Rue DARU: Aventures d’un Tomos en 1998-2000
Le monde orthodoxe connaît actuellement une situation plus que compliquée en Ukraine; il s'agit, en particulier, de l'octroi par le Phanar d'un Tomos Les choses se répètent, l’Archevêché a connu une situation similaire en 1998-2000. Le texte qui suit reflète la stricte réalité. Il en existe des témoins.

Le 18 octobre 1999 une enveloppe froissée du Patriarcat arriva en courrier simple à l’Archevêché. Mais....le texte de Tomos, en grec exclusivement contenu dans l'enveloppe n’était pas celui proclamé, ni sur les dix points essentiels ni sur le préambule, mais à quelques détails près un nouveau texte très proche de celui qui avait été apporté de Constantinople, par le Métropolite Méliton, le 19 juin 1999.Des remarques sur ce texte furent rédigées avec Mgr Serge...... De nouveau il y eu des rencontres avec Mgr Jérémie, très gêné, des appels téléphoniques directs au Patriarche Bartholomée. Le 11 novembre 1999 Mgr Serge, Mgr Jérémie et le secrétaire de l’Archevêché se retrouvaient à Constantinople dans le bureau du Patriarche Œcuménique en sa présence et celle de Mgr Méliton. Entrevue orageuse....


Le « TOMOS »

Après les, laborieuses, discussions pour l’acceptation par Constantinople, des nouveaux statuts de l’Archevêché, l’accord final pour ces statuts fut fêté le 3 décembre 1997 dans le bureau même du Patriarche. C’est dans ce climat d’euphorie que fut soulevé par un des membres de la délégation de l’Archevêché le problème de la « dépendance » de fait de l’Archevêché vis-à-vis de la Métropole de France ( Mgr Jérémie était présent ). Le Patriarche accepta les remarques faites et dit même « je suis au courant » et il dit à Mgr Serge « proposez moi quelque chose . Je suis d’accord pour que vous soyez associés à la rédaction du texte qui définira votre large autonomie » Un compte rendu de ce voyage fut rédigé et un exemplaire remis à Mgr Jérémie.

C’est ainsi que le 16 décembre 1997 le Conseil de l’Archevêché créait un groupe de travail pour élaborer une proposition pour le Conseil. Furent désignés pour participer à ce Groupe de Travail : les pères Boris Bobrinskoy, Nicolas Ozoline, Nicolas Rehbinder et Michel Milkovitch, Antoine Nivière, Serge Obolensky, Vadim Tichonicky, Basile de Tiesenhausen.

Le 26 février 1998 le groupe présentait au Conseil un texte ayant obtenu le consensus de tous ses membres. Les points qui - de l’avis du groupe - devaient, d’après eux, figurer obligatoirement dans le texte final qui serait élaboré à Constantinople étaient :


• maintien de l’unité de l'Archevêché avec à sa tête un Archevêque dirigeant portant le nom de sa charge
• maintien de l’organisation ecclésiastique ( Concile de Moscou de 1917-18)
• conservation de nos traditions

• élection par une Assemblée Générale de l’Archevêché de son Archevêque dirigeant et de ses Evêques
• dépendance directe du Trône Œcuménique
• relation privilégiée avec le Patriarcat de Moscou
• relation privilégiée avec le Métropolite Grec de France
• relations paritaires avec les autres Métropolites Grecs en Europe Occidentale
• que les textes officiels qui nous sont adressés de Constantinople, le soient en français.

Les points clés furent longuement débattus aux Conseils et celui du 10 mars 1998, après approbation chargea une délégation composée du père Boris Bobrinskoy, et de B. de Tiesenhausen de présenter au Métropolite Jérémie et discuter avec lui le document de synthèse élaboré par le Conseil et intitulé « Situation de l’Archevêché dans l’obédience de Constantinople ».

Le document fut présenté au Métropolite Jérémie le 24 mars 1998 et lu ligne par ligne par le père Boris et chaque mot commenté.
Le Compte Rendu de cette entrevue, établi pour Mgr Serge mentionne les réactions de Mgr Jérémie :

• le Patriarche Œcuménique attend la démarche que vous commencez aujourd’hui. Mgr Méliton me l’a rappelé
• Votre nouveau statut de l’Archevêché a été le premier pas
• ( Votre idée a été annoncée au Patriarche lors de votre venue en
décembre 1997 et elle a été acceptée. Cela a été un geste de la part du Patriarche Œcuménique
• Depuis longtemps j’ai cherché à vous faire donner une dépendance directe du Saint Trône
• Votre document est un bon travail.
• Je pense que nous avons abouti.

En conclusion Mgr Jérémie s’est engagé à traduire le texte remis, en grec, le faire parvenir au Patriarche et de demander à Constantinople que tous les textes officiels ( ceux qui font foi ) soient écrits, aussi ,en français. Et finalement de demander des dates possibles pour des rencontres au Phanar.

Une date fut donnée pour le 30 juillet 1998. Date qui fut reportée le 28-7-1998 au 2-8-1998 puis aux 10-13 octobre 1998. L’Archevêché ayant rappelé que le Patriarche Œcuménique avait accepté que l’Archevêché soit associé à la rédaction du texte proposa qu’il y ait le déplacement de une ou deux personnes avant la séance plénière pour préparer le travail. Cette proposition fut déclinée à la raison que cela n’était pas en usage à Constantinople., tout comme fut repoussée la demande de communiquer à l’Archevêché, avant la réunion plénière, le texte, en français, préparé par la Commission des Eparchies à partir de la note envoyée par l’Archevêché ( via Mgr Jérémie ).

La date du 10 octobre fut reportée aux 19-20 octobre 1998.

Le 5 octobre Mgr Jérémie convoquait Mgr Serge et le secrétaire de l’Archevêché pour leur faire part que le texte de « Tomos » préparé présenté au Saint Synode avait suscité des « incompréhensions » et que c’était cela qui avait provoqué les reports précédents. Que Mgr Jérémie avait du se rendre à Constantinople pour faire du « lobying » et que maintenant les principaux problèmes étaient réglés. Mgr Serge n’a pas su lesquels mais a reinsisté sur le problème de langue et de traduction lors des prochaines réunions au Phanar.

Les réunions se succédèrent les 19 et 20 octobre avec des discussions où le problème de langue devint aigu. (le diacre traducteur désigné par le Phanar s’étant révélé insuffisant ce fut le Métropolite Jérémie qui assura - fort bien - le rôle de traducteur - interprète.).

Cela ne régla pas complètement la difficulté de discuter sur des textes écrits en grec et de plus modifiés d’heure en heure.

La délégation de l’Archevêché quitta Constantinople à charge pour celui-ci d’adresser par courrier le projet censé être la synthèse des discussions. Cette synthèse arriva à l’Archevêché le 23 novembre 1998 en grec. Après traduction par Mgr Jérémie et discussions internes le secrétaire de l’Archevêché adressait par courrier recommandé avec accusé réception une lettre au Président de la Commission Synodale des Eparchies le Métropolite Joachim de Chalcédoine pour lui :

• communiquer la dernière version du texte en grec et en français traduite et revue par le Métropolite Jérémie
• rappeler l’engagement pris par le secrétaire Synodal le Métropolite Méliton de proposer des dates (proches ) à l’Archevêché pour la fixation définitive de ces deux textes
• confirmer que, à l’une des dates à proposer par Mgr Méliton, Mgr Serge, Mgr Jérémie et le secrétaire de l’Archevêché se rendront à Constantinople pour signer conjointement ( Mgr Méliton et Mgr Serge ) les deux textes.
• confirmer que dès que l’Archevêché sera en possession de ces deux textes signés il aura à convoquer une Assemblée Générale Extraordinaire.Celle-ci devant prendre connaissance du texte du projet de « Tomos » et aura à procéder aux adaptations correspondantes des statuts de l’Archevêché Parmi ces adaptations il y aura les modifications demandées par Constantinople des articles 33 et 44 de ces statuts.
• Rappeler qu'à l’issue de l’Assemblée Générale l’Archevêché l’informera de l’adoption des points ci-dessus afin que SS le Patriarche puisse comme convenu en octobre envoyer à l’Archevêché le « Tomos » officialisant la nouvelle position de notre Archevêché au sein du Patriarcat Œcuménique.

La date de finalisation du texte fut fixée aux 8 et 9 février 1999 et les documents « finaux » du projet de « Tomos » furent signés au Phanar le 9 février 1999 par l’Archevêque Serge et le Métropolite Méliton en présence du Métropolite Jérémie et du secrétaire de l’Archevêché.

L’Assemblée Générale Extraordinaire, de modifications des statuts, (compte rendu en lieu le 1° mai 1999 et le 3 mai l’Archevêque Serge en rendait compte ( annexe 48 ) au Patriarche Bortholomée en lui demandant la confirmation de la date retenue pour la proclamation officielle à Paris de ce « Tomos ». Cette date - le 20 juin 1999 - fut confirmée et le Métropolite Méliton désigné, par Constantinople, pour effectuer au nom du Patriarche Œcuménique la lecture du « Tomos » du haut de l’Ambon de la Cathédrale Saint Alexandre Nevsky à Paris.
Le 19 juin 1999 Mgr Serge, Mgr Jérémie et le secrétaire de l’Archevêché accueillirent Mgr Méliton à l’aéroport de Paris .

***

Au cours du déjeuner qui suivi Mgr Méliton remit au secrétaire une enveloppe en disant « c’est le texte de la proclamation que je vais lire demain ».

Après déjeuner le secrétaire ouvrit l’enveloppe et y trouva un texte seulement . La comparaison visuelle entre ce texte et celui signé le 9 février 1999 au Phanar par Mgr Serge et Mgr Méliton montrait beaucoup de différences évidentes. Mgr Jérémie alerté constatait des différences graves et nombreuses inacceptables par l’Archevêché. Mgr Serge alerté appelait au téléphone tous les membres du Conseil de l’Archevêché et leur demandait de donner au secrétaire le pouvoir de rediscuter le texte, accepter éventuellement un compromis, et au pire annuler toutes les cérémonies de proclamation du lendemain. Tous les membres du Conseil donnèrent verbalement ce pouvoir à Mgr Serge et à partir de 22 heures du samedi 19 juin le secrétaire, Mgr Jérémie et Mgr Méliton « négocièrent » à l’hôtel Médéric ( à coté de Daru ) où était descendu Mgr Méliton. Vers 2 heures du matin, après de nombreux appels téléphoniques de Mgr Méliton, à quelqu’un, un compromis fut accepté et signé entre le secrétaire et Mgr Méliton et la proclamation ne fut pas annulée.

Le 20 juin 1999 vers le milieu de la Liturgie précédant la proclamation le secrétaire de Mgr Jérémie apportait le texte - au propre - du compromis qui devait être lu par Mgr Méliton.

Ce texte fut lu à la Cathédrale Saint Alexandre Nevsky de Paris en présence d’une foule de fidèles très nombreuse et de nombreux médias, radios et télévisions. Ce texte, signé uniquement du secrétaire de l’Archevêché et du Métropolite Méliton, fut lu et proclamé sans modification .Après un discours ( annexe 51 )prononcé par le Métropolite Méliton, délégué du Patriarche Œcuménique Mgr Serge y répondit par une courte déclaration. Dès la fin de la cérémonie Mgr Méliton promis à Mgr Serge de lui faire parvenir, dans les jours qui viennent, un exemplaire signé de tous les membres du Saint Synode et du Patriarche Œcuménique.

Le 18 octobre 1999 une enveloppe froissée du Patriarcat arriva en courrier simple à l’Archevêché. Mais....le texte, en grec exclusivement contenu dans l'enveloppe n’était pas celui proclamé, ni sur les dix points essentiels ni sur le préambule, mais à quelques détails près un nouveau texte très proche de celui qui avait été apporté de Constantinople, par le Métropolite Méliton, le 19 juin 1999.Des remarques sur ce texte furent rédigées avec Mgr Serge.

De nouveau il y eu des rencontres avec Mgr Jérémie, très gêné, des appels téléphoniques directs au Patriarche Bartholomée. Le 11 novembre 1999 Mgr Serge, Mgr Jérémie et le secrétaire de l’Archevêché se retrouvaient à Constantinople dans le bureau du Patriarche Œcuménique en sa présence et celle de Mgr Méliton.

Entrevue orageuse au cours de laquelle Constantinople défendait « sa version » et l’Archevêché défendait d’abord le premier texte signé par Mgr Serge et Mgr Méliton puis le compromis signé à Paris. Entrevue au cours de laquelle était mise sur la sellette la méthode employée par Constantinople. Finalement l’argument décisif fut que le texte proclamé avait été enregistré par tous les médias, radios et autres télévisions. Le Patriarche trancha.. Le texte définitif sera le texte enregistré au moment de la proclamation. Le Patriarche s’engagea à le faire parvenir, rapidement, avec toutes les signatures à l’Archevêché.
Le 27 décembre 1999 n’ayant rien vu venir Mgr Serge osait une relance timide.

***

Le texte définitivement signé et correspondant à celui proclamé arriva début 2000, toujours seulement en grec, clôturant dans l’aigreur cette affaire qui publiquement était traitée comme un triomphe. Mais à l’horizon débutait l’affaire de Rome.

Après la proclamation de l’Exarchat Mgr Serge demanda une entrevue au Patriarche et revint à la charge pour insister auprès du Patriarche Bartholomée afin d’obtenir l’autorisation d'élever son ami l’archimandrite Gabriel au rang d’évêque. S’appuyant sur les termes du « Tomos » Mgr Serge obtint satisfaction et le 9 janvier 2001 un fax de Constantinople informait l’Archevêque Serge de l’élection par le Saint Synode du nouvel évêque de Comane Gabriel. Ce fax, provoquait l’irritation de l’Archevêché surpris que les procédures prévues par les statuts n’aient pas été observées et amenait le Conseil de l’Archevêché du 5 février 2001 à en débattre. Le compte Rendu de ce Conseil mentionne :

« Cette information a été diffusée par Constantinople à d'autres personnes et a suscité des critiques sur l’inobservation par Constantinople des règles qu’ils avaient eux-mêmes approuvées et auxquelles nous sommes attachés.

Afin de rétablir tant que cela se peut les règles de nos statuts et faire participer notre Assemblée Générale Mgr Serge propose de :
• porter le sujet à l'ordre du jour de l’Assemblée Générale
• joindre une note explicative à la convocation lancée pour /’Assemblée.

Dans sa lettre de « remerciements » adressée au Patriarche Œcuménique Mgr Serge a rappelé « les Contraintes imposées par nos statuts bénis par le Saint Trône Œcuménique »

Extrait d'un texte B.T. Dix ans de travail d’Eglise avec Mgr Serge (Konovaloff)

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 29 Janvier 2019 à 01:11 | 16 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par OLTR - WEB-MASTER le 19/01/2019 17:49
Bonjour,

Il y a une petite omission dans la présentation de ce texte. Il aurait été régulier de préciser qu'il a été présenté lors de la soirée en mémoire de Mgr Serge Konovaloff, organisée par l'OLTR, le 12 décembre 2012.

2.Posté par justine le 19/01/2019 19:31
Notons que cette tactique - mettre les "partenaires" devant le fait accompli de textes deviant des points convenus auparavant dans des pourparlers - est exactement la meme que le Fanar appliqua lors de la préparation du pseudo-concile de Crète. Il y a là-dessus des témoignages personnels de hiérarques (géorgiens, bulgares, antiochiens notamment) qui soit participèrent eux-memes aux sessions préparatoires, soit en furent informés par leurs collègues qui y avaient participé.

3.Posté par Vladimir G: LES CHOIX DE L’ARCHEVÊCHÉ.. le 20/01/2019 11:02
LES CHOIX DE L’ARCHEVÊCHÉ

Le débat enflamme à juste titre les commentaires de ce forum. Essayons de faire une analyse de la situation

UN CHOIX FONDÉ SUR LES DÉCISIONS DU CONCILE LOCAL RUSSE DE 1917-18.

L'histoire a déjà connu des diocèses changeant de patriarcat: ceux de Ravennes et d’Illyrie ont été disputés entre Rome et Constantinople du IIIe au Ve siècles, la métropole de Kiev a rejoint Constantinople en 1458 pour revenir à Moscou en 1686 et, plus prés de nous, la métropole orthodoxe russe de Grande Bretagne est passée de Moscou à Constantinople (en perdant la majorité de ses paroisses...) Il n'y a donc aucune impossibilité canonique à ce que l’Archevêché change de juridiction mais, ce qui est nouveau c’est que c’est l’Assemblée diocésaine, composée de tout le clergé et de représentants laïcs des paroisses, qui va décider de son destin comme le veulent ses statuts fondés sur les décisions du concile local de l’Église russe de 1917-18.

Et je pense que les fidèles de l'Archevêché sont divisés sur ce sujet autour de 3 courants principaux:
- Ceux pour qui l'essentiel est de ne pas rejoindre Moscou (les "russophobes")
- Ceux pour qui l'essentiel est de revenir à l'Église russe (les "russophiles)
- Ceux pour qui l'essentiel est de garder l'unité de l'Archevêché en perdant le moins de paroisses (ils se subdivisent aussi en "plutôt russophiles" et "plutôt russophobes").

Je connais des représentants de ces courants et je ne suis pas en mesure d'en mesurer l'importance relative. Les deux premiers s’expriment en commentaires enflammés, le conseil épiscopal pencherait plutôt pour le 3e, avec une tendance "russophobe" marquée depuis dix ans mais qui s'est atténuée chez certains depuis le 27 novembre dernier (NB: ceci reste à confirmer; il s’agit d’une impression et non d’une connaissance scientifique établie et documentée!)

LES CHOIX PROPOSÉS ACTUELLEMENT

Dans ces conditions, Moscou (en direct ou par l'EORE) comme Constantinople (même en sauvegardant une structure autonome comme avant 1999) seront probablement repoussés par les communautés qui appartiennent à l'un des deux premiers courants, comme le montrent déjà les exemple de l'ITO St Serge, ralliant solitairement Constantinople, et de la paroisse de Florence, rejoignant Moscou par l'EORE (ROCOR). L’hypothèse Constantinople n’aurais pas été évoquée lors de la l'Assemblée pastorale qui a rassemblé tous le clergé de l’Archevêché le 15 décembre dernier (je n’en ai pas eu d’autre écho que l’article du père diacre Alexander Zanemonets: https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/L-Archeveche-a-la-croisee-des-chemins_a5602.html).

Un rattachement "neutre" aurait-il des chances de trouver un consensus plus large et de minimiser les pertes?

J’en vois au moins deux possibilités:
- le patriarcat Roumain, cité par Mgr Jean et dont père Alexander a analysé les avantages (ibid),
- l'OCA, qui est certainement la juridiction la plus proche de l'Archevêché par ses origines, son statut et sa tradition. Cette hypothèse avait été évoquée lors de la crise des élections de 2013, mais il n'est pas certain qu'elle soit acceptée par l'OCA qui se positionne plutôt comme exclusivement américaine...

Il est en tous les cas clair que c'est l’Assemblée diocésaine du 23 février prochain qui clarifiera la situation et décidera de l'avenir de l'Archevêché conformément à ses statuts. Si la solution choisie n'a pas l'aval de Constantinople, il semble probable que le patriarcat prendra des sanctions canoniques à l'égard des membres de l'Archevêché, voire rompra la communion avec la juridiction d'accueil, car il a bien montré le peu d'égard qu'il manifeste pour ces statuts …

4.Posté par justine le 21/01/2019 15:15
Le Conseil de l'Archevêché vient de publier la lettre suivante au patriarche Bartholomé que le site orthodoxie.com a mis en ligne dans son intégralité, puisque le site de l'Archevêché continue à être difficilement accessible. Voir: https://orthodoxie.com/lettre-du-conseil-de-larcheveche-au-patriarche-bartholomee-suite-aux-recentes-decisions/

On peut dire que cette lettre exprime, outre un louable courage pour affirmer la valeur du respect des normes légales et canoniques, une grande naïveté à l'égard du patriarcat de Constantinople. Il y est relevé la surprise devant les démarches irrégulières de celui-ci, alors qu'on estimait "son ouverture", son attachement "à la dignité de chaque personne, à la défense des plus faibles et à la protection de la nature". Il fallait sans doute ces récentes démarches autocratique du Fanar pour réveiller les membres de l'Archevêché de leur rêve. Ils voient maintenant la réalité qui leur avait été cachée par de beaux mots. Ou faudrait-il plutôt dire: qu'ils ont refusé de voir pendant tout ce temps? Car les signes de cette dure réalité derrière les discours édifiants étaient évidents depuis longtemps, surtout depuis la préparation du pseudo-concile de Crète. Ce qui est curieux, c'est que autant ils étaient naïvement aveugles vis-à-vis de la nature autocratique et impitoyable du Fanar, autant ils continuent à être injustement remplis de phobies vis-à-vis de la Russie qui est pourtant leur Mère spirituelle. Comment expliquer ce paradoxe? Par la constante et vicieuse propagande antirusse occidentale, les diffamations de la part de Russes antirusses vivant en Occident? Par ignorance de l'Orthodoxie russe vécue en Russie? On se demande en effet combien de membres de l'Archevêché connaissent personnellement des starets contemporains russes, combien ont passé un petit temps dans un monastère ou une paroisse russe? Combien ont eu des conversations avec des hiérarques, des prêtres et des théologiens russes en Russie?

5.Posté par Lettre du conseil de l’Archevêché au patriarche Bartholomée suite aux récentes décisions le 21/01/2019 20:40
N° de protocole : 19.002

Paris, le 18 janvier 2019.

Sa Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée

Istanbul Rum Patrikligi Sadrazam Ali Pasa Cad. No. 35 Fatih 34220 Istanbul TURQUIE

Votre Toute Sainteté,

Le Conseil de l’Archevêché, réuni ce jour sous la présidence de Son Éminence Jean de Charioupolis, Archevêque dirigeant des Églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale, a pris connaissance de courriers que plusieurs Métropolites grecs d’Europe occidentale ont envoyés à nos prêtres et diacres ces derniers jours, leur intimant l’ordre de cesser de commémorer leur propre Archevêque, de rejoindre le clergé des Métropoles grecques, de considérer que, d’ores et déjà, nos paroisses et communautés font partie de ces Métropoles et leur ordonnant enfin de leur remettre tous les documents et registres paroissiaux utiles.

Parallèlement, l’Archevêque Jean a transmis ce jour à la chancellerie diocésaine un courrier de Votre Toute-Sainteté, afin qu’il soit traduit dans les plus brefs délais du grec au français. À première vue, il semblerait que ce courrier aille dans le même sens que celui des métropolites grecs. Son Éminence l’Archevêque Jean se réserve néanmoins de répondre à ce courrier en temps utile, lorsqu’il aura pu en prendre connaissance dans la langue de l’Archevêché, qui est aussi sa langue maternelle.

Au lendemain de la publication par le Patriarcat œcuménique de son communiqué du 29 novembre 2018, annonçant la réorganisation du statut d’Exarchat, qui avait été conféré à notre Archevêché le 19 juin 1999, notre Conseil a publié un communiqué annonçant prendre toutes les dispositions nécessaires afin de répondre de manière légitime à cette décision du patriarcat (voir ci-joint).

En effet, les structures de notre Archevêché ne permettent à aucun autre organe que l’Assemblée générale de répondre à une question d’ordre existentiel concernant le statut de notre corps ecclésial. Ceci reflète à la fois la conscience canonique profonde et l’ordre juridique de l’Archevêché, éléments sur lesquels nous reviendrons plus loin.

Dès le 15 décembre, néanmoins, car aucune prescription statutaire de délai obligatoire ne l’empêchait, nous avons réuni une assemblée pastorale, c’est-à-dire une réunion de tout le clergé diocésain, autour de l’Archevêque dirigeant et du Conseil de l’Archevêché. Au cours de cette assemblée consultative (car non statutaire) à laquelle a participé la quasi-totalité du clergé diocésain de tous les pays où l’Archevêché existe, de nombreuses interventions des pasteurs de nos paroisses ont montré que notre dernier statut au sein du Patriarcat œcuménique avait été une très heureuse et favorable période de l’histoire de l’Archevêché, une période que nous aurions voulu perpétuer. Cependant, dès que l’information de votre décision d’abolir le statut d’exarchat de l’Archevêché a été apprise par d’autres Églises orthodoxes, nous avons été les récipiendaires de propositions d’intégration de notre Archevêché entier au sein d’autres juridictions canoniques.

Notre Conseil a donc pris la décision de convoquer dans les plus brefs délais autorisés, selon l’ordre statutaire qui est à la fois canonique et juridique, une session extraordinaire de l’Assemblée générale, le 23 février 2019, et de constituer une commission spéciale, chargée de préparer cette Assemblée.

La première option que le Conseil a été amené à considérer était celle de demander à Votre Toute-Sainteté que la Commission préparatoire puisse être reçue au siège du Patriarcat œcuménique, afin de mieux comprendre la nature et les raisons de la décision que vous avez prise le 27 novembre dernier et d’explorer les possibilités de résolution de cette situation.

Nous comprenons que notre Archevêché se trouve aujourd’hui, de jure, dans la situation où il se trouvait avant son accueil dans le Patriarcat œcuménique. De facto, néanmoins, nous ne voudrions pas que cette longue et fructueuse période se close sans une rencontre humaine de visu entre les représentants mandatés par nos structures diocésaines. En effet, nous ne pourrons jamais trouver les mots justes pour exprimer notre gratitude au Patriarcat œcuménique pour sa protection canonique pendant toutes ces années. La Sainte Église de Constantinople a veillé au respect des particularités de notre fonctionnement diocésain inspiré par les décisions et les débats du Concile de Moscou de 1917-1918, et nous lui en sommes profondément reconnaissants. Cela montre combien la vocation ecclésiale du Patriarcat œcuménique est véritablement supra-ethnique.

Et cela s’est manifesté très tôt, puisque à peine dix ans après sa fondation en 1921, notre Archevêché, établi dans des circonstances tragiques de l’histoire moderne, a trouvé un refuge canonique au sein du Patriarcat œcuménique de Constantinople. Au moment de l’établissement de notre entité ecclésiale en Occident, le Patriarcat œcuménique n’avait pas encore fondé sa première structure diocésaine sur le même territoire. Lors de l’accueil de notre Église dans le Patriarcat, en 1931, la coexistence de deux structures, l’une grecque et l’autre russe, sur le même territoire, justifiée pour des raisons pastorales, n’a pas empêché le Patriarcat œcuménique de conférer le statut d’exarchat provisoire à notre Archevêché. En 1965, lorsque le Patriarcat œcuménique a décidé, de manière unilatérale et dans l’incompréhension générale, de révoquer son accueil provisoire de 1931, cela n’a pas entraîné la dissolution de l’Archevêché lui-même, mais plutôt sa mutation en « Archevêché orthodoxe de France et d’Europe occidentale », pleinement orthodoxe et indépendant à la fois. Puis, quand le Patriarcat œcuménique, à la demande répétée de feu l’Archevêque Georges (Tarassoff), qui dirigeait alors l’Archevêché, a accepté de reconstruire le lien qui unissait l’Archevêché au Patriarcat œcuménique, votre illustre prédécesseur, le Patriarche œcuménique Athénagore a déclaré que la suppression de l’accueil de 1931 était due à des espoirs d’assurer « la concorde indispensable à la collaboration panorthodoxe et à la convocation du Saint et Grand Concile » (lettre du 22 janvier 1971 du Patriarche Athénagore à l’Archevêque Georges). Ce n’est donc pas l’extinction des raisons pastorales présentes en 1931 qui ont présidé à votre désistement de 1965, mais la volonté de marcher plus résolument vers le Grand Concile attendu et désormais accompli, et auquel notre Archevêque actuel a eu l’honneur de participer, au sein de la délégation du Patriarcat œcuménique. De 1971 à 1999, le statut canonique de l’Archevêché était moins précis : pendant presque trente ans, il a fonctionné de manière auto-administrée, sans être formellement un Exarchat du Trône œcuménique, mais en dépendant tout de même du Patriarcat œcuménique.

En 1999, lorsque vous avez accordé un nouveau statut d’exarchat, non provisoire, à notre archevêché, c’est bien à notre demande que vous l’avez fait, non de votre propre initiative. À cette époque, les négociations entre les responsables de l’Archevêché, alors dirigé par feu l’Archevêque Serge (Konovalov), et les responsables du Patriarcat ont duré plusieurs années. Même si c’est le Patriarcat seul qui a édicté le tome du 19 juin 1999, l’on peut légitimement considérer qu’il était le fruit de relations bilatérales fécondes.

Aujourd’hui, la révocation du tome de 1999 est unilatérale et non concertée. Aucune consultation n’a eu lieu avec les responsables de l’Archevêché pour ce changement de statut canonique. Les raisons pastorales qui avaient présidé à l’acceptation de notre Archevêché dans le Patriarcat œcuménique, raisons qui justifiaient la création d’un Exarchat patriarcal sur le même territoire que celui des Métropoles grecques d’Europe occidentale, ont-elles disparu, surtout depuis 1999 ? Les temps n’ont pas beaucoup changé depuis lors : dans certaines Métropoles grecques, quelques paroisses en langues autres que le grec ont vu le jour, mais elles ne prévalent pas et n’entament nullement l’identité hellénique foncière de ces entités ecclésiales. Située à quelques centaines de mètres de notre Cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, la Cathédrale Saint-Étienne de la Métropole de France n’est pas à proprement parler française, mais elle est elle-même une propriété immobilière d’un État étranger ; de même, on ne compte pas le nombre de prêtres des Métropoles grecques qui ont été et sont toujours rémunérés par la République hellénique et donc soumis à la loyauté qu’implique ce statut social. L’Archevêché, pour sa part, se compose de paroisses russophones, mais aussi de paroisses en langues locales ; toutes continuent de se définir par la tradition russe quant aux célébrations et à l’administration ecclésiale, en raison de l’histoire de l’Archevêché et en l’honneur de ses fondateurs. Notre entité ecclésiale a accompli un chemin d’inculturation incommensurablement plus important que toutes les autres juridictions orthodoxes d’Europe occidentale. Cela s’est traduit également dans la direction diocésaine, puisque plusieurs de ses archevêques étaient des personnes nées en Europe occidentale, alors que, à ce jour, dans toute l’Europe occidentale, seul un Métropolite grec n’est pas né en Grèce.

Si l’Archevêché pouvait être consulté pour une éventuelle reconfiguration des entités ecclésiales du Patriarcat œcuménique en Europe occidentale, nous pensons que des idées plus créatives et certainement plus consensuelles pourraient émerger de la discussion. Nous continuons d’appeler de nos vœux pareille concertation, mais ne pouvons y forcer personne.

Le Patriarcat œcuménique souhaite voir reconnue l’exclusivité de sa juridiction sur l’ensemble de l’Europe occidentale, alors que de multiples patriarcats et Églises autocéphales n’approuvent pas cette compréhension. Si la position du Patriarcat œcuménique était incontestée dans l’Église orthodoxe, il serait logique que le retrait du tome qui conférait à l’Archevêché la qualité d’Exarchat implique automatiquement son démantèlement et la sujétion de ses paroisses aux uniques diocèses locaux. Cependant, cette position ne fait pas l’unanimité dans le concert des Églises orthodoxes, preuve en est que le Saint et Grand Concile de 2016, dont l’ordre du jour comportait depuis 1976 la résolution de ce problème, n’a rien pu décider à ce propos. À ce jour et jusqu’à une résolution conciliaire qui fera autorité pour tous les orthodoxes, force est de constater qu’il y a place pour plusieurs visions au sujet de l’organisation de la présence de l’Église orthodoxe en Europe occidentale.

Bien entendu, la coexistence en Occident de diocèses grecs, antiochiens, russes du patriarcat de Moscou, russes hors-frontières, ukrainiens, serbes, roumains, bulgares, géorgiens, polonais, américains et autres peut-être encore, est une anomalie ecclésiologique. Les études ecclésiologiques les plus récentes montrent que la résolution de cette situation sera complexe ; ordonner par la force une simplification uniquement locale n’est pas nécessairement un gage de contribution positive à la résolution du problème général et global. Cependant, l’histoire de l’Église a connu tant d’entorses à sa tradition théologique qu’il n’est pas interdit d’espérer que ce problème aussi trouvera une solution. Il n’était pas normal que les Sultans ottomans interviennent dans la nomination et la révocation des patriarches de Constantinople – certains de vos illustres prédécesseurs l’ont payé de leur sang -, mais l’Église a enduré cette entorse, dans la douleur et la prière, car elle visait toujours avec fidélité le cap de l’orthodoxie. Les immenses pressions que le pouvoir turc a mise pendant le vingtième siècle sur le fonctionnement synodal du Patriarcat, notamment en interdisant aux évêques non turcs d’y prendre part, comme le voulait pourtant l’ordre canonique, a été une souffrance pour toute l’Église, même au-delà du Patriarcat de Constantinople, mais il s’agissait d’un accommodement raisonnable pour permettre la survie de la Sainte Église dans son berceau historique. Les exemples sont nombreux, pour toutes les Églises, dans toutes les régions, à toutes les époques de l’histoire.

La décision patriarcale du 27 novembre 2018 abolissant le tome du 19 juin 1999 constitue certes un droit inaliénable du Patriarcat qui était le seul signataire de ce document. En revanche, la seconde décision d’assujettir nos paroisses et communautés aux Métropoles grecques n’est pas du ressort unique de la Sainte Église de Constantinople, mais de toutes les parties en présence, à commencer par l’Archevêché sujet à cette décision. Si les Métropolites grecs d’Europe occidentale acceptent cette décision même s’ils n’y ont pas participé, pour la plupart d’entre eux, l’Archevêque Jean n’a pas cette possibilité, car le fonctionnement de notre Archevêché prévoit nécessairement un dialogue entre l’Archevêque dirigeant et les instances statutaires de l’Archevêché pour toute question importante.

Nous connaissons la réticence d’une grande proportion du monde clérical actuel à la participation de laïcs au gouvernement de l’Église et, singulièrement, à l’élection des évêques par une assemblée composée de clercs et de laïcs du corps ecclésial local. C’est pourtant la plus authentique norme ecclésiologique d’institution dans l’épiscopat, comme la doctrine constante de l’orthodoxie l’atteste. Nous tenons beaucoup à cet enseignement, hérité du renouveau ecclésial suscité par le Concile de Moscou de 1917-1918, mais cela ne nous mène pas à revendiquer que tous les autres diocèses appliquent cette ancienne et vénérable tradition.

Conformément à l’éthos orthodoxe, dans la ligne du Concile de 1917-1918 et comme le Tome de 1999 du Patriarcat œcuménique nous y invitait d’ailleurs, l’Archevêché est organisé comme une personne morale de droit français, autonome quant à son administration ; et, de même, les paroisses et les communautés qui le composent sont organisées, elles aussi, selon les législations des dix pays dans lesquels elles se trouvent établies. Comme entités ecclésiales, elles dépendent de l’Archevêché dont elles sont juridiquement des associations adhérentes ; comme entités morales jouissant de la personnalité juridique selon les diverses législations nationales, elles disposent de la faculté autonome de s’autodéterminer. Ni nous, ni aucune autorité extérieure ne peut s’immiscer dans leur administration.

Ces statuts de l’Archevêché sont connus du Patriarcat œcuménique depuis 1931. Ils ont même été approuvés par le Patriarcat de manière répétée tout au long du siècle dernier et encore récemment le 31 octobre 2013. L’intervention de certains Métropolites grecs auprès de nos membres du clergé, avant même la tenue de l’Assemblée générale extraordinaire qui délibérera au sujet de votre décision, constitue une démonstration de l’incompréhension qui les caractérise à l’égard des spécificités de notre mode de fonctionnement. La verticale du pouvoir, tellement affirmée dans les schémas hiérarchiques orientaux, est inapplicable aux Églises orthodoxes d’Europe occidentale : parmi nos fidèles, de plus en plus habitués à des fonctionnements participatifs, l’absence de concertation préalablement à une décision n’est pas un témoignage de sollicitude pastorale. Les prêtres et les diacres qui ont reçu les courriers ou les appels de Métropolites grecs, ainsi que les laïcs qui en ont été informés, ont vécu cela comme une violence. Nous ne pouvons pas croire que cela pourrait être la vision de notre Patriarcat œcuménique que nous connaissons, que nous apprécions pour son ouverture et auquel nous sommes reconnaissants d’avoir appartenu, un Patriarcat si attaché à la dignité de chaque personne, à la défense des plus faibles et à la protection de la nature.

Car, de fait, l’intervention d’évêques étrangers à l’Archevêché, même s’ils relèvent du même Patriarcat que nous, directement auprès de nos prêtres et de nos diacres fait fi de la catholicité du ministère épiscopal de notre Archevêque dirigeant, qui n’a jamais demandé à être déchargé de ses fonctions. Élu par notre Assemblée générale clérico-laïque et confirmé dans cette élection par le Saint-Synode du Patriarcat, l’Archevêque Jean reste à ce jour le seul évêque légitime du troupeau ecclésial qui lui a été confié ; même pour s’en défaire de manière volontaire, à Dieu ne plaise ! il devrait consulter autour de lui. Le ministère épiscopal, en effet, n’est pas un ministère de solitude, mais de communion, et cette communion commence dans l’eucharistie que célèbre l’évêque, entouré des presbytres de son diocèse, au milieu du peuple entier.

Nous sommes convaincus que le Patriarcat œcuménique, si attaché à l’authentique tradition canonique de l’Église, n’a pas encouragé les Métropolites grecs d’Europe occidentale à transgresser la définition ecclésiologique même de l’épiscopat. La désarticulation des structures catholiques de l’Église qu’impliquerait cette transgression signifierait une terrible catastrophe historique, bien au-delà du statut de notre Archevêché. Pour conclure, nous voudrions réitérer notre désir que la Commission spéciale désignée pour préparer la prochaine Assemblée générale de l’Archevêché puisse être reçue, dans un délai raisonnable avant l’Assemblée générale du 23 février prochain, au siège du Patriarcat, dans la perspective exposée ci-dessus et dans l’espoir de pouvoir envisager l’avenir au sein du Patriarcat œcuménique que nous reconnaissons pleinement comme la première Église dans l’orthodoxie. Et nous sommes certains que Votre Toute-Sainteté comprendra que notre souhait est et demeure de servir le Christ et de témoigner de son amour dans le monde.

Avec le plus religieux des respects, nous vous assurons, Toute-Sainteté, de notre dévouement et de notre amour.

Pour le Conseil de l’Archevêché, à l’unanimité,

† JEAN de Charioupolis, Archevêque dirigeant des paroisses orthodoxes de tradition russe, Président de l’Union diréctrice diocèsaine des associations orthodoxes russes en Europe occidentale

Nicolas LOPOUKHINE, Secrétaire du Conseil de l’Archevêché

6.Posté par père Joachim le 21/01/2019 23:11
Post 5- "Rum" ? (dans l'adresse) Une erreur de Monsieur Lopoukhine ? ou une allusion assez malvenue aux accusation de papisme qui sont adressées, à Sieur Bartholomé ?

A moins qu'il ait voulu limiter les trop nombreuses répétitions du terme "grec"de sa missive.
(c'est bien d'après ce qu'il écrit ce que depuis Athénagoras ce que les Patriarches grecs proposent sans succès, à ce diocèse russe)

D'ailleurs en toute cohérence, si le "cadre"grec"qu'il dénonce jusqu'à l'inconvenance, pose vraiment problème pour lui ? autant mettre, pour en finir, son Archevêque "russe" sous une plus juste obédience.

Entre lui et moi, il y a bien un rêve que nous partageons, c'est le concile de 17. Mais je doute fort que nous soyons, à présent, plus que DEUX ou TROIS dans tout le monde pour vouloir canoniser une idée aussi généreuse ?

7.Posté par Vladimir G: Quel peut bien être le mobile actuel? le 22/01/2019 10:50
Voilà un texte vraiment fondamentale. Il remet bien les choses en place à tous les points de vue aussi bien administratifs (loi française) que canonique et ecclésiologique (Concile de 1917-18, primauté, rôle de l'évêque et des laïcs...) Toutes choses que Constantinople semble rejeter totalement!

Remarquons l'explication de la parenthèse de 1965-71: Constantinople voulait alors obtenir les bonnes grâce de Moscou (sous le joug bolchévique!) pour préparer le concile pan-orthodoxe! Quel peut bien être le mobile actuel?

8.Posté par Morhouz le 22/01/2019 17:41
Réponse à Père Joachim, post n°6
Bénissez Père !
Le terme "Rum" (prononcer "Roum" en français) signifie en arabe et en turc "grec byzantin", par référence à Constantinople, capitale de l'empire romain. Les chrétiens orthodoxes au Liban, en Syrie, Jordanie et pays voisins sont appelés "Rum Ortodox". Il en va de même en Turquie moderne où les Grecs sont appelés ainsi depuis l'époque ottomane (sans doute par reprise du mot arabe) car ce sont des chrétiens indigènes (sympathiques car c'est une espèce quasi disparue, ils ont en effet eu la délicatesse de se laisser exiler ou massacrer en masse en 1923) , relevant du patriarche de Constantinople, et ce ne sont pas des Grecs du nouvel Etat grec (honnis par les Turcs) qui s'appellent "yünan" en turc.
Filialement,

9.Posté par père Joachim le 22/01/2019 19:29
Cher Vladimir, vous avez dit "mobile". Ce terme sous entend un crime. Hors dans le cas présent, il s'agit de mort naturelle. (et, en effet les proches et amis se lamentent de désespoir)
Mais avons nous bien trouvé des remèdes aux symptômes nombreux ?
La fin du groupe théologique de Paris, qui abouti au drame de la"Colline"
Les affaires Nice et suivants
La succession dramatique des élections primatiales, jusqu'à celle de Mgr.Gabriel
Les oppositions frontales à propos des candidats et autour du successeur.
La décision du détachement de l'évêque de Charioupolis de la fonction d'auxiliaire de Constantinople, pour aider ie grand malade.
Le refus catégorique de s'intégrer à la fameuse "Métropole de Gaule "sous la direction d'un auxiliaire (archiépiscopal)
Une ambiance "élitiste" du quant à soi, un peu décalée et lassante, contre les "grecs" de Bizet et les "homosovieticus" de Branjy.

Dans l'orthodoxie, on a du mal à observer le principe de "territorialité" de "localité" et on argumente plus volontiers sur les critères de la "race"de la "langue" des "traditions" de l’asservissement moral, aux principes "civils"
Constantinopleà offert à 'Archevêché de survivre après 17, (et nous lui en sommes TOUS gré) sur une surface immatérielle, c'est l' IDÉOLOGIE.
Paris est le seul lieu où le Constantinople tout en opérant une diaconie extraterritoriale sur les terres d'occidents, maintient à son compte DEUX HIÉRARCHIES PARALLÈLES.

Cela a eu un temps, merci Seigneur. Il aurait pu tenir plus longtemps pour être agréable, à nous et moins semble t il ? aux Métropolites de la "diaspora".?

Voila, cher Vladimir, pour le "mobile" et même de quoi remplir un parking de surface marchande.

Enfin plus sérieusement Saint Alexis et Sainte Marie, vont intercéder et avec l'aide de toutes les bonnes volonté, du courage de notre Saint Archevêque si nous l'aidons par des mentalités purifiées la VIE CONTINUERA et plus belle encore ... !

10.Posté par père Joachim le 22/01/2019 19:38
ah ! Bien merci Morhouz. Je comprend enfin pourquoi Papy disait à Marseille en 1914 à qui voulait l'entendre? qu'il était "Rum de Constantinople"
Mais pour lui c'était pas un problème que son Archevêque soit grec. D'autant qu'à l’époque celui ci résidait bien loin en Grande Bretagne (donc deux fois étranger)
A l'époque yavé encore de l'ouverture et du respect chez nous !

11.Posté par Georges Farias le 24/01/2019 09:06
Qui peut donner des nouvelles de la place du Monseigneur Jean au sein de la métropole grec?

12.Posté par Morhouz le 24/01/2019 11:08
réponse à post n°11 : la retraite !

13.Posté par Daniel le 24/01/2019 13:25
@ Georges Farias

Monseigneur Jean est entièrement ignoré, non mentionné, non consulté... le mépris à l'éta pur !

14.Posté par Georges Farias le 24/01/2019 21:08
C'est une réponse sur la base d'une constatation bien triste. Archevêque qui ne méritée pas finir sa vie pastorale d'une manière si brutal, surtout avec tout le travail de réconciliation, dialogue et "paternité pastoral" au sein d'une communauté si hétéroclite.

Dommage, ici ce que le peuple de Dieu qui perd.

15.Posté par Didier Veillat le 29/01/2019 16:13
Et l'Evangile?
Et l'Epitre aux Galates: « Mes frères, vous avez été appelés à la liberté. » (Galates XIII).

Voilà ce qui arrive quand les siècles ont enfoui l’Eglise sous des tonnes de sédiments métropolitains, patriarcaux, sous des tonnes de titres de noblesse redondants, ronflants et baroques ; « Toute-Sainteté Archevêque de Constantinople-Nouvelle Rome et Patriarche œcuménique », « Le saint et sacré Synode, sous la présidence de Sa Toute-Sainteté », … « Le Trône œcuménique » ! Quelle distance cosmique, astronomique entre ce fatras géologique et l’Evangile ! Pour le petit homme que je suis, un non sens! Seul l’évêque est légitime. Le reste est politique et nous n’en avons pas besoin ici et maintenant, c'est-à-dire en France et au milieu d’une République qui nous laisse librement , c'est-à-dire sans collusion ni compromission, exercer notre culte sans le financer d’un seul denier. Je se sache pas que cela soit si fréquent… Pour l'Ukraine, je ne sais pas.
Sa "Toute-Sainteté l’Archevêque de Constantinople-Nouvelle Rome et Patriarche œcuménique" possède un titre trop long pour l’orthodoxie paroissiale ! Le titre du Sauveur est bien plus court. Les textes néotestamentaires ne contiennent aucune appellation de cet acabit… Apôtre, disciple, frère… tel est le vocabulaire de la Parole. Son rapport avec le coup dans le dos organisé par le pseudo pouvoir du Phanar d’Istanbul ? Je le cherche… Parce qu’il ne reste in situ et hic et nunc plus grand-chose de Constantinople qu’un rêve, un rêve certes, mais de quoi ? L’imagination honorifique et la prévalence en titre de Noblesse, la bienséance, le protocole… Bien des fidèles s’inclinent… la peur des petits enfants effrayés comme dans la fable du Grand Inquisiteur des Frères Karamazov. Mais comparaison n’est pas raison…
L’action que mène Le Patriarche Bartholomée et par lui Mgr Emmanuel "de France" sur le sol de France n’est ni plus ni moins que la réalisation de la « non-menace » de retirer le Tome patriarcal émise par de dernier à l'assemblée du printemps 2013. Où comment franchir sans sourciller la ligne partageant les eaux de l’Evangile, des eaux du pouvoir terrestre...
N’oublions jamais qu’il n’y a qu’un seul trône : le Trône de l’Agneau. Là sont l’ordre et l’obéissance, cet ordre qui est « le premier besoin spirituel de l’homme , l’obéissance véritable». Et donc, tous les souverains s’asseyant sur un trône au nom d’un droit divin sont des prévaricateurs. C’est pourquoi ils commettent par un « droit exclusif » […] « des actes de sujétion », […] « s’appuyant toujours sur l’assurance de leurs privilèges canoniques.»
En réalité, sous les tonnes de sédiments historiques qui ensevelissent l'Orthodoxie, la seule loi qui prévaut est la plus simple et la plus juste; la seule véritable: un évêque = un territoire. Proposition réciproque. Sans pour autant être russophobe ou russophile, non plus que grécophile ou grécophobe. Certes, nous sommes quelques uns à nous trimbaler une certaine naïveté... Mais nous sommes à peu près droits...
Et que vive Monseigneur Jean de Charioupolis, n'en déplaise! Tout le reste est de l'ordre du recul pré-néandertalien avec quelques projections idéologiques et territoriales malsaines. Seule l'Eglise locale...
Merci de votre lecture. Avec tout mon respect.
Didier Veillat

16.Posté par justine le 29/01/2019 21:08
Au poste 15: Le titre en grec est meme plus choquant encore: "Η Αυτου Θειοτατη Παναγιωτης" - Sa Toute-Saintete Toute-Divine.... On dirait que plus le titre est grandiose, plus le calibre spirituel est modeste.

17.Posté par Théophile le 29/01/2019 22:39
@ Didier Veillat
Merci pour votre message rafraîchissant! Effectivement, si chacun voulait bien retourner à la simplicité et humilité évangélique, ce serait très vite le paradis.
Pour l'heure, il faut encore patienter, mais peut-être que les choses finiront par s'accélérer - question de survie pour porter vraiment et pleinement un témoignage chrétien ici et maintenant.
Mgr Jean puisse y contribuer, avec l'aide de Dieu, ainsi que tous les évêques fidèles.

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