Père Serge Boulgakov :  LES PORTES DE LA PENITENCE
" Ouvre-moi les portes de la pénitence, ô Source de vie ! "

Une volonté consciente

À cette époque, l’Église prie pour l’ouverture des portes de la repentance. Quelles sont ces portes ? Où sont-elles ? Combien de fois nous nous plaignons et nous déplorons que nous ne connaissions pas le repentir, que nous ne savions pas comment se repentir ! Notre cœur reste vide et froid, même quand nous cherchons le repentir ; notre conscience continue à sommeiller.

Néanmoins, nous savons qu’il n’y a pas de salut sans repentir : sans le repentir, on ne peut pas s’approcher du Royaume de Dieu et la foi vivante demeure impossible. Le repentir est le sel qui donne à la nourriture toute sa saveur. Comment pouvons-nous connaître sa puissance ?

Photo, Crimée 1920

Le repentir commence en nous par une volonté consciente de voir et de reconnaître notre péché : " Car je reconnais mes transgressions, et mon péché est constamment devant moi " – l’âme témoigne contre elle-même dans le cri de repentance du psalmiste (Ps 50, 3).

Pendant un certain temps, on peut manquer d’être conscient de son péché, tout en y restant esclave. L’âme est tombée dans un sommeil profond, qui est comme la mort, et si elle ne se réveille pas, ce sera véritablement le sommeil de la mort spirituelle. Tant que les gens, dans leur aveuglement païen, restent dans l’ignorance de leur péché, ils détestent le mot même de " péché ", et s’enragent par l’idée du péché. Même si vaguement, l’âme ressent que dans cette notion du péché est dissimulée une condamnation de l’ensemble de ses anciennes habitudes, ainsi qu’un appel au renouveau (" Repentez-vous et croyez à l’Évangile " (Mc 1,15)) en nous, l’inertie et l’amour-propre résistent à cet appel.

Sans entrer dans le repentir, l’homme " naturel " ne peut devenir homme spirituel. Et c’est cela la première porte de la repentance : la reconnaissance de son péché et de son asservissement au péché. Dans l’obscurité de l’âme un faisceau de lumière s’allume soudainement et dans cette lumière un être humain se voit devant la face de Dieu. L’œil de Dieu nous voit à travers notre conscience, qui est le témoin de Dieu sur lui-même dans l’âme de l’homme. La conscience nous juge d’un jugement juste, équitable et désabusé, et ce jugement est, pour ainsi dire, une anticipation du Jugement dernier du Christ. La conscience est le plus grand don de l’amour divin que Dieu a donné à l’homme, car que peut-il avoir " de plus nécessaire que la conscience " (dans les mots du Grand Canon de saint André de Crète) ?
la puissance du repentir

Par la conscience nous nous voyons à la lumière de la justice divine : " Ainsi, tu seras trouvé juste en tes paroles " (Ps 50, 6). Tout homme, non seulement le chrétien mais aussi le païen, reçoit ce don infiniment précieux de Dieu. Mais le premier mouvement de l’âme quand celle-ci se voit dans la lumière de la conscience de son péché, est le désir de se cacher de la face de Dieu, à l’ombre des arbres, comme nos ancêtres ont fait en Éden, quand ils ont vu leur nudité. La complaisance tranquille et l’autosatisfaction orgueilleuse quittent l’âme de l’homme et sont remplacées par la honte, la confusion, et même la crainte devant ce qui lui a été révélé sur lui-même.

C’est l’heure difficile et dangereuse avant l’aube, parce que l’abattement lâche guette habituellement à ce moment-là, une profonde déception en soi-même.

Cependant, la puissance du repentir nous amène, non pas à la contemplation passive du péché, mais à la lutte active contre lui. Le repentir nous oblige à chercher à nous libérer du péché, à la purification : " Crée en moi un cœur pur, ô Dieu, et renouvelle en ma poitrine un esprit droit " (Ps 50, 12), prie l’âme avec le psalmiste. Désormais commence le travail de repentance, sans lequel le salut n’est pas accompli, et ce travail a un début mais il n’a pas de fin, car il s’étend sur toute notre vie. Sans ce travail il n’y peut y avoir de repentir ; il n’y a que le souhait.
Père Serge Boulgakov :  LES PORTES DE LA PENITENCE

Et c’est la deuxième porte de la repentance. Malheur à nous si nous nous limitons à la connaissance du péché, mais, craignant ce travail, nous nous abstenions de la lutte directe contre le péché, car un tel homme n’a pas de " manteau " pour recouvrir son péché (Jn 15, 22). Mais la connaissance de soi conduit à se reprocher, et l’auto-accusation conduit à disposer de nouvelles connaissances sur soi-même : le gouffre du cœur devient plus large et plus béant, de nouveaux péchés sont révélés dans la mémoire, et enroulé à sa base même se trouve le serpent du péché originel.

Toutefois, le travail sur soi, le travail de l’esprit, ne conduit pas à l’affaiblissement ou à l’abattement de l’âme. Ce travail renforce notre courage, renouvelle les pouvoirs de notre âme, " assaisonne " l’essence de l’âme. Celui qui se repent de ses péchés fait un effort invisible, demeure dans un état d’intensité spirituelle, qui se reflète dans toute sa vie. Et il a des consolations, car le Père dans le ciel répand sur lui d’abondants dons dans le sacrement de la pénitence, il lui donne la joie du pardon. " Rends-moi la joie de ton salut, et fortifie-moi par l’Esprit souverain " (Ps 50, 14), prie une fois de plus l’âme repentante avec le psalmiste.

Le repentir libère

L’exploit ascétique de la repentance est au cœur de tous les exploits ascétiques. C’est pourquoi, parmi les grands ascètes, le repentir est associé à l’éclosion gracieuse de tous les pouvoirs spirituels. Le repentir libère le noyau originel de l’homme des distorsions causées par le péché. Afin de conférer sur le pécheur le fruit salvifique du repentir, le Seigneur a accordé la rémission des péchés dans le sacrement de pénitence. Par le repentir, ce qui était cesse d’être ; les plaies causées par le péché sont guéries par la puissance du Christ. Toutefois, seul est effacé ce qui est condamné et surmonté dans le cœur de l’homme. L’homme doit ouvrir lui-même les tristes pages du livre de sa vie afin qu’elles soient effacées par la grâce du sacrement. Ce qui n’est pas repenti n’est pas effacé. Le vrai repentir est utile en tout : il donne la guérison et la santé, la paix et la joie, l’humilité et le courage, la sobriété et la vigilance. Par son combat avec le péché, la repentance renforce notre amour pour Dieu et témoigne de cet amour. Nous avons toujours besoin de la puissance du repentir, et la Sainte Église a reconnu et a béni les quarante jours du Grand Carême comme la période expresse de la repentance.

Et en ce jour notre âme est appelée à se repentir par la prière : " Ouvre-moi les portes de la pénitence, ô Source de vie ! "
Traduit de l’anglais.
Source: www.pagesorthodoxes.net/theologiens/boulgakov/serge-boulgakov.htm#portes

Tires de VG
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Sous les remparts de Chersonèse

Dialogues d’une artiste et d’un théologien

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 2 Août 2017 à 09:13 | 19 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par posté par Vladimir.G: APERÇU DU CHEMINEMENT INTELLECTUEL ET SPIRITUEL DU PÈRE SERGE BOULGAKOV par Paul Ladouceur le 24/03/2014 17:55
APERÇU DU CHEMINEMENT INTELLECTUEL ET SPIRITUEL DU PÈRE SERGE BOULGAKOV par Paul Ladouceur

Serge Boulgakov est issu d’une famille de prêtres et de diacres depuis sept générations. Il est né le 16 juillet 1871 dans la ville de Livny, en Russie centrale. Il grandit dans un environnement marqué par la foi et la culture orthodoxes, mais à douze ans il se révolte contre les rigueurs de la vie dans une école ecclésiastique et à quatorze ans, il décide de ne pas faire une carrière dans l’Église ; il se considérait comme un nihiliste révolutionnaire. Pendant quinze ans, il s’est associé avec l’intelligentsia marxiste. Au cours de ces années de formation, il a complété celle-ci par des voyages d’études à Moscou, Berlin, Paris et Londres, et il a publié son premier livre important, Le Rôle du marché dans la production capitaliste.

En 1898, il épousa Éléna Ivanovna Tokmakova. Son mariage a été heureux, et plusieurs des moments les plus profonds de son expérience religieuse ont eu lieu dans le cadre sa vie familiale. Le couple a eu trois fils et une fille. La mort de son fils de trois ans, Ivan en 1909, a produit en lui une profonde impression (voir plus loin, " Auprès du cercueil de mon enfant ").

Le parcours spirituel de Serge Boulgakov a été jalonné par plusieurs expériences marquantes, la première en 1894, lorsqu’il a été frappé par la beauté des montagnes du Caucase depuis la steppe où il voyageait en train. Pour la première fois depuis qu’il avait rejeté la foi il y a dix ans, il s’est mit à douter de la vraisemblance du matérialisme et à envisager la possibilité de l’existence de Dieu (voir son récit sous le titre " Devant moi brillait le premier jour de la Création " dans ce Bulletin). En 1898, à la galerie Zwinger à Dresde, la Madone de Raphaël de la Chapelle Sixtine l’a beaucoup impressionnée (voir " Et tout à coup, une rencontre inattendue "), mais le moment de sa conversion définitive n’était pas encore venu.

Au tournant du siècle, Serge Boulgakov est devenu progressivement de plus en plus déçu par la " religion du progrès " et désenchanté par l’attrait de l’Occident. En 1901, il publie deux volumes sur le capitalisme et l’agriculture, où il se montre beaucoup moins convaincu de la justesse du marxisme que dans ses travaux antérieurs sur le rôle du marché. Sa pensée se détourne alors peu à peu du marxisme vers la spiritualité russe, en passant par l’idéalisme allemand. De 1901 à 1906, il occupe la chaire d’économie politique à l’Institut polytechnique de Kiev. Il est bien accueilli par les étudiants et est rapidement devenu un chef de file des jeunes de l’intelligentsia religieuse. Le 21 novembre 1901, il donne à Kiev une conférence publique sur Dostoïevski et à sa grande surprise, son discours est reçu avec enthousiasme par une foule d’étudiants, qui lui font une ovation debout. Cet événement allait marquer un tournant dans son cheminement intellectuel et spirituel. C’est à cette époque que Boulgakov abandonna définitivement le marxisme en faveur de l’idéalisme allemand, évolution signalé par son livre Du Marxisme à l’idéalisme (1903). L’idéalisme de Boulgakov comprenait à la fois la philosophie critique de Kant et la primauté du principe spirituel chez l’homme, ce qui ouvrait la porte à la pensée chrétienne.

Suite: http://www.pagesorthodoxes.net/theologiens/boulgakov/serge-boulgakov.htm#cheminement

2.Posté par Clovis le 24/03/2014 23:12
Merci pour le lien passionnant.

3.Posté par justine le 25/03/2014 18:34
Il ne faudrait pas oublier un autre aspect de la vie et de l'oeuvre du P. Serge Boulgakov. Voir a ce titre http://orthodoxwiki.org/Sophianism#Decree_of_ROCOR

4.Posté par posté par Vladimir.G: Sophiologie le 26/03/2014 23:33
En effet, bien chère Justine, la Sophiologie est au cœur de la réflexion théologique du père Serge Boulgakov dans les années 1930, et elle fait toujours débat: elle a été condamnée des deux cotés, opposés à l'époque, par Mgr Serge, locus tenens du trône patriarcal de Moscou, et par le Synode Hors Frontières, mais unanimement défendue par la commission éparchiale, créée par le métropolite Euloge pour répondre aux accusations de "l'Eglise rouge" et de "l'Eglise blanche" (comme on disait à l'époque dans ce milieu pour souligner la politisation des deux juridictions), et par l'ensemble des professeurs de l'Institut Saint Serge. Cette réflexion devient ainsi la pierre de touche des orientations théologique de "l'Ecole de Paris" et le débat ressurgit périodiquement.

Comme bien peu de fidèles savent de quoi il s'agit j'en avait fait une présentation synthétique sur:
http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Apercu-de-la-Sophia-dans-la-theologie-orthodoxe-russe_a1935.html?com#comments

5.Posté par Colloque: “Serge Boulgakov, un père de l’Eglise moderne” le 12/06/2014 10:40
Les 27 et 28 juin, aura lieu à Paris un colloque ayant pour thème : "Serge Boulgakov, un père de l'Eglise moderne". Il se déroulera aux Editeurs réunis le vendredi 27 juin et au Collège des Bernardins le samedi 28 juin, dans le grand auditorium. Parmi les intervenants: Tatiana Victoroff, Nikita Struve, Antoine Nivière, Cyrille Sollogoub, l'archevêque Job de Telmessos, le père Christophe Levalois, Michel Stavrou, le père Marc-Antoine Costa de Beauregard, Daniel Struve, Antoine Arjakovsky, etc.

6.Posté par Un colloque à Paris sur le père Serge Boulgakov le 02/07/2014 09:07
A l’occasion du 70e anniversaire de la mort du père Serge Boulgakov, un colloque scientifique international sur le thème « Le père Serge Boulgakov : un père de l’Eglise moderne » s’est tenu, le samedi 28 juin 2014, au Collège des Bernardins, à Paris. » Près d’une soixantaine de personnes dont une importante délégation de la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg (Suisse), conduite par son recteur, le père Guido VERGAUWEN, ont participé à cette journée d’études. Organisé conjointement par le Collège des Bernardins, l’ACER-MJO, les Editeurs Réunis, les revues Vestnik RXD et Le Messager Orthodoxe, en partenariat avec le site d’information Orthodoxie.com, le colloque avait pour objectif de rappeler l’apport de celui qui demeure l’un des principaux artisans du renouveau philosophique et religieux en Russie au début du XXe siècle et l’un des grand théologiens orthodoxes contemporains.

Né en Russie en 1871, le père Serge Boulgakov fut l’un des fondateurs de l’Institut de théologie Saint-Serge, à Paris, en 1924/1925, et le premier doyen de cet Institut jusqu’à sa mort survenue le 13 juillet 1944. Il était membre du clergé de l’archevêché et prêtre titulaire à la paroisse Saint-Serge.

Quatre grand thèmes avaient été retenus par les organisateurs du colloque pour illustrer quelques uns des aspects les plus marquants de la vie et de l’œuvre du prêtre et théologien : « Rayonnement et réception du père Serge Boulgakov », « Le père Serge Boulgakov et le mouvement œcuménique », « Aspects théologiques de l’œuvre du père Serge », « Théologie et histoire chez le père Serge Boulgakov », à raison de deux communications par thème. Les discussions autour de ces quatre thèmes étaient modérées respectivement par M. Cyrille SOLLOGOUB, président de l’ACER-MJO, le père Christophe LEVALOIS, prêtre à la paroisse Saint-Séraphim-de-Sarov (Paris) et codirecteur de Orthodoxie.com, M. Michel STAVROU, professeur de théologie dogmatique à l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge et chercheur au CNRS, M. Daniel STRUVE, maître de conférences à l’université Paris-Diderot et membre de la rédaction de la revue Le Messager orthodoxe.

Le colloque s’est ouvert par une communication de l’Archevêque JOB de Telmessos sur « Le père Serge et l’école de Paris », communication qui a été lue en son absence, l’Archevêque JOB ayant dû se rendre à Rome pour participer à la délégation officielle qui représentait le Patriarche Œcuménique aux célébrations de la fête des saints apôtres Pierre-et-Paul. Dans sa communication, Mgr JOB montre comment l’Institut Saint-Serge dont on s’apprête à commémorer le 90e anniversaire est devenu un point de rencontre entre différents courants universitaires et ecclésiastiques qui ont contribué à la richesse et la particularité de « l’école théologique de Paris », tout en cherchant « le plus souvent, non pas à s’opposer mais à se compléter mutuellement ».

Après un rappel des grands axes de la pensée théologique du père Boulgakov, souvent présenté comme l’Origène du XXe siècle, et des controverses qu’elle a pu susciter, Mgr Job souligne que cette œuvre « originale et intéressante sur bien des points » continue de « susciter l’intérêt des chercheurs aujourd’hui qui ne cessent d’y faire d’intéressantes et stimulantes découvertes ». Boulgakov « a marqué la théologie orthodoxe du XXe siècle », poursuit-il, avant d’ajouter, « plutôt que de le considérer comme un nouvel Origène ou de se demander s’il n’était pas un peu un Newman de l’Orthodoxie, ne gagnerions-nous pas tout simplement à le considérer comme un Père du XXe siècle ? ».

Ensuite, l’archiprêtre Dimitri SIZONENKO, représentant du Patriarcat de Moscou auprès des Institutions européenens à Bruxelles, a évoqué « Le combat du père Serge pour la vérité et la réception de son œuvre en Russie ».
La matinée s’est poursuivie avec trois communications : Mme Regula ZWALLEN, (Université de Fribourg) a parlé de « Thomas Carlyle comme source d’inspiration pour l’œuvre de Serge Boulgakov », M. Mike WHITTON, traducteur de l’œuvre de Boulgakov en anglais, a retracé l’engagement du père Serge Boulgakov au sein de Saint Alban and saint Sergius Fellowship, et Barbara HALLENSLEBEN, professeur de dogmatique et de théologie œcuménique (Université de Fribourg), a analysé le livre de Boulgakov La philosophie de l’économie, paru en 1912, comme « archétype de la théologie », soulignant la dimension économique du salut, car le père Boulgakov cherchait à développer une « théologie totale » capable d’englober toutes les sphères de l’activité humaine. Dans l’après-midi, l’archiprêtre Andrew LOUTH, prêtre du diocèse de Souroge (Patriarcat de Moscou) et professeur à l’université de Durham (Grande-Bretagne), a présenté une communication sur « La sophiologie du père Serge et la tradition vivante », l’un des points dans l’œuvre de Boulgakov qui fit en son temps l’objet de vives controverses, puis l’archiprêtre Marc-Antoine COSTA DE BEAUREGARD, doyen des paroisses roumaines de France (Métropole du Patriarcat de Roumanie en Europe occidentale), a traité de « La personne tri-hypostatique chez le père Serge Boulgakov ». Ensuite, M. Antoine NIVIERE, professeur à l’université de Lorraine, a présenté une lettre inédite du père Serge Boulgakov au métropolite Euloge, datée de juin 1943, tandis que M. Antoine ARJAKOVSKY, directeur de recherches au Collège des Bernardins et qui vient d’éditer en traduction française l’étude du père Boulgakov sur le livre de l’Apocalypse de Jean, a fait une communication sur « La Révélation de Jean du père Serge Boulgakov : trois theologoumena ». La journée s’est achevée par quelques mots de conclusion de Mgr Eric de MOULINS-BEAUFORT, évêque auxiliaire de Paris, qui a insisté sur la place du père Boulgakov parmi les grands penseurs chrétiens du XXe siècle et sur la nécessité d’approfondir notre connaissance de son œuvre...SUITE

7.Posté par L’itinéraire d’une grande figure de l’orthodoxie russe le 13/12/2015 14:29
Ma vie dans l’orthodoxie. Notes autobiographiques
du P. Serge Boulgakov
Éd. des Syrtes, 256 p., 16 €

et

Judas Iscarioth, l’apôtre félon
du P. Serge Boulgakov
Éd. des Syrtes, 144 p., 15 €

...............................................;;
Serge Boulgakov (1871-1944) est une grande figure de l’orthodoxie russe. Dans la première partie de Ma vie dans l’orthodoxie, il raconte son parcours. Né dans une famille sacerdotale de Livny où l’on était prêtre de père en fils, il sera d’abord dans sa jeunesse tenté par le nihilisme marxisant d’une partie de l’intelligentsia russe avant de revenir vers la foi et l’orthodoxie de ses ancêtres (il eut aussi une tentation vers le catholicisme, assez vite réprimée !). Il est ordonné prêtre en 1918, expulsé de Russie quatre ans plus tard....SUITE La CROIX

8.Posté par justine le 13/12/2015 19:28
Post 7 Vous avez oublié de préciser: "de l'orthodoxie russe parisienne", ce qui n'est pas tout à fait la meme chose. Quant à l'Orthodoxie russe russe, elle a évalué l'oeuvre théologique du père Serge Bulgakov de manière différente, puisqu'elle l'a condamné pour hérésie en 1935 déjà. Si aujourd'hui certains battent les tambours pour lui, c'est parce qu'il sert bien leurs projets écuménistes.

9.Posté par Vladimir.G: Mauvais procès le 15/12/2015 00:41
Mauvais procès, bien chère Justine,

David Roure connait bien son sujet et précise que Serge Boulgakov "développera une théologie très personnelle centrée sur le thème de la Sophia (« Sagesse de Dieu ») qui sera d’ailleurs déclarée hérétique en 1935 par une partie de l’orthodoxie russe." Il est vrai que cette "partie de l’orthodoxie russe" est très importante puisqu'il s'agit d'abord de l'Église Hors Frontière puis du patriarcat de Moscou, et cette convergence théologique bien longtemps avant la réunification, mérite d'être soulignée. Mais il faut aussi souligner que la position du père Serge fut unanimement défendue par la commission éparchiale, créée par le métropolite Euloge pour répondre aux accusations de "l'Eglise rouge et de l'Eglise blanche", et par l'ensemble des professeurs de l'Institut Saint Serge…

Pour un "Aperçu de la Sophia dans la théologie orthodoxe russe", voir le résumé que je proposai sur http://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/Apercu-de-la-Sophia-dans-la-theologie-orthodoxe-russe_a1935.html?com#comments

10.Posté par Daniel le 15/12/2015 01:13
Le Père Serge Boulgakov pendant un temps commémora le pape secrètement tout en restant prêtre orthodoxe. Quel manque de cohérence ! Que l'on retrouve aujourd'hui par exemple chez Antoine Arjakovsky qui considère que le concile de Florence est oecuménique, mais n'ose pas franchir le pas d'aller chez les uniates et de nous laisser tranquille, ce qu'il fait qu'il continue de tenir des positions non orthdoxes en étant orthodoxe sur le papier.

L'école de Paris adore Bougakov pour plusieurs raisons. Il était en faveur de l'apocatastase, doctrine affirmant que nous irons tous au paradis, et pourtant conciliairement condamnée. Beaucoup dans l'orthodoxe parisienne y sont favorables, comme cela apparaît dans leur catéchisme "Dieu est Vivant".

11.Posté par Daniel le 15/12/2015 18:32
@ Vladimir (9)

Le métropolite Euloge était tenu par un groupe de laïcs et de théologiens pas très nets comme Berdyaev et compagnie qui étaient les vrais patrons. Il a donc fermé les yeux.

12.Posté par Vladimir.G: contre les ragots le 18/12/2015 00:27
Bien cher Daniel,

Porter des accusations aussi graves sans donner de sources revient à colporter des ragots: pourriez-vous nous dire sur quoi vous vous appuyez pour vos affirmations car je n'ai rien lu de tel ni chez Antoine Arjakovsky (dont "l'uniatisme" quasi-affirmé est surtout politique et lié à la crise ukrainienne) ni surtout chez le père Serge.

Je reprendrais plutôt l'expression d'A. Arjakovsky (cf. commentaire 6) en parlant à son propos de théologoumènes plutôt que d'hérésies. C'est d'ailleurs aussi la position du père Alexandre Schmemann: dans son "Journal", à la date du 31 mars 1980, il parle de cette façon qu'a le père Serge de "modifier à sa manière, remodeler, expliquer à sa façon tout ce qu'il touche. Il semble ne jamais «s'intégrer» à l'Église, se positionner en permanence non seulement à l'intérieur, mais aussi par rapport à l'Église. Il lui explique, à l'Église, de quoi elle a besoin ..." (traduit du russe par VG)

De toute façon, la meilleure façon de connaitre la véritable pensée de ce grand théologien ''qui demeure l’un des principaux artisans du renouveau philosophique et religieux en Russie au début du XXe siècle et l’un des grand théologiens orthodoxes contemporains," (commentaire 6) est encore de lire ses ouvrages et en particulier ses "Notes autobiographiques" dont parle le commentaire 7: on y trouve bien la confirmation de cette solitude dans l'Église qui explique le rejet dont ses idées trop hardies et innovantes ont fait l'objet. Mais le colloque mentionné au commentaire 6 montre que, malgré cela, ses idées continuent à intéresser nombre de théologiens orthodoxes et au-delà de l'Orthodoxie.

13.Posté par Daniel le 18/12/2015 14:09
@ Vladimir

Il suffit de se référer aux sources suivantes :

- "Sous les remparts de Chersonèse" par Serge Boulgakov dont voici le résumé (on en trouve un résumé sur Wikipedia et le livre est en vente en ligne)

- aux thèse d'Antoine Arjakovsky lui-même consultable sur son blog. Je cite ainsi

"L’Eglise Orthodoxe russe a cherché par la suite (et jusqu’à aujourd’hui à l’exception de quelques penseurs comme Serge Boulgakov ou Olivier Clément) à dévaluer le concile de Florence en expliquant qu’il ne s’agissait pas d’un vrai concile œcuménique. Après le livre de Joseph Gill sur le concile de Florence une telle assertion n’est plus recevable par les historiens sérieux.[14] "

http://arjakovsky.blogspot.fr/2015/09/laveuglement-dramatique-des-theologiens.html

On voit donc que pour l'intéressé, le concile de Florence est un concile oecuménique.

- Quant à la notion de théologoumène qui voudrait que désigner par là une doctrine non condamnable sur laquelle il y a débat et acceptable sans remettre en cause la foi, elle est complètement fausse et constitue une invention récente pour faire accepter n'importe quelle hérésie. La définition qu'en donne les oecuménistes est d'ailleurs fausse. Il suffit pour cela de se référer au Dictionnaire Littré (consultable en ligne) qui définit le théologoumène ainsi :

theologoumene
THÉOLOGOUMÈNE.1 (té-o-lo-gou-mè-n') s. m.
Idée, notion, principe théologique.

M. VERNES, Rev. crit. 15 avril 1876, p. 252: Les théologoumènes d'Osée [le prophète]

ÉTYMOLOGIE

Le grec signifie, chose discutée au point de vue théologique, du grec, Dieu, et, doctrine ; recherches sur Dieu ou les dieux.

14.Posté par Vladimir.G: ragots indignes de nos débats... le 19/12/2015 00:58
Bien chers Daniel,

D'accord pour théologoumène - c'est bien dans ce sens que je l'emploi pour qualifier les idées du père Serge.

Par contre, nulle part dans les textes que vous citez il n'est dit que l'un ou l'autre commémore le pape de Rome. Il s'agirait donc bien de ragots indignes de nos débats...

15.Posté par justine le 19/12/2015 10:30
Le Littré n'est certes pas une référence pour le sens des termes de la théologie orthodoxe!
Voici de source orthodoxe une explication du terme "θεολογούμενο" (je traduis du grec):

"Dans la Tradition patristique orthodoxe, outre les dogmes - ou plus exactement les définitions, qui sont des délimitations entre la vérité et l'erreur - il existe les théologoumènes et les dites opinions théologiques. Les dogmes sont les vérités révélées, lesquelles ont été articulées par le corps de l'Eglise et ont un caractère absolu, et le fidèle a l'obligation de les accepter sans les modifier. La fidélité à leur égard assure le salut des fidèles.

L'opinion théologique est l'opinion d'un théologien concernant un sujet de la Foi ou de l'éthique, au regard duquel il n'existe pas de témoignage suffisant dans la Sainte Ecriture et la Sainte Tradition.

Le théologoumène est l'opinion théologique d'un ou plusieurs Pères ou auteurs ecclésiastiques laquelle peut etre acceptée par les fideles dans la mesure où elle ne contredit pas les dogmes de la Foi. A noter qu'avec les dogmes, nous avons la certitude de la vérité, alors qu'avec les théologoumènes ou les opinions théologiques nous avons des probabilités. Par ailleurs, plus nombreuses et plus concordantes sont les opinions des Pères concernant un théologoumène, plus celui-ci aquiert de validite."

https://defendingchristianity.wordpress.com/2012/02/06/dogmata-theologoume-theologikes-gnwmes/

16.Posté par Daniel le 19/12/2015 13:14
L'information selon laquelle Boulgakov commémora le Pape un certain temps est écrite sur le 4e de couverture du livre "Sous les remparts de Chersonèse". Je n'ai pas dit qu'Arjakovsky commémorait le pape, mais qu'il reconnaissait Ferrare Florence, tout comme Soloviev semble-t-il? J'appelle simplement chacun à agir de façon logique.

17.Posté par Daniel le 19/12/2015 13:15
@ Justine

Pourrait-on trouver dans la littérature des saints ou patristiques une telle définition de théologoumène ? Cela m'a l'air d'être une invention toute récente destinée à faire accepter les diverses hérésies sous ce vocable.

18.Posté par justine le 20/12/2015 16:52
A Daniel, post 17: Trouver une definition de "theoloumeno" dans la litterature des Saints Peres, cela revient a chercher une epingle dans un tas de foin! La definition reproduite ci-haut emane de l'enseignement theologique orthodoxe traditionnel. Je ne vois pas en quoi elle ferait accepter des heresies, puisque l'acceptabilite d'un theologoumenon presuppose qu'il soit en accord avec la doctrine de l'Eglise.

19.Posté par justine le 20/12/2015 17:30
En recherchant l'usage fait aujourd'hui du terme "theologoumenos" on constate que pour pas mal de gens, cela signifie simplement un theme "en discussion", une opinion sujette au libre debat. Pour cela les theologiens fideles a la Sainte Tradition protestent contre la caracterisation comme "theologoumenos" d'une chose absolument acquise dans l'enseignement de l'Eglise, comme par exemple la creation du monde par Dieu ou le caractere heretique du filioque.

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