore mieux que vous proposiez un texte plus complet que la rédaction se fera certainement un plaisir de publier comme billet.

(1) cf. http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Une-nouvelle-querelle-orthodoxe-autour-de-l-oecumenisme-et-du-document-de-Ravenne_a444.html

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