V.G.
Le dimanche 10 mai 2016 le Pape Théodore (Tawadros) II, principale autorité de l'Église copte orthodoxe, a appelé par téléphone le Pape François en réponse à un message de ce dernier pour le deuxième anniversaire de leur rencontre à Rome qui soulignait combien catholiques et coptes sont unis dans « un œcuménisme du sang ». Et les deux primats ont souligné la volonté de poursuivre dans l'engagement commun pour l'unité des chrétiens et la proposition d'un accord pour la célébration de Pâques à une date commune. Coptes et catholiques croient et partagent des valeurs communes, soutient encore le Pape, telles que la sacralité et la dignité de chaque vie humaine, la sainteté du mariage et de la famille, le respect de la création.

Autant de valeurs confrontées à de nombreux défis, et pour lesquels les coptes et les catholiques sont appelés à apporter une réponse commune. «Si nous apprenons à porter nos fardeaux les uns les autres, à échanger sur le riche patrimoine de nos traditions respectives, nous serons à même de voir ce qui nous unit plus que ce qui nous divise», affirme le Pape source

« UN ŒCUMENISME DU SANG »
Le patriarche de Moscou Cyrile accueillait de son côté le Patriarche Théodore en octobre 2014 en soulignant que cette visite ouvrait une nouvelle page dans l’histoire des relations entre les deux Églises. « Nous entretenons historiquement de bonnes et cordiales relations, mais les rapports bilatéraux sont devenus plus fréquents ces dernières 30-40 années, notamment grâce à notre participation commune au travail de différentes organisations interchrétiennes, a poursuivi Sa Sainteté. Le dialogue théologique entretenu de 1985 à 1995 a été une étape très importante dans le développement de nos relations bilatérales ; il nous a rapproché et nous a permis de mieux comprendre les positions de nos Églises sur les questions christologiques. » En 2005, il a été proposé de reprendre ce dialogue. « Mais rien n’a été entrepris, malheureusement, pendant ces 9 années, en premier lieu à cause de la situation difficile au Proche Orient » a constaté le Primat de l’Église orthodoxe russe qui a proposé de discuter des prochains efforts à faire dans ce domaine. (https://mospat.ru/fr/2014/10/29/news110446/)

« UN ŒCUMENISME DU SANG »
Mais de fait c'est bien la situation au Proche Orient qui monopolise l'attention de tous ces dernières années: "Dans les circonstances actuelles, les leaders religieux ont une responsabilité particulière pour éduquer leurs fidèles dans un esprit de respect pour les convictions de ceux qui appartiennent à d’autres traditions religieuses. Les tentatives de justifications d’actions criminelles par des slogans religieux sont absolument inacceptables. Aucun crime ne peut être commis au nom de Dieu, « car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix » (1 Co 14, 33)," ont proclamé ensemble le pape François et le patriarche Cyrile dans leur "déclaration commune" de La Havane (http://www.eglise.catholique.fr/actualites/416654-declaration-commune-du-pape-francois-et-du-patriarche-cyrille-de-moscou-et-de-toute-la-russie/).

L'Église copte est actuellement la plus importante des confessions chrétiennes du Proche Orient. Elle est en communion avec les Églises arménienne et syrienne dans le cadre de la confession des Eglises orthodoxes orientales, qui représente actuellement quelques 60 millions de chrétiens. Après des siècles d'isolement les unes des autres, ces Églises ont réaffirmé leur appartenance à la seule foi en 1965 à Addis-Abeba, leurs primats se rencontrent chaque année et plusieurs groupes de travail ont été constitués pour aider les patriarches dans ce processus de rapprochement. Ces Eglises sont aussi engagées dans des dialogues théologiques avec l'Orthodoxie, l'Alliance réformée mondiale, l'Eglise catholique et la Communion anglicane; elles sont aussi membres du COE où elles se retrouvent fréquemment sur les mêmes positions que les Église orthodoxes....

AVANCÉES THÉOLOGIQUES


Ces Eglises, souvent appelées préchalcédoniennes, se rattachent aux racines de l'Orthodoxie car elles gardent intacte la foi des trois premiers conciles que l'Orthodoxie vénère aussi. Elles sont souvent qualifiées à tort de "monophysite" car elles n'ont pas approfondi le monophysisme depuis les origines; il est beaucoup plus verbal que théologiquement fondé. Les Coptes parlent souvent pour le Christ d'une seule nature unie, ce qui est une manière implicite d'en reconnaître deux. Leur confession de foi actuelle se rapproche de la nôtre et ils ont conservé un sens marqué de l'histoire et de la tradition, une tradition monastique, une spiritualité, une liturgie et une théologie mystique proches des Orthodoxes.

En fait la cause essentielle du schisme fut d'abord politique, les populations autochtones réagissaient contre l’institutionnalisation de l'Eglise après Justinien, dans laquelle ils voyaient un instrument de domination du pouvoir impérial, et les patriarcats de Rome et surtout de Constantinople voulaient marginaliser l'Eglise d'Alexandrie, très puissante et qui faisait leur faisait de l'ombre. La lutte entre Constantinople et Alexandrie pour le leadership en Orient fut épique: Alexandrie était au départ en tête, obtenant la 2ème place après Rome au concile de Nicée 1 (325), mais Constantinople, appuyée par l'empereur, passa devant au concile... de Constantinople 1 (381), Alexandrie obtint ensuite l'éviction du charismatique patriarche de Constantinople St Jean Chrysostome lui-même en 403 (concile du Chêne) puis surtout la condamnation du patriarche de Constantinople Nestorius en 431(concile d’Éphèse), et ses conclusions furent encore majoritaires en 449 (Éphèse II). Mais les conclusions de ce «brigandage d'Éphèse» ont été infirmées deux ans plus tard à Chalcédoine (451) et c'est là que les mots jouèrent un rôle essentiel: les plus importantes Eglises d'Orient, Alexandrie et Antioche furent séparées des autres Eglises chrétiennes, des patriarcats "grecs" furent établis à leur place (qui s’appellent toujours "grec-orthodoxes") mais ils ne purent jamais regagner la puissance des anciens patriarcats ni contester le leadership de Constantinople.

Pour ce qui concerne les relations avec l'Orthodoxie, le meilleur résumé de la situation se trouve dans l'annexe aux "Principes fondamentaux régissant les relations de l'Eglise orthodoxe russe avec l'hétérodoxie" (http://orthodoxeurope.org/page/7/5/2.aspx):

Citation:
RELATIONS AVEC LES ÉGLISES ORIENTALES ANCIENNES (PRECHALCEDONIENNES)
L'Église orthodoxe russe prend part au dialogue avec les églises orientales préchalcédoniennes au niveau panorthodoxe depuis 1961. Dans un premier temps, de dialogue se déroula dans le cadre de rencontres officieuses. Depuis 1985, ses représentants qui font partie de la Commission théologique mixte mènent un dialogue théologique officiel avec ces Eglises. Les travaux consacrés durant de nombreuses années à l'étude des causes et du caractère de la division existant entre l'Église orthodoxe et les églises qui n'ont pas reçu les définitions du IVe Concile œcuménique (de Chalcédoine) ont abouti à la "Seconde Déclaration et proposition aux Églises " (Chambésy, Suisse, 1990).

Concernant le bilan provisoire du dialogue panorthodoxe avec les églises préchalcédoniennes et le document élaboré au cours de ce dialogue, c'est la décision de l'Assemblée des évêques de l'Église orthodoxe russe de 1997 qui fait autorité: "Après étude de l'information relative au développement du dialogue entre l'Église orthodoxe et les Églises orientales orthodoxes (préchalcédoniennes), rendre hommage à l'esprit de fraternité, de compréhension mutuelle et d'effort commun de fidélité à la Tradition apostolique et patristique qui est exprimée par la Commission théologique mixte pour le dialogue entre l'Église orthodoxe et les Églises orientales orthodoxes dans la "Seconde déclaration commune et propositions aux Églises " (Chambésy, Suisse, 1990)".

La "Déclaration" ne doit pas être considérée comme un document définitif, suffisant au rétablissement de la pleine communion entre l'Église orthodoxe et les Églises orientales orthodoxes: elle contient en effet des imprécisions dans diverses formulations christologiques. Il faut exprimer l'espoir que les formulations christologiques continueront à être précisées au cours de l'étude des questions de caractère liturgique, pastoral et canonique, de même que les questions concernant le rétablissement de la communion ecclésiale entre les deux familles d'Églises de tradition orthodoxe et orientale". Se basant sur la décision de l'Assemblée des évêques que nous venons de citer, le Saint Synode, dans sa session du 30 mars 1999, a pris la décision de prolonger le dialogue théologique bilatéral de l'Église orthodoxe russe avec les Églises préchalcédoniennes.
Fin de citation

« UN ŒCUMENISME DU SANG »

Rédigé par Parlons D'orthodoxie le 12 Mai 2016 à 12:36 | 5 commentaires | Permalien



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