Saint Pierre et Sainte Fevronia de Mourom
Le gouvernement de la Russie soutient une alternative orthodoxe à la Saint Valentin.

Le Patriarche Alexis II encourage la célébration de la fête des Saints Pierre et Fevronia, le 8 juillet (calendrier grégorien) et introduite pour la première fois en 2008.

Des représentants de l'Eglise orthodoxe russe considèrent en effet comme un succès le soutien apporté par l'Etat à la célébration de la fête orthodoxe russe des Saints Pierre et Fevronia, après la couverture médiatique dont ont fait l'objet les festivités, qui allaient de concerts à des mariages.

Célébrée le 8 juillet, cette fête pourrait, selon une partie de la population russe, éclipser désormais la Saint-Valentin.Le choix de cette fête n'est pas simplement religieux. Il a pour objectif d'encourager la vie de famille et de stimuler le taux de natalité en Russie, car le pays continue de subir un déclin de la population.

Le saint prince Pierre était le deuxième fils du prince Youri Vladimirovitch de Mourom (250 km à l'est de Moscou).Il fut atteint d'une lèpre que personne ne pouvait guérir. Mais un jour, il eut une vision : une jeune paysanne du nom de Févronia pourrait le guérir.

Févronia était une jeune fille pleine de sagesse et de beauté, connaissant l'art de guérir par les plantes ; même les animaux sauvages lui obéissaient.Le prince promit de l'épouser si elle le guérissait.Févronia le guérit en effet, mais le prince ne tint pas promesse. Le prince tomba alors de nouveau malade : Févronia le guérit une seconde fois et l'épousa.

Saint Pierre et Sainte Fevronia de Mourom
Après la mort de son frère, le prince devait prendre le trône, mais les nobles s'y opposèrent et lui dirent : « Tu dois te séparer de ta femme ou quitter Mourom, car ta femme, par sa condition, est la honte de la noblesse. » Le prince choisit de quitter Mourom et de vivre dans la pauvreté avec son épouse.

Mais le trône restant vacant, les luttes intestines se multiplièrent allant jusqu'aux assassinats. Les nobles décidèrent donc de faire appel au prince Pierre : celui-ci revint avec son épouse Févronia qui sut se faire aimer.
Ayant atteint un grand âge, Pierre décida de devenir moine — avec le nom de David — et Févronia moniale — avec celui de Evfrosinia. Ils prièrent pour quitter ce monde le même jour et demandèrent à être enterrés dans le même tombeau séparés par une fine cloison. Ils décédèrent en effet le même jour — le 25 juin (8 juillet selon le calendrier civil) 1228.

Mais on ne les enterra pas dans le même tombeau, car ils étaient moines, mais dans des monastères différents.
À la surprise générale, leurs reliques se retrouvèrent réunies le lendemain. Ils furent donc enterrés dans l'église de la Nativité de la Vierge à Mourom. Leurs reliques furent ensuite transférées dans le couvent de la Sainte-Trinité de Mourom où l'on peut aujourd'hui les vénérer.

Les moniales du couvent de la Sainte-Trinité recensent depuis les années 1990 les miracles effectués par les prières des saints Pierre et Févronia : les parents stériles ont la joie de donner naissance à un âge avancé, les couples en instance de divorce se réconcilient.


Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 8 Juillet 2021 à 22:13 | -57 commentaire | Permalien



1.Posté par Noël Ruffieux le 08/07/2016 11:35
Echo Magazine, Hebdomadaire catholique de Genève,
L’or du temps, Noël Ruffieux, 28 janvier 2016

Une Saint-Valentin russe

La Saint-Valentin est une fête étrange. Une invention, dit-on à tort, des fleuristes et des pâtissiers. Le Moyen âge la connaissait déjà. Othon de Grandson, chevalier-poète mort en 1397, lui consacra plusieurs poèmes d’amour. Il faut remonter à la fin du 5ème siècle à Rome pour trouver son origine. Mi-février, la Ville est tourneboulée par les Lupercales, fête de la fécondité et des amours, avec les débordements que l’on imagine. Gélase Ier, évêque de Rome, qui fulminait contre les Lupercales, crut peut-être à une coïncidence opportune entre cette mi-février et le 14 où l’Eglise faisait mémoire de Valentin, martyr du 3ème siècle. L’empereur d’alors aurait interdit les mariages, voulant empêcher les jeunes maris d’échapper à l’armée. Pour avoir célébré des mariages clandestins, le prêtre Valentin fut exécuté. Valentin objecteur de conscience et défenseur de l’amour et du mariage.
La Saint-Valentin s’est aujourd’hui laïcisée, tout en devenant populaire dans le monde entier, quitte à banaliser l’amour pour en faire un produit de consommation. Par un retour de sens, des paroisses et des institutions catholiques tentent de se réapproprier la fête en célébrant l’amour dans un cadre sain et paisible.
En Russie, où l’on se méfie des « produits culturels occidentaux », la réaction est analogue. En 2008, les sénateurs, critiquant la fête « vulgaire et consumériste » de la Saint-Valentin, ont proposé de la remplacer par une Journée de la famille, de l’amour et de la fidélité, le 8 juillet où le calendrier orthodoxe fait mémoire des saints Pierre et Févronia, patrons de la famille et de l'amour conjugal. « Nous avons tous besoin d'une fête célébrant l'amour conjugal et le bonheur familial qui soit fondée sur les traditions culturelles nationales. Grâce à cette fête, nous donnerons aux jeunes l'exemple de la morale, de la pureté et de la chaleur humaine », déclara la présidente du comité pour la politique sociale.
Au début du 13ème siècle, Pierre est le deuxième fils du prince Youri de Mourom (à l'est de Moscou). Il est atteint d'une lèpre incurable. Mais une vision lui révèle qu’une jeune paysanne pourrait le guérir, Févronia, fille d’un apiculteur. Elle est belle et sage et, comme sa presque contemporaine Hildegarde de Bingen, elle a acquis l'art de soigner par les plantes. Le prince promet de l'épouser si elle le guérit.
Févronia le guérit, mais le prince ne tient pas parole. Il tombe de nouveau malade et Févronia le guérit une seconde fois. Alors Pierre l’épouse. A la mort de son frère aîné, Pierre devrait lui succéder. Mais les nobles du pays, les boyards, s'y opposent : « Sépare-toi de ta femme ou quitte Mourom, car ta femme, par sa condition, déshonore la noblesse. » Plutôt que de se séparer de l’épouse que Dieu lui a donnée et qu’il chérit, le prince quitte Mourom avec Févronia, pour vivre dans la pauvreté.
La vacance du trône provoque des luttes violentes et meurtrières entre les factions rivales. Les boyards se décident à rappeler le prince, qui revient à Mourom avec son épouse. Pierre y règne sans faiblesse, mais avec modération. Sa femme, intelligente et pieuse, lui est de bon conseil et sait se faire aimer du peuple. Les annales disent que Pierre et Févronia ont eu deux fils, Youri et Sviatoslav.
Le règne de Pierre dure vingt-cinq ans. Malgré les épreuves publiques et familiales, le couple reste uni, tant la foi chrétienne est le cœur de sa vie. Quand les forces commencent à manquer, le couple décide de s’engager dans la vie monastique. Cette vocation tardive et paradoxale n’était pas rare en Russie. Pierre devient le moine David et Févronia la moniale Euphrosyne, la Joie. Les époux ont prié pour mourir le même jour et demandé d’être enterrés dans le même tombeau, séparés par une fine cloison. Leur vœu n’est que partiellement exaucé. Chacun dans son monastère, ils meurent certes le même jour, à une heure d’intervalle, le 25 juin (8 juillet selon le calendrier civil) 1228. Mais on refuse de les enterrer dans le même tombeau, sous prétexte qu’ils sont moines. David est enterré à la cathédrale et Euphrosyne au monastère Sainte-Croix. Or, racontent les annales, leurs corps disparaissent aussitôt et sont retrouvés le lendemain, ensemble dans la fosse commune de la ville. Après plusieurs tentatives pour séparer les époux, ils sont inhumés dans la cathédrale de la Nativité de la Vierge de Mourom. Plus tard, leurs reliques seront transférées au couvent de la Sainte-Trinité, confiés à la garde des moniales. Aujourd’hui encore, témoignent les moniales qui ont retrouvé leur couvent en 1990, de nombreux miracles sont dus à l’intercession de Pierre et Févronia, tels la guérison de couples stériles ou la réconciliation de couples en instance de divorce.
La canonisation par la vox populi précéda la décision de l’Eglise. En 1547, un concile inscrivit le prince et son épouse dans la liste des saints. Non pas sous leurs noms monastiques - ce qui est l’usage habituel - mais sous leurs noms d’époux : saints Pierre et Févronia.

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