PERE PLACIDE(*): DE LA MESSE LATINE A LA LITURGIE ORTHODOXE
V. Golovanow

La théologie de la messe est fondamentalement la même dans les Églises orthodoxe et catholique : la messe est le sacrement de la Nouvelle Alliance qui actualise l'unique sacrifice du Christ et, par la puissance du Saint-Esprit, rend le Christ ressuscité réellement présent sous les apparences du pain et du vin.

Photo: Une messe à l'abbaye cistercienne Notre-Dame de la Trappe, à Soligny-la-Trappe (Orne)

Le déroulement de la messe catholique comprend : 1° le rite d'ouverture, qui a pour but de constituer le rassemblement des fidèles autour du prêtre et de préparer l'assemblée à entendre la parole de Dieu et à célébrer l'eucharistie ; 2° la liturgie de la Parole, constituée par des lectures bibliques avec des chants intercalaires, une homélie qui commente les lectures, la profession de foi et la prière universelle ; 3° la liturgie eucharistique, qui reproduit l'essentiel de la dernière Cène de Jésus ; après le Notre Père et le geste de paix mutuelle, la fraction du pain manifeste l'unité des fidèles qui communient à un seul pain et forment un seul corps ; 4° le rite de conclusion, très bref, comprenant la bénédiction du prêtre et le renvoi (missa) de l'assemblée. Encyclopédie "Larousse"

La Liturgie orthodoxe exerce une attirance certaine auprès des hétérodoxes occidentaux, attirés d'abord par sa beauté puis par son contenu spirituel. Elle est ainsi à l'origine de plusieurs conversions connues, y compris dans mon entourage.

Le père Placide Deseille (*) en fait une lecture très intéressante dans sa passionnante autobiographie spirituelle "Étapes d'un pèlerinage" (Monastère St-Antoine-le-Grand - Monastère de Solan,, en ligne

LA LITURGIE QUE L’OCCIDENT PRATIQUAIT A L’EPOQUE OU IL N’AVAIT PAS ROMPU LA COMMUNION AVEC L’ORIENT


"J’aimais beaucoup la liturgie latine," écrit le père Placide lorsqu'il parle des son premier contact avec l'Orthodoxie dans les années 1950. Et il continue: "La connaissance de la liturgie orthodoxe, que je venais de découvrir avec émerveillement à Saint-Serge, me faisait prendre une vive conscience des richesses analogues, quoique plus cachées, que recelait la liturgie latine traditionnelle, et m’incitait à en vivre avec plus d’intensité.

La liturgie de la Trappe était d’ailleurs, sauf quelques additions tardives facilement décelables et qui n’avaient pas déteint sur l’ensemble, identique à la liturgie que l’Occident pratiquait à l’époque où il n’avait pas rompu la communion avec l’Orient. A la différence de la liturgie byzantine, elle se composait presque exclusivement de textes bibliques, ce qui pouvait au premier abord donner une impression de sécheresse. Mais ces textes étaient admirablement choisis, le déroulement de l’année liturgique était parfaitement harmonieux, et les rites, malgré leur sobriété, étaient chargés d’une grande richesse de sens. Si on se donnait la peine, en dehors des offices, au cours de ces heures de "lectio divina" si caractéristiques de l’ancienne spiritualité monastique d’Occident, d’acquérir une connaissance « par le cœur » de la Bible et des interprétations que les Pères en avaient données, la célébration de l’Office divin acquérait, avec la grâce de Dieu, une saveur et une plénitude admirables."


PERE PLACIDE(*): DE LA MESSE LATINE A LA LITURGIE ORTHODOXE
DU CONCILE VATICAN II AUX RITES ORIENTAUX.

Le père Placide accueillit "avec beaucoup de joie". Il espérait "une revivification des structures et des institutions de l’Eglise romaine par un retour à l’esprit et à la doctrine des Pères". Mais il s'aperçut que "c’était un processus inverse qui, sur bien des points, se dessinait ... Jusque-là, une assez grande part des institutions anciennes, et surtout la liturgie traditionnelle de l’Occident, avaient pu subsister malgré diverses altérations, parce que le catholicisme, régi par un pouvoir central fort et universellement respecté, les avait maintenues par voie d’autorité. Mais, dans une très large mesure, les fidèles, et plus encore les clercs, en avaient perdu le sens profond. Avec le Concile, la pression de l’autorité s’affaiblit ; il était logique que ce dont le sens était perdu finisse par s’effondrer, et que l’on soit amené à reconstruire sur de nouvelles bases, conformes à ce qu’était devenu depuis plusieurs siècles, ou devenait maintenant, l’esprit du Catholicisme romain."

Déçu par l'évolution postconciliaire, le père Placide se tourne vers les Pères, l’Eglise ancienne, et "cette Orthodoxie que j’aimais, sans pressentir encore qu’elle pût être purement et simplement l’Eglise du Christ dans toute sa plénitude" et s'intéresse aux rites orientaux: " L’uniatisme avait été conçu par Rome comme un moyen d’amener les Orthodoxes à la foi et à l’unité romaines, sans les obliger à renoncer à leurs usages. Le développement de l’œcuménisme dans le monde catholique tendait à rendre cette perspective caduque. Mais ne pouvait-on pas espérer que la présence et le témoignage des catholiques de rite oriental contribuerait à ramener l’ensemble de l’Eglise romaine à la plénitude de la Tradition ? Les interventions lucides et courageuses de certains hiérarques melkites au Concile donnaient quelque consistance à cette espérance."


TRADITION BYZANTINE ET PROBLEME DE L'UNIATISME

Le père Placide ne s'intéresse pas au côté "oriental" de la tradition byzantine mais à sa fidélité aux Pères: "Je ne me suis jamais senti « oriental », ni attiré à le devenir. Mais la pratique de la liturgie byzantine me semblait être le moyen le mieux adapté, en l’état actuel des choses, pour entrer dans la plénitude de la tradition patristique d’une façon qui ne soit pas scolaire et intellectuelle, mais vitale et concrète.

Lire aussi La divergence historique

La liturgie byzantine m’est toujours apparue beaucoup moins comme une liturgie orientale, que comme la seule tradition liturgique existante dont on puisse dire : « Elle n’a rien fait d’autre que d’incorporer intimement dans la vie liturgique la grande théologie élaborée par les Pères et les conciles jusqu’au IXème siècle. En elle se chante l’action de grâces de l’Eglise triomphant des hérésies, la grande doxologie de la théologie trinitaire et christologique de saint Athanase, des Cappadociens, de saint Jean Chrysostome, de saint Cyrille d’Alexandrie, de saint Maxime. En elle transparaît la spiritualité des grands courants monastiques depuis les Pères du Désert, Evagre, Cassien, les moines du Sinaï, jusqu’à ceux du Studion, et, plus tard, de l’Athos... En elle, enfin, le monde entier, transfiguré par la présence de la gloire divine, se dévoile dans une dimension proprement eschatologique.» (In M.-J. LE GUILLOU, L’esprit de l’Orthodoxie grecque et russe, Paris 1961, pp. 47-48. Citation du père Placide)

Toutefois le père Placide constate alors "à quel point les Eglises uniates étaient coupées de leurs racines et de leur propre tradition, et n’occupaient dans l’Eglise catholique romaine qu’une position très marginale. Même lorsque les Uniates reproduisaient aussi exactement que possible les formes extérieures de la liturgie et du monachisme orthodoxes, l’esprit qui animait leurs réalisations était très différent." Et aussi que "le risque était grand, dès lors, de ne suivre, sous le couvert de l’appartenance « orientale », que des conceptions subjectives qui ne seraient ni catholiques, ni orthodoxes, et laisseraient le champ libre aux fantaisies individuelles, aux abus et aux illusions."

VERS L'ORTHODOXIE

Faisant ainsi le constat que l'uniatisme était une voie sans issue le père Placide constate aussi que l’évolution postconciliaire de l’Eglise romaine se poursuit, "la mutation la plus symptomatique étant sans doute celle de la liturgie" et il cite "l’un des hommes qui ont été le plus mêlés à ces réformes, le Père Joseph Gelineau: « [Après Vatican II,] c’est une autre liturgie de la messe. Il faut le dire sans ambages : le rite romain tel que nous l’avons connu n’existe plus. Il est détruit.» (In. J. GELINEAU, Demain la Liturgie, Paris 1976, p. 10. Citation p. Placide.) Et "très progressivement" il parvient à la conviction "que l’Eglise orthodoxe est l’Eglise du Christ en sa plénitude," malgré son expérience à la Trappe, où il avait encore connu la tradition latine dans une de ses expressions les plus pures, bien sauvegardée jusqu’à une date très récente," et sa perception de "tout ce qu’il y avait de christianisme authentique, – je serais porté à dire maintenant : de réels éléments d’orthodoxie – chez les catholiques romains."
PERE PLACIDE(*): DE LA MESSE LATINE A LA LITURGIE ORTHODOXE

Lire Guide spirituel : le chemin des Ascètes. Initiation à la vie spirituelle

(*) L'Archimandrite Placide (Deseille), né en 1926, entre l’abbaye cistercienne de Bellefontaine en 1942 à l'âge de seize ans. À la recherche des sources authentiques du christianisme et du monachisme, il fonde en 1966 avec des amis moines un monastère de rite byzantin à Aubazine en Corrèze. En 1977 les moines décident de devenir orthodoxes. Ils sont reçus dans l’Église orthodoxe le 19 juin 1977 et en février 1978, ils deviennent moines du monastère de Simon Petra au Mont Athos. Rentré en France peu après, père Placide fonde le monastère Saint-Antoine-le-Grand, à Saint-Laurent-en-Royans (Drôme) dans le Vercors, et en devient l'higoumène. Il a enseigné la patristique à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge. Fondateur de la collection « Spiritualité orientale » aux éditions de l'abbaye de Bellefontaine, il est l'auteur et le traducteur de plusieurs ouvrages sur la spiritualité et le monachisme orthodoxes (liste sur http://monasteresaintantoine.fr/)

PERE PLACIDE(*): DE LA MESSE LATINE A LA LITURGIE ORTHODOXE

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 2 Juin 2016 à 10:58 | 7 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Vladimir.G: Difficulté de présentation: les deux paragraphes au début de l''''article sont une citation de l''''Encyclopédie "Larousse" le 02/06/2016 18:23
Difficulté de présentation: les deux paragraphes au début de l'article sont une citation de l'Encyclopédie "Larousse" malencontreusement coupée par la légende de la photo, alors que j'aurai voulu la marquer par une différence de police (gras ou italique) pour la distinguer du texte du père Placide...

2.Posté par Vladimir.G: le sens donné à l''''épiclèse est différent le 04/06/2016 22:52
Il est quand même un point important de différence entre la messe latine et la Liturgie orthodoxe, c'est le sens donné à l'épiclèse* qui, dans les deux cas, fait partie du canon eucharistique.

- Dans la Liturgie orthodoxe, l’épiclèse n’est pas seulement une prière pour que l’Esprit Saint opère la consécration des dons par le ministre ordonné, au moment où ce dernier va refaire les gestes de l’institution eucharistique : elle est considérée comme consécratoire.
- Pour l’Église latine, les paroles consécratoire proprement dites sont les paroles et les gestes qui reproduisent les paroles et les gestes du Seigneur à la dernière Cène.

Ces deux points de vue furent discutés au concile de Florence, les deux partis restant sur leurs positions. Ils ne sont pourtant pas opposés; à son habitude, la mentalité orientale souligne le caractère synthétique de la Prière eucharistique : elle est consécratoire dans son entier, le père Alexandre Schmemann expliquant même que c'est l'ensemble de la Liturgie qui est consecrétoire, mais c'est particulièrement vrai dès lors qu’elle fait expressément appel à l’Œuvre de l’Esprit. La rigueur et la précision latines insistent sur les paroles de l’institution.

D'après Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD.

http://www.liturgiecatholique.fr/Epiclese.html
* Rappelons que l’épiclèse liturgique (du grec épiclèsis : littéralement « appel » (klèsis) « sur » (épi).) est l’appel que l’on adresse à l’Esprit Saint pour qu’il vienne, par son opération divine, consacrer les dons présentés par l’Église à la messe.

3.Posté par Clovis le 05/06/2016 20:35
Dans le deuxième paragraphe il y a une petite erreur, le renvoi dans la messe catholique romaine est l'ITE qui signifie "allez" et non (missa) la formule entière étant : Ite missa est.

4.Posté par RL le 08/07/2016 15:35
Pourquoi opposer les liturgies byzantine et latine (je parle de la traditionnelle) ? Le rite romain est plus austère mais non moins sacré et majestueux que le rite grec. Ces deux rites ne sont que le signe visible de la grâce invisible qui s'opère pendant la sainte messe. C'est le même sacrifice de Dieu que Dieu offre à Dieu et les deux formes sont tout aussi légitimes. C'est moins le cas avec le rite romain réformé bien sûr.
Nous avons tous tendance à être chauvin et à dire "c'est mieux chez moi" mais n'oublions pas que notre vraie patrie est celle du Ciel.
Petite précision : les prêtres exorcistes sont très nombreux à reconnaître que le démon a une horreur absolue de la langue latine...

5.Posté par Vladimir.G: "En elle, enfin, le monde entier, transfiguré par la présence de la gloire divine, se dévoile dans une dimension proprement eschatologique." le 10/07/2016 17:04
Bien cher RL,

Comme vous, je ne vois pas de raison d'opposer les liturgies byzantine et latine et je ne voie que le père Placide le fasse: mon article commence par un rappel des fondamentaux communs et le père Placide écrit qu'il "aimait beaucoup la liturgie latine" dont les rites "étaient chargés d’une grande richesse de sens" … il est vrai qu'il parle là de la messe traditionnelle et qu'il souligne aussi que, "dans une très large mesure, les fidèles, et plus encore les clercs, en avaient perdu le sens profond," ce qui explique son "effondrement" après Vatican II…

Tout comme vous le faites, il analyse les différences entre les deux rites et je complète cette analyse en parlant du sens donné à l'épiclèse… De fait, plusieurs rites coexistaient durant le premier millénaire, aussi bien en Occident qu'en Orient, en ne furent unifiés, chacun de son côté, qu'à la fin du Moyen-êge. Ainsi «Le Typikon décrypté» de l'Archevêque Job Getcha (Cerf, 2009) montre que le typikon de tradition sabaïte ne s'est imposé à l'Orthodoxie qu'à partir de la fin du XIVe siècle alors qu'en Occident c'est le concile de Trente (1542 et 1563) qui unifia la grande diversité de rites qui existait dans l'Église latine.

Ces deux rites sont donc bien le "signe visible de la grâce invisible" qui s'opère pendant la sainte Liturgie (terme générique, "la messe" en étant le rite latin), mais je laisse au père Placide la conclusion de la comparaison: " La liturgie byzantine m’est toujours apparue beaucoup moins comme une liturgie orientale, que comme la seule tradition liturgique existante dont on puisse dire : « Elle n’a rien fait d’autre que d’incorporer intimement dans la vie liturgique la grande théologie élaborée par les Pères et les conciles jusqu’au IXème siècle. En elle se chante l’action de grâces de l’Eglise triomphant des hérésies, la grande doxologie de la théologie trinitaire et christologique de saint Athanase, des Cappadociens, de saint Jean Chrysostome, de saint Cyrille d’Alexandrie, de saint Maxime. En elle transparaît la spiritualité des grands courants monastiques depuis les Pères du Désert, Evagre, Cassien, les moines du Sinaï, jusqu’à ceux du Studion, et, plus tard, de l’Athos... En elle, enfin, le monde entier, transfiguré par la présence de la gloire divine, se dévoile dans une dimension proprement eschatologique.» ".

6.Posté par Vladimir G: "Tournure d'esprit ": intéressant commentaire de "Albocicade" concernant la position du célébrant le 11/08/2016 09:31
Il y a bien des années je tombais sur un livre écrit avant le concile Vatican II, dans lequel l'auteur – un prêtre – s'offusquait de devoir célébrer l'eucharistie "en tournant le dos à l'assemblée". Il faut croire que c'était dans l'air du temps, puisque peu après, suite à ce concile, les prêtres se mirent à célébrer "face au peuple". En fait, cela ne sembla pas suffire à l'auteur, puisque qu'il jeta par la suite la soutane aux orties.

Mais peu importe. Ce qui m'étonnais alors, c'est qu'un prêtre ait pu être devenu à ce point étranger à la tradition de son église qu'il ne sache pas "pourquoi" (et même "pour quoi") le prêtre célèbre tourné vers l'orient.

Quelques années plus tard, alors que Benoît XVI avait rédigé un document – un "motu proprio", si mes souvenirs sont justes – sur les formes de la liturgie dans l'église catholique, j'avais été profondément choqué par la violence des réactions, la brutalité des propos et le mépris qui s'exprimaient contre ceux qui, nécessairement attardés, obscurantistes et rétrogrades, trouvent qu'une telle forme de célébration n'est pas dénuée de profondeur théologique.
La célébration "dos au peuple", je connais puisque c'est de cette manière que le prêtre célèbre dans l'Eglise orthodoxe. Quoique, en fait, je ne connais pas.

En effet, je n'ai jamais vu le prêtre nous tourner le dos, mais bien prier avec nous, dans le même sens que l'assemblée. A moins de considérer que dans l'assemblée, le rang de devant tourne le dos aux personnes derrière, et ainsi de suite ?

Dans la liturgie, tous sont tournés vers Dieu. Sans doute, Dieu est partout, mais puisque nous avons un visage, une face, nous tournons notre face dans la même direction, qui est celle du Soleil Levant, de la Lumière qui dissipe les ténèbres de la nuit*.

D'ailleurs, durant la liturgie, le prêtre n'est pas en permanence tourné vers l'Est ; parfois il fait face à l'assemblée, pour les encensements, durant les la petite et la grande Entrée, durant l'homélie et bien sûr pour la communion et les bénédictions. Mais durant toutes le prières, le prêtre comme les fidèles, est tourné vers Dieu, vers le Sauveur : il ne saurait alors être le vis-à-vis de l'assemblée.
Je sais bien qu'en tant qu'orthodoxe je n'ai pas mon mot à dire dans ces questions internes à l'église catholique, mais la virulence des propos à l'époque m'avaient suffisamment ému pour que je prenne ma plume et écrive à un journal catho, en l'occurrence "La Vie", un billet qu'ils avaient publié.

J'y exprimai mon incompréhension devant le mépris que les propos tenus témoignaient contre les orthodoxes, mais, cela je pouvais le comprendre (après tout, nous ne sommes "que" des orthodoxes...). Par contre, mon étonnement frisait la stupéfaction, puisque leurs reproches amères visaient aussi nombre de catholiques. Je ne parle pas des "Tradis", qui rêvent d'une "France fille aînée de l'Eglise", nostalgiques d'un passé idéalisé, opposants habituel audit concile. Non, je parle de tous ces catholiques orientaux, maronites melkites, chaldéens et autres uniates, qui se sont rattachés à Rome au fil des siècle tout en conservant substantiellement leur rite : chez eux tous, les prêtres célèbrent face à l'orient. Mais sans doute, aux yeux de ceux qui ne trouvaient pas de terme assez méprisant pour flétrir la liturgie "dos au peuple", ceux-là aussi ne sont que des arriérés.
Dernièrement, un cardinal, "préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements" (rien que ça !) a appelé les prêtres catholiques à célébrer tournés vers l'orient**, l'enjeu étant de "remettre Dieu au cœur de la liturgie".

Et une fois encore, les mêmes réactions hargneuses se sont faites entendre... je me demande bien pourquoi...

Notes
* Cf Malachie 4.2. C'est pour la force de ce symbole que les églises sont "orientées"...
** Ou, plus précisément, tournés vers l'autel (et donc, dans le même sens que l'assemblée). En effet, de très nombreuses églises catholiques ne sont plus "orientées".

7.Posté par Vladimir.G: "on peut parfaitement être Orthodoxe sans être obligé de recopier littéralement les pratiques de l''''un ou l''''autre endroit censé incarner l''''Orthodoxie pure et dure." Père Georges Leroy. le 15/02/2017 15:40
Le Père Georges Leroy a commenté l'article ci-dessus sur un réseau social publique et je pense intéressant de reproduire ce témoignage ici (j'ai rajouté des sous-titres).

Père Georges Leroy:

‘’JE N'AI PAS CONNU LA LITURGIE LATINE SOUS SA FORME PRE-VATICAN II.’’

Merci, cher Vladimir, pour ce beau témoignage du Père Placide. Il est intéressant d'entendre le Père Placide dire qu'il ne s'intéresse pas au côté "oriental" de la Tradition byzantine, mais à sa fidélité aux Pères: ‘’Je ne me suis jamais senti « oriental », ni attiré à le devenir’’. - En ce qui me concerne, je n'ai pas connu la liturgie latine sous sa forme pré-Vatican II. Lorsque j'étais enfant, j'allais avec mes parents dans une église grise et froide, au pied de vitraux fades et incolores, et nous assistions à la messe, les genoux douloureusement plantés sur des chaises de paille, derrière une rangée de colonnes… Quand j'étais adolescent, j'ai bien connu la « liturgie style Vatican II » qui m'est apparue aussi vide qu'elle peut l'être. Contrairement au Père Placide, je n'ai pas eu de contact avec des Uniates. Tout cela fait que, pour moi, les anciens usages de la liturgie latine me paraissent totalement exotiques ! En ce qui me concerne, la liturgie byzantine ne me paraît pas particulièrement orientale…

Personnellement, je suis culturellement latin, et je n'ai jamais éprouvé le moindre désir de renier ma culture pour en adopter une autre - fût-ce celle d'un pays traditionnellement orthodoxe. À une certaine époque, en France, eut lieu un essai de « réanimation » d’une « liturgie française d'avant le schisme ». Cette initiative émanait généralement de gens qui étaient nostalgiques de l'ancienne liturgie latine, dans laquelle ils avaient été éduqués. Maintenant, plus personne ne peut être nostalgique de quoique ce soit, vu que l'ensemble a disparu. La liturgie byzantine n'est pas plus extraordinaire que la très exotique liturgie latine, oubliée de tous.

SE NOURRIR DE L'ENSEMBLE LITURGIQUE DE TRADITION BYZANTINE, TOUT EN ETANT «OCCIDENTAL» SANS COMPLEXE…

Tout cela pour dire qu'à mes yeux, on peut parfaitement s'épanouir spirituellement en se nourrissant de l'ensemble liturgique de tradition byzantine, tout en étant «occidental» sans complexe…

Au point de vue liturgique, j'apprécie la tradition slave - et c'est au sein de cette tradition que j'ai connu l'Orthodoxie. Le chant byzantin me paraît plutôt indigeste, à moins qu'il ne soit réalisé avec une totale perfection.

Le «recopiage littéral» du Mont Athos, exprimé dans les Monastères fondés ou inspirés par le Père Placide, me paraît quelque peu exagéré. Mais je vois tout cela de l'extérieur et de loin. En général, j'estime que l'on peut parfaitement être Orthodoxe sans être obligé de recopier littéralement les pratiques de l'un ou l'autre endroit censé incarner l'Orthodoxie pure et dure.

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