UN GÉANT DE LA THÉOLOGIE CONTEMPORAINE
Vladimir GOLOVANOW

"Une vision particulière est le point de départ de toutes les réflexions théologiques du père Alexandre Schmemann : le caractère essentiellement eschatologique du christianisme et l’eucharistie (ainsi que les autres sacrements et toute la vie liturgique de l’Église) comme expression et expérience du « Royaume ». Cette vision prophétique fait de lui un des grands théologiens orthodoxes du 20e siècle"(1). Je voudrais revenir sur quelques points essentiels de cette approche théologique avant de voir comment elle est actuellement reçue.

Une théologie pour le Peuple de Dieu: le père Alexandre fait sortir la théologie du ghetto académique où l'avaient enfermée les théologiens depuis le Moyen-âge. Son discours, simple, clair et précis, s'adresse en effet à tous, croyants ou non, comme on le voit particulièrement bien en retrouvant ses principales thèses dans les "Causeries sur radio Liberté", publiées en russe, et dans son Journal.

Or ceci correspond au besoin profond de notre époque que soulignait le patriarche Cyrille en appelant les théologiens à sortir des académies; cela correspond aussi à la vérité de l'Orthodoxie puisque "le gardien de la religion est le corps même de l'Église, c'est-à-dire le peuple (laos) même"(2). C'est d'ailleurs peut-être la différence essentielle en Orthodoxie et Catholicisme…

Une Orthodoxie pour aujourd'hui: le souci qui sous-tend toute la réflexion du père Alexandre, livres ou articles, "Journal" ou "Causeries", c'est bien de montrer que l'Orthodoxie répond aux questionnements les plus contemporains. Nous le voyons toujours à l'écoute et ses réponses, profondément encrées dans la Tradition orthodoxe, correspondent aussi bien aux attentes des Américains, que des Français ou des Russes comme le montre le succès universel des ses ouvrages. Le père Alexandre répond en effet aux défis que pose le mondialisme sécularisé à la pensée religieuse, qu'il tend à évacuer encore plus puissamment que le matérialisme athée (le patriarche Cyrille a d'ailleurs comparé le situation de la religion dans l'Occident actuel à ce qui se passait sous la dictature bolchevique!). Ce puissant mouvement s'est d'abord développé aux USA, où le père Alexandre a su l'identifier et lui faire face, puis il a gagné l'Europe occidentale et enfin la Russie, où il tend à remplacer le bolchévisme. La vision du père Alexandre s'est ainsi révélée prophétique: il « pose des problèmes si essentiels et avec une acuité si criante que la réception de ce livre peut devenir une sorte de pierre de touche pour la vie ecclésiale en Russie, un test de son aptitude à la créativité spirituelle » dit le père Georges Mitrofanov(3) à propos du Journal plus de 40 ans après qu'il ait été écrit!. Et cette appréciation s'applique en fait à l'œuvre entière du père Alexandre et toute la société occidentale.

Un retour à l'essentiel: pour pouvoir ainsi répondre aux questionnements les plus primordiaux de l'humanité d'aujourd'hui, le père Alexandre fait un retour aux sources de l'Orthodoxie. En effet, la différence essentielle entre la situation actuelle et les siècles précédents, c'est que l'Orthodoxie a perdu son statut institutionnel; elle n'est plus religion d'état, même en Grèce, alors qu'elle avait ce statut depuis le IVème siècle, et ce même sous l'empire ottoman (l'Eglise servait d'institution administrant les populations chrétiennes conquises). Il est donc tout à fait normal que la plupart des règles régissant la vie de l'Eglise développées dans ce contexte, y compris les canons, répondent à ce rôle institutionnel qui n'est plus d'actualité. C'est pour cette raison que nombre de ces pratiques ne peuvent plus répondre telles qu'elles aux défis que la société actuelle pose à l'Orthodoxie. Pour trouver les réponses orthodoxes, le père Alexandre va chercher le sens profond des règles et canons, celui qui est caché derrière l'application aveugle de la lettre qui convenait pourtant il y a encore cent ans. "La fidélité aux canons est la fidélité à la totalité de la Tradition, et cette fidélité, selon le père George Florovski, « ne signifie pas la fidélité à l’autorité extérieure du passé, mais un lien vivant avec la plénitude de l’expérience de l’Église. Les références à la Tradition ne sont pas seulement un argument historique et la Tradition ne se réduit pas à l’archéologie ecclésiastique. »" (4). Souvent cette recherche le conduit avant le IVe siècle – période où l'Eglise n'était pas une institution reconnue mis devait faire face à un environnement hostile… qui peut rappeler la situation actuelle à bien des égards!

Mais, et je pense important d'insister là-dessus, le père Alexandre ne propose jamais de changer ou de rejeter aucune règle, aucune tradition: il suggère au contraire d'en retrouver le sens véritable, souvent occulté par la pratique récente. Je ne citerai qu'un seul exemple: l'iconostase est considérée comme une barrière séparant "le commun des fidèles" du sanctuaire où officie le clergé consacré. Le père Alexandre explique qu'il ne faut pas de séparation, que tous les Chrétiens forment un peuple de prêtres et doivent participer à la célébration de l'Eucharistie. Mais il n'est pas question de supprimer l'iconostase. Au contraire, le père Alexandre demande de lui rendre sont statut de LIEN entre le monde terrestre et le Règne du Seigneur dont témoigne la Sainte Liturgie. Toutes les fêtes, les saints, les prophètes représentés sont en effet autant de passages entre notre monde corrompu et le Règne à venir et, quand nous les contemplons durant la Liturgie, ils matérialisent le passage vers le Règne déjà présent que célèbre la Liturgie tout comme ils matérialisent la liaison entre le sanctuaire où officie le clergé et la nef où le Peuple de Dieu participe au Sacrifice. Et nous revenons ainsi au sens originel de l'iconostase quand, après la victoire sur les iconoclastes, les icônes étaient mises en avant pour renforcer la foi et la prière des croyants.(5)

Une théologie de la joie: contrairement à ceux qui mettent en avant dans l'Orthodoxie l'ascèse, la souffrance et le sacrifice, le père Alexandre insiste surtout sur la joie, qui est pour lui l'essence du Christianisme. Outre son expérience personnelle, très communicative dans son Journal, il puise cette certitude dans les écrits des Apôtres ("Soyez dans la joie"), le comportement des premier Chrétiens, qui attendaient joyeusement l'imminence du Second Avènement, et aussi les écrits de nombreux Pères anciens ou de saint modernes (comme saint Séraphin de Sarov, qui accueillait ses visiteurs par l'exclamation "Christ est ressuscité ma Joie!"). Il est bien évident que cela amplifie aussi la portée de son message: la JOIE du Christianisme est probablement ce qui porte le plus face à la mise en valeur du PLAISIR matérialiste dans notre société dure, intransigeante, réfractaire au Christianisme.

L'IMPACTE DU PERE ALEXANDRE
La plus grande partie des écrits du père Alexandre sont disponibles en anglais, français et russe; un très grand nombre de textes est disponible in extenso sur Internet, en particulier en russe, et l'intérêt qu'ils provoquent ne faiblit pas. Si la majeure partie de ceux, qui en prennent connaissance, Orthodoxes ou non, y trouvent matière à progresser dans la connaissance de l'Orthodoxie, comme le montre en particulier son impact auprès de l'intelligentsia russe(6), la nouveauté de son approche provoque aussi bon nombre de réactions excessives et ce aussi bien de la part de ceux qui se déclarent ses partisans que de ses adversaires.

Les "modernistes" ou le service de l'ours: ceux que l'on appelle, à tort, "les Schmémaniens" se sont emparés de quelques une des réflexions du père Alexandre les plus critiques à propos de certaines traditions relativement récentes, que le père Alexandre suggérait de repenser, pour révolutionner avant tout la pratique liturgique. Cela va de la communion automatique à chaque Liturgie, sans confession ni préparation (pratique généralisée chez les Catholiques qui n'a jamais été soutenue par le père Alexandre) à la suppression de l'iconostase (voir ci-dessus), en passant par l'omission des mâtines festives, la négligence des Ménées, la suppression et/ou l'ajout de prières dans le canon eucharistique, le remplacement intégral du slavon par le français avec toutes ses erreurs d'interprétation… et la liste pourrait être encore développée! L'Orthodoxie a connu des différences de pratiques liturgiques et en connait encore: ainsi l'EORHF(7) au USA vient de créer un vicariat pour les paroisses de "rite occidental"(8) alors que, en Russie, il y un des paroisses qui pratiquent le "Vieux rite"(9)depuis le XVIIIe siècle. Mais le problème avec les "modernistes", c'est qu'ils décident individuellement de ces innovations, sans se soucier de piétiner la piété orthodoxe et de scandaliser les fidèles; de plus, en se couvrant pour cela des écrits du père Alexandre, mal interprétés (faut-il le souligner!), ils portent en fait un coup très dur à l'ensemble de son enseignement, qui est assimilé à ces excentricités. Ils donnent ainsi beaucoup d'arguments valables à leurs propres adversaires.

Les "intégristes" ou l'Orthodoxie – épouvantail: dans toutes les Eglises orthodoxes il y a des groupes qui pensent défendre la pureté de l'Orthodoxie en imposant les règles définies pour les moines; comme ces règles ne sont évidement applicables que par une minorité - ceux qui ont choisi de se consacrer entièrement à Dieu, pour la masse des croyants ces groupes proposent des formules toutes faites: «une piété de bonnes femmes, imprégnée d’émotion et de superstition … tout un ensemble de mesures de type psychothérapeutique, un catalogue de saints rappelant les listes de spécialistes dans les hôpitaux où ce qu’on cherche n’est pas le Christ, mais la religiosité, diluée dans une sentimentalité religieuse … qui nous ramène dans une dimension païenne» comme le décrit le père Georges Mitrofanov en qualifiant cela «d'épouvantail pour le peuple» (10). Bien entendu ce courant rejette toute idée de modifier la moindre virgule aux règles figées aux XVIII-XIXe siècles (le concile local de 1917-18 n'est généralement pas pris en compte) et toutes les réflexions du père Alexandre sont accusées d'être "protestantes" ou "catholiques" … hérétiques pour tout dire. Cette tendance est largement présente en Russie: c'est la vision de ces prêtres sans formation religieuse qui apportent dans l'Eglise leurs superstitions à base de "complot judéo-maçonnique" et autre phobies (Georges Mitrofanov, ibidem) et qui s'appuient sur ces Babouchka qui œuvrent dans l'Eglise avec les méthodes qu'elles employaient il y a 40 ans comme cheftaines du Komsomol (dixit Mgr Hilarion de Volokolamsk). Elle existe aussi en Occident, principalement à l'EORHF et plus encore dans les groupes "Vitalistes" qui s'en sont détachés.

La véritable guerre que mènent les activistes de ce courant contre le père Alexandre est évidente, puisque sa pensée s'inscrit en opposition à tous ces excès, à cette volonté d'enfermer l'Orthodoxie dans un ghetto archaïsant, de la limiter à des réponses qui convenaient aux attentes du XVIIIe siècle. Pour lui l'Orthodoxie est de tous les temps et doit donc répondre aux besoins d'aujourd'hui, comme elle répondait à ceux d'hier, avec des pratiques différentes de celles de l'Eglise primitive ou du Moyen-âge. Mais il faut bien souligner que le père Alexandre n'en critique que les excès, comme le souligne le père Georges, car il montre bien que le respect des traditions, à condition d'en retrouver le véritable sens, fait partie intégrante de l'Orthodoxie et c'est bien là-dessus qu'il appuyé.

Ce respect est effet indispensable pour garder les fondements de notre foi et nous éviter les errements dans lesquels nos "modernistes" sont trop prêts de tomber. Le père Alexandre critiquait lui-même fortement ces dérives "gauchisantes", qu'il s'agisse du féminisme ou des droits de l'homme, de la désacralisation des sacrements ou de la banalisation de la Liturgie. Toutefois le père Alexandre n'a sans doute pas toujours suffisamment souligné la valeur sanctifiante de la piété populaire, du monachisme, de l’ascétisme, des symboles, des reliques… de tous ces aspects si essentiels de l'Orthodoxie où la beauté et la Tradition emportent l'adhésion du cœur, même si tout n'est pas expliqué et compris, comme le souligne par exemple le père Andrew Philips (11).

Conclusion à débattre: "Il n’y a aucun doute que le Père Alexandre aida de nombreuses personnes à entrer dans l’Eglise, personnes qui plus tard eurent une compréhension et une vie plus profondes dans l’Eglise du Christ et lui en furent reconnaissantes. (…) Il est indubitable, qu’en dépit de ses vues unilatérales, le Père Alexandre était sincère et de bonne volonté. Il est aussi indubitable qu’il a aidé à poser les fondations et le renouveau de l’Eglise Orthodoxe en Amérique du Nord" écrit le père Andrew Philips, qui n'est pas un admirateur du père Alexandre! Je pense qu'il n'ose pas admettre la vérité qu'il comprend: le père Alexandre a aidé à poser les fondations et le renouveau de l’Eglise Orthodoxe dans son ensemble, sur lesquelles se reconstruit en particulier l'Eglise russe libérée. Mais, comme toute œuvre humaine, la sienne n'est pas irréprochable, comme le pensent ses thuriféraires, et il reste à bien y distinguer le meilleur et le moins bon sans sombrer dans le dénigrement, le rejet infondé et les faux procès comme font ses adversaires.

Notes

(1) Schmemann
(2) Lettre des patriarches orthodoxes, 1848, in "L'Orthodoxie, l'Église des sept conciles" Mgr Kalistos Ware. p. 324
(3) Père Georges Mitrofanov, professeur de l‘Académie de théologie de Saint-Pétersbourg.

(4) In "Église et organisation ecclésiale, p2-3" http://www.exarchat.org/spip.php?article771
(5) D'après "L'eucharistie sacrement du royaume", ch. 1, IVe partie.

(6) Cf.Père Andrew Phillips: La pensée et l’enseignement du Père Alexandre Schmemann Et Commentaire 6 Cheminement d'un intellectuel russe vers l'Orthodoxie

(7) "Eglise Orthodoxe Russe Hors-Frontières" (EORHF/ROCOR), réunifiée depuis 2007 avec le patriarcat de Moscou où elle constitue une Eglise autonome

(8) Il s'agit de plusieurs rites non byzantins développés en Occident essentiellement au XXe siècle. Partis de France à la fin des les années 1920, ils sont assez rependus en Amérique du nord, surtout dans les juridictions du patriarcat d'Antioche et de Moscou (EORHF/ROCOR). Ils sont basé soir sur la recherche de rites occidentaux anciens abandonnés par Rome (rite "de saint Germain"), soit sur la messe tridentine ou l'ancien missel anglican mais intègrent toujours les moments essentiels de la Liturgie byzantine, en particulier pour l'épiclèse, et suppriment bien évidement le "filioque" dans le Crédo (cf. http://www.orthodoxie.com/2011/03/etats-unis-une-rencontre-de-responsables-pour-le-rite-occidental.html; http://www.allmercifulsavior.com/Liturgy/No-Modern-WR.html )

(9) Il s'agit du rite pratiqué avant les réformes du patriarche Nikon (1660) qui ont provoqué le schisme des "Vieux Croyants". Ces paroisses ont rejoint le patriarcat après le décret de tolérance de Paul 1 autorisant la pratique du "Vieux rite", alors même que la majorité des "Vieux Croyants" restaient dans des Eglises séparées. Lors de la première visite patriarcale dans l'une de ces paroisses, Saint Nicolas su Bercenevka (Moscou), le 23 avril 2001, le patriarche Cyrille déclarait que l'essentiel était de garder l'unité de l'Eglise. "Quand aux rites, chacun d'eux, le vieux comme le nouveau, doit aider les croyants à découvrir l'Evangile à découvrir le seigneur et le Sauveur" (in http://www.staroobrad.ru/modules.php?name=News2&new_topic=7)

(10) Il détaille: "dans la vie paroissiale d’aujourd’hui, on n’éprouve souvent nul besoin du Christ, au lieu de quoi est réclamé « tout un ensemble de mesures de type psychothérapeutique, un catalogue de saints rappelant les listes de spécialistes dans les hôpitaux. » Autrement dit, ce qu’on cherche n’est pas le Christ, mais une religiosité, diluée dans une sentimentalité religieuse », « ce qui nous ramène dans une dimension païenne»" ICI

(11) Cf. Père Andrew Phillips



Rédigé par Vladimir GOLOVANOW le 8 Juillet 2011 à 14:04 | 38 commentaires | Permalien


Commentaires

1.Posté par Daniel le 08/07/2011 23:33

Pourriez-vous nous indiquer ces fameuses erreurs d'interprétation, sachant que normalement on devrait traduire de l'original grec, à supposer que ce soit des erreurs et non des actes délibérés d'altération de la traduction, car ça oui, en français, dans les traductions de Chevetogne et de la FRAT, il y en a un bon petit paquet, mais ce ne sont pas des erreurs mais des choix volontaires. Jetez juste un oeil au matines du vendredi saint (avec les 12 évangiles), tout a été passé au politiquement correct pour ne pas paraître antisémite. Ou encore le Notre Père où les orthodoxes francophones s'en tiennent à la version dite oecuménique du Notre Père qui compte au moins 3 erreurs (pain de ce jour, ne nous soumet pas à la tentation et délivre-nous du mal), mais ce ne sont pas des erreurs d'interprétation dûe à la langue française mais des mauvais choix imputables à la nomenklatura orthodoxe francophone. D'ailleurs si vous les repérez signalez-les à nos brillants évêques de l'AEOF...

2.Posté par Daniel le 09/07/2011 08:12
Autre remarque, je ne vois pas pourquoi le remplacement intégral du slavon par le français est mauvais, surtout si on est dans une paroisse purement francophone comme il en existe. Les Japonais ne célèbrent-ils pas intégralement en japonais?

3.Posté par Fabre Daniel le 09/07/2011 08:24
tout à fait d'accord avec vous Daniel : signé, un autre Daniel, Daniel Fabre.

4.Posté par Gueorguy le 09/07/2011 12:54
@1 - Daniel

Je vous recommande les textes proposés par la paroisse de la rue St Victor (lien ci-dessous) où, justement, une autre traduction est utilisée. Ce texte me parait bien authentique. Je ne connais pas le grec mais dans le texte en slavon nous avons "Хлеб наш насущный даждь нам днесь и остави нам долги наша, якоже и мы оставляем должником нашим" et en dans ce texte en français, nous avons "donne-nous aujourd'hui notre pain essentiel ; remets-nous nos dettes, comme nous aussi les remettons à nos débiteurs "

Il est vrai que généralement c'est un autre texte du notre père qui est utilisé, celle qui est désigné comme "oeucuménique"; Le texte correspondant à celui mentionné plus haut est :
"donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour; pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés"
Au passage, au Séminaire d'Epinay, c'est cette dernière version qui est employée.

Comme quoi, le débat est ouvert, même au sein du seul diocèse de Chersonèse.
Et je souhaite me garder de donner une appréciation quant au choix de l'emploi de l'un ou l'autre de ces textes et surtout me garder d'indiquer qu'il s'agirait d'une altération volontaire ou bien d'une volonté d'unité d'emploi d'avec l'Eglise catholique. Tout juste peut-on poser la question de savoir quelle est la meilleure option à retenir. Et si celle se pose en ces termes - "Est-ce la volonté de rechercher l'unité ou bien la vérité? - la réponse serait évidente mais ce n'est pas si simple.

Autres références pour ce débat:
http://fr.groups.yahoo.com/group/chant_liturgique/message/249 et 250
http://fr.groups.yahoo.com/group/chant_liturgique/message/77
http://www.orthodoxie.com/2005/11/a_propos_de_la_.html

Je ne sais pas comment introduire les liens, aussi je suggère de recopier ceux-là pour les parcourir.
A moins que les modérateurs adaptent ce te présent et effacent, alors, cette dernière mention.

5.Posté par Daniel le 09/07/2011 15:31
@ Gueorguy

Vous avez raison la traduction dites oecuménique du Notre Père en français est tout simplement pourrie! Des catholiques eux-mêmes le savent et le disent et ont écrit à ce sujet comme l'Abbé Carmignac, des orthodoxes aussi le disent. La version oecuménique semble avoir une origine protestante et même au sein de l'Eglise catholique, il y avait des versions plus correctes. J'insiste sur le fait que ce problème ne vient pas de la langue française en elle-même, mais des choix des traducteurs et des évêques qui font mal leur boulot.

Si l'oecuménisme dont on se gargarise? d'une part nous oblige à prier avec un Notre Père où

- on demande à Dieu ne pas nous soumettre à la tentation (Dieu ne soumet pas à la tentation Dixit Saint Jacques)

- on demande le pain de ce jour (un Géorgien un jour me dit même,"mais ça ne veut rien dire ça") au lieu du pain essentiel, superessentiel ou substantiel (au choix)

- on lui demande de nous délivrer du mal et non du Malin, entendez le Diable

et si d'autre part à ces brillantes réunions oecuméniques où l'on mange petits fours et déguste champagne, on n'est même pas en mesure de dire, la traduction est incorrecte, corrigeons-là ensemble, cela veut dire que nous ne somme plus maître chez nous (les textes orthodoxes n'ont pas à être dictés par des considérations extérieures et ce d'autant moins que nous ne sommes pas censés prier avec les hérétiques, oui je radote) et qu'en plus que même pour le BA-BA, on est incapable de faire passer une vision orthodoxe et correcte du Notre Père. Je ne vous dis pas lors pour le filioque, la grâce créée et tout le reste.

Mais à nouveau, ce n'est pas un problème de la langue française qui créerait des erreurs automatiquement, mais un problème au niveau de notre direction générale... et des choix volontaires de traductions. Mais qu'espérer quand le président de l'AEOF s'habille comme un clergyman protestant ou catholique quand il va en visite au Vatican

https://picasaweb.google.com/orthobel2011/DelegationOfEcumenicalPatriarchateForAnnualVisitToVaticanJune27302011#5623516232038848978

https://picasaweb.google.com/orthobel2011/DelegationOfEcumenicalPatriarchateForAnnualVisitToVaticanJune27302011#5623754542414234242

Allez, je rentre bouder dans mon coin!


6.Posté par Victorov le 09/07/2011 15:31
Sur le "Notre Père", un livre entier avait été publié par un membre de la Fraternité orthodoxe, qui justement refusait la version dite "oecuménique". Et les évêques sont bien au courant ...

http://www.amazon.fr/gp/product/2868398227

http://www.orthodoxie.com/2005/05/jeanmarie_gourv.html

7.Posté par Gueorguy le 09/07/2011 20:27
@5 - Daniel

Je n'ai pas employé ces termes. Et je trouve dommage de mélanger les sujets en parlant de la tenue des évêques. Une tenue différente en certaines circonstances ne doit pas servir à qualifier les orientations ecclésiales ou à les dénoncer. Ne boudez donc pas mais concentrons-nous sur ce débat fort intéressant.

L'occasion de remercier Victorov pour le nouveau lien proposé que je rappele ci-dessous.

A partir de ces réflexions, n'y a pas lieu de proposer de l'étendre?

8.Posté par TJM le 09/07/2011 22:53
Depuis longtemps paroissien d'une paroisse de l'Archevêché des Eglises russes en Europe Occidentale, je n'ai jamais entendu pratiquer le Notre Père en version oecuménique... Il est vrai que la Bretagne est peut-être encore "en retard" sur un certain progressisme (et je suis en tout point d'accord avec Daniel !)

9.Posté par Victorov le 10/07/2011 06:36
Je me demande si notre ami Daniel n'est pas parfois un peu de "mauvaise foi" ?

Les photos qu'il nous présente de la visite du président de l'AEOF au Vatican sont celles du repas organisé à l'ambassade grecque à Rome à cette occasion. Certes, les ecclésiastiques sont à cette occasion en "clargyman", mais il ne s'agit pas du tout de la visite elle-même, mais d'un "à-côté" de celle-ci.

Voici les photos de la rencontre avec le pape. Chacun pourra juger de lui-même qu'on est bien loin du costume (Mgr Emmanuel est même en mandyas, les autres en rasson) :

https://picasaweb.google.com/orthobel2011/DelegationOfEcumenicalPatriarchateForAnnualVisitToVaticanJune27302011#5625470323135703202

https://picasaweb.google.com/orthobel2011/DelegationOfEcumenicalPatriarchateForAnnualVisitToVaticanJune27302011#5625470346838894530

https://picasaweb.google.com/orthobel2011/DelegationOfEcumenicalPatriarchateForAnnualVisitToVaticanJune27302011#5625468023029117010

https://picasaweb.google.com/orthobel2011/DelegationOfEcumenicalPatriarchateForAnnualVisitToVaticanJune27302011#5625470392742660162

10.Posté par Daniel le 10/07/2011 08:27
@ 5 Gueorguy

Pour resituer les choses, je réagissais juste à un court extrait du message de Vladimir, qui concernait l'usage du français et donnais l'exemple du Notre Père sachant que ce n'est pas le seul qui indique des choix de traduction orienté. Je voulais dire que la langue française n'a pas à être mise en cause, mais les traducteurs et l'AEOF, instance de contrôle défaillante à mon sens sur cette question des traductions.

J'ai fait une petite saillie entièrement hors sujet (cela vaut un 0 au bac) sur la tenue entièrement non réglementaire (peut-on dire schmemanienne, humour) de Mgr Emmanuel, qui au passage décourage le port de la soutane à ses prêtres. Je constate quand même que cette tenue de clergyman n'est pas la tenue officielle des évêques orthodoxes (qui doivent porter la croix pectorale plus le médaillon avec l'Enfantrice de Dieu, je ne connais pas son nom exact, plus le koblouk sur la tête) et qu'il n'avait aucune raison d'en changer en visitant le Vatican, la communauté San Egidio (communauté oecuménique où on voit toutes les tenues possibles), l'Ambassade de Grèce (tout de même!!), l'Ambassade de Turquie (où le cardinal catholique est lui dans sa tenue réglementaire) ou l'Ambassade de France, car les dignitaires étrangers gardent leur tenue... Et je n'ai pas parlé de sa barbe au format réduit!

Sur le notre Père, vous avez montré des exemples de traduction plus correctes, quoi que comme le suggère Jean-Claude Larchet, je pense, je suis persuadé qu'il s'agit de "tentation" et non d'épreuve, qui indiquent que ce n'est pas la langue française qui est en cause. Ainsi, pour revenir à mon message initial, je ne comprends pas Vladimir quand il écrit : " le remplacement intégral du slavon par le français avec toutes ses erreurs d'interprétation…"


11.Posté par Daniel le 10/07/2011 16:42
@ Victorov (message 9)

Je suis de bonne foi : le métropolite Emmanuel n'a revêtu la tenue officielle d'évêque orthodoxe que pour la messe au Vatican, lors de l'audience avec le pape et avec le cardinal Kurt Koch. A toutes les autres occasions, il était en clergyman : à l'Ambassade de Grec, à celle de Turquie, au Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, à la Communauté San Egidio et à l'ambassade de France. C'est un simple constat, sans plus.

12.Posté par Marie Genko le 10/07/2011 22:08

Cher Vladimir,

Tout d'abord un immense MERCI pour l'extraordinaire travail que vous faites sur ce site!
Vous nous donnez toujours d'excellents thèmes de réflexion et nous vous en sommes tous extrêmement redevables!

Pour le Père Alexandre Schmemann, nous avons à plusieurs reprises parlé de lui sur "Parlons d'Orthodoxie" et je crois que vous avez raison de recommencer à parler de ce prêtre et de cet écrivain exceptionnel, qui a certainement marqué l'archevêché russe d'Europe occidentale et l’Église Orthodoxe en Amérique de sa forte personnalité.

Il est un fait, que pour les tenants d'une orthodoxie traditionnelle, comme le sont les deux Daniel et comme je le suis moi-même, nous avons un à priori négatif envers tout novateur!

Et il me semble que c'est aussi un trait assez caractéristique des orthodoxes en général d'être extrêmement méfiants et lents à accepter des innovations quelles qu'elles soient.

Pourtant, en y réfléchissant, chaque génération est confrontée à un monde en changement et nous devons être conscients, reconnaissants même, que chaque génération s'efforce d'apporter son grain de sable à l'édifice de l’Église du Seigneur!

Je ne vais pas reprendre chacun des paragraphes que vous avez si bien traités!
Vous avez fait une excellente étude de l’œuvre et de la personnalité du Père Alexandre Schmemann.

Comme vous je suis persuadée qu'il serait profondément injuste de ne pas rendre grâce au Père Alexandre Schmemann pour l'immense travail de vulgarisation qu'il a accompli tout au long de son existence en écrivant tant et tant de livres accessibles aux plus ignorants d'entre nous.
Il est certainement, comme vous l'écrivez, un des créateurs contemporains de cette théologie pour le peuple de Dieu.

Toutefois vous avez raison d'écrire:

" Le père Alexandre critiquait lui-même fortement ces dérives "gauchisantes", qu'il s'agisse du féminisme ou des droits de l'homme, de la désacralisation des sacrements ou de la banalisation de la Liturgie. Toutefois le père Alexandre n'a sans doute pas toujours suffisamment souligné la valeur sanctifiante de la piété populaire, du monachisme, de l’ascétisme, des symboles, des reliques… de tous ces aspects si essentiels de l'Orthodoxie où la beauté et la Tradition emportent l'adhésion du cœur, même si tout n'est pas expliqué et compris, comme le souligne par exemple le père Andrew Philips (11)."

Cher Vladimir, Un immense "MERCI" à nouveau pour nous faire encore et encore réfléchir!


13.Posté par Tchetnik le 10/07/2011 22:40
@Daniel

Il s'agit d'un "Enkolpion".

Pour cette tenue des plus fantaisiste, Mgr Emmanuel n'est pas en reste. Les évèques grecs au Canada et aux USA font de même, marque de cet esprit relativiste et moderniste qui commence à sérieusement plomber et la légitimité et la crédibilité de Cple en tant que gardienne de la Vérité et de la Grâce. Le costume n'en est que la partie visible.

La pensée de A.Schmemann part de constats pas forcément mauvais (infiltrations d'usages extérieurs à l'Église et d'origine non-patristique, qui ont fini par induire des pratiques contraires à l'enseignement des Pères, interprétation des Canons qui, au vu d'enjeux sociaux, économiques, culturels contemporains, a pu être en décallage...), mais pour apporter des sollutions souvent douteuses, sur la base d'un "Christianisme primitif" en bonne partie imaginaire et romantisé, en niant la réalité de modes de vies (Monachisme par exemple) , d'enseignements et d'usages qui faisaient pourtant bel et bien partie de ce Christianisme là. À la rigueru, je suis tenté de dire qu'un Saint Nicolas Vélimirovitch a apporté aux défis d'une certaine modernité, des réponses plus fidèles et plus convainquantes.


14.Posté par Marie Genko le 11/07/2011 08:49
Cher Tchetnik,

J'avoue, à ma grande honte, n'avoir jamais rien lu de Saint Nicolas Velimirovitch!
Peut-être pourriez vous nous conseiller un ou deux titres et éditeurs qui l'ont publié, soit en russe, soit en Français.
Merci par avance.

Marie

15.Posté par vladimir le 11/07/2011 14:39
@Daniel: vous répondez parfaitement à votre propre question par les exemples que vous citez. Simplement, j'ajouterais que toute traduction implique une trahison. Tous les traducteurs savent que les aires sémantiques ne se recouvrent jamais exactement dans deux langues différentes et de ce fait le traducteur doit choisir quel sens il doit privilégier. Vous penser qu'il s'agit là d'un choix politiquement correcte. Je pense qu'il s'agit le plus souvent de maladresse... en tout cas le sens originel est perdu. J'ai déjà développé sur un autre fil l'exemple du mot "catholique" dans le Credo.
Le cas du slavon est spécial car c'est une langue qui a été adapté pour l'usage liturgique et il constitue donc, dans la plupart des cas, un calque du grec. Encore une fois, je ne suis pas contre l'usage du français pour les lectures, les canons. Dans le cas des chants, c'est comme de remplacer les icônes par des peintures réalistes: on comprend mieux ce qui est représenté, mais est-ce bien l'objectif?

Je remercie Marie et Tchetnick de dépasser le débat sur un paragraphe dans un texte de quatre page... Tout comme Marie, je connais mal Saint Nicolas Vélimirovitch et serait reconnaissant à Tchetnik s'il nous faisait une présentation de sa doctrine. Le lien ci-dessous renvoi à une présentation de JC Larchet: cela ferait une bonne base pour un fil de discussion...


16.Posté par Fabre Daniel le 11/07/2011 16:26
cher Vladimir, j'ose vous dire que vous y allez un peu fort, dire que les chants en français ou tout autre langue vernaculaire serait : " comme de remplacer les icônes par des peintures réalistes: on comprend mieux ce qui est représenté, mais est-ce bien l'objectif? "
pourquoi tant qu'on y est ne pas aller à dire qu'il eut fallu chanter en hébreux, voir araméen pendant qu'on y est; et comment prétendre alors enseigner noblement le peuple en vrai théologie quand il conviendrait qu' il écouta (= obéit ....en hébreux...) et compris jusque par le cœur, jusqu'à l'assimiler (littéralement) tout ceci...si ledit peuple ne comprends rien à une langue lui étant devenu étrangère !!??
il me semble que l'on adore Dieu " ...en esprit et vérité"...en non en slavon grec ou latin sinon hébreux...!

17.Posté par Tchetnik le 11/07/2011 17:02
La présentation de Saint Nicolas par J-C Larchet est très bien faite et assez exhaustive.

Sur l'adresse suivante:

http://search.4shared.com/q/1/Nikolaj%20Velimirovic

...on peut télécharger nombre de ses ouvrages comme son Catéchisme, par exemple, mais en Serbe, uniquement, hélas.

Ici:

http://www.4shared.com/document/MZfyYY6J/St_Nikolai_Velimirovich_-_Prol.html

...se trouve l'ensemble des "Prologues d'Ohrid", en anglais.

En français, les éditions l'Âge d'Homme ont publié la "Vie de Saint Sava" (le texte français semble cependant un peu différent de l'édition allemande que j'ai...). Ont été publiés aussi deux livres qui résument assez bien la perception que Saint Nicolas avait de la vie en Christ: "Cassienne" et "Théodulie".

Les "Prières sur le lac" sont aussi très belles à lire, et très édifiantes, ainsi que ses "Lettres missionaires".


18.Posté par Marie Genko le 11/07/2011 18:11
Cher Vladimir,

Merci pour le lien de votre message 15
je ne peux m'empêcher de donner un courte citation extraite du texte de J.C. Larchet, pour donner à tous les lecteurs de ce blog de lire l'article en entier.
Voici donc ce qui est écrit à propose de Saint Nicolas Velimirovitch

Le Père Justin Popović écrit à ce sujet : « Il pense à travers la prière, il philosophe à travers la prière. C’est à travers la prière qu’il sent Dieu, et à travers la prière qu’il sent toute la création.
il est avec toute chose dans une relation de prière.
L’orthodoxie et seulement elle peut mener à cela. L’âme tout entière se rassemble dans la prière, car
la prière est le seul guide à l’oeil aiguisé de l’esprit, du coeur et de la volonté. »

19.Posté par vladimir le 11/07/2011 23:24
Bien d'accord avec Marie. Je pense que tout le texte mériterait une publication sur un nouveau fil...

Bien cher Fabre Daniel
Oui, mon image est forte. Mais je crois que, dans nos hymnes, parole, sens et musique des mots sont indissociables. Et la meilleure illustration en est le Kyrie: l'avez-vous entendu chanter "Dieu ait pitié"? Tous ceux qui le chantent en grec ou en slavon n'adorent-ils pas Dieu " ...en esprit et vérité"? Je ne sais plus qui a écrit que le chant est l'icône de la présence des anges: il est évident qu'une bonne peinture sulpicienne est plus "parlante" qu'une icône - devons nous revoir nos représentations picturales pour autant? Je fais le même parallèle pour nos chants...Et si on comprend "Kyrie eleison" on peut de la même façon chanter "Господи помилуй" et faire un effort pour comprendre les autres chants (cite à mettre des traduction à la disposition des fidèles comme fait Mgr Miche à Genève). C'est une question d'éducation comme a dit Mgr Hilarion!

20.Posté par Fabre Daniel le 12/07/2011 10:42
et d'opinion....c'est pourquoi je persiste et signe et comprends très bien d'autres points de vue....je reste persuadé que le Seigneur comprend toutes langues....ou bien !?? comme l'on dit en Suisse...

21.Posté par vladimir le 12/07/2011 12:50
Donc on remplace les icônes par des images sulpiciennes... comme cela a commencé à se faire au XIXe siècle et se fait encore beaucoup en Russie? Là c'est une question de gout?

22.Posté par Daniel le 12/07/2011 15:51
@ Vladimir


Faites-vous même un effort et priez en grec quand le texte original est en grec (car le slavon n'est pas en tout point semblable au grec; j'ai cité "Lumière joyeuse" en grec qui devient "lumière douce, pacifique" en slavon; il y a aussi le symbole de Nicée au "catholique" du grec devient "sobornost" en slavon, ce qui donnerait plus conciliaire, et même le canon de Pâques a de petites variantes en grec et slavon cf la traduction avec annotation de Bernard le Caro) , en syriaque ou hébreu s'il est dans cette langue, car je soupçonne Saint Ephrem d'avoir écrit en syriaque; quand vous prierez un saint local dont l'office est originellement rédigé dans la langue de ce pays vous utiliserez cette langue...

Je me contenterai modestement d'utiliser des traductions comme on l'a toujours fait depuis la traduction des Septantes, depuis la Pentecôte, et par la suite : géorgien pour les Géorgiens, arménien pour les Arméniens, albanais du Caucase pour les Albanais du Caucase (église disparue). L'Eglise de Russie a fait de même dans ses missions : utilisant le chinois en Chine, le japonais au Japon, les langues aléoutiennes dans les îles du même nom.

Juste une remarque liturgique : le canon est souvent lu, mais il est fait pour être chanté car chaque canon a un ton donné. Le Notre Père et le symbole de Nicée sont lus chez les Grecs (il semble que chanter le symbole soit une pratique venant des barbares francs qui est passé à Rome, cf de C. Lamprylos, Le filioque une mystification fatale à l'Âge d'Homme).

23.Posté par Fabre Daniel le 12/07/2011 16:44
pauvre pauvre Vladimir, à ce point là cet excès de ritualisme frise le pharisianisme ! je suis désolé, notre salut et la spiritualité ( sauf sans doute la votre ...!? ) ne tiens pas, en aucun cas, à cette expression, cette extériorisation linguistique; je ne me vois absolument pas dire à mon petit fils de chanter Kyrié- eleison quand il ne comprendrait pas et je vous signale mon ami que tous ne comprennent pas le Grec mais peut-être chacun pauvrement sa langue maternelle !
pour le reste cela relève du mot magique style : " abracadabra "...dont je ne connais pas la signification, ou encore : " Supercalifragilisticexpialidocious " !...désolé mais je ne m'adonne pas à la magie et aux formule étant ou devenant ésotériques !

24.Posté par Fabre Daniel le 12/07/2011 16:46
et merci Daniel !

25.Posté par Daniel le 12/07/2011 17:04
@ Vladimir

Vous dites : "il est évident qu'une bonne peinture sulpicienne est plus "parlante" qu'une icône ". Ce n'est pas mon avis; une image sulpicienne est à mes yeux, moche et ne me parle assurément pas... Il n'a pas fallu que je devienne orthodoxe pour considérer que ces images sont d'une niaiserie... et d'une platitude...

L'iconographie suit des canons à respecter qui font que les icônes même en étant de pays divers ont toutes un fond commun : étrangement les icônes anciennes russes, grecques et géorgiennes sont différentes par leur style mais aussi très similaire. Passez en effet à l'image sulpicienne, c'est un autre monde qui n'est plus orthodoxe. L'imagerie Saint Sulpicienne brise ces canons. Mais si on regarde l'expérience de l'église en matière de langue, sur la longue durée (depuis la traduction de la Septante en passant par la Pentecôte), c'est bien la traduction en langue vivante qui prédomine... je n'y peux rien, je me borne au constat.

26.Posté par vladimir le 12/07/2011 18:45
Merci pour ces exemples de mauvaises traductions. Ce débat a eu lieu sur un autre fil: "lumière douce, pacifique" est une erreur de traduction, le traducteur confondant russe et slavon. Catholique en grec ancien signifie rassemblement de toutes les parties, comme le mot "sobornost", et non universel au sens géographique, comme actuellement en français (ce sens là était rendu par le mot "œcumene", qui a donné œcuménique).
Ces exemples illustrent parfaitement ce que j'ai écrit: les aires sémantiques ne se recouvrent jamais exactement dans deux langues différentes et de ce fait le traducteur doit choisir quel sens il doit privilégier.... en tout cas le sens originel est perdu. Je ne dis pas qu'il faut rejeter les traductions. Au contraire, il faut s'en servir pour comprendre le sens de ce qui est chanté, tout en sachant que le texte slavon ne se réduit pas à sa traduction. Par contre, comme la musique de la langue fait partie de l'hymne, il faut chanter en slavon au risque de la perdre. Pourquoi personne ne chante "Seigneur ait pitié"? Je ne pense pas que les Français soient inférieurs aux Russes que Mgr Hilarion appelle appelle à connaitre le slavon...

27.Posté par Daniel le 12/07/2011 20:58
@ Vladimir (message 26)

"Je ne pense pas que les Français soient inférieurs aux Russes que Mgr Hilarion appelle à connaitre le slavon..."

Apprendre le slavon pour un Russe doit être assez facile, mais pour un Français travaillant 35 heures par semaine, ayant 2 enfants, une femme, un chien, un chat, une grand-mère à charge...ayant subi la méthode globale... qui peut aussi venir d'un milieu intellectuellement peu favorisé (l'Eglise n'est pas faite que pour les agrégés)... c'est mission hautement difficile qui aura pour seul effet de dissuader des gens.

Kyrie eleison et Alleluïa et Hosanna relèvent de la culture chrétienne universelle et pas seulement orthodoxe. Cela fait des siècles qu'ils "bercent" les chrétiens... Mais prier dans une langue slave en ayant une langue maternelle latine me laisse sceptique. Même les Roumains ont renoncé, ils sont passé du slavon au roumain.

28.Posté par Marie Genko le 12/07/2011 21:26

Chers Vladimir et Daniel,

Il me semble que chacun est libre de choisir sa paroisse.
Les uns préfèrent les paroisses francophones et les autres celles en Slavon.
Comme le dit très justement Daniel, les paroissiens ne se ressemblent pas.
Et comme le dit très justement Vladimir les traductions ont toujours des carences.
Rien n'est parfait, mais chacun doit rester libre de ses choix et respecter celui des autres.
A ce sujet, certaines images sulpiciennes sont parfaitement priantes et touchantes.
L'iconostase de la cathédrale de la rue Daru est tout à fait sulpicienne et personnellement je la trouve très belle.
Amitiés à tous les deux Marie

29.Posté par Tchetnik le 12/07/2011 22:18
Kyrie Eileison est effectivement une invocation utilisée dans les temps Ambrosiens les plus anciens, et qui fait pertie de notre patrimoine spirituel également.

Pour apprendre le Slavon, sans doute les Russes devraient-ils alors apprendre le grec Alexandrin et patristique...voire le Latin aussi, car les Pères n'étaient pas franchement Russes...

Ceci n'est pas dit pour dévaloriser un patrimoine culturel et historique de très haute valeur et très théophore comme l'est celui de la Russie, ni pour enlever toute légitimité et à la pratique du Slavon et à l'attachement bien juste des Russes à leur pays, ni pour rabaisser les bons fruits de leur histoire Chrétienne, mais pour replacer à leur juste place ces différents paramètres.

Le but de l'Église est de transmettre aux hommes, à tous les hommes la Grâce, la Vérité et le Salut, pas de les niveler à une même culture, aussi belle et riche soit elle.

Dieu a créé l'humanité avec plusieures familles, nations, langues, sensibilités esthétiques et autres. Chacune doit jouer son rôle dans la proclamation de la Vérité. Cela ne signifie pas que les différents héritages culturels et philosophiques actuels soient équivalents en bons fruits, mais qu,ils sont tous appelés à être un jour ou l'autre transfigurés.

Il vaut mieux être efficace que se faire plaisir. En l'occurence, les Grecs des Amériques tiennent parfois de façon quasi-idolâtre à maintenir le grec dans la liturgie alors que plus personne dans la paroisse ne le comprend et que ceux qui se donnent le visage le plus "nationaliste" n'ont en fait aucune connaissance de la culture et de l'Histoire Grecques (inoubliables moments de ces Grecs qui ne savaient pas qui était Saint Constantin, qui ignoraient d'aussi hautes figures que Makryiannis ou Papadiamantis, et qui ouvraient des yeux gros comme des soucoupes quand on parlait du cuirassé Averoff...). Au point que ces grands donneurs de leçons d'"hellénisme" devaient lire les livres Saints en anglais...

30.Posté par Fabre Daniel le 13/07/2011 08:37
nonobstant tout ceci, français au moins depuis x générations sans doute depuis le " royaume "Wisigothique, hérétiques arien du sud de la France vers 414 ap. Jésus-Christ, et malgré quelques études de latin et de grec....je ne comprends bien que le français...
mais.................étant en une paroisse " roumaine " et quand même le prêtre célébrerait en roumains et redit en français, lorsqu'ils répondent, mes frères roumains, je dis avec eux : Doamne miluieste ; et eux et moi redisons en " français " :
Κύριε ἐλέησον, Kyrie éleison donc !..........
voyez, ni eux, ni moi, ne sommes agrippés sur des positions ritualistes; cependant, dans le fatras de mes propres contradictions, de mes incompréhensibles et marécageux sentiments et pensées humaines,
permettons qu'au moins il me soit une relative visibilité de percevoir, comprendre, dire et supplier le Seigneur notre Dieu, en le langage que je sais.

31.Posté par vladimir le 13/07/2011 09:37
Bien chers amis,

Notre débat contient une très grande part d'incompréhension. Daniel trouve les images sulpiciennes "moches" (moi aussi!); pourtant un grand nombre d'Orthodoxes les préfèrent (voire les icônes et fresques du XIX en Russie!), sans parler des coptes, et l'explication est dans la suite du message "l'iconographie suit des canons à respecter" et nombre de croyants ne les comprennent plus. Alors, faut-il éduquer les croyants ou abandonner les icônes.

Notre salut ne dépend évidement pas de la langue, (ni des icônes, ni des rites: l'Eglise russe utilise plusieurs langues, plusieurs types d'icônes, plusieurs rites liturgiques et deux calendriers... Mais pour moi le chant slavon est une icône et il faudra bien que Fabre Daniel explique à son fils le sens du "Kyrie eleison" chanté dans toutes les paroisse francophones que je connais...

Apprendre le slavon pour un Russe est aussi "facile" que le latin pour un Français et à coup sur plus simple que le chinois: nous avons de très nombreux exemples de Français l'ayant appris, dont l'une de nos choristes, mère de famille qui travaillait... En fait il n'est pas nécessaire de "connaitre le slavon" pour comprendre le sens du Pater ou du Credo et les chanter sans les altération de traduction. Et il en serait de même pour tous les hymnes si nous mettions à disposition des traductions commentées: Mgr Gabriel m'avait dit cela il y a plusieurs années et Mgr Michel le fait, je crois, à Genève.

Ceci étant, encore une fois, ce n'est pas essentiel à notre salut et je comprends parfaitement ceux qui choisissent les traductions, les images sulpiciennes ou les rites occidentaux si là est leur chemin vers le Règne... Car l'essentiel est bien là et mon article traitait surtout de cela et du grand théologien qui ouvrait ce chemin pour notre siècle.


32.Posté par Tchetnik le 13/07/2011 14:19
Parler de faire les offices dans la langue locale ne consiste pas à mettre dans le même sac et les images sulpiciennes, et les "rites occidentaux"(qui furent d,ailleurs acceptés par l'Église Russe avant Antioche...), ni autre chose.

Il s,agit d'une tradition pluriséculaire de l'Église car si la culture Russe est effectivement très Chrétienne et digne d'être aimée, elle n'est pas la seule dans ce cas là, et les autres ont autant la légitimité d,aimer leur patrimoine que les Russes (qui sont en France, donc à priori pas exactement "chez eux") n'en ont d,aimer et de rendre hommage au leur.

Et encore une fois, si toutes les cultures ne sont pas Chrétiennes, toutes ont vocation à le devenir et à exprimer le Christ.


33.Posté par Marie Genko le 13/07/2011 18:04

Cher Tchetnik,

Vous avez vraiment le mot de la fin pour ce fil de commentaires, je vous cite avec joie:

"Et encore une fois si toutes les cultures ne sont pas chrétiennes, toutes on vocation à le devenir et à exprimer le Christ"

Nous sommes nombreux à le croire, et nous sommes nombreux aussi à rendre grâce à tous ceux qui se sont appliqués à rendre notre Orthodoxie largement accessible.

Le Père Alexandre Schmemann a été un de ceux-là!

Il a été gêné dans son appréciation du monachisme à cause du contexte particulièrement difficile de la guerre froide et de la création de l'Eglise Orthodoxe en Amérique, qui lui valut le blâme du Patriarcat de Constantinople.

Mais il a véritablement fait un immense travail d'apostolat en exprimant dans une langue locale:

"Le Chemin de l'Orthodoxie"


34.Posté par Tchetnik le 13/07/2011 21:36
Comme autre travail d'apostolat en langue locale, on peut citer le très réussi "Chemin du Royaume des Cieux" de Saint Innocent Veniaminov, l'un des plus courts et des meilleurs catéchismes:

http://www.stvladimiraami.org/pamphlets/wayintokingdomofheaven.pdf


35.Posté par Marie Genko le 14/07/2011 10:50
Cher Tchetnik,

Merci pour le lien du texte de Saint Innocent Veniaminov.
Je ne peux que conseiller à tous les lecteurs anglophones de se donner la peine de l'ouvrir.

MERCI !

36.Posté par Fabre Daniel le 14/07/2011 17:22
oui merci, c'est très édifiant !

37.Posté par TJM le 15/07/2011 14:45
@Marie, concernant St Nicolas Velimirovitch, vous trouverez, en français, la première partie du "Prologue d'Orhid" , "Les Prières sur le lac", "Signes et Symboles" mais aussi son admirable "roman" Cassienne aux éditions L'Age d'Homme...

38.Posté par Marie Genko le 15/07/2011 16:13

@Thierry Jolif,

Je viens de cliquer sur votre lien et j'y découvre un vibrant hommage à Vladimir Dimitriejevic.
Pourquoi ne le mettez vous pas sur ce site?
Je suis certaine que de nombreux lecteurs seraient heureux de le lire!

D'autres choses tout aussi étonnantes figurent sur votre page.
Qu'est-ce que la revue Tropinka?
Merci de partager avec nous tous vos trésors.




39.Posté par TJM le 18/07/2011 12:00
Chère Marie,

TROPINKA est une modeste petite revue de "critique littéraire et culturelle"...
Quant à mon "tout" petit hommage au géant que fut Dimitri je crois bien que quelqu'un de la rédaction l'a reproduit dans les commentaires sous l'annonce de son "décès" (naissance au ciel)...

Merci...

40.Posté par Vladimir G: « MERCI, SEIGNEUR !» Pour l'anniversaire de la mort du père Alexandre. MÉMOIRE ETERNELLE ! le 13/12/2016 10:30
« MERCI, SEIGNEUR »

LA DERNIÈRE HOMÉLIE DU PÈRE ALEXANDRE SCHMEMANN

Celui qui peut rendre grâce est apte au salut et à la joie éternelle.

Merci, Seigneur, d’avoir accepté cette Eucharistie, que nous avons offerte à la Sainte Trinité, Père, Fils et Saint Esprit, et qui a rempli nos cœurs de joie, de paix et de vertu dans le Saint Esprit.

Merci, Seigneur, de t’être révélé à nous et nous avoir donné un avant-goût de ton Royaume.

Merci, Seigneur, de nous avoir unis les uns aux autres en te servant, toi et ta sainte Église.

Merci, Seigneur, de nous avoir aidé à surmonter toutes les difficultés, les tensions, les passions, les tentations, et d’avoir restauré la paix, l’amour mutuel et la joie dans le partage de la communion du Saint Esprit.

Merci, Seigneur, pour les souffrances que tu nous a accordées, car elles nous purifient de notre égoïsme et nous rappellent « l’unique nécessaire » : ton Royaume éternel.

Merci, Seigneur, de nous avoir donné ce pays où nous sommes libres de t’adorer.

Merci, Seigneur, pour cette école, où le Nom de Dieu est proclamé.

Merci, Seigneur, pour nos familles, nos époux et épouses, et en particulier, les enfants, qui nous apprennent comment célébrer ton saint Nom dans la joie, le mouvement et un saint vacarme.

Merci, Seigneur, pour tous et pour tout !

Tu es grand, Seigneur, et grandes sont tes œuvres ; nos paroles ne suffisent pas à raconter tes miracles.

Seigneur, qu’il est bon d’être ici !

Le père Alexander s’endormit dans le Seigneur le 13 décembre 1983. Il avait célébré la Divine Liturgie pour la dernière fois le 24 novembre 1983, jour du «Thanksgiving Day» fête américaine, associée à la fin de la période des moissons, de remerciement à Dieu et qui remonte à l’époque de l’installation des colons anglais au Massachusetts au XVIIe siècle. Cette fête convenait parfaitement au père Alexandre, qui toute sa vie a enseigné, écrit et prêché sur l’Eucharistie, mot dont l’origine grecque signifie justement action de grâce. À la fin de la Liturgie, le père Alexandre sortit de sa poche un petit sermon écrit, sous la forme d’une prière, qu’il a lu. Ce furent les dernières paroles qu’il prononça de l’ambon de l’église.

MÉMOIRE ÉTERNELLE !

Source: http://www.pagesorthodoxes.net/…/schm…/schmemann-general.htm

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