Séraphin Rehbinder: l'ACOR-Nice s'est engagée dans une voie qui risque de lui  être dangereuse
La revue officielle du patriarcat de Moscou "Tzerkovny Vestnik" publie le 26 octobre une interview d'Elena Maler-Matiasova avec Séraphin Rehbinder, président de l'OLTR (l’un des fils de l’archiprêtre Alexandre Rehbinder) à propos du Communiqué de l’Association en date du 15 octobre 2011. Il s'y agit de l’affaire de Nice ainsi que du devenir de l'Archevêché

E.M. - Séraphim Alexandrovitch, le conflit autour de la cathédrale Saint Nicolas n’a toujours pas trouvé de solution. Ce conflit date d’il y a plus d’un an et les parties qui y sont impliquées n’ont toujours pas réussi à entamer des pourparlers. Envisagez-vous une issue concertée ? Quelles sont les raisons qui ont empêché que des négociations puissent avoir lieu ?

S.R. - Une issue pacifique était tout à fait envisageable, et il faut le rappeler, la Russie n’a jamais eu recours à la force, comme ses adversaires le disent aujourd’hui, au contraire, elle a fait son possible pour que des pourparlers puissent s’engager.

A commencer par 2007, lorsque l’ambassadeur de la Fédération s’est adressé à l’évêque en charge de l’exarchat des églises orthodoxes russes en Europe occidentale pour lui annoncer que la Russie a l’intention de faire valoir ses droits sur la cathédrale Saint Nicolas à Nice. Il a précisé que l’Etat russe est disposé à proroger le bail venant à expiration avec l’ACOR Nice, personne juridique représentant la cathédrale. Il fallait pour cela que l’ACOR accepte le transfert de propriété et cesse de prélever un paiement pour le droit d’entrée dans la cathédrale. L’ACOR ne donna aucune réponse à cette proposition. Elle se mit à répandre des récriminations visant le patriarcat de Moscou ainsi que la Russie post soviétique. L’ACOR estimait qu’elle était depuis longtemps chez elle à la cathédrale et que la Russie n’avait pas la moindre revendication à faire valoir. Or, si l’ACOR avait alors accepté d’entendre les arguments de la Russie et de proroger le bail la situation ne serait certainement pas ce qu’elle est aujourd’hui.
Actuellement, comme de par le passé, la Russie appelle aux négociations. L’association cultuelle présidée par l’archiprêtre Jean Gueit fait la sourde oreille et tout porte à croire qu’elle n’acceptera jamais de converser avec Moscou. Le dialogue n’a, de même, pas pu jusqu’à présent s’établir entre Mgr Nestor, évêque de Chersonèse (patriarcat de Moscou) et Mgr Gabriel de Comane qui, à chacune des rencontres, met fin à la conversation arguant qu’il n’est pas habilité à décider et qu’il lui est indispensable de consulter les responsables de l’ACOR. Des accusations fusent de partout incriminant la Russie de mener une action agressive unilatérale alors que cela ne correspond en rien à la réalité, bien au contraire. C’est en effet l’archevêché et l’ACOR qui fuient les contacts et agissent d’une manière unilatérale. Ils s’emploient à susciter des scandales et à se présenter en victimes. Ils font de leur mieux pour attirer l’attention des médias français et, dans la mesure du possible, les sympathies des Niçois.

E.M. - Quelle est la situation à la cathédrale Saint Nicolas ? Est-il exact que le nouveau recteur ne peut y officier ? Que la cathédrale reste fermée hors des heures des offices et que des panonceaux antirusses sont placardés à son entrée ?

S.R. - Malheureusement tout ceci est exact et j’en suis témoin. L’archiprêtre Nicolas Ozoline, le nouveau recteur nommé par le patriarcat de Moscou, s’est comporté dès son arrivée à Nice de la manière la plus courtoise, il a montré qu’il était entièrement disposé au dialogue et qu’il souhaitait trouver une solution concertée à tous les problèmes. D’emblée il a proposé au père Jean Gueit, l’ancien recteur, de concélébrer avec lui. Plusieurs offices conjoints ont pu avoir lieu. Mais assez rapidement le Conseil de l’archevêché (le père Jean en est membre) a condamné cette pratique ce après quoi Mgr Gabriel a interdit au père Nicolas Ozoline l’accès à l’autel de la cathédrale. Le père Jean Gueit continue à présider les offices alors que le père Nicolas Ozoline se rend à la cathédrale pour y prier mêlé à l’ensemble des fidèles.

Comme vous le savez le premier souhait exprimé par la partie russe était de cesser de prélever les droits d’entrée dans la cathédrale (3 € par personnes) instaurés depuis de longues années. L’ACOR a obstinément refusé d’accepter ce souhait. La Russie s’est vue contrainte de déclarer qu’étant le propriétaire légitime de la cathédrale depuis 2008 elle se réserve le droit de demander que lui soit reversé le total des sommes collectées depuis cette date. Cette éventualité a incité l’ACOR à supprimer, après réflexion, le prélèvement des droits d’entrée. Sans y être autorisée l’Association a restreint l’accès à la cathédrale. L’église n’est maintenant ouverte que pour la durée des offices, le reste du temps elle est verrouillée. Or, des masses de touristes venant du monde entier y affluent pour admirer cet admirable monument de l’architecture et de l’histoire russes. Cette insolite décision serait aux yeux de l’ACOR justifiée par le refus de la Russie de faire payer les visiteurs. Des affiches ont été placardées à l’entrée de la cathédrale disant que la Fédération a interdit de percevoir des droits d’entrée ce qui prive l’ACOR de continuer à rémunérer les salariés de la cathédrale. Encore une occasion pour l’ACOR de culpabiliser la Russie.

E.M. - L’ambassadeur de Russie en France, S.E. Alexandre Orlov, a récemment exprimé son indignation du fait que les responsables de l’ACOR s’estiment en droit de continuer à disposer d’un lieu qui appartient à son pays. L’ambassadeur a précisé qu’il était disposé à s’adresser aux tribunaux. Faut-il s’attendre à de nouvelles procédures ?

S.R. - En effet, il est plus que possible qu’il faudra de nouveau aller en justice afin d’obtenir l’expulsion de ceux qui se maintiennent dans les lieux contre le droit. Ceux qui résistent à l’application de la loi ont maintenant recours à de nouveaux arguments. Ils ne mettent plus en doute les arrêts adoptés par la justice française. Ils sont entièrement d’accord avec le fait que la cathédrale appartient en droit à la Russie. Mais désormais ils déclarent que la Russie n’est pas compétente à disposer de l’avenir canonique de la cathédrale et d’y désigner des clercs. Autrement dit, - l’église vous appartient, elle est la propriété de la Fédération de Russie mais vous n’avez pas le droit d’y nommer des prêtres. Telle est actuellement la posture de l’ACOR.

E.M. - Peut-on en conclure que les difficultés ne sont plus d’ordre juridiques et qu’elles relèvent désormais du droit canon ?

S.R.- Oui, en effet, le père Jean Gueit et l’ACOR estiment que l’Eglise orthodoxe russe n’a pas sa place en Europe occidentale. Il s’agirait d’un espace qui ne relèverait pas du territoire canonique de l’Eglise orthodoxe russe. C’est ce qui leur fait dire et répéter : « L’Eglise russe et le patriarcat de Moscou n’ont rien à faire chez nous » .
Pour ce qui est de la juridiction du patriarcat de Constantinople, les choses sont vues tout à fait autrement. L’archevêché estime se trouver sous « l’omophore du patriarche de Constantinople » mais ceci seulement afin de se percevoir indépendant. C’est comme s’ils se servaient l’un de l’autre : Constantinople étaye ses revendications juridictionnelles à l’égard de l’ensemble de la diaspora orthodoxe alors que l’archevêché en tire la conclusion de sa propre indépendance. L’archevêché se réjouit de voir que Constantinople ne s’ingère pas trop dans ses affaires. Il voudrait être indépendant à l’égard de Constantinople. Leur objectif consiste, et ils ne rêvent que de cela, à installer une Eglise locale totalement indépendante. L’archevêché n’a cesse de répéter qu’il est le seul à regrouper en France les orthodoxes libres de tout phylétisme. Il s’affirme être la seule et unique structure ecclésiale non tributaire d’un Etat quel qu’il soit.

E.M. - Quelle est en l’occurrence l’attitude du patriarcat de Constantinople ? Que peut-on dire de la missive du patriarche Bartholomé à l’occasion du anniversaire de la cathédrale Saint Alexandre à Paris ?

S.R. - Les relations avec Constantinople n’ont pas toujours été aisées. Cela s’explique essentiellement par les revendications de Constantinople d’être le coordinateur des Eglises orthodoxes car sa juridiction s’étendrait soit disant à l’ensemble des pays de la diaspora orthodoxe. En voici un exemple : une Assemblée des évêque orthodoxes de France (AEOF) a été mise en place. On y supposait une coopération sur des bases d’égalité entre les évêques représentant les Eglises orthodoxes présentes en France. Or, le patriarcat de Constantinople a réussi à faire valoir que la décision en ultime recours appartenait à l’évêque de l’Eglise de Constantinople et qu’il lui incombait donc de présider l’AEOF. Tout récemment la Commission interorthodoxe réunie à Chambésy a institué un principe de coopération interorthodoxe fondé sur des bases justes . Il a été décidé à Chambésy que l’AEOF ne peut prendre des décisions qu’à l’unanimité. Ainsi, l’évêque représentant Constantinople s’est trouvé à pied d’égalité avec les autres membres de l’Assemblée. Cela correspond aux principes fondamentaux des relations entre les Eglises orthodoxes.
Je crois pouvoir dire que ce ne sont ni Constantinople, ni Mgr Gabriel qui incarnent actuellement la force motrice de l’opposition à Moscou mais un groupe de membres du conseil de l’archevêché dont fait partie le père Jean Gueit. Je dirai plus : j’ai le sentiment que ce conflit et toutes les dissensions qui se sont fait jour autour de l’archevêché ne sont pas du tout du goût de Constantinople. J’en veux pour preuve la missive du patriarche Bartholomé à l’occasion du 150 anniversaire de la cathédrale saint Alexandre à Paris. Il y est question « de renforcer les passerelles qui permettent nos relations avec l’Eglise sœur du patriarcat de Moscou. Les temps ont changé. L’esprit de la polémique est resté derrière nous. Il nous faut panser les plaies infligées par l’histoire et renoncer une fois et à jamais à toute hostilité ».

E.M. - Pouvons-nous espérer que ces sages paroles du patriarche de Constantinople auront leur effet sur la situation à Nice à l’horizon 2012 lorsque la cathédrale Saint Nicolas célèbrera son 100e anniversaire ?

S.R.- Je crois qu’une solution sera trouvée sous peu. Les situations conflictuelles et la coercition ne sont certes pas à exclure, je ne vois pas d’autres issues si l’ACOR persévérait dans son refus de la conciliation. L’ACOR entendra-t-elle l’appel du patriarche de Constantinople « Il nous faut panser les plaies infligées par l’histoire et renoncer une fois et à jamais à toute hostilité » ? Malheureusement ils se perçoivent comme une structure indépendante de tous, de Moscou, comme de Constantinople.
Ils commencent à se sentir comme étant les seuls et uniques authentiques orthodoxes, ni phylétistes, ni nationalistes, ni tributaires d’un quelconque Etat, ni en violation des décisions adoptées par le concile de Moscou 1918… C’est un état d’esprit qui force l’inquiétude. Cette perception de soi risque d’induire en orgueil et de faire mépriser les autres. C’est un sentiment inhérent aux sectes qui s’éloignent de l’Eglise. En effet, les sectaires se sont immuablement considérés être les seuls orthodoxes authentiques. Seule une appartenance ferme à l’Eglise apostolique est à même de contrer cette tentation.
Nous regrettons que l’Archevêché soit hostile à l’Eglise orthodoxe russe et que ses relations avec l’Eglise de Constantinople ne soient que formelles alors que l’Eglise locale dont il projette la création est totalement inexistante. Espérons que Dieu ne laissera pas l’archevêché s’égarer d’une manière irrémédiable et l’aidera à trouver la place qui lui revient au sein de l’Eglise universelle.

Elena Maler-Matiasova

Voir: Le Bulletin quotidien du patriarcat de Moscou « Tzerkovny Vestnik » publie le 19 mai 2011 un article de Nikita Krivochéine intitulé « La restitution à la Russie de la cathédrale Saint Nicolas à Nice, une nouvelle opportunité de réconciliation »

Traduction "PO"
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"Серафим Ребиндер: Политика Ассоциации АCOR в Ницце может вывести ее на очень опасный путь"

Елена Малер-Матьязова

За последнее время, после произошедшего в мае 2011 года признания французским правосудием прав собственности России на русский Свято-Никольский храм в Ницце, в его положении произошел ряд важных изменений. В начале сентября по решению Московского Патриархата был назначен новый настоятель храма священник Николай Озолин; а вслед за этим, наконец-то, была упразднена взимавшаяся долгое время входная плата в храм, как на популярный туристический объект. Но, к сожалению, в ответ на эти первые шаги по нормализации его состояния конфликт Православной культовой ассоциации Ниццы (ACOR) с Русской Православной Церковью лишь усугубился. Так, новый настоятель храма отец Николай Озолин не допускается к исполнению своих прямых обязанностей - к служению; сам храм в любое время, за исключением богослужений, держится в закрытом состоянии; ключ от храма до сих пор не передан представителям Московского Патриархата.

О конфликте вокруг русского храма в Ницце, о позициях «оппонентов» Русской Православной Церкви, о причинах, мешающих наладить между ними диалог, в интервью Елене Малер-Матьязовой рассказал Серафим Ребиндер, сын протоиерея Александра Ребиндера, общественный деятель и председатель OLTR - «Движения за поместное православие русской традиции в Западной Европе».
От имени OLTR 15 октября 2011 года вышло очень важное коммюнике «Как решить проблемы Ниццы».

- Серафим Александрович, конфликт вокруг Свято-Никольского храма в Ницце, к сожалению, разрешить все еще не удалось. Больше того, между спорящими сторонами до сих пор не состоялись нормальные переговоры. Как вы считаете, есть ли возможность выйти из сложившейся ситуации мирным путем? Что мешает начать переговоры?

- Начну с того, что мирный путь действительно был возможен. Россия ничего не делала силой, как ее оппоненты это сейчас описывают, а, напротив, на протяжении долгого времени пыталась вести с ними переговоры. Так было и в 2007 году, когда российский посол в Париже обратился к правящему архиепископу экзархата русских православных церквей в Западной Европе с предупреждением о том, что Россия намеревается предъявить свои права на собор Святителя Николая в Ницце. И тогда же он заявил, что российское государство готово продлить подходящий к концу договор аренды русского храма с Православной культовой ассоциацией Ниццы, являющейся его юридическим лицом. При том условии, конечно, что Ассоциация не будет оспаривать право собственности, а также отменит введенную плату за вход в храм. Но ответа со стороны ACOR не последовало, зато последовали обиды и упреки в адрес Московской Патриархии и постсоветской России, у которой, мол, отсутствуют какие-либо права на эту, давно уже ставшую их, церковь. А если бы тогда они прислушались к доводам России и согласились продлить аренду – все было бы совсем по-другому.

Россия и сейчас призывает все стороны к переговорам. Но приходская Ассоциация во главе с протоиереем Иоанном Гейтом это игнорирует и, видимо, принципиально не пойдет на диалог с Москвой. Одновременно до сих пор не могут состояться переговоры между епископом Нестором, управляющим Корсунской епархией РПЦ, и архиепископом Гавриилом Команским, который всякий раз приостанавливает намеченные встречи, ссылаясь на то, что он в этой ситуации ничего не решает и ему нужно посоветоваться с руководством ACOR… И при этом по отношению к России то и дело раздаются обвинения в каких-то агрессивных односторонних действиях, тогда как все обстоит ровно наоборот. Именно они отказываются от переговоров, осуществляют односторонние действия, пытаются устраивать скандалы и постоянно выставляют себя обиженными - в том числе для того, чтобы привлечь к себе внимание французской прессы и, по возможности, поддержку местного обшественного мнения.

- Каково положение дел в Свято-Никольском храме в Ницце? Действительно ли новый настоятель храма не может в нем служить, доступ в храм во внебогослужебное время закрыт, а перед ним выставлены антироссийские плакаты?

- К сожалению, это действительно так, и я сам был этому свидетелем. Отец Николай Озолин, назначенный новым настоятелем Московским Патриархатом, вел себя очень деликатно по прибытии в Ниццу и показывал свою готовность взаимодействовать со всеми и мирно решать все проблемы. Так, он сразу же предложил предыдущему настоятелю, отцу Иоанну Гейту, сослужить вместе с ним, и несколько таких совместных служб действительно состоялось. Но вскоре совет Архиепископии, членом которого является и сам отец Иоанн, эту практику осудил, после чего владыка Гавриил Команский просто запретил отцу Николаю Озолину служить в этом соборе. Поэтому сейчас там продолжает служить отец Иоанн Гейт, а священник Николай Озолин ходит на службы как простой прихожанин.

Как Вы знаете, первая просьба российской стороны была связана с отменой взимаемой на протяжении долгого времени входной платы в храм (в размере 3 евро), но приходская Ассоциация до последнего отказывалась это сделать. Пока Россия не заявила, что в случае отказа она, будучи собственником храма с 2008 года, оставляет за собой право потребовать все собранные за этот срок деньги, и эта угроза заставила Ассоциацию задуматься и все-таки отменить входную плату. Но вместе с этим она решила ограничить доступ в храм, который сейчас открыт только во время богослужений, а после – сразу же закрывается на ключ и большую часть времени находится в закрытом состоянии. А ведь в этот храм, как памятник российской архитектуры и истории, регулярно приезжают огромные потоки туристов… И в качестве оправдания этой меры называется запрет России на взимание той самой входной платы в храм, в связи с чем прямо перед храмом действительно выставлен плакат для посетителей и туристов, разъясняющий, что Российское государство запретило взымать входную плату, тем самым лишив возможности оплачивать работу сотрудников храма, в связи с чем приходская Ассоциация была вынуждена храм закрыть. Таким образом, они продолжают сваливать всю вину на Россию.


- Недавно посол России во Франции Александр Орлов в своем интервью высказал возмущение тем, что члены приходской Ассоциации считают себя в праве продолжать распоряжаться принадлежащим России храмом, и выразил готовность вновь прибегнуть к судебному решению проблемы. Как вы считаете, предстоит новое судебное разбирательство?

- Да, очень может быть, что придется снова обращаться в суд, чтобы добиться насильственного выселения незаконно занимающих собор. Но дело в том, что у оппозиционеров Москвы появилась новая позиция. Они больше не оспаривают решение французского правосудия и выражают согласие с юридической принадлежностью храма России. Но вместе с тем настаивают на том, что Россия не может решать каноническую судьбу этого храма и назначать в него священника. Иными словами, по закону - церковь ваша, но прав назначать своих священников у вас нет – вот такую позицию они сейчас и занимают.

- Получается, что теперь дело не в юридических вопросах, а в канонических…

- Да, такова позиция членов ассоциации ACOR и отца Иоанна Гейта, по мнению которых Русской Церкви нет места в Западной Европе, это пространство – не ее каноническая территория. Их любимая фраза по поводу Московского Патриархата: «Русской церкви тут нечего делать».

Что касается Константинопольской юрисдикции, тут дело обстоит несколько иначе. Да, сейчас Архиепископия находится «под омофором Константинопольского патриарха», как они выражаются, но лишь для того, чтобы чувствовать свою независимость. Можно сказать, что у них - взаимное использование друг друга: Константинополь подкрепляет свои юрисдикционные претензии на всю православную диаспору, а архиепископия – свою независимость. Они ценят, что Константинополь не слишком вмешивается в их внутренние дела, и, на самом деле, они хотят быть независимыми и от Константинополя тоже. Одно из их мечтаний – создание собственной, независимой ни от кого, местной церкви. Так, они часто утверждают, что являются единственными православными во Франции, свободными от «филетизма»; а также - единственным церковным уделом, свободным от давления со стороны какого бы то ни было государства.

- Как видит сложившуюся ситуацию Константинопольский Патриархат? И как вы можете прокомментировать недавние высказывания Патриарха Варфоломея в связи со 150-летием собора Александра Невского в Париже?

- Вообще, отношения с Константинополем не всегда легко выстраивать в связи с его претензиями на функцию главного координатора православных церквей, якобы распространяющего свою юрисдикцию на все страны православной диаспоры. Так, когда у нас была создана Ассамблея православных епископов Франции, в ней предполагалось равное сотрудничество епископов от всех находящихся на территории страны православных церквей. Но Константинопольский патриархат настоял на том, что главное слово должно быть за епископом Константинопольской церкви, который должен председательствовать в Ассамблее. Но совсем недавно, на заседании Межправославной комиссии в Шамбези, в какой-то мере была восстановлена правильная модель сотрудничества - принятием положения о том, что любые решения Ассамблеи православных епископов могут приниматься только единодушно. И епископ Константинопольский вновь оказался в равном положении со всеми остальными, что и является выражением нормальной модели межправославных отношений.

Но, на мой взгляд, сейчас и в этом конфликте вокруг собора в Ницце некой точкой притяжения оппозиции Москве является не Константинополь и, наверное, не владыка Гавриил Команский, а группа членов Совета Архиепископии, в том числе и сам отец Иоанн Гейт, вокруг которого и концентрируется приходская Ассоциация ACOR. Скажу больше: мне кажется, что Константинополю и весь этот конфликт, и все эти раздоры, поднятые вокруг Архиепископии, очень не нравятся. И лучшее тому подтверждение - слова, прозвучавшие в его приветствии: и о необходимости «достроить мосты, укрепляющие наши братские отношения с братской Церковью Московского Патриархата», и, главное, о том, что «времена изменились, дух полемики остался позади, нам необходимо залечивать раны, причинённые историей, и напрочь отказаться от всякой враждебности».

- Хотелось бы надеяться, что эти слова Константинопольского Патриарха повлияют на разрешение ситуации хотя бы к 2012 году, когда собор в Ницце будет отмечать 100-летие.

- Я думаю, в скором времени все будет решено. Но не без скандалов и не без принудительных мер. Другого выхода просто не останется, если они так и будут отказываться делать какие-либо примирительные шаги, хотя бы просто пойти на переговоры. Возымеет ли какое-то воздействие на членов приходской Ассоциации призыв Константинопольского Патриарха «залечивать раны, причинённые историей, и напрочь отказаться от всякой враждебности», сказать трудно. Поскольку, как я уже говорил, они воспринимают себя как некую независимую от всех – и от Москвы, и от Константинополя - структуру.

Но вот это возникающее у них чувство: мол, они и есть единственные истинно православные, ни филетисты, ни националисты, не зависящие от какого-либо государства, не уклоняющиеся от решений московского Собора 1918 года и так далее – это чувство очень настораживает. Во-первых, это чувство может привести к собственной гордыни и презрению по отношению к другим. А во-вторых, именно это чувство часто присуще откалывающимся от церкви сектам: ведь именно сектанты всегда считали, что они и есть единственные истинно православные. Против этого соблазна может спасти лишь крепкая причастность к соборной Церкви.

Мы сожалеем, что Архиепископия находится во враждебных отношениях с Русской Церковью и в чисто формальных отношениах с Константинопольской Церковью, а поместная церковь, о которой она мечтает, отсутствует. Дай Бог, чтобы их церковный удел не заблудился, а наконец-то нашел свое окончательное место во вселенской Церкви.

Читайте также:
Никита Кривошеин: Возвращение России Свято-Никольского собора в Ницце как еще один шанс к примирению

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 26 Octobre 2011 à 15:26 | 17 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Elena Maler le 27/10/2011 02:29
Merci beaucoup!
Je me souviens avec plaisir notre rencontre avec Séraphim Alexandrovitch
et une conversation très intéressante qui a conduit à cette interview)).

2.Posté par Potomok le 01/11/2011 12:44
Comme indiqué dans cette autre file de discussion (lien ci-dessous), commentaire n°31, le ton employé dans cette interview parait plus percutant que dans le communiqué n°17 de l'OLTR. Quelle est l'explication?

3.Posté par Potomok le 10/11/2011 17:10
Cette partie de l'interview de S. Rehbinder est assez percutante:

"Je crois pouvoir dire que ce ne sont ni Constantinople, ni Mgr Gabriel qui incarnent actuellement la force motrice de l’opposition à Moscou mais un groupe de membres du conseil de l’archevêché dont fait partie le père Jean Gueit. Je dirai plus : j’ai le sentiment que ce conflit et toutes les dissensions qui se sont fait jour autour de l’archevêché ne sont pas du tout du goût de Constantinople. J’en veux pour preuve la missive du patriarche Bartholomé à l’occasion du 150 anniversaire de la cathédrale saint Alexandre à Paris."

Que peut-on alors penser de ce courrier adressé aux paroissiens occupant, encore, la cathédrale de Nice? Qui incarnent cette force motrice de l'opposition à Moscou?

4.Posté par A-Marie Gueit le 11/11/2011 11:23
"L’archiprêtre Nicolas Ozoline, le nouveau recteur nommé par le patriarcat de Moscou,"

Séraphim Rehbinder peut-il nous dire quand et par qui le père Nicolas Ozolin a été nommé Recteur de la Cathédrale de Nice?

5.Posté par A-Marie Gueit le 11/11/2011 19:31
Il me semble important que Seraphim Rehbinder réponde à ma question .
Si son affirmation est erronée, il est important qu'elle soit rectifiée.
On ne peut appeler au dialogue et se baser sur des allégations inexactes.

6.Posté par Potomok le 11/11/2011 23:29
Que Séraphin Rehbinder vous réponde!

Mais ne confondez vous pas "paroisse" et "édifice"?
On est recteur d'une paroisse pas d'un édifice.

Le père Nicolas Ozoline sera le recteur de la paroisse que va organiser le diocèse de Chersonèse dans la cathédrale qui sera mise à sa disposition par son propriétaire légale.

En aucun cas, il est prévu d'obliger la paroisse qui l'occupait précédemment à changer d'omophore. Ce ci répond aussi à Vladimir. Cette paroisse (liée à l'ACOR) restera bien la propriété (pour employer la terminologie du Canon 17 que Vladimir cite infatiguablement) de l'Archevêque Gabriel; en terme plus adapté, le recteur de cette paroisse appelé à s'installer rue de Longchamp, sera sous la responsabilté de Mgr Gabriel.

Il serait peut-être bien de plus s'occuper de l'organisation de ce nouveau contexte plutôt que de courir les prétoires et d'envahir l'espace médiatique avec ces fameuses "allégations inexactes", une fois que la cause est entendue.

7.Posté par Marie Genko le 12/11/2011 10:09
Cher Potomok,

Merci d'énoncer avec tant de clarté, ce qui nous semble évident à tous!
Lorsque la paroisse, fidèle à l'ACOR et au patriarche de Constantinople, sera installée paisiblement dans la belle église de la rue de Longchamp, nous souhaitons tous que des relations aussi fraternelles que possible s'établissent entre ces deux communautés.
Ces deux communautés, qui se réclament l'une comme l'autre de la Tradition de l'Eglise de Russie, et qui ne sont séparées qu'en raison des tragiques circonstances de l'Histoire du XXème siècle.

Bien à vous Marie

8.Posté par vladimir le 12/11/2011 11:41
Chère matushka,
A ma connaissance, la seule référence officielle à une nomination du père Nicolas à Nice se trouve dans le communiqué 2-11 de l'Archevêché de Daru qui parle de "l’entrée en fonctions du Père Nicolas Ozoline et du Diacre Georges Cheschko qui l’accompagne dans sa mission." Ce communiqué ne précise pas de quelles "fonctions" il s'agit, mais le mot "recteur" a été prononcé par Mgr Gabriel lors de son homélie le jour de la Dormition. Je suppose que, comme la plupart des contributeurs de ce blog, Seraphin se base sur ces informations.

Chers Marie et Potomok,
Je me demande à quel titre vous pouvez décider où doit célébrer la paroisse St Nicolas de Nice et quelle paroisse doit fonder Chersonèse (St Nicolas bis?). J'imagine que vous avez eu des informations précises de la part des évêques concernés dont c'est une prérogative exclusive...

9.Posté par Potomok le 12/11/2011 13:24
Cher Vladimir,

Je vous l'accorde, volontiers, il eut été préférable d'employer le conditionnel plutôt que l'affirmatif. Ou alors, employant cet "affirmatif", bien préciser qu'il s'agit de l'expression de mon opinion. J’étais amené à penser qu’il ne pouvait en être autrement sur une « plate-forme libre de discussion ». Et, bien sûr, je vous l’accorde, cette opinion n’a aucune valeur de quelque désignations que ce soit.

Voilà si vous acceptez que j'enlève la poutre de mon œil qui m'empêchait de voir que c'était seulement ma vision des choses.

Mais vous savez, cher Vladimir, que cela ne m'empêcha nullement d'observer, sur ce présent blog, de doctes affirmations de la transposition et de l'interprétation de canons de l'Eglise, par exemple le canon 17 de IV-Chalcédoine et nulle part de relever d'identiques expressions de réserves, de formulations qu'il s'agissait seulement d'hypothèses personnelles. Mais peut-être leurs auteurs avaient une paille dans l'œil qui les empêchait de lire que ce canon s'appliquent à des paroisses et non à des édifices, que ces paroisses ne sont jamais devenues, SANS CONTESTE, la "propriété" de leur évêque (le patriarche de Constantinople dont l'évêque de Comane n'est que l'exarque). Bref que ce canon relatant une situation sans aucun lien avec la situation à laquelle de les appliquer sont, justement, de ce fait inapplicable.

Voyez, cher Vladimir, en vous priant d’excuser le ton employé, je vous propose de revenir aux seuls échanges d’opinions et vous savez que je lis les vôtres avec attention et intérêt, que j’en partage de très nombreuses. Mais je pense qu’il convient bien de les circonscrire à ce qu’elles sont : des opinions.

10.Posté par Daniel le 12/11/2011 14:12
En définitive, la paroisse (sous-entendu les fidèles) souhaitant demeurant dans la juridiction de Constantinople, faute de pouvoir disposer de l'usage du bien, s'installera où bon lui semblera...

11.Posté par A-Marie Gueit le 12/11/2011 15:03
La première (et seule, à ma connaissance) mention écrite de la nomination du p. Nicolas comme recteur se trouve sur le Blog de l'AACOR :

"dimanche 21 août 2011
Le père Nicolas Ozoline est nommé recteur de la cathédrale Saint Nicolas de Nice par le patriarcat de Moscou"

Quelques jours auparavant, le Consul de Russie avait officiellement présenté le p. Nicolas aux membres de l'ACOR comme le "nouveau recteur".


12.Posté par vladimir le 12/11/2011 15:55
Chère Matushka, vous avez parfaitement raison: ce premier "canard" (on appelle ainsi des informations non fondées chez les journalistes) est parti du site de l'AACOR-SNN et a été repris par plusieurs média, dont PO (avec référence expresse à la source) et Nice-matin. J'ai immédiatement souligné dans le 1er commentaire qu'il s'agissait là d'une information sans fondement, mais le communiqué 1-11 de l'Archevêché de Daru (24 août) lui a donné la seule confirmation officielle que je connaisse à ce jour, relayée ensuite par l'homélie de Mgr Gabriel et d'autres média… jusqu'à ce texte de Séraphin.

C'est la première fois que j'entends dire que "Quelques jours auparavant, le Consul de Russie avait officiellement présenté le p. Nicolas aux membres de l'ACOR comme le "nouveau recteur"." Il est regrettable que cela n'ait été mentionné dans aucune information officielle des parties en cause. En particulier le Communiqué 2-11 mentionne bien la rencontre avec le consul le18 août après-midi, mais ne précise pas les fonctions du père Nicolas... Mgr Gabriel n'était probablement pas informé quand il a prononcé son homélie: il y parle de l'appel et de la lettres reçus de Mgr Nestor en soulignant bien qu'il n'y était pas question de nomination et que c'est en se fondant sur le "canard" journalistique qu'il réagit...

13.Posté par A-Marie Gueit le 12/11/2011 18:32
Bref, vous n'êtes pas loin de dire que s'il y a malentendu, c'est la faute de Mgr Gabriel!...

Cela dit, quand Mgr Gabriel est venu à Nice, il était parfaitement au courant des propos tenus par le consul : tous les membres du Conseil paroissial de l'ACOR ,présents à la rencontre étaient témoins et l'Archevêque avait donc été informé.
Cela explique sa réaction à la fin de la liturgie (ce n'était pas l'homélie!)

D'autre part, dans un article de Nice-Matin du 15 Septembre,l'ambassadeur Orlov réclame les clés de la cathédrale et déclare" "Dès que nous serons en possession du trousseau, nous le donnerons au père Nicolas Ozolin,LE NOUVEAU RECTEUR nommé par le Patriarcat de Moscou."

Apparemment, l'Ambassadeur de Russie en personne est victime des canards de l'AACOR !

14.Posté par Федор Аркадьевич le 12/11/2011 20:08
Chere matushka! Raconter nous plutot le flop magistral de la reunion du clerger de l'exarchat d'hier a st.Serge qui devais etre au sujet de Nice et qui a connus un certain changement de programe du au fait qu'un grand nombres de pretres n'on pas repondus a la convocation de l'archeveque...La question de Nice sans aucun doute divise aussi le clerger de l'exarchat et beaucoup plus que ne le pense son conseil diocesain !!! Monsieur votre epoux rassemble beaucoup moins de gens ...et celas est la vrai nouvelle de la reunion d'hier!

15.Posté par Potomok le 12/11/2011 21:52
Permettez de faire observer que cette discussion quant à savoir qui le premier a parlé du "Recteur nommé par le patriarcat de Moscou" est totalement surréaliste ! Si cela vous arrange, dites que c'est potomok! D.S., sur son blog ACER, a lançé, lui aussi, toutes sortes de vociférations...

Calmons le sujet.

Oui, dès que cela sera possible, une nouvelle paroisse va s'installer dans les murs de la cathédrale et, vraisemblablement, le père Nicolas Ozoline en sera le recteur. Précision pour Vladimir: C'est mon opinion.

Non, chère Matouchka, Mgr Gabriel n'y est pour rien,dans cette affaire. Quand le père Jean lui dit qu'il ne fera rien sans l'avis de son évêque, il répond que c'est au président de l'ACOR de prendre les dispositions par rapport à des décisions de justice, si on lui demande de s'entretenir avec Mgr Nestor, il croit devoir s'entourer de tout son conseil et pour les décisions, il attend l'avis du Patriarche dont il est l'exarque. Donc, on vous le confime: Mgr Gabriel n'y est pour rien. Et la tenue dans l'Eglise, elle peut différer, suivant que c'est une homélie ou bien une annonce?

Vous noterez qu'il n'y a que des constats et aucun jugement sur l'attitude adoptée.

Quant à l'ambassadeur ORLOV, je suppose qu'intervenant en tant que premier représentant, dans ce pays, de la personne juridique propriétaire de l'édifice, il dispose des droits et surtout des mandats (qui ne lui sont pas conférer sous forme de canards) pour expliquer quelle disposition il compte adopter quant à ce bien. Que l'on me contredise mais je crois savoir qu'un propriétaire, à l'intérieur des limites fixées par la loi, est assez libre de définir comment la jouissance de son bien. Et c'est rarement, un précédent occupant qui ne dispose plus d'aucun titre qui peut lui fixer les règles.

16.Posté par Michel le 12/11/2011 22:28
Le message 14 mérite quand même une réponse !
"L'affaire de Nice" n'était absolument pas le sujet central de la réunion d'hier à Saint Serge. Les invitations (pas les convocations !) envoyées il y a plusieurs mois comportaient un ordre du jour précis, et Nice n' y figurait pas...Cette réunion n'a pas été un "flop", mais bien au contraire une journée de travail paisible, riche d'échanges et de rencontres, commencée avec une Liturgie, et terminée par des vêpres...
Rien ne permet de dire que la question de Nice divise le clergé de l'archevêché. Encore une fois ces insinuations, ces mensonges et cette désinformation ne sont pas de nature à apaiser une situation déjà complexe !

17.Posté par vladimir le 12/11/2011 22:40
Merci Matoushka de toutes ces précisions,

Je suis en effet très étonné que des gens responsables aient pris des décisions graves (refus de concélébrer avec le père Nicolas) sur la base d'informations journalistiques sans fondement ou de propos de salon. Mgr Gabriel est en contact direct avec Mgr Nestor (il l'a souligné dans sa "réaction"); il sait que nommer un recteur est une prérogative épiscopale et non consulaire. Que ne s'est-il adressé à la source pour vérifier ce "canard" ?

Il est malheureux de constater que cela donne vraiment l'impression de rechercher l'incident, tout prétexte étant bon pour cela...

NB: je tiens à préciser très fermement que ces ratiocinations n’engagent que moi, commentateur libre, totalement indépendant et d'autant plus extérieur au débat que je suis géographiquement éloigné de Nice comme de Paris...

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