C'est peut-être trop idéaliste et difficile à imaginer à notre époque, mais l'Eglise orthodoxe, elle aussi, considère que l'amour chaste et pur est le plus sûr moyen de mettre l'homme à l'abri de toute sorte de maladies sexuellement transmissibles. Ce n'est pas le préservatif qui nous délivre de la mort, mais la maîtrise de nos pulsions et une éducation sexuelle responsable. C'est du reste la leçon du Carême que nous vivons ces jours-ci.

Voilà ce que les Fondements de la doctrine sociale de l'Eglise orthodoxe russe au sujet de l'amour que l'Eglise professe (ch. X, 6):

"Le corps humain est une merveilleuse création de Dieu, appelée à devenir temple de l’Esprit Saint . En condamnant la pornographie et la fornication, l’Église est loin d’appeler au dédain du corps et de la proximité sexuelle en tant que tels, car les rapports charnels de l’homme et de la femme sont bénis par Dieu dans le mariage, où ils deviennent source de la continuité du genre humain et expression de l’amour chaste, de la communion totale, « de la communauté des âmes et des corps » des époux, ce pour quoi l’Église prie dans le rite du couronnement nuptial .

C’est, au contraire, la réduction de ces relations pures et dignes, selon le dessein du Seigneur, et du corps humain lui-même, à l’état d’objet d’exploitation humiliante et de commerce destiné à une satisfaction égoïste, impersonnelle, corrompue et dénuée de tout amour, qui mérite d’être condamnée. Pour cette même raison, l’Église condamne invariablement la prostitution et la propagande de l’amour prétendument « libre », qui séparent totalement la proximité physique de la communion spirituelle et personnelle, de l’offrande de soi et de la responsabilité de l’un pour l’autre, qui sont possibles seulement dans la fidélité conjugale tout au long de la vie
."

Les Fondements de la doctrine sociale de l'Eglise orthodoxe russe sont publiés en français aux éditions du Cerf (Paris, 200).

Rédigé par l'équipe de rédaction le 19 Mars 2009 à 09:21 | 10 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Manul le 19/03/2009 12:48
Merci pour votre réponse ! Je pense que ce qui indigne c'est que cette phrase a été dite en Afrique alors que le préservatif contribue vraiment dans les faits, là-bas, à la limitation de propagation; c'est à dire que même des religieux pourtant catholiques parlent aussi de l'importance de l'usage du préservatif. La question de fond est en fait: le christianisme permet-il les relations avec son/sa époux en dehors de la procréation.

2.Posté par Thierry Jolif le 19/03/2009 13:01
La position d'Olivier Clément, par exemple, sur ce sujet me semble bien plus féconde que celle du Pape. Cette conception de la chasteté doit, bien évidemment, être celle de tout chrétien conséquent ! Ce qui, dans cette déclaration pose problème, c'est son caractère général et 'législatif'... où est l'amour du plus faible, du prochain, victime des conceptions 'néo-païennes' de la modernité. La nature et l'amour, certes dévié, redeviennent des vecteurs de mort. Parviendrons-nous à sauver nos frères s'ils meurent du SIDA avant d'avoir put comprendre et accueillir en vérité et en esprit les conceptions vivifiantes qui découlent de la Source de Vie ... ?

3.Posté par Starka le 19/03/2009 14:22
Pourquoi s’indigner ? Mais parce que le Pape mélange tout et de ce fait brouille le discours chrétien.L’Eglise a tout a fait raison de rappeler que le corps est aussi appelé à glorifier Dieu et que cela inclut bien évidemment les rapports charnels.Mais pourquoi rabaisser cet absolu en le mélangeant à un problème de santé publique ? (le SIDA est un virus et le préservatif est un moyen de ne pas être affecté)Pourquoi, par ce discours, le Pape réduit-il le mariage chrétien à une simple autorisation ecclésiale d’avoir des rapports sexuels ? Sur un précédent post, un prêtre russe rappelait à juste titre, que le mariage est bien plus que cela : un accomplissement spirituel .A vouloir multiplier les positions officielles sur tous les sujets, les hiérarques perdent de vue le message primordial de l’Eglise qui s’exprime plus amplement dans les rapports directs entre clercs et laïques et le témoignage quotidien de l’Eglise que dans des formules lapidaires balancées aux médias.

4.Posté par Manul le 19/03/2009 15:56
C'est une vaste question.Cette déclaration oublie l'aspect humain dramatique pour ne promouvoir qu'un idéal, les principaux concernés et engagés dans la lutte contre cette maladie sur ce continent ne peuvent que se sentir déroutés. Je crois que ce qui choque c'est que cette phrase justement ignore les réalités de la vie. S'adapter aux réalités ne signifie pas renier ses convictions ou accepter des pratiques contraires, mais voir aussi une complémentarité dans un système de prévention que je ne vois pas pourquoi on rabaisserait, comme le Pape l'a fait. Il a dit qu'une sexualité plus humaine est la solution. Certes, et cela est indéniable dans le fond, mais est-ce que l'usage du préservatif doit être assimilé et réduit à une sexualité moins humaine ? Privilégier l'aspect du rejet catégorique en toutes circonstances, (ici dans le cas de l'Afrique et du Sida) occulte l'aspect humain du problème. Le Pape aurait dû se demander si il n'aurait pas été préférable, dans l'approche, de chercher à soutenir tous les moyens permettant de sauver des vies (cela passe par la sensibilisation aussi bien de la chasteté avant le mariage et son importance mais aussi de l'utilité du préservatif si besoin est, car cela peut éviter des contaminations) plutôt qu'évoquer un idéal qui n'aide pas la personne concernée et qui ne peut que créer une polémique dans un continent grandement touchée par la maladie.

5.Posté par Thierry Jolif le 19/03/2009 17:56
Sans nous répondre directement les uns aux autres nos messages semblent aller dans le même sens ... c'est plutôt rassurant !

6.Posté par Nikita Krivochéine le 19/03/2009 21:14
Hors de propos mais pas tout à fait, les principes fondamentaux de l'éthique chrétienne sont en cause dans les deux cas de figure:
dans les années soixante, au pire des persécutions khrouctheviennes l'Église orthodoxe russe n'a eu cesse dans sa prédication d'ouvertement condamner les interruptions volontaires de grossesse. Je ne sais comment elle avait réussi à continuer à traiter de ce sujet alors que la législation était tout à fait permissive dans ce domaine et que "l'opinion" considérait les avortements comme un phénomène tout à fait banal.

7.Posté par Thierry Jolif le 20/03/2009 09:23

http://www.orthodoxpress.com/index.php?group=display&action=info&page=387

8.Posté par RJ T le 20/03/2009 21:59
Je ne voudrais pas alimenter une polémique. Mais la phrase initiale du Pape était ceci : « Je dirais qu’on ne peut pas vaincre ce problème du sida uniquement avec de l’argent, qui est nécessaire. S’il n’y a pas l’âme, si les Africains ne s’aident pas, on ne peut le résoudre en distribuant des préservatifs. Au contraire, ils augmentent le problème. » Elle a été atténuée dans sa version officielle.

La phrase du pape ne se situe pas sur le terrain de la morale individuelle mais de l'analyse d'un fait de société : est-ce aux africains, par leur âme, ou aux européens, via l'argent, de régler la question du sida ?Je suis d'accord avec Manul : un peu des deux ! Mais, quand Starka dit : 'Pourquoi, par ce discours, le Pape réduit-il le mariage chrétien à une simple autorisation ecclésiale d’avoir des rapports sexuels ?', là je ne suis pas d'accord. Ça n'a jamais été sa position et sa phrase ne le dit pas.

Je ne défends pas cette interview que je trouve malheureuse, mais la vague de déformation des propos du pape que nous lisons partout suppure la haine antichrétienne en général. En fait, le pape a fait un raccourci malheureux entre deux problèmes : le problème de santé mondial posé par le sida, et le problème spirituel posé autant collectivement qu'individuellement par le sida. C'est ce deuxième problème qui est 'aggravé' par la distribution aveugle du préservatif, et non le premier. Mais comme le monde ne VEUT pas voir ce deuxième problème, il profite du raccourcis du pape pour en faire une ineptie. Comme dit le post initial, si on peut regretter l'expression, ce qu'a voulu dire le pape est parfaitement conforme à la doctrine orthodoxe.

9.Posté par Père Nicolas le 25/03/2009 09:37
LA VISITE DU PAPE BENOIT XVI AU CAMEROUN

Un fait majeur qui a retenu et marqué l'opinion internationale fut la déclaration de Sa Sainteté de son départ du Vatican sur le non usage du préservatif.
L'impression générale laisse croire que, jusqu'à ce jour, l'opinion internationale ne connaissait pas la position traditionnelle de l'Église sur l'usage du préservatif. En fait, Benoît XVI n'a fait que redire en une occasion solennelle l'Enseignement Moral de l'Église:
- Que l'Homme gère la sexualité comme une valeur fondamentale de sa nature,
- Qu'il apprenne à maîtriser ses instincts et même ses passions,
- Qu'il soit à mesure d'assumer consciemment les conséquences de sa réalité d'être sexué en évitant de tomber dans le laisser-aller favorisé par une société contemporaine qui permet tout et finit par corrompre la conscience humaine.
D'ailleurs, si l'on calcule des risques de l' usage du préservatif, a-t-on jamais mesuré les avantages de l'abstinence qui rend à l'homme sa dignité.
Si le préservatif réduit les risques de contamination, l'abstinence les annule.
Plutôt que de tomber dans les polémiques, mieux vaut chercher des solutions thérapeutiques pour éradiquer cette pandémie en encourageant la recherche scientifique. Beaucoup pensent que le SIDA est un phénomène africain, sûrement parce que l'Afrique est pauvre et ne peut entreprendre de grandes recherches scientifiques. Si l'on veut sauver l'Afrique, la solution n'est pas dans la distribution gratuite des préservatifs, facteur de la prostitution, mais d'organiser les grandes conférences sur le SIDA, d'investir, autant qu'on le fait ailleurs (armement), pour soutenir les recherches scientifiques.

Père Nicolas.

10.Posté par Thierry Jolif le 25/03/2009 14:28
Encore une fois, il me semble que 'ce qui choque' c'est le caractère doctrinal, unilatéralement moralisateur et général de cette position. Encore une fois, comprenons bien qu'en tant que chrétiens, nous sommes prêts à entendre cela et à trouver cela fort juste. D'ailleurs la polémique est 'eurocentrée', ces déclarations ont-elles remués tant et tant de paroles en Afrique ?

Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile