Préserver l'unité de l'Orthodoxie
Nous avons souligné à plusieurs reprises sur ce forum les efforts déployés pour préserver l'unité de l'orthodoxie entrepris par l'Église russe. Il devient en effet de plus en plus évident que notre Église, présente sur les cinq continents et représentant plus de la moitié de toute l'Orthodoxie, en est un élément essentiel, "l'objectif du patriarche Cyrille, en renouant et reconstituant les liens interrompus, c'est de faire comprendre au plus grand nombre que l'Église porte au monde un message qui sauve et unifie" écrit le 6 aout Mgr Hilarion de Volokolamsk, président du département des relations extérieures, dans une interview. Après avoir rappelé les difficultés des 10 dernières années, au cours desquels "on a cassé beaucoup de bois entre Orthodoxes…" (et il cite l'Estonie comme un très mauvais exemple) il parle des deux premiers voyages du patriarche Cyrille à l'étranger et il me semble que son éclairage de la conférence de Chambesy (cf. note dédiée) va dans le même sens.

Préserver l'unité de l'Orthodoxie
BILAN DE LA RENCONTRE AVEC LE PATRIARCHE DE CONSTANTINOPLE

"Le patriarche Cyrille a voulu poser de nouvelles bases aux relations entre Moscou et Constantinople au cours de cette visite, un nouveau paradigme fondé sur la coopération et non sur la concurrence. Nous attendons la réaction en réponse de Constantinople, une nouvelle méthode dans leurs relations avec nous", a dit Mgr Hilarion. Et il me semble bien que ce message soit passé (cf. note dédiée, commentaire 3) et que Constantinople comprenne tout l'avantage qu'il y aura a mieux coopérer dans l'unité avec la puissante Église russe, tant pour l'Orthodoxie en général que pour son patriarcat en particulier (les propositions concrètes d'assistance faites par le patriarche Cyrille sont détaillées dans le commentaire cité)

LA VISITE EN UKRAINE

Parlant de cette visite, Mgr Hilarion a rappelé que le but du patriarche Cyrille était là de "rencontrer les fidèles et aider les gens à comprendre que c'est le Patriarcat de Moscou qui est bien l'Église-Mère canonique, celle que reconnait la majorité du peuple ukrainien". "Je ne suis pas patriarche de la Fédération de Russie" a par ailleurs déclaré le primat au dernier jour de sa visite, "Il y a moins d'évêques dans la fédération qu'en dehors - 49% contre 51%, et vos problèmes me touchent autant que les problèmes qui existent dans la Fédération de Russie." Il avait dit auparavant qu'il était prêt à prendre la double nationalité russe et ukrainienne et, pour finir, il a expliqué qu'il avait fait ajouter dans sa salle de réception officielle, en plus du drapeau russe qui s'y trouvait déjà, les drapeaux de tous les pays qui entrent dans la juridiction du patriarcat de Moscou, y compris la Chine (sic).

LES RESULTATS DE CHAMBESY IV

Nous avions des interrogations (cf. note) sur le déroulement de cette Conférence préconciliaire(1) cruciale et cette nouvelle interview (2) de Mgr Hilarion nous en donne un éclairage qui conforte nos espoirs: Mgr Hilarion se dit satisfait des résultats de la Conférence: les textes adoptés "ont été largement améliorés et reflètent maintenant en majeure partie les positions de l'Église orthodoxe russe et ses préoccupations. En effet, considérant qu'il y a toujours des divergences entre les Églises locales et le fait que toutes les décisions des réunions interorthodoxes se prennent par consensus, on peut considérer que les résultats de cette dernière Conférence sont un grand pas en avant sur la voie de l'unité interorthodoxe." Puis il ajoute que "pour résoudre ces questions particulièrement complexes il faut être prêt à faire des concessions". La délégation russe a donc pour l'instant accepté que la présidence des assemblées épiscopales soit assurée dans l'ordre des dytiques (donc par le représentant de Constantinople), mais a obtenu que les décisions y soient prises sur la base du consensus des Églises représentées et qu'il n'y ait aucune ingérence dans la juridiction diocésaine de chaque évêque-membre ni aucune limitation pour chaque Église d'avoir des relations directes avec les organisations internationales, les autorités publiques, la société civile, les médias…etc. C'est donc chaque Église autocéphale qui pourra continuer à développer son activité sans passer sous l'autorité de Constantinople, comme ce dernier patriarcat le recherchait (cf. en particulier la déclaration de P. Elpidophoros Lambrianidis le 16 mars 2009). Il apparaît ainsi que cette solution de compromis doit permettre de nouvelles avancées et donner de nouvelles possibilités, en particulier la création de nouvelles assemblées épiscopales(3).

Préserver l'unité de l'Orthodoxie

Notes

(1) Rappelons, comme le fait d'ailleurs Mgr Hilarion au début de son interview, que ces conférences se placent dans la préparation du prochain Saint et Grand Concile de l'Église Orthodoxe. Ce processus a débuté en 1961 par la première conférence des représentants plénipotentiaires des Églises locales à Rhodes, puis plusieurs Conférences et réunions de commissions avaient eu lieu à différents niveaux, en particulier au Centre Orthodoxe du Patriarcat Œcuménique à Chambesy-Genève, où siège le Secrétariat pour la préparation du saint et grand Concile de l’Église orthodoxe (voir les étapes sur le site du Secrétariat), jusqu'en 1995, où la question estonienne a provoqué une rupture entre Moscou et Constantinople allant jusqu'à l'interruption de la communion en 1996. Les thèmes restants préparés pour le Concile sont le mode de proclamation de l’autocéphalie et de l’autonomie et l’ordre des diptyques; ils seront examinés par les réunions suivantes des Commissions inter-orthodoxes préparatoires, à partir décembre 2009, puis soumis pour approbation aux Conférences panorthodoxes préconciliaires suivantes.

(2) Voir aussi extraits en russe dans le commentaire 18 à la note ci-dessus

(3) À ma connaissance il n'en existe actuellement que 2, la SCOBA en Amérique et l'AEOF en France. Le fonctionnement de la première diffère des principes adoptés puisque, en particulier, le président est élu…

Photos www.patriarchia.ru

Rédigé par Vladimir Golovanow le 12 Août 2009 à 09:35 | 16 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Jean François FELDMAN le 13/08/2009 21:27
Bravo pour ce commentaire de Vladimir! Mon commentaire:
Toute institution a l'objectif de réaliser son unité et de rassembler le maximum d'adhérents (de fidèles??), c'est son pouvoir qui est en cause. Les Musulmans dès Mahomet, avaient et ont toujours, l'objectif de l'UMMA, l'unité des Musulmans et même, si possible que TOUTE l'humanité soit Islamique! Hélas! dès la première génération, patatras! les fils se disputent et au moins deux branches hostiles se perpétuent et se combattent (Sunnites et Chiites). Pareil, en plus lent, pour les Chrétiens. Les Juifs semblent bcp plus élitistes, arrogants et supérieurs et ne recrutent pas, mêmes si les 12 tribus d'Israel se disputaient constamment. Mais pour être 'unis', ne faut-il pas un adversaire crédible et menaçant contre lequel il faut s'unir? Et qu'on peut haïr, brûler, ou massacrer dans des pogroms?
Ma suggestion pour l'unité de l'Eglise Orthodoxe: trouver un tel ennemi...
JF FELDMAN, en recherche de transcendance athée.

2.Posté par Anna Rotnov le 13/08/2009 23:36
Cher Monsieur Feldman ,
Nous avons une prière ou il est dit ( nous le disons tous ensemble à un moment donné ) : ' ... Je ne révélerai pas le mystère à Tes ennemis ... ' .
De ce fait peu de chances que Vladimir rentre dans cette conversation avec vous . Et je m'en abstiendrai également .
Bien à vous

3.Posté par Marie Genko le 14/08/2009 14:55
@ J. F. Feldman
L'Église n'est pas une institution politique, ni une association de laïques!
L'Église est constituée de personnes qui croient au Christ et veulent observer ensemble Son enseignement.
Les divisions de l'Église orthodoxe seront, avec l'aide de l'Esprit Saint, résolues dans un avenir proche.
Tout comme seront résolues les divisions entre tous les chrétiens.
Car nous ne pouvons pas ignorer plus longtemps que seul le ciment d'une foi commune, la foi qui nous a été transmise par les apôtres, peut nous rendre des témoins crédibles de l'enseignement du Fils de Dieu devant les Nations.
Il n'est pas question pour le chrétien d'un adversaire crédible, comme vous le suggérez, car notre Dieu est un Dieu d'amour.
Oui, nous avons connu bien des errements!
Oui, nous avons brûlé, persécuté et commis bien des crimes!
Mais à la lumière de l'Histoire, les écailles tombent enfin de nos yeux!
Nous devons témoigner de l'enseignement d'amour du Christ, afin que cessent toutes les guerres fratricides entre les humains.
Même les musulmans finiront par le comprendre puisqu'il est écrit dans le Coran:
"Fais du bien à ton ennemi, et il deviendra ton ami"
Il reste à espérer que les autres religions comprendront elles aussi que la loi du Talion est une loi suicidaire pour l'avenir de l'humanité.

4.Posté par FELDMAN Jean François le 17/08/2009 16:22
Aïe! Je ne voulais pas que mon commentaire provoque la discorde (donc le contraire de l'unité recherchée de l'Orthodoxie) Mais hélas, je vois entre vos deux réponses un désaccord TOTAL:
Anna Rotnov: Je ne révélerai pas le mystère à Tes ennemis (je ne suis en rien un "ennemi" des Orthodoxes, et encore moins de Jésus, si c'était seulement possible!)
Marie Genko: Il n'est pas question pour le chrétien d'un adversaire (= ennemi?) crédible, comme vous le suggérez, car notre Dieu est un Dieu d'amour.

Jésus avait-il des ennemis, des adversaires? Je ne le crois pas: seulement des pécheurs dont le niveau de conscience était faible, et qu'il convenait d'abord d'aimer, de les aider et surtout pas de les rejeter. Même les Romains qui l'ont crucifié.
C'est pour ça que c'est si difficile d'être Chrétien! (Elevé Catho, enfant de chœur, je me considère comme en recherche d'être Chrétien athée: bien difficile!) Et pour moi, que l'application scrupuleuse des rites, de la liturgie, la connaissance des textes religieux est très secondaire, voire souvent nuisible, sauf pour les intégristes et les bigots…

C'est pour ça que je ne crois pas que "seul le ciment d'une foi commune, la foi qui nous a été transmise par les apôtres, peut nous rendre des témoins crédibles de l'enseignement du Fils de Dieu devant les Nations". Ca peut aussi égarer…

Pourquoi ce vœu d'unicité des Orthodoxes, puis des autres "religions" qui se rallieront: Plus de puissance dans la concurrence entre les religions? Plus de fidèles? L'harmonie?

Marie Genko : "Les divisions de l'Église orthodoxe seront, avec l'aide de l'Esprit Saint, résolues dans un avenir proche. Tout comme seront résolues les divisions entre tous les chrétiens. ….que cessent toutes les guerres fratricides entre les humains".

Je ne sais pas quels indices vous amènent à penser ça?
Le résultat serait-il une religion unique donc obligatoire, à la fin d'une "lutte finale", chère aux Marxistes, ou pire encore "une solution finale"? Je ne verrai sans doute pas ça dans le temps qui me reste sur cette planète…mais je ne le souhaite pas pour nos petits-enfants: combien de guerres, de massacres, de génocides faudra-t-il pour arriver à cette paix et harmonie, si tant est qu'on puisse jamais y arriver ailleurs que dans le cimetière…Et que fera-t-on des athées comme moi?). J'entends aussi que les Talibans, les Salafistes et quelques autres poursuivent le même vœu d'unité: allez vous former une coalition, une alliance avec eux?

Marie Genko:
L'Église n'est pas une institution politique, ni une association de laïques!
Mais les Eglises ne sont-elles pas AUSSI des Institutions avec une organisation, un appareil, une administration, un budget, une hiérarchie, des luttes de pouvoir, une idéologie, des bassesses et coups tordus? Et si on ne peut pas critiquer une Institution humaine et terrestre, alors c'est une dictature religieuse.

C'est vrai que les propos de Jésus sont tellement merveilleux, limpides, ouverts, tolérants et exigeants…que je me demande si on a besoin de tout un appareil et des concessionnaires, tous auto-proclamés exclusifs, pour en faire la distribution?

Je vous invite à lire deux livres, qui m'ont marqués:
"Pourquoi je suis redevenu Chrétien" de JC GUILLEBAUD.
"Le Christ Philosophe" de Frédéric LENOIR Points Fév 2009 9€.

Concernant Vladimir Golo, Anna Rotnov l'invite à ne plus entretenir d'échange avec moi: il fera ce qu'il voudra, mais qu'il sache que j'essayerai d'avoir amour et compassion pour lui, malgré ses nombreux péchés!

5.Posté par vladimir le 18/08/2009 11:41
Ce qu'il y a de bien avec Jean François, c'est qu'on ne s'ennuie pas! Et ses épitres sont pleines de bonté, de sympathie, d'amour pour les créatures et la création (sans parler de l'humour!)... Il lui manque juste la Révélation du Créateur!

Son athéisme revendiqué cache en fait une âme en recherche, mais je ne pense pas qu'il soit prêt à comprendre l'Orthodoxie: notre foi demande une approche, une appropriation progressive. C'est un peu comme pour comprendre et apprécier l'opéra: il faut une initiation. "Nous préservons, incorrompue, la doctrine du Seigneur et adhérons à la foi qu'Il nous a donnée; nous la gardons intacte de toute souillure et amoindrissement, comme un trésor royal et un monument de grand prix, n'ajoutant ni ne retranchant rien" écrivent en 1718 les patriarches orientaux (1). Ce trésor ne s'attrape pas immédiatement!

Note (1) Cité par Kallistos Ware, "L'Orthodoxie, l'Église des sept conciles" p.252


6.Posté par Marie Genko le 18/08/2009 12:57
@J.F.Feldman
Cher Monsieur,
Merci pour votre long et explicite message.
1/ Je me suis toujours demandée si le mot slavon 'Taïna' traduit par le mot 'mystère' en français ne risquait pas d'induire les fidèles en erreur.
Pour nous, orthodoxes, la Sainte Communion est en slavon 'Taïna' .
Avant la communion, le prêtre dit la prière de la Communion dans laquelle nous entendons en Français:'
Je ne révèlerai pas le Mystère à tes ennemis'
Ma connaissance du slavon est hélas totalement nulle, mais peut-être un prêtre, ou un moine, qui a étudié cette langue pourrait nous dire si le segment de phrase (que je transcris en Français pour que vous puissiez le lire) :
'Nie Bo vragom Tvoïm taïny poviem'
Ne pourrait pas vouloir dire :
'Je ne partagerais pas la Communion avec ton ennemi'
Car la notion de Communion donnée aux seuls chrétiens confessant la même foi, (le même Credo, si vous préférez) est une notion importante pour les orthodoxes.

Je pense qu'Anna Rotnov et moi-même sommes entièrement d'accord sur des points essentiels.
Il nous arrive de diverger sur des points de détails, et cela est une une excellente chose, puisque nul d'entre nous n'est infaillible.

2/ Pour revenir à votre message, merci de préciser que vous n'êtes pas un ennemi des orthodoxes et des chrétiens en général, ce qui n'était pas totalement évident à la lecture de votre premier message.

Hélas, oui, Jésus avait, et a toujours, un ennemi puissant, acharné à le perdre et à perdre le genre humain!
Il s'appelle Satan.
Il a inspiré notre mère à tous, Eve!
Et il n'a cessé d'inspirer l'humanité toute entière depuis la chute d'Adam!
Satan a inspiré Judas, Caïphe et même Ponce Pilate!
Il sème le doute dans nos esprits, il ébranle notre foi et nous éloigne de notre mère l'Église.

Pardonnez-moi s'il me semble candide de dire:
'Je me considère comme en recherche d'être chrétien athée'
Le chrétien croit que le Christ est le Fils de Dieu venu pour le sauver, et l'athée croit au néant!
Cela me semble antinomique?

Vous avez été élevé dans la religion catholique, vous avez donc du apprendre que le Christ n'a jamais rejeté ceux qui venaient à lui.
Exclure, c'est la solution de facilité qui marque la faiblesse de certains prêtres, incapables de courir derrière la brebis perdue.
Ne sommes nous pas tous pécheurs? Et Notre Seigneur est justement venu pour les pécheurs.
Lorsque vous écrivez:
'Et pour moi, l'application scrupuleuse des rites, de la liturgie, la connaissance des textes religieux est très secondaire...'
Sur ces points là, je peux vous rassurer tout de suite, c'est le cas de nombreux orthodoxes, sans que nous nous en sentions de moins bons chrétiens pour autant!
Par contre lorsque vous ajoutez:
'la connaissance des textes religieux est très secondaire, voire souvent nuisible, sauf pour les intégristes et les bigots'
Je ne suis pas du tout d'accord avec vous!
La lecture des Évangiles est une source de Vie intarissable!
S'il vous plait, prenez soin de vous et faites vous plaisir, relisez les Psaumes de David, relisez Sagesse, l'Ecclésiastique.
Prenez votre Bible et ne la quittez plus, tant que la source vive de Ses paroles ne vous aura pas irrigué, régénéré et rendu à la vie éternelle que le Christ est venu vous donner!

3/ Tous les orthodoxes sont unis dans une seule et même foi (nous avons tous le même Credo)
Nous connaissons actuellement des divergences en ce qui concerne l'organisation des diasporas orthodoxes sur les territoires, qui ne sont pas canoniquement les leurs.
Comme en Europe occidentale, où certains se considèrent chez les catholiques et d'autres en terre barbare.
Mais ces points de détails importants ont déjà été débattus et un modus vivendi a été approuvés par nos théologiens et nos patriarches.

4/ Il me semble évident que tous les chrétiens doivent confesser la même foi.
Puisque la Vérité révélée par le Christ est UNE et non plusieurs!
Il n'est pas question ici de volonté de puissance! Ni d'obligation!
Mais de témoignage de la Vérité par le plus grand nombre.
Pourquoi devons nous témoigner contre l'hérésie?
Et pourquoi celle-ci est-elle voulue et entretenue par Satan?
Parce qu'elle conduit les hommes à leur perte tout simplement.
C'est le sang des martyrs qui a donné vie et vigueur au christianisme et ce sont les hérésies des hommes qui ont rebuté et détourné un grand nombre de chrétiens.
Ils ont en cela détruit en partie l'œuvre des apôtres.
Car lorsque vous parlez de dictature religieuse, de luttes de pouvoir et de coups tordus, il s'agit bien pour moi de l'œuvre du Démon dans l'Église, de l'hérésie si vous préférez, non de l'œuvre des disciples du Christ.
Mais, même si l'Église est humaine, nous les orthodoxes savons que nous avons besoin de son secours et de son enseignement.
Ce message devient trop long! Pardonnez-moi
Si vous souhaitez débattre sur les Musulmans, je suis prête à vous suivre sur ce terrain glissant à une autre occasion.

7.Posté par Francodeport le 20/08/2009 11:41
Marie, il y a des choses très graves qui se passent sur notre planète. Il y a un réel combat urgentissime à mener contre le mal. Attention de ne pas se tromper de combat (« celui qui n’est pas contre nous est pour nous », dit Jésus). Celui a qui ce mystère est révélé devient un soldat efficace pour mener le bon combat. Ces soldats ne se trouvent pas uniquement dans votre église. Ils sont de toutes confessions et même parfois d’aucun parti. Il existe (au risque de vous choquez) des saints laïques des saints bouddhistes ou musulmans, etc., et aussi comme vous le remarquez vous-même des pervers dans les églises. Lorsque vous « communiez » dans votre église c’est aussi avec ces gens-là. Nous devons être extrêmement humbles. Ce que j’ai compris c’est que l’humanité marche ensemble, vous ne pouvez en exclure une partie sans tomber vous-même dans l’hérésie.

Nous ne sommes pas meilleurs que les pires criminels, notre histoire nous a conduit autrement. Vous ne pourrez jamais faire la part des choses : « Dieu » dirige toute chose. Il distribue richesse, gloire ou pauvreté, bêtises, folie, il rend aveugle ou clairvoyant. C'est aussi à lui que ce Satan que nous nourrissons si facilement est obligé de se soumettre. Je me dis : j’aurais aussi bien pu être tel monstre, va savoir.

Vous n’êtes pas honnête en nous assurant que telle église (désignée par ce « nous » emblématique) serait porteur de la vraie foi alors que telle autre serait une hérésie : pour conclure ainsi, il faudrait aller voir dans chaque cœur et dans chaque église, les comprendre de l’intérieur, apprendre à traduire leur langage dans le nôtre, dépasser la chute de Babel, devenir le Christ qui ne juge pas sur l’apparence.

Je communierais volontiers avec vous ou Jean-François Feldman si vous me l’autorisez. A priori vous êtes dans le bon combat. Ce n’est pas une église qu’il faut défendre ou combattre.

8.Posté par Marie Genko le 22/08/2009 23:21
Cher Francodeport (j'ai l'impression de dialoguer avec un colis postal!)

Pardonnez-moi de ne pas vous avoir répondu aussitôt à votre message, mais j'étais sans accès à internet durant deux jours.
Vous avez parfaitement raison ,des choses très graves sont en place sur notre planète!
Je n'ai jamais considéré mes frères chrétiens séparés comme des ennemis!
Les hommes de bonne volonté sont heureusement nombreux et comme vous le dites justement ils ne confessent pas tous la même foi et ils peuvent aussi bien être Bouddhistes, Musulmans ou même athées.
Tout homme mérite le respect, puisqu'il a été créé par Dieu. Et il n'est pas question d'exclure, ou de se croire meilleurs, en cela je vous suis tout à fait.
Oui,chacun d'entre nous est capable du meilleurs et du pire!
Puisque vous me forcez à parler à la première personne, je peux vous dire que je sens bien combien il me faut prier pour essayer d'éviter les pièges qui s'ouvrent constamment sous mes pas!
Mais, j'ai écrit, et je maintiens que Notre seigneur nous a laissé une parole de Vérité!
Cette parole nous a été transmise par les apôtres et, l'Eglise indivise, nous l'a enseignée jusqu'en l'an 1054!
Et depuis? Que pouvons nous lire dans les histoires des Églises chrétiennes?
Combien de schismes, combien de Vérités différentes enseignées au nom du Christ?
En Russie le schisme des vieux croyants. En Occident la terrible fracture protestante et les guerres fratricides qui l'ont suivie!
N'est-ce pas une hérésie de tuer au nom du Christ?
Peut-être me direz-vous, qu'à l'exception des Musulmans, plus personne ne tue au nom de sa Foi.
C'est inexact en Inde, où Hindous et Sikhs s'égorgent régulièrement.
Même, lorsqu'on est attaché, comme je le suis, au concept du respect de l'identité des peuples et au respect de leurs croyances, il m'est impossible de ne pas leur souhaiter de découvrir l'amour et la non violence que Notre Seigneur est venu nous révéler.
La Vérité du Christ est UNE et non plusieurs.
Voilà pourquoi les chrétiens doivent repartir du point de rupture qui les a séparé.
Il faut nous réunir autour de ce joyau très pur, qui était notre Foi en l'an 1054!
Il n'y avait alors, ni vieux croyants, ni protestants, il y avait le Corps indivisible de l'Église du Christ!

Pour répondre à la fin de votre message, je souhaite encore ajouter, qu'aucune religion n'a le monopole de la Sainteté.
Notre seigneur nous l'a enseigné Lui-même par la parabole du bon Samaritain.
Quant à communier avec vous et J.F. Feldman, au même ciboire, je peux vous assurer que personnellement je le ferais aussi volontiers que vous.
Toutefois la règle de mon Église orthodoxe autorise seuls les orthodoxes à s'approcher de la Sainte Communion.
C'est une règle que je ne discute pas et que j'observe lorsque j'ai l'occasion de prier avec des hétérodoxes. Dans leurs églises, je ne m'approche pas de leur communion.
Mais je souhaite de tout cœur que le Seigneur permette à ces schismes et ces divergences de disparaître dans un avenir proche!
Vous dites:
"Ce n'est pas une Église qu'il faut défendre ou combattre"
Il n'est pas question de combat, mais de recherche d'un retour à la source vive de la Parole du Christ. Cette source vive qui seule peut assurer le salut de l'humanité.

9.Posté par Francodeport le 24/08/2009 11:02
Bonjour Marie,

L'"Eglise du Christ " existe bien, elle est une, indivise, et n'a aucune dénomination depuis toujours (Elle existait avant que Jésus ne soit venu au 1er siècle, et au delà de la date factice de 1054). Les membres de cette Eglise se reconnaissent par le fait qu'ils ont atteint la même sagesse/amour qui est au delà des mots, des concepts, des cultures, des églises et des partis. Ces membres communient entre eux authentiquement sans aucun rituel et en toute bonne conscience. Cette Eglise porte la fine fleur de la conscience de l’humanité.

Il m'est arrivé de prendre la communion dans des églises, mais ce n'était qu'apparence, les membres de ces églises ne daignaient même pas regarder un "étranger" de passage, ils ne répondaient même pas à mon salut. Croyez-vous que nous puissions alors être en communion avec le "Christ" ? Dans le meilleur des cas, on ne communie qu'avec une partie d'une église. Comment une communion serait-elle possible avec des personnes qui, bien que se réclamant de "Christ", n'ont aucune empathie, voire parfois même de la jalousie/aigreur/frustration/mépris vis-à-vis de leur prochain. Des personnes qui considèrent avant tout leur propre intérêt. Que représente pour vous la communion ?

Comment espérez-vous que le Seigneur "permette à ces schismes et ces divergences de disparaître dans un avenir proche" ?

Si vous avez authentiquement et intérieurement compris ce que vous écrivez dans votre message, votre conscience doit souffrir de suivre ce que votre église vous impose de l'extérieur, vous n'obéissez pas au Seigneur en vous., vous n'êtes plus pierre vivante mais brique façonnée par un moule extérieur.

10.Posté par Francodeport le 24/08/2009 11:02
J'ai encore une question :

Qu'est-ce qu'un "hétérodoxe" ?

11.Posté par Marie Genko le 24/08/2009 17:05
Cher Francodeport,

La définition du Larousse pour "hétérodoxe":
(gr.hétérodoxos, qui pense autrement) 1/RELIG. Qui s'écarte de l'orthodoxie 2/ qui s'oppose aux idées reçues.
-Si je prends à la lettre ce que vous avez écrit:
"l'église du Christ existe bien...(elle existait bien avant que Jésus ne soit venu au premier siècle), je pense que cette approche pourrait paraître antinomique et non orthodoxe.
-Si je comprends par là, ce que vous avez probablement voulu exprimer, c'est à dire que les hommes droit et de bonne volonté existent depuis le commencement des temps, vous avez parfaitement raison et je suis, comme vous, certaine que la miséricorde du Seigneur les accueillera dans Son sein.
Mais permettez-moi de ne pas appeler ces hommes de bonne volonté "Église" simplement parce que cette appellation ne leur est pas appropriée.

Je vous trouve un peu sévère avec ceux qui participent aux offices et communient en même temps que vous. Si les gens ne prêtent pas attention aux personnes qu'ils ne connaissent pas, cela peut avoir pour raison principale de ne pas vouloir importuner des étrangers.
Certains seraient peut-être avides de partage et de communication, mais ils sont peut-être timides et n'osent pas aborder les premiers.
Certains autres sont accaparés par leurs familles etc.etc.
Dans quelques paroisses, un café est de rigueur après la liturgie et cela permet justement aux fidèles de faire connaissance et de s'intégrer dans la communauté paroissiale.
Pourquoi n'allez-vous pas dans une paroisse, où justement cet usage est en vigueur?

Le mystère de la Communion au très Saint Corps du Christ permet à chacun d'entre nous de nous approcher du Seigneur de façon tangible!
Malgré notre indignité, nous recevons le Corps et le Sang du Christ!
Nous sommes saisis d'étonnement et éperdu de reconnaissance, car notre Dieu si grand, si incompréhensible à notre pauvre raison humaine, ce Dieu, créateur de l'univers, nous a tant aimé qu'Il a voulu envoyer Son propre Fils pour nous sauver.
A chaque liturgie nous avons ce privilège extraordinaire de pouvoir nous approcher de ce saint ciboire dans lequel le prêtre a accompli les paroles de Notre Seigneur:

"Et tandis qu'ils mangeaient, ayant pris du pain, dit la bénédiction, il le rompit, et le leur donna et dit:"prenez; ceci est mon corps" Et ayant pris une coupe, rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit: "Ceci est mon sang, celui de l'Alliance, qui est répandu en faveur de beaucoup." (Marc 14, 22-25)

Pour que disparaissent les schismes et les divergences, il suffit que les hommes de bonne volonté, qui prient dans les différentes Églises chrétiennes, prennent conscience que la Vérité que nous a enseigné le Christ est UNE et non plusieurs.
Voilà pourquoi il me semble si nécessaire de revenir à notre foi commune, celle que confessaient tous les chrétiens jusqu'en 1054!

Cher Francodeport, je ne suis ni prélat ni théologien.
J'appartiens à l'Église orthodoxe et je m'efforce de suivre son enseignement.
Je ne voudrais pas vous induire en erreur en vous donnant une explication fantaisiste sur les raisons pour lesquelles les Églises, aussi bien catholique que orthodoxe, ne souhaitent pas que leurs fidèles communient ailleurs.
Je sais que cela est permis dans des situations extrêmes: le sacrement des malades en cas d'impossibilité de joindre un prêtre de sa religion.
C'est justement parce qu'il me semble normal que tous les chrétien puissent communier ensemble que je souhaite que nous les fidèles entraînions tous nos prélats à reconstruire l'Église indivise, telle que le Christ nous l'a laissée!
Ainsi serons-nous tous des pierres vivantes, comme vous le dites si joliment, des pierres d'un seul et même édifice, construit à la gloire du Seigneur pour l'éternité!


12.Posté par vladimir le 26/08/2009 23:44
26/08/2009
Cher Francodeport,
Je veux d'abord vous dire combien j'apprécie votre participation à ces débats: votre connaissance des Ecritures et votre point de vue original obligent à s'interroger sur sa foi et évitent de tourner en rond. Toutefois, vous semblez méconnaitre certaines bases de l'Orthodoxie et cela complique le dialogue. Pour éclairer ce débat, je voudrais donc préciser quelques fondements, toujours en espérant que plus savant que moi viendra corriger mes erreurs et combler mes lacunes.

En résumé, nous, les Orthodoxes(1) croyons que Dieu (pourquoi mettez-vous des '' ' à Dieu et à Christ?) a crée l'humanité parfaite et libre, que l'homme a mésusé de cette liberté pour pêcher, ce qui a entrainé la corruption de toute la création, que le Christ est venu pour racheter et sauver cette création et qu'Il est la seule voie de ce salut. Jusque là vous devez être en gros d'accord, non?

Nous commençons à diverger au sujet de l'Église: pour les Orthodoxe, 'L'Église est une avec les Seigneur. Son corps fait de Sa chair et de Ses os. L'Église est la vigne vivante, nourrie de Lui et se développant en Lui. On ne peut jamais penser à l'Église en dehors du Seigneur Jésus Christ, du Père et du saint Esprit' (2). L'Église témoigne donc de l'Incarnation du Christ et de Son Règne ici et maintenant: 'Et je vous lègue à vous, comme mon Père me l'a légué, le Royaume, afin que vous mangiez et buviez à ma table dans mon Royaume…'( Luc XXII, 29-30). Elle a bien été fondée par Jésus Christ, mais elle ne pouvait exister en tant que telle avant l'Incarnation et la descente de l'Esprit Saint sur les Apôtres le jour de la Pentecôte.

Bien entendu cette Eglise est unique et indivisible (nous le répétons dans le Credo). Les organisations administratives que nos connaissons ne sont là que pour palier les imperfections humaines, dues à ce monde dominé par le pêché, et elles n'altèrent pas l'Unité profonde de l'Église du Christ. Toutefois, comme j'ai cité dans mon commentaire précédent (No 5 ci-dessus) l'Orthodoxie seule 'préserve, incorrompue, la doctrine du Seigneur et adhère à la foi qu'Il nous a donnée; intacte de toute souillure et amoindrissement, comme un trésor royal et un monument de grand prix, n'ajoutant ni ne retranchant rien.' C'est donc là, dans l'Orthodoxie que se trouve la Vrai Foi, les autres confessions chrétienne ayant toute ajouté (Catholicisme) ou retranché (Anglicans, Protestants) quelque chose à cette Vérité. Malgré tout cela ne veut pas dire 'hors de l'Orthodoxie – point de salut': nous savons bien que même les païens peuvent recevoir le don de l'Esprit Saint (Actes 10: 45-47) et avoir la loi dans leur cœur, leur conscience en rendant témoignage (Rom 2:15); d'autant plus les autres chrétiens peuvent être inspirés et trouver la voie du salut. Mais seule l'Orthodoxie en perpétue le témoignage.

Et, encore un point qui peut vous étonner, cette idée de permanence et de continuité vivante tient dans un mot essentiel: TRADITION. 'Nous ne changeons pas les bornes éternelles que nos pères ont placées, écrivait saint Jean Damascène, mais nous gardons la Tradition comme nous l'avons reçue'(3). Ce mot a, pour les orthodoxes, un sens très précis: la Tradition contient évidement toute la Bible canonique, mais aussi le Credo, les décisions des sept conciles œcuméniques, les canons, écrits patristiques, textes liturgiques, saintes icônes… etc. (4), et notre diversité, y compris notre organisation en 15 églises autocéphales, fait aussi partie de cette Tradition.

Car cette diversité tire aussi sa source de la Pentecôte: les Apôtres reçurent le don de s'dresser à chaque peuple dans sa langue. En simplifiant à l'extrême, c'est là la base de cette organisation décentralisée, chaque peuple étant appelé à s'organiser à sa façon. Mais cela ne nuit aucunement à l'Unité dans la foi, puisque nous partageons tous exactement les mêmes commandements, et c'est là qu'intervient la communion, puisque nous communions tous au même calice avec la même foi et les mêmes règles.

Assez proches des Catholiques sur ce point, les Orthodoxes accordent néanmoins encore plus d'importance qu'eux à la communion(5): comme l'écrit Marie, nous touchons là notre Sauveur de façon tangible, nous le connaissons réellement comme le dit l'Évangile: 'or la vie éternelle c'est qu'ils Te connaissent, Toi le seul vrai Dieu' (Jn. 17:3). Et c'est autour de cette communion et de cette foi totalement commune que se retrouvent les Orthodoxes. Communier, au sens précis du terme, c'est partager la totalité des croyances, des dogmes, du culte et des pratiques qui constituent notre foi. Les Orthodoxes ne communient pas comme cela, à tout bout de champs: nous nous y préparons et, si vous communiez avec nous, en remplissant toutes ces conditions, c'est que vous êtes orthodoxe!(6)


Notes:
(1) 'Orthodoxe' veut dire, comme le montre l'étymologie, 'le dogme droit' ou 'le dogme juste'. Les membres de l'Église orthodoxe, dont je fais partie comme la majorité des participants de ce débat (mais pas tous: il n'y a aucune exclusivité, au contraire…), s'appellent les Orthodoxes car ils partagent la même foi et les mêmes dogmes. Ceux qui ne partagent pas cette foi et suivent d'autres dogmes sont donc hétérodoxes, comme le rappelle Marie.
(2) Saint Jean de Kronstadt cité par Kallistos Ware, 'L'Orthodoxie, l'Église des sept conciles' p. 309.
(3) Kallistos Ware, opus cité, p 252
(4) Cf. Kallistos Ware, opus cité, p 253
(5) Je ne parle pas des protestants: pour ceux que je connais (Calvinistes, majoritaires en France), la communion n'est rien de plus qu'une collation symbolique partagée en souvenir de la Scène.
(6) L'approche est différente chez les Catholiques, pour qui la communion est un acte beaucoup plus courant et ordinaire et qu'ils peuvent partager avec des Orthodoxes: ce n'est pa la communion qui unifie le catholicisme, c'est le Pape!

13.Posté par Francodeport le 27/08/2009 12:39
Bonjour Vladimir, bonjour Marie,

Merci pour vos réponses.

Je n’ai pas beaucoup de temps en ce moment pour bien les lire. C’est un peu long et complexe.

Je mets les mots de Christ et Eglise entre guillemets car ces termes sont tellement galvaudés et j’essaie d’atteindre ce qu’ils signifient au-delà des idées reçues. Je pense que le terme d’orthodoxie mérite le même traitement.

Au le1er siècle, les personnes qui ont compris et suivi Jésus n’avaient pas de désignation officielle. Jésus n’était d’aucun parti, d’aucun groupe. Il y avait cependant une orthodoxie chez les Juifs, farouchement défendue par les pharisiens par exemple. Il y avait des religions officielles avec leur orthodoxie respective.

Je ne sais quand ce terme a été figé sur l’église des chrétiens. Je comprends que les saints aient cherché à définir le plus justement possible ce qu’enseignait Jésus pour guider les âmes vers le salut. Ils ont mis au point des concepts, une tradition très constructive. On peut dire qu’il existe bien une orthodoxie de l’enseignement de Jésus.

Aujourd’hui le mot orthodoxie désigne communément l’/les église/s des chrétiens d’Orient. Au sein de cette/ces église/s il y a des personnes qui sont authentiquement chrétiennes, d’autres pas, sans doute dans les mêmes proportions qu’au sein d’autres églises. L’histoire montre que la tradition se construit par les débats, les remises en question perpétuelles pour savoir discerner ce qui relève de l’essentiel. L’histoire des églises est certes intéressante, mais se bâtit sur l’expérience personnelle d’individus. C’est toujours avec notre conscience que nous travaillons. Nous pouvons tomber dans une église dite orthodoxe par naissance, suivre ce qu’on nous y apprend sans être authentiquement converti. C’est de l’imitation (toc) pas du vrai (diamant).

Vous connaissez sans aucun doute mieux que moi ces enseignements et ces traditions. Mais je peux malgré tout comprendre par d’autres biais le message du Christ. Il y a un seul chemin : c’est par nous-même. L’enseignement extérieur est très utile mais ne garantit aucunement une conversion.
Paul le dit au début de sa lettre aux Romains, même les païens n’ont pas d’excuse (Romains 1 : 18 et suivants). Vous l’avez rappelé vous-mêmes, nous tous pouvons découvrir la Vérité, même si nous utilisons un langage différent.

Nous nous devons de devenir pierre vivante pour que le Christ bâtisse son Eglise, qu’importe la tradition ou le groupe qui nous a construit dans notre enfance.

Peut-être serait-il souhaitable de parler d’orthodoxisme pour désigner plus justement les églises des chrétiens d’orient ?

Je n'ai pas l'habileté ni le temps de mieux expliquer ce que je voudrais dire...

14.Posté par l'équipe de rédaction le 27/08/2009 15:24
Ce texte est publié sur "orthodoxierusseoccident"

Quelques réflexions après la réunion de la commission préconciliaire à Chambésy
Seraphin Rehbinder

Cette réunion était attendue car le problème de l´organisation de la diaspora orthodoxe préoccupe beaucoup de monde. Il est intéressant de se pencher sur ses résultats.

Remarquons tout d´abord, qu´avant la réunion, il n´y a guère eu d´analyses ou de commentaires tant soit peu approfondis de la situation. Les textes apparus étaient quelque peu incantatoirse. Notre grande difficulté à résoudre le problème était attribuée à nos grands péchés ; mais « il n´est pas d´hommes qui vive et ne pêche pas» . De plus, ces grands péchés sont expliqué, plus ou moins ouvertement et directement, par le « nationalisme ». Et enfin ce défaut est généralement lié aux « autres » groupes d´orthodoxes qui empêchent d´adopter ce que nous considérons « nous » comme la solution évidente (et juste) du problème.

Assurément, poser le problème en ces termes, ne facilite pas beaucoup sa solution.
Et, de fait, on peut avoir l´impression que les résultats de la rencontre de Chambésy restent maigres, en deçà des espérances. Il ne faut pas cependant s´arrêter à cette impression mais essayer d´analyser plus en profondeur les travaux de la conférence.
Tout d´abord, il ne s´est produit de catastrophe. La crainte de Dieu, le respect de la conciliarité, partie intégrante de la foi orthodoxe, ont empêché des dérives de type sectaire quand certains affirment que seule leur position est orthodoxe et se coupent de tous ceux qui ne l´adoptent pas. Ceci montre que l´Eglise existe toujours et qu´elle continue à rassembler les hommes.
Cela est sans doute le principal résultat de cet événement. Mais une étude attentive des documents, peu nombreux, rendus publics après la réunion, révèle d´autres raisons de ne pas désespérer.
Tout d´abord, le Patriarcat de Constantinople a confirmé que son interprétation du canon 28 du concile de Chalcédoine ne fait pas obstacle à la recherche d´une solution au problème de la diaspora (1). Le Métropolite Jean de Pergame, qui présidait la réunion, a, en effet, déclaré : « Au moment où ce phénomène [juridictions différentes sur un même territoire] a fait son apparition, le Patriarcat oecuménique a réagi en mettant en relief le 28ème canon du IVe concile oecuménique. Ce dernier stipule que dans les diocèses « occupés par les barbares », c´est-à-dire, situés en dehors des limites géographiques de toute Eglise autocéphale, les évêques seront sacrés par le primat de Constantinople. Certains Orthodoxes ont cependant contesté cette interprétation du canon, ce qui a eu pour résultat son non-respect de la part d´une partie d´eux. Ce n´est pas le moment de débattre de cette question et notre Conférence ne saurait s´en occuper, d´autant plus que la situation déjà formée a posé la problématique d´ensemble sur une autre base. Le Patriarcat oecuménique, sans renoncer à son interprétation dudit saint canon et soucieux de préserver l´unité de l´Eglise orthodoxe qu´il considère comme bien suprême, a accepté la présence dans le domaine de la Diaspora d´évêques d´autres juridictions ecclésiastiques orthodoxes, jusqu´à trouver le moyen de régler les choses conformément à l´ordre canonique exprimé par le 8ème canon du Ier concile oecuménique, et les principes ecclésiologiques fondamentaux préconisés par la foi et la tradition orthodoxes »
Cette déclaration est importante. Elle confirme que si l´Eglise de Constantinople ne renonce pas à son interprétation du canon 28, elle n´en fait pas un critère d´orthodoxie et ne va pas jusqu à rompre avec les (nombreux) orthodoxes qui en ont une autre interprétation.
Elle confirme que la solution du problème doit se faire sur « d´autres bases » que l´application hypothétique de ce canon.
Autre sujet de satisfaction, la liste des participants à la conférence comprenait plusieurs délégués connaissant bien le problème de la diaspora pour le vivre depuis longtemps ou l´avoir longtemps vécu. On doit citer en premier lieu Monseigneur Marc (Arndt) archevêque de Berlin, (Eglise russe hors frontières), faisant partie de la délégation du Patriarcat de Moscou. C´est, en effet, un occidental de souche qui n´a donc connu que la vie dans ce que l´on appelle conventionnellement « la diaspora orthodoxe ». Mais on peut citer aussi Messeigneurs Jérémie Emmanuel, Hilarion, Monsieur Albert Laham, et d´autres.
Tous ces points positifs font que cette conférence est véritablement une consolidation de l´unité orthodoxe après une période très difficile. Et nous rendons grâce à Dieu pour cela.
Il reste cependant que sur la question pendante de la diaspora aucune avancée véritable n´a été possible. La conférence n´a fait qu´entériner les décisions antérieures en les modifiants très peu, ce qui somme toute, n´est déjà pas à négliger.
Mais elle n´a pas franchi le pas qui aurait consisté à faire élire le président des assemblées régionales d´évêques par leurs membres. La présidence restera assurée suivant l´ordre des diptyques c´est à dire suivant l´ordre de préséance qui existe entre les différentes Eglises orthodoxes. Les propositions d´introduire cette modification ne procèdent pas d´une vaine querelle de privilège. La présidence suivant l´ordre des diptyques témoigne de ce qu´il s´agit d´une instance qui réunit les représentants des Eglises autocéphales. Car cet ordre s´applique dans les relations entre les Eglises. Les assemblées régionales d´évêques restent, en quelque sorte, des réunions déconcentrées de délégués des diverses Eglises, représentées dans un lieu donné de la diaspora. C´est le mode traditionnel des relations entre les Eglises. Le choix de s´en tenir à cet ordre de présidence, a entraîné la nécessité de s´assurer par les mesures qui ont été adoptées, que la présidence ne rompe pas l´égalité fondamentale qui existe entre les Eglises autocéphales, puisque l´Eglise de Constantinople n´est que la première parmi des égales.
Autre chose aurait été l´élection du président par les membres de l´assemblée des évêques. Nous serions alors sortis de la voie traditionnelle des relations entre les Eglises, pour affronter la situation nouvelle que constitue l´existence de la diaspora. Le président, élu par ses pairs, n´aurait pas été, dans ce cas, avant tout le représentant de son Eglise d´origine, mais l´émanation des évêques locaux, même si ces derniers appartiennent à des Eglises différentes. Une dynamique locale nouvelle, dont l´ampleur et l´orientation sont impossible à prévoir, aurait pu se développer.

Peut-être est-il encore trop tôt pour s´aventurer sur ces voies nouvelles. Vu la complexité de la situation, il est sans doute nécessaire de ne pas précipiter les choses. Mais il serait tout de même intéressant de connaître les raisons qui ont empêché les membres de la conférence de se mettre d´accord sur une présidence élue, des assemblées d´évêques. Est-ce la volonté de ne pas aller trop vite et se lancer dans des formes encore non explorées dans l´histoire ? Ou est-ce, ce qui serait moins justifié, pour protéger la prééminence de l´Eglise de Constantinople, avec en arrière-pensée, encore l´interprétation que celle-ci fait du canon 28 de Chalcédoine ?
Quoiqu´il en soit, il paraît maintenant difficile d´aller plus loin sans une intense réflexion « conciliaire », c´est à dire commune à tous les orthodoxes. L´explication de nos difficultés par le nationalisme est un peu courte. Il faut réfléchir aux causes profondes qui rendent le problème de la diaspora si difficile à résoudre. Par exemple quel rôle jouent les cultures orthodoxes propres à chaque peuple dans l´ecclésification de la vie dans nos pays? Ces cultures doivent-elles être réduites ou au contraire développées pour éviter une trop grande intellectualisation de la foi ? Peuvent-elles subsister dans une Eglise locale unifiée ? Peuvent-elles se fondre entre elles ? Quelles formes de fonctionnement peut-on imaginer pour une Eglise souhaitant garder plusieurs traditions ethniques, etc.
Il sera, semble-t-il, difficile de résoudre les problèmes de la diaspora sans une réflexion théologique d´ensemble sur ces questions. Nous sommes tous appelés à y travailler.
(1) Nous nous contenterons de citer le texte de ce canon : « Suivant en tout les décrets des saints pères et reconnaissant le canon lu récemment des cent cinquante évêques aimés de Dieu, réunis dans la ville impériale de Constantinople, la nouvelle Rome, sous Théodose le grand, de pieuse mémoire, nous approuvons et prenons la même décision au sujet de la préséance de la très sainte Eglise de Constantinople, la nouvelle Rome. Les pères en effet ont accordé avec raison au siège de l'ancienne Rome la préséance, parce que cette ville était la ville impériale, mus par ce même motif les cent cinquante évêques aimés de Dieu ont accordé la même préséance au très saint siège de la nouvelle Rome, pensant que la ville honorée de la présence de l'empereur et du sénat et jouissant des mêmes privilèges civils que Rome, l'ancienne ville impériale, devait aussi avoir le même rang supérieur qu'elle dans les affaires d'Eglise, tout en étant la seconde après elle ; en sorte que les métropolitains des diocèses du Pont, de l'Asie (proconsulaire) et de la Thrace, et eux seuls, ainsi que les évêques des parties de ces diocèses occupés par les barbares, seront sacrés par le saint siège de l'Eglise de Constantinople ; bien entendu, les métropolitains des diocèses mentionnés sacreront régulièrement avec les évêques de leur provinces les nouveaux évêques de chaque province, selon les prescriptions des canons, tandis que, comme il vient d'être dit, les métropolitains de ces diocèses doivent être sacrés par l'évêque de Constantinople, après élection concordante faite en la manière accoutumée et notifiée au siège de celui-ci. »


15.Posté par vladimir le 27/08/2009 22:53
Merci à la rédaction pour cet excellent article de Séraphin. Le compromis de Chambesy, pour important qu'il soit pour la réunification de l'Orthodoxie en vue du Saint et Grand Concile, n'est qu'un pis aller provisoire en attendant de trouver une solution véritablement canonique pour la diaspora. Tout le monde s'accorde que "En dépit des Saints Canons, les Orthodoxes, en particulier ceux qui vivent dans les pays occidentaux, sont divisés en groupes ethnico-raciaux. Les Eglises ont à leur tête des évêques choisis pour des considérations ethnico-raciales. Souvent ces derniers ne sont pas seuls dans chaque ville et parfois n'entretiennent pas de bonnes relations et se combattent ", ce qui "est une honte pour toute l'orthodoxie et la cause de réactions défavorables qui se retournent contre elle".(1) mais les Assemblée épiscopales ne sont, comme le dit bien Séraphin, qu'un timide premier pas vers l'unification des orthodoxes de la diaspora à chaque niveau, comme l'exigent les canons.

Par contre je ne suis pas certain que l'élection des présidents soient ce progrès décisif que suppose Séraphin: la SCOBA élit son président, comme je le mentionne ci-dessus, mais cela ne lui a pas permis de progresser vers l'unité, alors même qu'elle existe depuis bientôt 50 ans (1960).

@ Francodeport
Vous vous trompez sur l'Orthodoxie: l'Orthodoxie (avec O majuscule et sans ""(3): c'est un nom propre!) N'EST PAS l'Église d'Orient: c'est l'Église du Christ qui "préserve, incorrompue, la doctrine du Seigneur"(4). Bien entendu, il y a dans cette Église des gens qui se trompent et nous sommes tous pêcheurs, mais nous croyons que, dans son ensemble, les membres de cette Église constituent le Peuple de Dieu qui possède et garde cette doctrine véritable: "La constance invariable et la vérité infaillible des dogmes chrétiens ne dépendent pas de l'ordre hiérarchique, ils sont gardés par la totalité des fidèles de l'Église, qui est le corps du Christ"(5). Cela fait partie de ces fondements de la foi que partagent tous les Orthodoxes, qui les cimentent et en fait, par la grâce du Saint Esprit, le Corps du Christ dont parle Saint Jean de Kronstadt.
Amen

Notes:
(1) Lettre du patriarche Alexis 2, de bienheureuse mémoire, au patriarche Bartholomé 1 datée du 18 mars 2002. Elle contient aussi une excellente contre-analyse du canon 28 que cite Séraphin
(2) The Standing Conference of the Canonical Orthodox Bishops in the Americas (cf. http://www.scoba.us/)
(3) C'est "Dieu" et "Christ" que je trouve surprenants avec des "": je ne comprends pas comment ces Noms peuvent être "galvaudés". Ils constituent déjà des manifestations de l'Incarnation, de la présence divine et salvatrice par nous. On ne peut les prononcer sans crainte et sans respect: "Tu n'utiliseras pas le nom de Dieu pour tromper" proclame le Décalogue
(4) D'ailleurs les termes "Église d'Orient" et "Orthodoxes orientaux" désignent les Chrétiens qui se sont séparés du corps principal de la Chrétienté au IV-Ve siècles, avant le 4ème Concile œcuménique (Calcédoine, 451). Cf. Callisto Ware, "L'orthodoxie, l'Église des sept Conciles" p.10
(5) Khomiakov, cité par Callisto Ware, op. cité p. 324

16.Posté par Marie Genko le 29/08/2009 22:21
Merci à Vladimir et Séraphin pour ces très intéressants commentaires concernant Chambésy.
Si j'ai bien compris la pensé de Séraphin, l'élection du président de l'assemblée des évêques de France, serait un premier pas vers la reconnaissance de l'Église Locale Orthodoxe en Occident.
Ce pas n'a pas été franchi.
Personnellement, je pense qu'il s'agit là d'une sage démarche.
Car établir une Église Locale sur le territoire de l'évêque de Rome serait nier aux Catholiques et aux Protestants leur état de chrétiens!
Nous devons tout de même garder en mémoire que nous ne sommes pas ici en Occident sur la terre barbare à laquelle se réfère le canon contesté du concile de Calcédoine (Canon 28).
Nous sommes sur une terre christianisée depuis les tout premiers siècles.
Les exilés russes ont été accueillis fraternellement par cette France qui s'est appelée autrefois
"La Fille aînée de l'Église".
Établir une Église Locale serait un camouflet pour nos frères séparés!
Aujourd'hui les fidèles de nombreuses confessions chrétiennes ont soif de communion à un même calice. Et nous sommes nombreux à prier pour que l'Esprit Saint permette ce miracle!
Et ce n'est certainement pas en considérant avec suffisance que nous sommes sur une terre barbare, que nous allons œuvrer à cette réconciliation!
Tout comme nos théologiens et nos prélats ont le souci de l'unité de l'Orthodoxie, de même chacun de nous est responsable de cette nécessaire reconstruction du Corps indivisible de l'Eglise du Christ!
Et comment pourrions nous croire un seul instant que le Seigneur abandonnera ses enfants en Occident?


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