Avant qu'ils ne soient victimes de l'avance islamiste dans le nord de l'Irak, peu d'Occidentaux avaient entendu parler des Yézidis, ces adeptes d'une ancienne religion discrète, qui vénère l'ange-paon comme le chef des sept anges à qui Dieu a confié le monde. Leurs voisins et victimes comme eux, les chrétiens d'Irak, devraient être mieux connus ils appartiennent à l religion la plus largement rependue dans le monde. Mais beaucoup de gens croient encore à tort qu'il s'agit de Musulmans récemment convertis, alors que leurs communautés sont antérieures à l'Islam d'au moins trois siècles.

Quoi qu'ils sachent de l'histoire, ceux qui suivent les informations auront sûrement entendu annoncer que les chrétiens de Syrie et d'Irak ont subi plus que leur part des malheurs de leur pays. En Irak, la population chrétienne atteignait peut-être de 1,5 à 5% de la population avant 2003; elle est probablement passée à moins de 400.000. Avant la Syrie ait sombré dans la guerre, sa population chrétienne était d'environ 1,8 millions, soit 10% du total; 500 000 personnes au moins ont été déplacées.


"The Economist" explique les chrétiens d'Irak et de Syrie
Photo: une chrétienne d'Irak, qui fuie la violence dans les villes de Qaraqosh et Bartala, à environ 30 km à l'est de la province septentrionale de Ninive, prie dans un centre communautaire de la ville kurde d'Erbil, (région autonome du Kurdistan irakien) le 27 Juin, 2014,. (Karim Sahib / AFP / Getty Images)

Les chrétiens d'Irak et la Syrie présentent une image peu claire. Dans l'ancienne "rue appelée droite" qui traverse Damas, trois prélats portent le titre de Patriarche d'Antioche (et il y en a encore deux autres qui le revendiquent au Liban); 14 dénominations au moins sont présentes en Irak.

Certains sont en communion avec Rome, d'autres avec le christianisme orthodoxe mondial, d'autres avec personne... Pour essayer de comprendre les différent cas il faut se replonger dans les querelles que connut la chrétienté au Ve siècle, quand des esprits subtils essayaient de trouver une façon de'exprimer que Jésus-Christ était pleinement Dieu et pleinement homme, mais une seule personne. Pour les Catholiques, et la plupart des Chrétiens orthodoxes, la question a été réglée à Chalcédoine (maintenant une banlieue d'Istanbul), en 451, où il a été défini que les deux natures du Christ coexistaient "sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation".

Mais tout le monde n'était pas d'accord:

- Avant Chalcédoine, un groupe connu sous le nom de Nestoriens avait rompu avec le courant majoritaire en soulignant l'opposition entre les natures divines et humaines.
- Et à Chalcédoine même, un grand groupe dissident a fait l'objection opposée, arguant que la formule choisie sous-estime l'unité de la personne du Christ.

En Irak d'aujourd'hui: il y a deux obédiences qui ont des racines nestoriennes:
- les Catholiques chaldéens sont les plus nombreux; ils se sont réconciliés avec Rome en 1672.
-l'Église assyrienne d'Orient s'en est séparée en rejetant cette réconciliation.

En Syrie le tableau est plus compliqué (*):

- le patriarcat grec-orthodoxe d'Antioche est le plus grand groupe; il s'agit des chrétiens qui acceptent Chalcédoine et sont en communion avec les églises de Russie (avec lesquels ils ont forgé des liens étroits dans au 19ème siècle), de Grèce et ainsi de suite. - les grecs-melkites catholiques, qui acceptent à la fois Chalcédoine et (à partir de 1700), l'autorité de Rome sont pratiquement aussi nombreux;

- l'Eglise orthodoxe syrienne rejettent Chalcédoine et insiste sur la seule nature, divine du Christ.

- la principale Eglise arménienne, présente à la fois en Syrie et en Irak, est aussi non-Chalcédonienne, mais il y a aussi des Arméniens catholiques ou protestants.

Pour ceux qui sont si proches du Christianisme ancien et de ses années passionnés, les divergences théologiques sont trop importantes pour être abandonnées. Mais elles peuvent être transcendées par les épreuves communes. Deux évêques d'Alep, l'un grec-orthodoxe et l'autre syrien-orthodoxe, ont été enlevés en Avril 2013 et on n'en a aucune nouvelle. Tous qu'on en sait, c'est qu'ils discutent peut-être des natures du Christ, mais ce débat est probablement amical.

Source ICI

Traduction VG

(*) Note de VG: rappelons que le patriarche orthodoxe d'Antioche a réunis tous les primats lors du "Congrès Antiochiens"

Photo: Syrie - une couvent, et ses moniales, viennent d'être libérés des jihadistes par l'armée syrienne

"The Economist" explique les chrétiens d'Irak et de Syrie

Rédigé par Vladimir Golovanow le 25 Août 2014 à 10:59 | 6 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par «C’est une tragédie et un génocide» le 07/09/2014 17:36
Beyrouth, 6 septembre 2014 (Apic)

La situation des chrétiens en Irak est actuellement une tragédie, affirme le métropolite syro-orthodoxe Théophile Georges Saliba, archevêque du «Mont Liban» et de Tripoli. Interviewé le 5 septembre 2014 par l’agence Apic à Beyrouth, il estime que l’Europe et l’Amérique porte une importante part de responsabilité dans les violences en Irak par une protection lacunaire des chrétiens et par leurs livraisons d’armes aux rebelles.

2.Posté par Chrétiens d’Irak candidats à l’exil : le Quai d’Orsay appelé à accélérer le processus le 09/09/2014 16:19
Dix mille chrétiens irakiens ont déposé une demande de visa au consulat général de France à Erbil, au Kurdistan irakien, depuis le début de l’offensive de l’EI. A ce jour, seuls 55 d’entre eux ont été admis sur le sol français.
L’Association d’entraide aux minorités d’Orient (AEMO) a appelé lundi le gouvernement, et notamment le ministère des Affaires étrangères, à «simplifier et accélérer les démarches» pour les chrétiens d’Irak candidats à l’exil en France pour fuir les jihadistes de l’Etat islamique (EI).
Dix mille chrétiens irakiens ont déposé une demande de visa au consulat général de France à Erbil (Kurdistan irakien) depuis le début de l’offensive de l’EI, mais à ce jour seuls 55 d’entre eux ont été admis sur le sol français, a affirmé le secrétaire général de l’AEMO, Elish Yako.

Le responsable de cette ONG laïque présente sur le terrain s’exprimait lors d’une conférence de presse au Sénat sur le sort des chrétiens d’Orient, organisée par les sénateurs Roger Karoutchi, Joëlle Garriaud-Maylam (UMP) et Bariza Khiari (PS), ainsi que par la Coordination Chrétiens d’Orient en danger (Chredo).

«Nous avons une trentaine de familles qui se sont proposées pour accueillir en France des Irakiens et qui les attendent impatiemment. Leurs logements sont prêts», a déclaré Elish Yako. «On demande au Quai d’Orsay d’accélérer les démarches pour que des visas soient octroyés», a ajouté ce responsable associatif franco-irakien, relayant «un cri d’alarme sur place» car «l’hiver arrive dans un mois».

3.Posté par Dominique THIENPONT: DEMANDE URGENTE D'INTERCESSION DE PRIERE le 24/02/2015 14:31
un message reçu ce matin, transmis par une élève suisse .Que faire d'autre que de prier et faire suivre...

Diacre jean et françoise

Les religieuses du Bd Richelieu, Oblates de l'Eucharistie nous envoient ce message dramatique:

DEMANDE URGENTE D'INTERCESSION DE PRIERE

"Nous avons perdu la ville de Queragosh (Qaraqosh, Irak du Nord). Elle est tombée ; à ISIS " ils" décapitent systématiquement les enfants. C'est la ville dans laquelle nous avons également la contrebande alimentaire. ISIS a repoussé la peshmergas (forces kurdes) et est maintenant située à moins de 10 min. pour atteindre le point où notre équipe travaille à la survie. Des milliers ont fui la nuit dernière à Erbil. L'ONU a évacué son personnel de Erbil. Notre équipe est toujours là et y restera. La protection par la prière est absolument nécessaire. S'il vous plaît priez fidèlement (en permanence) pour la libération du peuple du Nord de l'Irak de la terrible montée / terreur d'ISIS et ses extrémistes avec objectifs de conversion de masse ou de mort pour tous les chrétiens dans cette région en ce moment

> > Je vous exhorte donc, et me suis engagé sérieusement à ne pas ignorer ce courriel ou de ne pas le supprimer. Envoyez-le à vos amis, chrétiens, que vous connaissez. Envoyez-le à des cercles de prière. Envoyez-le à vos pasteurs, prêtres, demandez-leur de prier pendant leurs célébrations pour cela. S'il vous plaît, assurez ce temps de prières spéciales pour ces préoccupations de terreur. Il est nécessaire que nous nous levions pour nos frères chrétiens. Priez, faites suivre, si possible!!! "

Dominique THIENPONT

4.Posté par Syrie : chrétiens assyriens aux prises avec l’État Islamique le 26/02/2015 13:10
23 février, l’organisation EI a attaqué les villages du nord-est de la Syrie, dans la région de Khabour, du gouvernorat de Hassake.

L’archimandrite Emanuel Youkhana, leader des chrétiens assyriens et responsable du CAPNI (Christian Aid Program Northern Iraq) confiait ce matin à l’AED plus de détails sur l’avancée de Daesh et la situation des chrétiens sur place : « J’ai pu parler par téléphone à l’un des contacts de CAPNI à Hasseke qui préfère rester anonyme. Les combats ont commencés lundi très tôt le matin à 4h00 du matin (heure syrienne) quand Daech a ouvert un front de combat de 40km de Tel Shamiram à Tel Hormizd (voir la carte). Daech a profité de l’engagement militaire du PYD (Parti démocratique de l’union Kurde) sur d’autre front pour avancer. Particulièrement à la frontière Irako-syrienne. C’est pourquoi il y a eu moins de résistance pour combattre les djihadistes. »

La situation des chrétiens est extrêmement difficile : « Le nombre de ces familles n’est pas définitif mais plus de 600 ont réussi à fuir. La majorité a trouvé refuge à Hasseke où les gens sont hébergés dans l’église. Mgr Mar Aprem Athniel, que j’ai eu au téléphone, témoigne que l’église et la salle communautaire sont remplies de tous ces réfugiés. » D’autres sont à Qamishly. Malheureusement, explique l’archimandrite Youkhana, « plusieurs personnes ne sont pas parvenues à s’enfuir et ont été capturées par Daech, selon notre source : 50 à Tel shamiran, 26 à Tel Gouran, 28 à Tell Jeziea et 14 jeunes (12 garçons et 2 filles) qui défendaient Tel Hormiz. Daech les a rassemblé puis à mis à part les femmes et les enfants. » L’Archimandrite rajoute : « Connaissant les habitudes barbares et brutales de Daech avec ses prisonniers, l’avenir de ces personnes est pour nous une grande source de préoccupation. Milad, un jeune homme de 17 ans, a été martyrisé. »

Selon l’archimandrite Youkhana, les églises de Tel Hormez et de Tel Shamiran ont été brulées, et d’autres incendies ont été repérés.

La région de Khabour dispose de 35 villages assyriens. (Voir la carte ci-jointe). Ces villages ont été créés par les Assyriens qui avaient fui le massacre d’août 1933 en Irak et qui se sont installés en Syrie dans l’espoir de revenir un jour dans leur patrie de l’Irak. Selon l’archimandrite, « jusqu’à présent, ils n’utilisent jamais le terme « village » ou « ville » pour leurs colonies dans Khabour. Ils insistent pour dire « camps » pour refléter le fait qu’ils sont installés là temporairement jusqu’à ce qu’ils retournent en Irak ».

Pour Marc Fromager, directeur de l’AED France : « Cela fait 80 ans que ces familles chrétiennes essaient de survivre à des massacres et visiblement, leur chemin de croix n’est pas terminé ! Combien de morts faudra-t-il encore avant que nous ne réagissions ? »

5.Posté par « L’exode des chrétiens de Syrie est une catastrophe pour notre civilisation » le 09/02/2016 13:43
La rencontre historique du 12 février 2016 à La Havane entre le pape François de Rome et le patriarche de l’Église orthodoxe russe Kirill sera l’occasion d’aborder la question de la situation des chrétiens d’Orient. Pour le patriarche de l’église syriaque catholique Ignace Joseph III Younan, les chrétiens de Syrie subissent actuellement un « génocide ». La revue russe Ogoniok s’est entretenue avec lui.

Ogoniok : Votre Sainteté, que se passe-t-il en Syrie, en fait ?

Ignace Joseph III Younan : Je suis un homme d’Église, et non un politicien : et ce qui m’inquiète en premier lieu, ce sont les souffrances de la population, qui paie le prix le plus élevé de cette guerre civile. Je ne parle pas seulement des victimes. Le nombre de gens souffrant de la faim, de la pénurie de médicaments et de conditions de vie inhumaines se compte en millions [plus de 2 millions, selon les données de l’organisation catholique « Aidons l’Église souffrante », ndlr].

Regardez ce qui s’est passé en trois ans à Alep ! Ce qui était autrefois un centre culturel et marchand prospère, unique en termes de démographie et de composition religieuse, cette ville où toutes les confessions étaient représentées, n’est plus aujourd’hui qu’un amas de ruines.

Ce qui se passe aujourd’hui en Syrie est un génocide des chrétiens – je n’ai pas d’autre mot. La communauté chrétienne du pays était une des plus importantes du Proche-Orient, elle représentait jusqu’à 19 % de la population globale – mais aujourd’hui, nous ne sommes plus que 5 % en Syrie. Et un exode aussi massif des chrétiens hors des lieux qui constituent le berceau de leur enseignement est une catastrophe non seulement pour la Syrie et tout le Proche-Orient, mais pour notre civilisation dans son ensemble.

Ogoniok : Tous les pays semblent prêts à combattre l’État islamique, mais ils sont incapables de se mettre d’accord sur des opérations militaires communes…SUITE

6.Posté par EN CHIFFRES le 28/02/2016 12:05
EN CHIFFRES

1,3 million : Nombre de chrétiens en Irak en 2002

30 000 : Nombre de chrétiens en Irak en 2015

2 millions : Nombre de chrétiens en Syrie en 2010

1,3 million : Nombre de chrétiens en Syrie en 2015

Sources : La Croix, Parlement européen

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