Le sujet de cet article concerne catholiques comme orthodoxes : la vie monastique étant inhérente à ces deux confessions chrétiennes. Dans la Russie de maintenant où la vie dans le monde est souvent très dure les vocations sont de plus en plus nombreuses, la quantité de monastères est depuis 1990 en croissance exponentielle.

Résultats de notre sondage sur la réaction des parents face à la vocation religieuse de leurs enfants

« La réhabilitation des toxicomanes en Russie grâce à l'Eglise Russe Orthodoxe. Ces jeunes, qui se sentent vides intérieurement, apprennent à se reconstruire en respectant les règles de la vie monastique avec les offices religieux, la prière et le travail obligatoire. La réalité de la situation en Russie revêt l'ampleur d'une catastrophe nationale. Les drogues détruisent maintenant ceux qui n'avaient pas été détruit par l'alcool.
Quelques aspects de la vie monastique en Russie et ailleurs...

Aujourd'hui, l'Eglise Russe Orthodoxe offre à ces jeunes perdus et à leurs parents dépassés par les événements, un sens à la vie et la force de dépasser leur souffrance par la foi et l'amour de Dieu "KTO" sur La Russie : J'ai rencontré Dieu dans les ténèbres: "Ce documentaire de 1998, raconte, après les années communistes qui ont vu la destruction massive des églises, les premiers efforts de l'Église orthodoxe russe, pour toucher les villages des steppes où il n'y avait ni prêtre ni église. Nous suivons une église flottante sur le fleuve Volga s'arrêtant de village en village pour faire renaître la foi orthodoxe russe."

Joie et douleur des pères et mères de religieux

Il faut du temps à ceux dont un fils ou une fille embrasse la vie religieuse pour découvrir que ce choix les ouvre à une relation plus profonde.

Chaque fois qu’elle pénètre dans la cour du monastère de Chalais (Isère), Catherine Longé-Maillé, 56 ans, éprouve un sentiment paradoxal. Le cadre est splendide, majestueux dans son écrin du massif de la Chartreuse. Mais elle pense à sa fille, Sœur Julie, 32 ans, qui passera toute sa vie ici, sans jamais quitter la communauté de moniales dominicaines où elle a prononcé des vœux définitifs.

Catherine, juriste de l’administration dans les Hauts-de-Seine, a appris à aimer la communauté de Chalais, ses 17 religieuses contemplatives, des femmes « remarquables » qui sont devenues comme une deuxième famille. Elle a accepté le choix de sa fille. Mais elle reconnaît qu’il y a toujours des moments difficiles.

« Physiquement, elle me manque : la toucher, l’embrasser, prendre un thé avec elle… Il a fallu renoncer à ces petits bonheurs, soupire-t-elle. Sa grand-mère paternelle est décédée il y a deux mois. Elle comptait énormément pour nous. C’est elle qui avait initié ma fille à la foi lorsqu’elle était petite. Mais Julie n’a pas pu aller à l’enterrement. »
Comme bien des mères, Catherine avait pressenti la vocation de l’aînée de ses deux filles, avant que la jeune etudiante, secrète, ne se décide à annoncer son départ pour Chalais lors d’une réunion de famille. La séparation n’en fut pas moins douloureuse.
Quelques aspects de la vie monastique en Russie et ailleurs...

« J’ai vraiment compris le jour où je l’ai conduit au monastère »

« J’avais l’impression de la perdre », confie Catherine. Et pourtant, une joie nouvelle s’est fait jour peu à peu : celle de voir sa fille heureuse, et même épanouie. « Elle a beau être dans un lieu fermé, elle s’ouvre, grandit dans sa personnalité. Cela m’interroge », remarque Catherine.

Joie et douleur, incompréhension et consentement, ces sentiments puissamment mêlés traversent le cœur des parents de religieux, confrontés à l’un des choix les plus radicaux qui soit.

Hubert Hulot, président de l’association « Trait d’Union » pour les parents de contemplatifs, a éprouvé au plus profond de lui cette ambivalence : il accepte spirituellement une trajectoire qui reste humainement difficile à vivre. Avec sa femme, ce catholique fervent avait pourtant eu le temps de se préparer à la séparation, car son fils, alors adolescent, leur confia son désir d’être prêtre. À 20 ans, il quitta finalement le siècle pour entrer dans l’abbaye bénédictine de Fontgombault (Indre).

« Je n’avais pas réalisé ce que cela voulait dire, avoue Hubert Hulot. J’ai vraiment compris le jour où je l’ai conduit au monastère et où il a franchi la clôture. Il m’a fallu beaucoup de temps pour accepter : son absence aux fêtes de familles, aux mariages de nos autres enfants, et, maintenant qu’il est au monastère aux États-Unis, de ne le voir qu’une fois par an. »

L’apaisement est venu au fil des rencontres avec son fils. « Ma plus grande satisfaction, c’est de voir que, vingt ans après, il est toujours le même : il a gardé la fougue et la force de caractère de sa jeunesse. Il semble épanoui », ajoute son père.

« Ce sont souvent les mères qui acceptent le mieux »

Le noviciat est souvent la grande épreuve, car cette période probatoire au cours de laquelle le jeune religieux n’a droit qu’à de rares visites, accentue la rupture pour les parents, qui ne sont pas préparés ou accompagnés.

Pendant les deux ans de noviciat de son fils jésuite, Jacques (1), 71 ans, a refusé de profiter de l’unique entrevue annuelle autorisée. Pour signifier qu’il contestait une mesure exagérément contraignante. Il n’a pas non plus assisté à la cérémonie des vœux. Dix ans après, il dit s’être fait une raison, mais il a encore du mal à comprendre pourquoi Benoît ne fête pas Noël en famille.

Pour cet ouvrier à la retraite, il a fallu tirer un trait sur les ambitions qu’il nourrissait pour son fils. « Il pouvait faire une bonne carrière d’ingénieur. Et j’aurais pu avoir un petit-fils qui porte mon nom », regrette-t-il.

Son épouse, Anne, enseignante, tempère : « J’ai toujours estimé que nous n’avions pas à imposer un modèle à nos enfants, mais que notre rôle était de mettre au maximum à profit leurs talents et les laisser choisir leur vie. De toute façon je ne vois guère plus ma fille qui vit à Clamart. »

« Ce sont souvent les mères qui acceptent le mieux, relève Jean-Philippe Valentin, président de l’Association nationale des parents de prêtres, religieux et religieuses. Les pères expriment différemment leur peine. Ils sont souvent d’un grand mutisme. Cela demande du temps, il ne faut rien brusquer. »

C’est dans le soutien et le témoignage d’autres familles de religieux que les parents ressentent le plus vivement une consolation et acceptent progressivement la vocation de leur enfant dans une société déchristianisée où ce choix singulier est difficile à assumer.

« On ne le perd pas, on le gagne »

Si le départ d’un enfant au monastère comporte une part de deuil, de nombreux parents témoignent aussi des joies d’une relation nouvelle, plus intime avec lui. « Nous apprenons à nous aimer autrement, confie Geneviève, qui parle désormais à sa fille de 22 ans à travers les grilles du carmel d’Ars, dans l’Ain. Elle est curieuse de chacun, plus disponible. On est étonné de la voir autant au courant de la vie du monde. Nous nous voyons peu, mais nous nous confions des choses plus profondes. »

« On ne le perd pas, on le gagne », résume de son côté Catherine Gérardin, mère de Frère Oliveto, olivétain de l’abbaye de Maylis (Landes). Souvent, lorsqu’elle se réveille la nuit, Catherine pense à son fils qui se lève tôt pour prier et s’adresse elle aussi à Dieu.

En quittant tout pour chercher Dieu, les consacrés entraînent à leur suite leurs parents dans un chemin de croissance spirituelle. Ainsi, pour Catherine, la maman de Sœur Julie. « J’avais fermé la porte à Dieu. Le choix de Julie a été une révolution pour moi. Je me suis posé de nombreuses questions. J’ai redécouvert la foi, tout simplement. »

Le monastère? un repère pour les proches du religieux
Clémentine Basanese, 63 ans, retraitée, témoigne elle aussi du chemin spirituel parcouru. Son fils a été ordonné prêtre en 2008 dans la Compagnie de Jésus. Elle le voit trois fois par an et l’appelle régulièrement. Celle qui ne pratiquait plus qu’occasionnellement éprouve aujourd’hui le besoin d’aller à l’église tous les jours. « J’ai l’idée que le Seigneur m’a guidée avant l’entrée au noviciat de Laurent pour me préparer à l’accompagner par la prière dans son ministère. »

De nombreux parents tissent des liens étroits avec les frères ou les sœurs en religion de leur enfant. Le monastère devient un repère stable pour les proches du religieux. Jean Sujobert, 94 ans, souligne que son fils, trappiste à Tamié (Savoie), a fait l’unité de la tribu. Chaque année, à la Toussaint, ses huit enfants et 20 petits-enfants avaient coutume de se retrouver à l’hôtellerie.

« Une branche de la famille a lâché la religion, mais ils demeurent liés à Pierre, constate son père. Il les a beaucoup accompagnés lorsqu’une de mes petites-filles a perdu son enfant de 3 ans. »

Aujourd’hui, Jean Sujobert et sa femme, qui vivent près de Strasbourg, sont trop âgés pour se rendre chaque année à Tamié. « Notre fils nous téléphone tous les soirs quelques minutes. Il est finalement le plus proche de nous spirituellement. »

La CROIX
Céline HOYEAU (avec Bruno BOUVET)


(1) Certains prénoms ont été modifiés.
Quelques aspects de la vie monastique en Russie et ailleurs...

Rédigé par l'équipe de rédaction le 13 Novembre 2016 à 18:16 | 2 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Clovis le 17/11/2016 12:43
Dans le chapeau de l'article il est écrit : ""Dans la Russie de maintenant où la vie dans le monde est souvent très dure les vocations sont de plus en plus nombreuses, la quantité de monastères est depuis 1990 en croissance exponentielle. ""

Est-ce là la seule raison ? Croire qu'on se met à l'abri en allant au monastère ? "Logé, nourri, blanchi"
C'est foncièrement réducteur, et cela n'a rien à voir avec les témoignages des jeunes moines russes orthodoxes que j'ai pu rencontrer.
Certes il peut avoir convergence entre les phénomène, la crise des années 90 et le renouveau de la foi après la fin du régime communiste, mais les causes et les effets sont différents.

C'est d'ailleurs pour cela qu'avant d'entrer pour de bon au monastère, il y a le noviciat, sorte de mise à l'épreuve non seulement de la vie cénobitique, et recluse, mais aussi sur l'adéquation de l'impétrant à cette vie monastique, et sur sa foi.

Aussi les monastères catholiques et orthodoxes sont radicalement opposés, leur présence dans le monde, et même leur "usage" que les gens du monde y peuvent en faire. On y est trié sur le volet et ceux qui y viennent pour de mauvaises raisons telles que précédemment évoquées, en règle générale, ne passent pas le test, qu'on se le dise.

Les derniers monastères encore debout dans ce pauvre pays qu'est la France, sont, somme toute, assez reclus (du moins pour ceux qui ont un certains dynamisme comme Fontgombault précité) tandis que les monastères en Russie sont souvent au cœur même des villes. Qu'il n'y est pas rare de croiser des moines et des hiéromoines dans la rue, et qu'il y a une réelle présence du clergé dans le monde. Présence qui plus est visible et "ostentatoire" pour parler comme un républicain Certes il n'est pas rare de croiser une bonne soeur dans certaines villes françaises, mais là encore, l'expérience est très différente.
Après la hiérarchie ecclésiale y est encore différente entre le clergé "noir" orthodoxe et le clergé monastique catho. Et je ne parlerais pas du clergé blanc, des prêtres mariés qui sont un réel atout et un exemple de sanctification et de présence évangélique du monde et dans le monde,

Et l'église catholique y est vraiment handicapée et boiteuse sur tous les points., C'est un religion qui ne semble plus pouvoir s'accomplir, et encore moins sa mission. Certes l'on pourrait évoquer le certain dynamisme des milieux tradis, mais pour bien connaître ce milieu FSSPX etc..., C'est souvent du formalisme, c'est un premier pas certes, mais ce ne doit pas être la raison.
Aux mauvaises questions l'on apporte inévitablement de mauvaises réponses, ce qui donne cette situation paradoxale et ubuesque du vatican qui ouvre grand ses portes mais se révèle incapable d'accueillir les plus ultramontains d'entre-eux... Plus catholiques que le pape, ce qui n'est hélas pas nouveau.
Le catholicisme romain est devenu avec le temps et l'usure, l'érosion du siècle et du monde, une religion brouillonne, ses églises se vident, mais lorsque son "chef" se déplace, il n'y pas assez de place dans les stades et sur les plages. Elle dispose de trésors millénaires mais préfère la nouveauté et le new age. L'on y est très formaliste, mais le fond est relativisé dans un syncrétisme incompréhensible, puisque l'église catholique elle-même est divisée.
Elle cherche partout à être dans le monde, et pourtant ceux qui y sont vraiment fidèles se retirent du monde pour accomplir leur foi....

2.Posté par Vladimir G: LE RENOUVEAU MONASTIQUE EN RUSSIE le 18/11/2016 11:11
LE RENOUVEAU MONASTIQUE EN RUSSIE

Du 21 au 25 septembre 2016 ont eu lieu à Moscou des célébrations solennelles dédiées au millénaire du monachisme russe sur le Mont Athos. L’archimandrite Luc (Mourianka), recteur du Séminaire de la Sainte-Trinité à Jordanville (Église russe hors-frontières) aux États-Unis a participé à celles-ci, notamment à la conférence académique et à l’assemblée des pères et mères higoumènes de l’Église russe. Le diacre André Psarev a rencontré le père Luc et lui a demandé d’évoquer ses impressions. (http://orthodoxie.com/category/actualites/)

3 illustrations sur https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1619697908326874&id=100008600417897

En voici un court extrait particulièrement significatif mais tout le texte est très intéressant. J'ai rajouté des coupures de paragraphe et des sous titres pour faciliter la lecture

LE NIVEAU DES DISCUSSIONS ETAIT HONNETE ET OUVERT

C’était très « désaltérant ». Je me rappelle, il y a cinq à dix ans, alors que j’étais en Russie dans le cadre des commissions pour la réconciliation de nos deux Églises, il n’y avait guère le souhait de parler avec franchise sur ce qui s’était produit durant les 70-80 dernières années. Même lorsque nous avons fait mention de certaines choses, se manifestait, semblait-il, une sorte de réticence lors des discussions. Mais cette fois-ci, j’ai entendu parler à plusieurs reprises, tant par S.S. le patriarche Cyrille que par les autres intervenants, des destructions accomplies par les bolcheviques, leurs violences, les tueries massives, etc. La discussion était très ouverte, alors qu’avant ils s’efforçaient de ne pas parler de ces choses.

Cette fois, il n’y avait absolument plus aucun doute, et la dernière chose dite par le patriarche était : « Nous serons bientôt en 2017, et ce sera le temps opportun pour nous de nous rappeler et de refaire l’examen tout ce qui nous est arrivé et pourquoi ». Pour la Russie, il est très important d’avoir une compréhension véritablement orthodoxe, spirituelle, de la révolution – non pas politique, mais spirituelle – de ce que cela signifie et comment cela s’est produit. Comme on le dit : « C’est comme si Dieu avait dit : « Vous voulez créer le paradis sur terre ? Alors essayez, et regardez ce qui en résulte. Regardez si vous pouvez vivre sans Moi et sans le tsar russe gardé de Dieu ». St Jean de Cronstadt disait qu’il ne fallait pas toucher à l’Oint de Dieu [le tsar], sans quoi il y aurait une effusion de sang. Et c’est ce qui s’est produit précisément, c’est ce que qu’avaient prévu les prophètes russes. Je pense que tout cela est repensé maintenant.

NOUS NE DEVONS PAS SORTIR AVEC LE MARTEAU OU LA HACHE ET IMPOSER AUX GENS LA DISCIPLINE MILITAIRE

Et de ce que j’ai vu se dégage une très bonne perspective. Le patriarche a mentionné beaucoup de faiblesses dans la vie monastique, dont certaines, au demeurant, existaient dans la Russie prérévolutionnaire. Il a dit que le monastère doit être un lieu de prière et non un kolkhoze, où les gens simplement travaillent. Il a encore dit que nous devions être très prudents, ne pas penser que la vie monastique correcte résultera du travail jour et nuit. Il a ajouté que ce n’est pas du tout cela pourquoi nous étions réunis ici. On peut dire qu’il nous a fait des reproches, il nous a dirigés, a parlé des défauts du passé et du présent, avec l’espoir qu’ils ne se transmettront pas dans l’avenir, que la situation s’améliorera. En conclusion, Sa Sainteté a dit qu’il fallait faire tout très prudemment et avec amour. Nous ne devons pas sortir avec le marteau ou la hache et imposer aux gens la discipline militaire. Il ne faut absolument pas corriger les choses de cette façon ; lorsque nous commençons à appliquer la règle, il faut se souvenir de la personne concrète. Je considère que cela est absolument correct, et je l’ai toujours pensé ainsi. Si vous voulez, une bonne conclusion de cette interview serait de rappeler l’approche individuelle de l’homme et de la manifestation de l’amour envers lui. Lorsque vous commencez à appliquer des règles etc., vous devez le faire avec amour et vous rappeler de la personne individuelle et ne pas insister pour imposer une seule règle à tout le monde. Il faut avoir cela en vue. Il y a des choses communes qui sont bonnes et auxquelles on doit aspirer. Lorsque nous commençons à corriger et à diriger, il faut prendre en compte l’époque à laquelle nous vivons et les personnes avec lesquelles nous parlons.

Nouveau commentaire :



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile