Paris 2015: Homélie prononcée par Monseigneur Nestor, le troisième dimanche après la Pentecôte
L'évêque Nestor /Sirotenko/ prend fin 2018 la tête en tant qu'archevêque de Chersonèse du diocèse nouvellement formé regroupant l'Espagne et le Portugal.


Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit !

Chers frères et sœurs, nous entrons dans la troisième semaine qui suit la Sainte Pentecôte.

La première semaine suivant cette fête nous avons évoqué le magnifique don de sainteté que le Seigneur a octroyé à ses disciples, aux apôtres, à tous ceux qui croient en Lui. La force vivifiante du Seigneur est, grâce à la descente du Saint Esprit dans le monde, agissante et présente au sein de l’Eglise. Nous œuvrons assidûment au salut de nos âmes. Comme le disait Saint Séraphin de Sarov « il nous faut chercher à être en unité avec le Saint Esprit ». Comment y aboutir ? Comment vivre de la vie de l’Esprit ?

Il nous faut en cela des repères tangibles. C’est dans la Parole de Dieu, telle que nous la rapportent les Saints Evangiles, que nous trouvons ces indispensables « feuilles de route ». Aujourd’hui, en cette troisième semaine qui suit la Pentecôte, nous avons à nouveau entendu le Sermon sur la Montagne.

Après avoir appelé ses disciples, après avoir entamé sa mission évangélique, nombreux déjà étaient ceux qui voyant les miracles et les guérisons qu’il accomplissait suivaient le Seigneur, Jésus monta sur une hauteur, une montagne et prenant la parole il les enseignait en disant : « Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des Cieux est à eux… » Chacune des paroles de ce Sermon a une valeur inestimable. Cet enseignement doit pénétrer nos âmes et nos cœurs. Nous devons, pour être sauvés, le garder en mémoire afin de rendre plus complète et plus riche notre vie spirituelle.

L’évangile de ce dimanche nous dit « La lampe du corps, c’est l’œil. Si donc ton œil est sain, ton corps entier sera lumineux. Mais si ton œil est malade, ton corps tout entier sera ténébreux. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres ! »

Chers frères et sœurs, réfléchissons au sens de ces paroles du Sauveur. Comment faut-il percevoir « l’œil qui est la lampe de notre corps ? » . Nous scrutons le monde qui nous environne. Même ceux qui sont privés du don de la vue, les aveugles, « voient » et pensent en images, en notions. Notre cerveau, notre raison se résument, pour 90%, à la fonction visuelle de notre organisme. Grâce à la vision, grâce à notre regard nous réceptionnons tout ce que nous savons de ce monde. Notre raison, notre intelligence sont opérantes grâce à notre don de la vue. Nous observons la lumière qui se réfléchit, le mouvement des photons qui émanent des objets qui nous environnent, l’infinie diversité des couleurs et des formes…

La science n’a pas encore trouvé à cela d’explication satisfaisante. Même la physique de l’infiniment petit, si avancée soit-elle, n’apporte pas de réponses claires. Or, pour les croyants la notion de lumière est bien plus ample, bien plus profonde que pour les chercheurs car nous savons que Dieu est Lumière et qu’Il ne comporte aucune obscurité, aucune ombre. C’est grâce à la Lumière Divine que nous devient accessible le mystère de l’union avec Dieu.

Nous appréhendons même, et c’est bien plus profond, ce que Dieu a incorporé en nous et qui nous deviendra manifeste en nous lors de notre vie future. Je pense à l’ Œil Rayonnant grâce Auquel nous voyons la lumière et par cette lumière tout ce que nous pouvons connaître des hommes et du monde.

Cet Œil est la composante rationnelle de notre âme, notre faculté d’évaluer et d’apprécier. Si notre regard est pur, notre corps, tout notre être, notre aspect et notre monde intérieur sont imprégnés de lumière. Notre âme éprouve un état de lumineuse simplicité. Si notre œil est mauvais ou fourbe , notre homme intérieur réside dans le trouble, dans les ténèbres, il ne sait où aller et en quoi espérer. Cet œil est de par lui-même notre univers intérieur tourné vers tout ce qui nous environne. Le Seigneur explicite ces paroles qui peuvent de prime abord paraître difficiles mais qui sont en réalité d’une évidente simplicité. « Nul ne peut servir deux maîtres, Dieu et Mamon ».
 Paris 2015: Homélie prononcée par Monseigneur Nestor, le troisième dimanche après la Pentecôte

La nature de l’homme est telle qu’il peut choisir entre ces deux maîtres, soit il sert l’un et méprise l’autre, soit l’inverse. Si vous choisissez de servir Mamon, c'est-à-dire toute ce qui est à l’extérieur de nous et qui constitue le tissu de notre vie corporelle, vous n’êtes plus à même de servir Dieu. Nous sommes, bien sûr, immergés dans les choses de la vie, dans les soucis du quotidien. Nous nous affairons et cela ne laisse guère de place et de temps pour penser à Dieu. Nous savons que Dieu existe, nous croyons en Lui mais nous ne Le voyons plus. Or, à chacun des offices la Sainte Eglise nous exhorte à nous mettre à l’écart de tout ce qui est vanité et de fixer notre regard, nos yeux sur notre monde intérieur. Mais notre œil, la partie « pensante » de notre âme est le plus souvent myope. Nous restons à regarder ce qui est à nos pieds, sur le sol et nous ne savons pas où nous allons. Notre vision devient obscurcie.

Que faire pour mieux voir ? – demanderez-vous. Question fort simple à laquelle existe une réponse directe. « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ». Heureux donc ceux qui purifient leurs sentiments et qui purifient leurs cœurs. Ceux qui combattent le péché et s’opposent à tout ce qui nous empêche d’êtres simples, purs et clairvoyants.

Regardez les enfants. Avant un certain âge leur regard est simple et pur. Puis quelque chose commence à se passer : l’homme commence à observer le monde, à observer les autres. Il se pose des questions. « Qui suis-je ? » . Il se met à connaître le trouble, à se montrer orgueilleux et envieux. Puis l’âme humaine accepte le péché. Ce « Moi » se manifeste par les passions les plus diverses, ce « Moi » chute en péchant et cela nous rend de plus en plus difficile de voir Dieu. Il nous faut faire de notre mieux pour purifier nos cœurs, combattre et chasser les tentations qui nous sont chuchotées. Comme nous le dit l’un des cantiques de Pâques « Purifions nos sentiments et contemplons baignant dans une lumière indicible la Résurrection radieuse du Christ ». Notre Œil spirituel devient plus limpide et notre vie acquiert un sens véritable. Allons ensemble vers le salut !
Amen !

 Paris 2015: Homélie prononcée par Monseigneur Nestor, le troisième dimanche après la Pentecôte

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 7 Juillet 2019 à 07:55 | 1 commentaire | Permalien



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile