Un hiérarque du Patriarcat de Constantinople a rencontré le leader du « Patriarcat de Kiev »

1. ERREUR DE TRADUCTION: la rencontre s'est bien déroulée le 14 juillet à Kiev, mais le lieu n'en est pas précisé dans le communiqué source (en ukrainien). Elle ne s'est certainement pas déroulée "au Département des affaires ecclésiastiques extérieures de l’Église orthodoxe d’Ukraine", d'où provient le communiqué et dont le métropolite de Lougansk et Altchev Mitrophane est le président. Mais ce dernier a adressé es qualité, et avec l'accord de son primat, le métropolite de Kiev Onuphre, une note de protestation au patriarche de Constantinople pour "regretter que le métropolite Yurij n’ait pas trouvé la possibilité de rendre visite au primat de l’Église canonique orthodoxe d’Ukraine... etc." Lien Interfax

2. RESPONSABILITÉ MAL ÉTABLIE: l’Église orthodoxe ukrainienne au Canada, comme celle des USA, sont des Églises autonomes sous la juridiction de Constantinople (elles se sont détachées de l'UAOC durant la crise de 1992;) le métropolite Yurij (Kalichtchuk) est le primat de l'EOUA-Canada. Constantinople n'a jamais reconnu sa responsabilité dans les rencontres menées par ces prélats, qui semblent effectivement assez indépendants. Toutefois il n'est pas exclu qu'ils soient en fait "téléguidés" par le Phanar en sous-main...


Ukraine aujourd'hui: 1 pays, 2 langues, 2 confessions, 3 juridictions orthodoxes importantes…

Après dix siècles de déchirements et partages, l'Ukraine suivit les vicissitudes soviétiques jusqu'en 1991 et fit partie des trois pays qui y mettront fin en signant la création de la CEI. Je ne détaille pas le clivage linguistique mais il faut souligner qu'il se retrouve en grande partie au niveau confessionnel: selon un sondage effectué en novembre 2010, 78% d'Ukrainiens se déclarent croyants et plus de 67% Orthodoxes pour moins de 10% gréco-catholique (la deuxième confession) mais les orthodoxes sont divisés: voir pour plus de détails

- L'Eglise Orthodoxe Autonome d'Ukraine – Patriarcat de Moscou: UOC (MP), seule Église canonique, est la première Église d'Ukraine avec 46% des Ukrainiens d'après le sondage ci-dessus (d'autres sondages lui accordent environ 30%, à égalité voire au dessous du KP ci-dessous). Elle bénéficie d'une très large autonomie au sein du patriarcat de Moscou depuis 1990. Présente dans toute l'Ukraine elle joui d'un quasi-monopole dans les régions à majorité russophones. l'UOC compte 45 diocèses, 11 704paroisses, 9 518 clercs (Institut de la liberté religieuse, 2010).

- Le pseudo-patriarcat de Kiev /KP/, non canonique, est né en 1992 quand le métropolite de Kiev Philarète, après avoir échoué à être élu patriarche de Moscou en 1990, profite du soutien des autorités pour faire proclamer "le patriarcat de Kiev" par quelques évêques du patriarcat de Moscou et de l'Eglise autocéphale d'Ukraine. S'il bénéficie d'une certaine popularité politique qui se reflète dans les sondages (le sondage ci-dessus la crédite de l'appartenance de 22% des Ukrainiens et lui accordent jusqu'à 35%, à égalité voire au dessus de l'UOC) il est clairement minoritaire chez les pratiquant ne comptant que 34 diocèses, 4251 paroisses, 3041 prêtres (ibid. 7). Elle semble peu présente dans les régions russophones.

· L'Église Orthodoxe autocéphale d'Ukraine UAOC, non canonique 12 diocèses, 668 clercs, 1194 paroisses (ibid. 9) et moins de 1% dans les sondages.Continuatrice de l'Eglise autonome des provinces occidentales d'avant guerre, l'OUAC se réimplanta vers 1990 avec le soutien des autorités, surtout dans les provinces occidentales d'Ukraine, mais sa présence reste clairement très limitée. Les juridictions du Canada et des USA s'en sont séparées.

Et il existe aussi d'autres groupes très minoritaires qui se sont crées au cours des années 1990-2000, en particulier lors de la réunification de l'Eglise russe avec l'Eglise Hors Frontière (2007). Ils sont généralement liés à des paroisses à l'étranger mais ne comptent guère plus de quelques dizaines de communautés et leur influence n'est pas mesurable...

Ainsi le divisions confessionnelles contribuent aux fractures culturelles en Ukraine, mais il y a un point qui rassemble actuellement tous les partis en présence et toutes les juridictions: personne n'accepte l'idée d'une nouvelle partition de l'Ukraine (sauf quelques politiciens détachés du terrain comme le russe Jirinovski par exemple...) Lien

V. Golovanow

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 18 Juillet 2016 à 17:35 | 1 commentaire | Permalien



Recherche



Derniers commentaires


RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile