V.Golovanow

Le slavon constitue une partie intégrante de la tradition liturgique de l'Eglise russe.
Il a absorbé de nombreux traits du grec ancien, la langue du Nouveau Testament et des saints Pères, et les particularités de la langue vernaculaire des anciens slaves, et l'expérience des saints ascètes qui s'adressaient à Dieu avec les mots des prières slavonnes. Le slavon est la langue liturgique utilisée par tous dans l'Eglise russe. Il n'est pas seulement la richesse de notre Eglise locale, mais aussi un trésor culturel de l'humanité qu'il faut garder et conserver.

Point 1 du "Projet de document sur le slavon dans la vie de l'Église russe du XXIe siècle" (1) traduction VG

Il s'agit de l'un des projets de documents actuellement soumis à la consultation publique par la CI (2). Ce projet a été élaboré en 2010, revu par la commission de rédaction présidée par le patriarche le 13 janvier 2011 et le Présidium de la CI a décidé le 26 juin 2012 de le diffuser aux diocèses et de la soumettre au débat. Il est donc disponible sur le site de la CI et le débat est très animé.(3) Je n'en connais pas de traduction et j'en propose ci-dessous un résumé (j'ai rajouté un sous titre à chacun des ponts du texte) avec un aperçu du débat in fine

RESUME DU PROJET DE DOCUMENT " LE SLAVON DANS LA VIE DE L'ÉGLISE RUSSE DU XXIe SIECLE "

Point 1: traduit in extenso en introduction.

Point 2: histoire
Il trace l'histoire du slavon depuis les premières traductions des saints Cyrile et Méthode (IXe) jusqu'à l'introduction de l'imprimerie, quand il a fallu faire un choix parmi les manuscrits à imprimer. Ce sont les éditions imprimées grecques des XVIe-XVIIe siècles qui ont servi de référence principale et la réforme nikonienne (4) qui a rendu les textes slavons plus difficiles à comprendre en introduisant des tournures propres aux originaux grecs au dépends de la stylistique slavonne et en reproduisant des formations lexicales empruntées au grecs. Cette difficulté a de plus été accentué par le fait que le russe vernaculaire s'est considérablement éloigné du slavon aux XVIII-XIXe siècles.

La question de l'incompréhension des offices s'est posée de façon aigue dès la fin du XIXe siècle, le document de la CI citant des interventions de saint Théophane le Reclus (5) et des évêques diocésains interrogés sur la réforme de l'Eglise, dont le futur patriarche saint Tikhon (6) qui tous demandent la révision des textes liturgiques. Cette révision a commencé en 1907 … pour s'arrêter en 1917.

Point 3: révision des textes slavons
La question de la révision des textes reste d'actualité et il convient de souligner que les corrections doivent se faire avec de grandes précautions et recevoir l'approbation du synode confirmée par le concile épiscopal. Seuls les livres adoptés par la haute autorité ecclésiale doivent être utilisés pendant les offices.

Point 4
: principes de base
La question de la révision des textes a été reprise dès le concile épiscopal de 1994, qui avait décrété de reprendre les travaux interrompus en 1917. Le concile de 2000 avait décidé la création d'une commission spéciale sur la Liturgie mais, le sujet étant de fait toujours en suspens, il convient que le saint Synode crée un organe spécifique pour ce faire. Il aura pour mission de comparer systématiquement les textes liturgiques avec les originaux grecs et les anciens manuscrits slavons et d'expliciter les passages difficiles à comprendre en se fondant sur les principes suivants:

I. La langue fondamentale des offices dans l'Eglise russe est le slavon. Par contre l'homélie, qui est une part essentielle de l'office, se prononce en langue contemporaine (russe, ukrainien, moldave, biélorusse, et dans les langues des peuples qui composent le troupeau multinationale de l'Eglise russe)

II. Avec la bénédiction de l'Autorité ecclésiale, des textes liturgiques en langues nationales sont utilisés dans l'Eglise russe. Ces textes doivent transmettre exactement le sens de l'original, être compréhensibles pour les croyants et rendre la tradition de solennité de la langue liturgique qui caractérise l'Orthodoxie.

III. La clarification des traductions en slavon des textes grecs doit, en premier lieu, les passages dont la compréhension est difficile.

IV. Une attention particulière doit être apportée au choix des mots employés: remplacement complet des mots slavons peu compréhensibles et aussi de ceux qui, en russe actuel, on un sens complètement différent de leur sens slavon (exemples en note). Leurs équivalents doivent être recherchés non dans le russe littéraire mais dans le slavon, ce qui permettra d'assurer la conservation de l'unité de style et de la tradition du texte liturgique. De plus, il convient de s'éloigner d'une imitation exagérée de la syntaxe grecque là où c'est indispensable et possible.
(VG: ce passage a été traduit in extenso)

Point 5: améliorer la connaissance du slavon
Il est indispensable d'organiser l'étude du slavon: la plupart des croyants ne le connaissent que superficiellement, par la participation aux offices. Il faut préparer de nouveaux supports d'étude, en utilisant les nouveaux media…

Il faut aussi développer la recherche, présenter le rôle du slavon dans les conférences internationales… etc

Point 6: améliorer les moyens de communication
La difficulté de compréhension provient aussi en partie de la mauvaise diction des lecteurs et chantres et de difficultés acoustiques: le Concile appelle les évêques diocésains à contrôler les problèmes de diction, à mettre en œuvre les techniques modernes de sonorisation là où le besoin s'en fait sentir et à dévoiler le sens profond des textes slavons dans leurs homélies.

Point 7

Le Concile souligne la nécessité de la révision des textes liturgiques pour que les croyants puissent comprendre le sens des offices, en citant une lettre de 1955 de saint Athanase de Kovrovsk (7) et le patriarche Alexis II de bienheureuse mémoire, et appelle les évêques "à prendre le plus grand soin de la Tradition de l'Eglise tout en enseignant avec ardeur la parole de Dieu au troupeau qui leur est confié."

LE DEBAT


Comme le remarque le père (ibid. 2 note 7), le débat est extrêmement riche quantitativement, avec plusieurs milliers de commentaires, mais il s'agit principalement "d'un dialogue de sourds entre deux camps opposés." En fait les deux partis s'opposent au texte proposé en partant de positions contraires: l'un des camps refuse la moindre modification des textes slavons traditionnels alors que l'autre demande leur traduction en russe vernaculaire (dont il n'est pas question dans le texte de la CI en dehors de la mention des "langues nationales" et pour l'homélie)… Le tout à grand renfort de citations des écritures, des pères et de saints russes…

Je n'ai pas remarqué de participants étrangers et je ne sais pas si des diocèses en dehors des frontières traditionnelles de l'Eglise russe participent au débat (aucun n'est cité parmi les diocèses "actifs" dans les débats proposés par la CI). Je n'ai pas vu que ce débat ait été lancé au sein de notre diocèse de Chersonèse: le site PO pourrait peut être servir à cela…

Notes
(1)
(2)
(3) Voir analyse du débat sur (1) et forum de discussion ICI
(4) Les réformes liturgiques entreprises du patriarche Nikon (1605-1681, de 1652 à 1658), dont la correction des livres liturgiques,
amenèrent le schisme des "Vieux-croyants" ("Raskol") qui persiste toujours.
(5) WIKIPEDIA
(6) "Remarques des évêques diocésains à propos de la réforme de l'Eglise" («Отзывы епархиальных архиереев по вопросу о церковной реформе»), 1905-1906, réédition Moscou, 2004, ISBN 5946880071.
(7) saint Athanase de Kovrov: 1887-1962. Participe au Concile local de 1917-18, sacré évêque e Kovrov en 1921. Arrêté pour la première fois en 1922. Il refuse de commémorer le métropolite puis patriarche Serge sans participer à l'Eglise des catacombes et sera emprisonné pratiquement en permanence jusqu'en 1954, même après sa réintégration dans l'Eglise russe (1945). Canonisé en 2000. Fête le 15/28 octobre ICI






Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 11 Décembre 2012 à 14:03 | 2 commentaires | Permalien



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