Sainte-Geneviève-des-Bois : les descendants des Russes blancs réunis à l’église
Des dizaines de personnes ont assisté à la célébration de la dormition, équivalent de L’Assomption pour les orthodoxes, dans un lieu chargé d’histoire.

Des chants liturgiques et un parfum d’encens s’élèvent de la chapelle orthodoxe de Sainte-Geneviève-des-Bois. Une quarantaine de fidèles est venue ce lundi célébrer à Notre-Dame-de-la-Dormition la fête du même nom. Un rendez-vous très important dans ce culte, qui correspond à L’Assomption chez les catholiques. Et également un moyen de communier avec leurs ancêtres venus de Russie, qui ont marqué ce lieu unique de leur empreinte.

« Nous sommes nombreux à être issus de l’aristocratie russe », explique Nicolas, le chef de chœur. Pour beaucoup, leurs ancêtres, Russes blancs, ont fui le pays après la révolution d’octobre 1917. « Ils sont venus en France parce qu’ils parlaient français, comme une grande partie de la noblesse de l’époque », raconte-t-il.

Sainte-Geneviève-des-Bois : les descendants des Russes blancs réunis à l’église
Au sein de la communauté, il y a même un homme dont « l’ancêtre est le fondateur de la ville de Moscou », assurent des fidèles. Plusieurs descendent comme lui de la haute aristocratie. C’est le cas de Michel qui chante dans le chœur : « Ma mère était princesse, indique-t-il. Elle est inhumée dans le cimetière attenant. » Même s’il habite à Paris, il continue à venir tous les dimanches à Sainte-Geneviève pour la messe.

Parmi les fidèles, on parle français comme russe

Après une procession autour de la chapelle avec des icônes à l’effigie de la Vierge Marie, l’archevêque, patron de l’église orthodoxe russe d’Europe occidentale qui visite l’église à l’occasion de sa fête patronale, bénit des fruits. Dans les rangs des fidèles, on parle français comme russe. Certains paroissiens passent de l’un à l’autre à la fin d’une phrase avec un naturel étonnant. Plusieurs générations après, l’héritage des exilés est encore vivace chez leurs descendants, qui font vivre leur culture. SUITE

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 29 Août 2017 à 13:08 | 10 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Guillaume le 30/08/2017 14:04
L'article du parisien montre la profonde méconnaissance de l'Orthodoxie en France, puisque monseigneur Jean est présenté comme le chef des orthodoxes russes en France.

2.Posté par Vladimir G: le chef des orthodoxes russes en France. le 31/08/2017 09:23
L’expression n'est pas totalement fausse - plutôt imprécise: il y a en France environ 90 paroisses et communautés orthodoxes russes dont prés de 55 dépendent effectivement de monseigneur Jean. Son Archidiocèse s'appelle toujours officiellement "Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale" et regroupe donc 60% des paroisses orthodoxes russes de France. La deuxième obédience orthodoxe russe en France, le diocèse de Chersonèse, regroupe 24 paroisses et communautés, et l'Église russe à l'étranger (ROCOR, diocèse de Genéve) en compte 7.

3.Posté par N.B. le 31/08/2017 10:22
​@ Guillaume
Nous en sommes à la cinquième génération de l'émigration de 1917, les quatre précédentes séjournent précisément à Sainte Geneviève​.
Une majorité de descendants s'étant efforcés de maintenir l'identité-tradition a transité vers les paroisses du PM et de l'EORHF (Meudon et d'autres).
Quant aux communautés "Daru", elles accueillent essentiellement des fidèles récemment venus de Moldavie. Exemple éloquent : le contingent de l'église de la rue Olivier de Serre dans le quinzième ou la langue liturgique est aux 3/4 moldave.

@Vladimir G -"55 dépendent effectivement de monseigneur Jean" (_-(
Les petites paroisses archevêché mises en place il y a quelques années par le défunt Mgr Gabriel (en vue de modifier la base électorale) ont aujourd'hui fort peu de fidèles.

4.Posté par Tchetnik le 31/08/2017 13:12
La majorité des descendants s'étant francisés et n'ayant plus qu'un très lointain rapport avec la Russie de Février (ce qui n'est pas grave) et avec le Christianisme Orthodoxe (ce qui l'est d'avantage).

5.Posté par Irénée le 01/09/2017 10:11
@ N.B. Post 3
Ce que vous indiquez concernant l'accueil des Moldaves est peut-être vrai à Paris, mais pas du tout en province.
Je ne sais pas bien quelles paroisses vous visez particulièrement en disant que celle crées (il y a une dizaine d'années) par Mgr Gabriel ont fort peu de fidèles. Je connais plusieurs de ces paroisses qui ont chaque dimanche une cinquantaine de fidèles réguliers, alors que certaines communautés presque centenaires se vident...
Merci également de préciser ce que vous voulez dire en parlant de "modifier la base électorale". Merci

6.Posté par Vladimir G: LES PAROISSES ORTHODOXES RUSSES EN FRANCE le 03/09/2017 10:57
LES PAROISSES ORTHODOXES RUSSES EN FRANCE

À ma connaissance il n'y a aucune étude d'ensemble des paroisses orthodoxes de tradition russe en France et je n'ai pas les moyens de le faire. Je vais donc simplement essayer de tracer quelques lignes directrices qui, je l'espère, permettront ensuite d'aller plus loin…

Il y a actuellement plus de 90 paroisses orthodoxes russe en France qui se répartissent entre plusieurs juridictions, essentiellement 3 juridictions canoniques:

- 55 dépendent de l'Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale (Constantinople, dit "Daru" d'après l'adresse de son siège, rue Daru à Paris). Il y en avait 70 à la fin des années 30 selon les sources de l’Administration diocésaine datant des années 1928-1938 (1) et la grande majorité des paroisses qui existent de nos jours datent de ces années-là.
- 24 appartiennent au diocèse de Chersonèse (Moscou). Je n'ai pas trouvé de source mentionnant le nombre de paroisses dépendant de Moscou avant la guerre ni dans les années 1950. Il semblerait qu'il n'y en eut guère plus d'une douzaine et le doublement de leur nombre serait donc essentiellement du à de nouvelles fondations. Seules deux seraient venues récemment des rangs de l'archevêché.
- l'Église russe à l'étranger (patriarcat de Mosocu, ROCOR, diocèse de Genéve, ) en compte 7 contre 14 avant les discussions avec le Patriarcat de Moscou à partir de 2000 puis l'acte de rétablissement de la communion en 2007 qui avaient provoqué le départ des opposants.

En plus de ces paroisses canoniques répertoriées par leurs juridictions, il y a en France plus d'une dizaine de paroisses et communautés dissidentes non reconnues canoniquement. 7 proviennent des scissions de l'Église russe à l'étranger et d'autres ont été créées par des clercs en rupture avec leur juridiction canonique. Elles sont réparties entre plusieurs nouvelles juridictions non-canoniques dont les plus importantes sont:
- L'Église orthodoxe russe hors frontières - Autorité suprême provisoire de l'Église
- L'Église orthodoxe russe en exil (Diocèse d'Europe occidentale)
- La Vraie Église orthodoxe russe - Synode Lazarite

PETITES SOCIOLOGIE DES FIDÈLES

Nous pouvons faire ressortir trois origines différentes des paroissiens fréquentant régulièrement les paroisses orthodoxes russes.

DESCENDANTS DES "BLANCS": La plupart des paroisses russes, toutes juridictions confondues, ont été fondées (ou développées pour les 5-6 qui existaient avant la révolution) avant la guerre par et pour les émigrés "Blancs". Leurs descendants les ont maintenues jusqu'à nos jours à travers 2, 3, 4 voire 5 générations et ce sont toujours eux qui en forment le "noyau dur" et en assurent avec abnégation l'administration. Ils sont aussi largement majoritaires parmi les membres du clergé. On peut noter la grande fidélité des membres de ce groupe à leur juridiction; il y a bien eu, principalement à Paris et dans sa région, des changement de paroisse à la suite de l'appel à l'union du patriarche de Moscou Alexis II en 2003 (2), quelques descendants d'émigrés ont quitté l'Archevêchés pour rejoindre le diocèse de Chersonèse ou l'Église russe à l'étranger, mais ce mouvement n'eut qu'une ampleur réduite et, comme mentionné plus haut, il n'y eut que deux paroisses pour faire de même…

"CONVERTIS"(3): il y en a un nombre significatif de "convertis", que j'évalue en moyenne à 10-15%, parmi les pratiquants réguliers des paroisses orthodoxes russes. Ils Partageant avec les descendants d'émigrés l'engagement actif, les charges administratives et, de plus en plus, le sacerdoce. Ceci est d'autant plus notable que les "convertis" ne représentent qu'une part très faible des personnes se considérant comme Orthodoxes dans nos pays (le père Serge Model évolue cette part à "environ 1 % des orthodoxes des pays concernés," ibidem) mais, ayant fait une démarche volontaire et raisonnée pour devenir orthodoxes, les "convertis" se révèlent nettement plus engagés dans leur foi que ceux qui sont Orthodoxes par tradition familiale et culturelle (4).

"NOUVEAUX ARRIVANTS": c'est le groupe le plus important parmi les pratiquants réguliers, voire majoritaire dans certaines paroisses. Ces fidèles arrivent régulièrement depuis l'éclatement du bloc soviétique (1990-91), et ils commencent maintenant à s'engager dans le fonctionnement des paroisses où ils apportent un nouveau souffle et, parfois, de nouvelles pratiques (par exemple pour la vénération des icônes ou les vêtements féminins…) Ces fidèles viennent le plus souvent de Russie, mais aussi des pays voisins, Moldavie, Géorgie, voire Serbie, et leur apport peut parfois amener l'introduction de leur langue dans les offices si le célébrant la maitrise. Il y a actuellement peu de clercs parmi ces nouveaux arrivant à l'exception notable du diocèse de Chersonèse où la majorité des clercs fait partie de ce groupe.

EN GUISE DE CONCLUSION

On constate que les paroisses orthodoxes de tradition russe constituerait le groupe le plus important en France si elles n'étaient aussi divisées: même celles qui dépendent du patriarcat de Moscou sont toujours divisées en deux diocèses 10 ans après l'union de 2007! C'est à l'évidence le diocèse de Chersonèse qui montre le plus grand dynamisme par ses création de paroisses, la fondation du séminaire d'Épinay, la nouvelle cathédrale de Paris après le retour de celle de Nice, alors que l'Archevêché semble décliner inexorablement tout en restant prépondérant. Il est bien triste que l'union proposée en 2003 ait été refusée par l'Archevêché: elle aurait clairement dynamisé l'ensemble comme ce fut le cas pour l'Église roumaine après l'union de 2009…

(1) http://exarchat.eu/spip.php?article89
(2) http://www.oltr.fr/…/73-appel-historique-adresse-par-le-pri…
(3) "Convertis" est pris au sens du père Serge Model: "Occidentaux « de souche » devenus orthodoxes" in http://basilekrivocheine.org/…/une-page-mconnue-delhistoir…/. http://www.egliserusse.eu/…/Orthodoxie-occidentale-la-lecon…
(4) Les études menées dans les pays voisins, Suisse, Allemagne, Angleterre, montrent que seuls 10% de ceux qui se disent Orthodoxes fréquentent régulièrement une paroisse (les autres se contentent généralement des "Baptêmes-mariages-enterrements" plus Pâques et Noël pour les plus "fervents"…) Il n'est donc pas étonnant que les "convertis", qui pratiquent à régulièrement à 100%. Représentent plus de 10% des pratiquants pour 1% du total…

7.Posté par Affeninsel le 04/09/2017 01:00
N'exagérons rien. A Olivier de Serres, les offices sont encore à 95% en slavon (les vigiles le sont intégralement), les ajouts en moldave sont encore marginaux (même s'ils tendent à dépasser le français, l'aspect local de la vie orthodoxe étant désormais tout à fait jeté aux orties). Il est en revanche vrai que la proportion de moldaves dans cette paroisse est très importante, environ la moitié, dirais-je, et cela tient à la présence du Père Michel Cusnir, qui vient de Moldavie. Dans les autres paroisses, quoique des Moldaves viennent en abondance faire bénir leurs koulitchs lors de la nuit de Pâques, il y a moins de paroissiens réguliers, me semble-t-il.

8.Posté par Irénée le 04/09/2017 16:05
@Vladimir, post 6
J'aimerais lire quelques arguments venant appuyer votre affirmation "alors que l'Archevêché semble décliner inexorablement"...
De quoi parlez vous ? Du nombre de paroisses ? Du nombre de prêtres ? Du nombre de fidèles ?
Avez-vous quelques exemples de paroisses ayant disparues ces 10 dernières années ?
Des paroisses qui se sont vidées ?
J'observe personnellement bien au contraire qu'il y a eu des créations et des développements des communautés...
Bien entendu, il y a eu les grandes "affaires" comme la cathédrale de Nice, mais à part ce cas très médiatisé je ne vois pas bien de quoi vous parlez ni sur quelles observations vous vous appuyez.
Merci pour par avance de nous éclairer, afin de ne pas rester sur des "impressions" !

9.Posté par Vladimir G: le déclin de Daru le 04/09/2017 23:40
Bien cher Irénée,

Merci pour votre question qui me permet de préciser ma pensée. Je ne parle pas des 10 dernières années, car je n'ai aucun élément précis concernant les nombre de paroisses il y a 10 ans. En revanche j'ai une chiffre précis avant guerre, comme je l'écris dans cet article, et là l’Archevêché passe de 70 à 55.

Élément plus grave, ce déclin se produit sur un fond de croissance générale des paroisses orthodoxes en France: il y en avait environ 100 avant guerre, dont l’Archevêché représentait 70%, il n'en représente plus que 20% sur 280 d'aujourd'hui ... C'est cela que j'appelle déclin. Je cite en face les progrès de Chersonèse, mais on doit surtout souligner ceux du diocèse roumain, passé dans le même temps de 1 à 90 paroisses (!)

Pour ces dernières années je ne connais, comme je l'ai écrit, que quelques quelques descendants d'émigrés qui ont quitté l'Archevêché pour le diocèse de Chersonèse ou l'Église russe à l'étranger (mouvement clairement moins important que ne l'écrit N.B. en 3), et 2 ou 3 paroisses rejoignant Chersonèse (Lyon et Clamart + "une paroisse de l'est" que je n'ai pas pu identifier). On peut aussi citer les problèmes récurrents de l'ITO face au développement régulier du séminaire d'Épinay...

Vous avez raison, bien cher Affeninsel, les paroisses qui peuvent accueillir les nouveaux arrivants dans leur langue les attirent évidement. Il y a ainsi 2 prêtres moldaves à Chersonèse (aussi) et de nombreux moldaves à la cathédrale, de nombreux Géorgiens se regroupent dans une paroisse du diocèse de Genève à Lyon, etc.

10.Posté par Affeninsel le 05/09/2017 22:05
Comme d'habitude, Vladimir salue les "progrès" des juridictions émanant des pays de tradition orthodoxe, comme s'il s'agissait là d'un exploit spirituel, alors que la chose tient à la démographie et aux finances des états qui les instrumentalisent à moitié. Lesquels progrès, sans une vraie vie orthodoxe, c'est à dire missionnaire, aboutiront au déclin total que d'autres ont déjà connu.

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